Reports

IRON MAIDEN @ Bercy (28/06/11)

Mardi 28 juin 2011, énième jour de canicule à Paris. Une foule se dirige vers le Palais Omnisports de Paris-Bercy, des T-Shirts à l’effigie de Eddie un peu partout dans le métro, la rue, les bars alentours… Une véritable invasion ! Tout cela pour la seconde date parisienne du “Final Frontier World Tour 2011.

Arrivée devant le POPB vers 13h30, déjà un bon millier de personnes sont en ligne et attendent en buvant des bières fraîches. Une ambiance bon enfant chez les hardos chevelus. Certains sautent dans la fontaine (d’un vert opaque peu inspirant) nagent, s’aspergent, bref il faut lutter contra la chaleur étouffante, et l’attente jusqu’à l’ouverture des portes (prévue à 19h). Quelques mini-averses sont les bienvenues durant le chemin de croix des pèlerins du hard rock.

L’ouverture des portes est avancée, à partir de 18h30 la fosse se remplie d’une foule enthousiaste et compacte. Les stands de merchandising sont pris d’assaut aussi rapidement que les buvettes distribuant de la bière pression et fraîche.

La première partie est assurée par Rise To Remain, un quintet metalcore londonien, assez efficace, mais la fosse est là pour voir les dieux du hard rock british, fêtant leur 36 ans de carrière cette année. Rise to Remain délivre un son carré, cependant la voix de Austin Dickinson (qui n’est autre que le fils de Bruce) fait trop de variations pour que l’on comprenne vraiment ce qu’il se passe sur scène. Passant du chant mélancolique emo à un chant rock puissant en passant par des phases de screamo… Bizarre mais ça chauffe la foule qui commence à bouger gentiment. Ils se sont donné à fond et ont gagné le respect des vieux de la vieille qui racontaient leurs souvenirs des tournées passées de Maiden dans la foule quelques heures plus tôt. Première partie honorable, malgré qu’on aurait préféré voir Airbourne (qui a assuré la première partie de Maiden à plusieurs reprises), mais c’est purement subjectif.

Les lumières s’éteignent enfin. Une reprise de “Doctor Doctor” de UFO est vomi par les enceintes géantes, puis les écrans s’allument pour cinq minutes de vidéos post-apocalyptiques “Satellite 15”, un voyage spatio-temporel dans un futur digne du jugement dernier, balade astéroïdale qui explose à la gueule des fidèles en liesse. Bruce Dickinson débarque sur scène comme un diable bondissant, suivi de ses compagnons d’armes. Les british savent y faire niveau mise en scène, c’est juste dingue. Ça y est nous sommes dans la légende. Les six musiciens chevelus attaquent “The Final Frontier” et la machine est lancée, ça promet d’être très très lourd. Bruce occupe tout l’espace scénique composé de débris en métal formant des barricades et miradors. Belle entrée en matière que les 19 000 personnes de tous âges reprennent en chœur. La Vierge De Fer enchaîne sur l’excellent single tiré de l’album “El Dorado”. Le groupe délivre les riffs métaphysiques et on en redemande. Dave Murray est ravi d’être là pour ce deuxième soir à Bercy, Adrian Smith en dandy anglais assassin (le Docteur Jeckyll du hard rock), l’échange entre Steve Harris et les deux solistes/sentinelles est complice et contrastant, Janick Gers fidèle à lui-même tourne sur lui-même, cours, danse, et ne fait vraiment qu’un avec son appendice à six cordes. Seul regret, le fait de pas voir le batteur hallucinant Nicko McBrain (batteur de Trust avant de rejoindre Iron Maiden en 1982), caché derrière un mur de plexi/barricade. Pas le temps de reprendre son souffle que déjà sonnent les premiers accords de “Two Minutes To Midnight”, les différences d’âges ont disparu en un clin d’œil tout le monde se jette dans les pogos, headbang, s’époumone sur le refrain… Nous sommes en pleine orgie rock, plus de la moitié de la fosse transpire à grosse gouttes et les flammes de l’enfer ne sont plus très loin. La scénographie hallucinante est presque théâtrale, chaque chanson ayant son tableau et son jeu de lumières. Pas peu fiers d’avoir eu notre visa pour “The Final Frontier”, Maiden nous replong avec plaisir dans les limbes du rock avec “The Talisman” et “Dance Of Death”. Le frontman nous apostrophe en français pour exprimer sa joie d’être sur scène à Paris pour cette deuxième date au POPB. L’atmosphère est palpable, Bruce en très bon maître de cérémonie joue avec le public et assure le spectacle secondé par ses compagnons de route plus en forme que jamais. Les premières notes de “The Trooper” se font entendre lorsque que le charismatique leader de Maiden arpente la scène brandissant un Union Jack surdimensionné. Les troupes sont remotivées, comme quoi un fan de Maiden, quelque soit son âge, connaît tout de Maiden, de 1975 à 2011. La suite se fait sur les grands classiques “The Wicker Man”, “Blood Brothers” (introduit par un laïus de Bruce sur la tolérance quelque soit l’origine de l’individu, même un Jedi, Iron Maiden est ce qui fédère les gens dans le monde et en fait des frêres de sang). Cette piste magistrale assoit vraiment la réputation de Maiden, et c’est pour notre plus grand bonheur. La salle étant conquise et haletante, les six explorateurs du temps et de l’espace nous offrent un peu plus de 10 minutes de repos avec “Where The Wild Wind Blows”, onirique. “The Rime Of The Ancient Mariner” nous ferait presque tirer une larme. Bruce joue ses personnages vivant les épopées de ses paroles, une pantomime rock jouissive sur le plan visuel et auditif. La foule (qui regroupe également les personnes dans les gradins debouts depuis le début du concert) se met à scander des “Oï”(cri idiomatique britannique) répétitifs et militaires sous l’impulsion d’un Dickinson chauffé à blanc. “The Evil That Man Do” voit arriver Eddie sur scène, un zombie de 3 ou 4 mètres de haut, qui s’empare d’une guitare et les caméras situées dans ses yeux retransmettent en temps réel sur les écrans géants entourant la scène. On scelle notre destin sur “Fear Of The Dark” et là… sur “Iron Maiden” Eddie fait son come back, plus grand, plus menaçant. Un gigantesque Eddie se dresse derrière la scène et scrute la foule de ses yeux incandescents. L’éblouissement est total, les habitués sont ravis, la public est uni, nous voilà pris d’une furieuse envie de devenir des nomades dans leur univers chaotique. Les lumières s’éteignent, nous revoilà plongés dans l’obscurité, une voix d’outre tombe se fait entendre, cris d’hystérie, tout le monde sait ce qui va arriver “…for the Devil sends the beast with wrath…” … “666, The Number Of The Beast !”, rappel magistralement ouvert, nous sommes maintenant unis comme une armée rock prête à aller botter du cul. Suit “Hallowed Be Thy Name” magistrale hymne pour les fans, et enfin, “Running Free” qui laissera résonner les dernières notes de guitares dans l’air palpable de moiteur et dans nos cœurs.

Une chose est sûre, Iron Maiden, ont été, sont et seront les dignes représentant du hard rock chevelu et mélodique pour des décennies. Les années passées sur la route n’ont en rient altéré l’unité des six cavaliers de l’apocalypse et de leur mascotte Eddie. En attendant la prochaine tournée on ne pourra que se remémorer ces moments de communion, de puissance, de ROCK tout simplement.

Setlist :

Doctor Doctor
Satellite 15… The Final Frontier
El Dorado
2 Minutes To Midnight
The Talisman
Coming Home
Dance Of Death
The Trooper
The Wicker Man
Blood Brothers
When The Wild Wind Blows
The Evil That Men Do
Fear Of The Dark
Iron Maiden
—-
The Number Of The Beast
Hallowed Be Thy Name
Running Free
Always Look On The Bright Side Of Life

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife