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JOHN CALE @ Le Trianon (12/02/13)

Membre fondateur du mythique The Velvet Underground au côté de Lou Reed en 1965, John Cale n’a pas chômé depuis la dissolution du groupe. Une carrière prolifique menée tambour battant depuis le début des années 70, tantôt homme de l’ombre et producteur des premiers disques de Patti Smith ou des Stooges, tantôt interprète de ses propres albums, dont “Shifty Adventures In Nookie Wood” sorti en fin d’année dernière. En tournée française, le légendaire violoniste du Velvet Underground a fait escale au Trianon à Paris .

Après avoir écouté en boucle un CD deux titres de The Dandy Warhols, la lumière s’éteint à 20h pour LENA DELUXE. Sophistiquée, bouche rouge et robe plissée assortie, la jolie blonde que certains connaissaient derrière les claviers de Roken Is Dodeljik, est seule à la guitare. Aidée d’une pédale loop, ses notes claires et son chant affirmé évoquent PJ Harvey ou Cat Power, mais surtout Anna Calvi sans que la lilloise ne parvienne toutefois à en effleurer la force et la théâtralité. Un set d’une demi-heure pas désagréable, mais pas passionnant non plus.

 

20h55, en guise d’ouverture, un vrombissement expérimental donne le la. Entrent JOHN CALE et ses trois compères : guitare/basse/batterie. Ce sont de bons musiciens, concentrés et tous dévoués à leur hôte. Le sieur Cale apparait sobre et raffiné, en veste à liseré et chemise noire. Mais si on y regarde de plus près, on aperçoit dans la tignasse blanche du gallois de petites mèches roses. Un indice qu’il est toujours punk à 70 printemps, ou du moins un signe que ce monsieur respectable n’a pas cédé à la police du bon goût. Le maestro s’est placé au clavier Kurzweil et déjà l’envoutant et bluesy “Captain Hook” nous fait planer jusqu’à la stratosphère. Si les musiciens semblent habités (le plus démonstratif étant le bassiste avec ses attitudes ensorcelées), lui ne s’embarrasse pas d’artifices et annonce simplement les titres. Le voici qui vient au centre de la scène et retrouve son instrument de prédilection pour l’hypnotique “Living With You” au violon électrique, ou passe sa Fender bleu pétrole et pose sa voix de velours sur le désarmant “You Know More Than I Know”. Parfois les trois musiciens sont réquisitionnés aux chœurs comme sur le “I Want To Talk 2 You” excellent titre coproduit par Danger Mouse, ou le moins inspiré “Cry” et ses riffs -en moins groovy- à la “Are You Gonna Go My Way” (Lenny Kravitz). Car si la prestation est simple et austère, le ressenti par rapport aux morceaux est inégal; parfois le public est sous hypnose, parfois sous sédatif. Le gallois prend la guitare semi-acoustique pour une chanson sur le “old west” (“The Hanging”) ou distille des morceaux hantés à la Bauhaus avec “Leaving It Up To You” ou le new wave “Satellite Walk”. Il explore de nouvelles façons d’interpréter ses titres, s’essaye à la boite à rythme sur “Praetorian Underground”, glisse quelques effets sur sa voix mais sans toutefois passer la frontière de la musique électro. Tranquille mais sous tension, le vieux monsieur (in)digne et un brin déjanté progresse à la lisière d’une ambiance gothique. Parfois les morceaux se chargent d’une puissance hypnogène comme dans le bois bien peu recommandable de “Nookie Wood”, dernier titre avant le rappel.

 

Plus d’une heure trente de show composé de morceaux inégaux, parfois opaques, parfois totalement envoutants. Beaucoup de nouveaux titres, mais rien du Velvet Undeground alors que beaucoup auraient aimé en entendre au moins un. Cependant, nul doute que nous sommes en présence d’un personnage. John Cale possède le charisme de ceux qui ont traversé les fossés et son parcours impose révérence et respect.

Setlist :

Hedda Gabler
Captain Hook
December Rains
Perfection
Living With You
You Know More Than I Know
Leaving It Up To You
I Wanna Talk 2 U
Scotland Yard
Praetorian Underground
Cry
Face To The Sky
Satellite Walk
The Hanging
Nookie Wood
—-
Guts
Whaddya Mean By That
Dirty Ass Rock ‘N’ Roll

Crédit photos : Nicko Guihal