Reports

JOHNNY MARR @ Le Trabendo (03/11/14)

Le “génie divin” de la guitare, comme le surnomme le “NME”, investit le Trabendo. Le concert, initialement prévu à La Maroquinerie puis déplacé dans la salle un peu plus grande du Parc de la Villette, affiche complet. Johnny Marr, qui a plus d’un atout dans sa manche (The The, Modest Mouse, Electronic, The Cribs…), y présente ce soir son deuxième album solo; mais chacun espère qu’il ira aussi piocher dans son illustre groupe séparé en 1987, dont le chanteur est aussi passé par Paris à peine quelques jours auparavant.

Les CHILDHOOD débarquent une poignée de minutes avant 20h, devant une salle encore à peine remplie. Le groupe de Nottingham a été demandé spécialement par Johnny Marr et le chanteur métis, Ben Romans Hopcraft, le remercie à plusieurs reprises. Un clavier et deux guitares façonnent des accords ensoleillés et piquants ou s’emballent pour un psyché tropical. Parfois, la basse prend de la rondeur et semble empruntée à New Order. La voix est tour à tour grave ou sèche, prend un léger écho, et pourrait s’apparenter à celle de Ellery Roberts de Wu Lyf. Sortie de scène à l’issue d’un long final clôturant un set de trente bonnes minutes.

 

 

Il est 21h et des sons galactiques résonnent dans la salle pleine. Coupe mods, petite veste ajustée sur chemise rose boutonnée jusqu’au col, sangle brodée et ongles peints, voici JOHNNY MARR accompagné de ses musiciens : The Healers.  Zak Starkey, le fils de Ringo Starr, est à la batterie, le musicien new age Lee Spencer à la guitare et aux claviers, et l’ex-Kula Shaker Alonza Bevan à la basse. Ils démarrent avec le titre éponyme de son dernier disque, et Marr qui brandit son instrument en avant, a de suite son allure nerveuse bien reconnaissable. Première plongée dans les Smiths dès le deuxième morceau avec “Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before”, suivi d’une version teintée disco 80’s de “Upstarts”, enchainée avec le martelé “25 Hours”, extrait du petit nouveau dans les bacs. Des accords plaqués l’air de rien, couplés à des attitudes rock, un solo plein de maestria, et le voici qui plaisante à propos de la guitare verte qu’il chausse et qui porterait malheur; quoiqu’il en soit, il change régulièrement son instrument au cours du set. Lorsqu’il annonce un titre d’un énigmatique “autre groupe”, avant d’entonner “The Headmaster Ritual” des Smiths, l’excitation grimpe d’un cran. Cependant, sa discographie personnelle n’est pas en reste avec “Generate! Generate!” et surtout “The Messenger”, dont le rythme ralentit à la fin comme des battements de cœur, deux extraits de son premier effort solo qui s’avèrent très efficaces en live. Lorsqu’il lance un “Big Mouth Strikes Again” bien trash, la chemise du Mancunien est complètement trempée depuis longtemps. Marr n’est pas avare de mots : il raconte une anecdote de vie autour d’une cash machine l’ayant inspiré pour “Speak Out Reach Out”, intervient lorsque des personnes se disputent bruyamment dans la fosse, ou remercie en français avec un très mauvais accent. Le groupe termine cette première partie par le sombre “How Soon Is Now?”, et si le guitariste a un peu de mal à reproduire la voix de velours de Morrissey, il tourne ses potards pour restituer le son si caractéristique du célèbre titre des Smiths, Fin du premier acte à 22h15, Johnny se dandine et tend le pouce vers le haut. Retour d’abord du batteur seul qui frappe le rythme de “Still Ill” avant que ne débarque, paré de sa guitare, Johnny en T-shirt “Boys Get Straight”. En T-shirt ajusté, on se rend compte combien il est sec et plein de petits tatouages noirs. Gros son, “I Fought The Law”, l’ambiance est électrique. Final avec le très romantique “There Is A Light That Never Goes Out” auquel le public participe largement en répondant à Johnny : “there is a light that never goes out…”. Dernière flambée avec un solo de guitare posée sur son nez et c’est fini, il est 22h35.

 

 

Johnny Marr est un guitariste singulier, au jeu fin et à l’écriture élégante. Il est pour moitié l’identité sonore des Smiths, l’auteur de riffs ultra frappants, et il prouve régulièrement qu’il sait toujours en écrire. Évidemment, l’alchimie particulière avec la voix de Morrissey est sans doute ce qu’ils ont su faire de plus réussi, mais Johnny Marr n’a pas perdu de son efficacité pop, et il sait maintenant tenir une scène en vrai frontman.

Setlist :

Playland
Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before
The Right Thing Right
Upstarts
25 Hours
New Town Velocity
The Headmaster Ritual
Back In The Box
Speak Out Reach Out
Generate! Generate!
Bigmouth Strikes Again
Boys Get Straight
The Messenger
Easy Money
Getting Away with It
How Soon Is Now?
—-
Still Ill
Dynamo
I Fought The Law
There Is A Light That Never Goes Out