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IMAGINE DRAGONS @ Stade de France (05/07/25)

Deux ans après leur dernier passage parisien, Imagine Dragons investit le Stade de France pour deux soirées à guichets fermés dans le cadre de sa tournée LOOM. Une scénographie soignée, un public déjà chauffé à blanc, et une promesse : celle d’un show entre introspection et explosions sonores. On vous raconte cette première soirée, entre lumière crépusculaire et orages émotionnels.

Declan McKenna et la British touch

Il est un peu plus de 20h20, et le Stade de France est déjà bien rempli. Sur les écrans géants qui encadrent la scène, une boucle hypnotique affiche le nom de la tournée et du dernier album du groupe américain LOOM sur un fond vaporeux, entre bleu profond et rose vif. L’ambiance est encore flottante, rythmée par les conversations, les tentatives d’ola avortées, et une publicité pour une appli de nutrition qui revient en boucle sur les écrans.

C’est dans cette atmosphère que DECLAN MCKENNA et son groupe font leur entrée, avec quelques minutes d’avance. Chemise , short, derbies, et surtout ces lunettes aux montures rétro qui captent la lumière : pas de doute, un look décontracté et bien anglais. Le jeune artiste ne s’attarde pas en discours : il salue brièvement et lance “Beautiful Faces”, un titre pop rock lumineux tiré de son deuxième album, qui accroche immédiatement les premiers rangs.

Pendant un peu moins d’une heure, McKenna déroule un set éclectique, à l’image de sa discographie : un mélange d’indie pop, de glam rock et de psychédélisme doux, porté par une voix claire, des guitares et des synthés scintillants. Il enchaîne les titres phares, ( “The Key To Life On Earth”, “Champagne”, “Brazil”), sans trop s’attarder entre les morceaux, rappelle son nom de temps en temps et nous remercie après chaque morceau.

Le public, lui, reste partiellement réceptif. Si la fosse suit avec attention, les gradins et le fond de la fosse semblent encore en mode attente. Petit moment suspendu : il interrompt même sa reprise de “Heroes” de David Bowie pour signaler un malaise dans la fosse, demandant à ce qu’on vérifie que tout va bien. Il faut attendre “British Bombs”, titre politique et nerveux, pour que l’énergie monte d’un cran. McKenna traverse alors la scène de part et d’autre, en courant, visiblement galvanisé.

Visuellement, le set est accompagné de projections aux allures vintages, à l’esthétique 70s et 80s, qui contrastent joliment avec la modernité des écrans latéraux. Mais malgré la qualité des morceaux et la sincérité de l’interprétation, le set semble parfois un peu trop délicat pour l’immensité du stade. McKenna brille davantage dans des salles plus intimes, où ses textes et ses nuances peuvent pleinement résonner.

Imagine Dragons en terrain conquis

Alors que les dernières installations s’achèvent sur scène, il n’y a pas de playlist d’attente, mais plutôt une nappe sonore presque méditative, dont on reconnait quelques notes, qui enveloppe le Stade de France d’une atmosphère particulière. Les olas, cette fois, prennent enfin, serpentant dans les gradins comme une vague d’impatience joyeuse.

Alors que le soleil entame très lentement sa descente, les lumières s’éteignent, un frisson parcourt la foule. Sur l’écran central, une éclipse stylisée apparaît, accompagnée d’une voix off grave et solennelle (une voix qui reviendra ponctuer la soirée comme un fil narratif). Elle conclut son monologue par un mot : “LOOM“. IMAGINE DRAGONS émerge sur scène, sans son batteur, porté par une plateforme élévatrice. Les écrans changent pour ne laisser qu’une lumière blanche aveuglante. Quelques secondes plus tard, Andrew Tolman (batteur de la tournée) rejoint ses camarades sur scène, et les écrans s’animent de collines stylisées : le concert s’ouvre sur “Fire In These Hills”, un choix audacieux et chargé d’émotion. Le refrain est immédiatement repris par les gradins, preuve que même les titres récents ont trouvé leur place dans le cœur du public.


Dan Reynolds ne tient pas en place. Il arpente régulièrement l’extension de scène en forme de flèche, s’arrêtant parfois pour saluer, tendre la main, ou simplement partager un regard. Le morceau se termine dans une pluie de confettis, première d’une longue série. Les jeux de lumière, eux, sont précis, jamais envahissants : des faisceaux installés sur les structures sonores au centre du stade s’animent au rythme des morceaux, ajoutant de la profondeur à l’ensemble.

Puis vient “Thunder”, reconnaissable dès les premières secondes. L’écran se teinte de roses et d’oranges nuageux, et la foule explose. Les caméras retransmettent le groupe en direct pour les spectateurs les plus éloignés, tandis que les places à visibilité réduite bénéficient d’écrans latéraux dédiés, une attention bienvenue et nécessaire, même si certains éléments visuels leur échappent.

“Bones” prend le relais, dans une ambiance bleutée. Des squelettes animés en rayons X dansent sur les écrans, se superposant parfois aux musiciens filmés. Une nouvelle pluie de confettis bleus accompagne le refrain final. Petite pause. Des ballons de plage géants sont distribués dans la fosse pour “Take Me To The Beach”. L’effet s’essouffle rapidement : les ballons disparaissent au fil des morceaux, ne survivant qu’à deux titres (c’est bien évidemment calculé !).

Dès les premières chansons, l’émotion est palpable. Dan Reynolds, visiblement touché par l’accueil, rappelle à plusieurs reprises combien Paris compte pour lui. Il se laisse aller à quelques déclarations d’amour à la France, à sa culture, à ses habitants, et glisse même, sourire en coin : “Ne dit-on pas que les plus belles femmes viennent de France ?

Le guitariste Wayne Sermon s’offre un solo étendu, acclamé par l’auditoire, qu’il conclut au bout de la scène en pointe de flèche. Pour lancer “I’m So Sorry”, la batterie accompagne ses derniers riffs. Dan, torse nu à ce moment-là, semble totalement libéré. La première partie du concert se clôt sur “Whatever It Takes”, porté par des visuels de flammes et une interprétation habitée.

Interlude acoustique : vulnérabilité à fleur de peau

Comme c’est devenu une tradition chez Imagine Dragons, une séquence acoustique vient suspendre le temps. La scène est réaménagée à la pointe de la flèche. Ben McKee, le bassiste, entre en scène en exhibant fièrement le dos de sa basse rose pailletée, ornée d’un drapeau LGBTQIA+. Aucun mot n’est nécessaire : le message est clair, fort, assumé, depuis déjà de nombreuses années.

Trois titres sont joués dans une intimité rare pour un stade : “Next To Me”, repris en chœur par l’audience.
“Waves”, que Dan présente comme un hommage à un ami d’enfance disparu. L’émotion le submerge, sa voix vacille, mais la foule prend le relais sur les “la la la la la“, dans un moment de communion bouleversant. Et “I Bet My Life”, qui vient refermer cette parenthèse avec douceur.

Tubes, émotions et feu d’artifice

La dernière partie du concert est un enchaînement de tubes, de moments de complicité et de titres plus doux. Finalement, bien que ce soit la tournée du dernier album en date, peu de morceaux joués en font partie. Dan évoque leurs débuts au Bataclan, et l’émotion de se retrouver aujourd’hui au Stade de France. Il parle aussi de santé mentale, de thérapie, de la nécessité de mettre des mots sur ses douleurs. Son discours est sincère, sans pathos, et profondément humain.

Des moments forts retiennent particulièrement l’attention : “Demons” s’ouvre sur quelques notes de piano jouées par Dan lui-même. Dans la fosse, des ballons violets s’élèvent doucement (sans nul doute un projet des fans), ajoutant une touche de poésie à ce moment suspendu. L’ambiance bascule avec “Sharks” : des peluches, ballons et bonnets de requins surgissent un peu partout dans la foule. Dan en attrape un, le pose sur sa tête avec un sourire complice, pour le plus grand plaisir du public. Vient ensuite “Radioactive”, l’un des hymnes les plus attendus. Dan rejoint un second set de batterie installé sur scène pour un final littéralement enflammé, dans une ambiance électrique.

Deux titres issus de LOOM sont aussi joués : “Wake Up” et “In Your Corner”, accueillis avec ferveur. L’assemblée, déjà conquise, ne relâche rien. Et puis, le grand final. La voix off revient, mystérieuse, sur les écran un signe infini lumineux et des flammes dansantes. “Believer” démarre dans un grondement sourd, avant d’exploser dans un tourbillon de confettis, de lumière et d’énergie brute. Le groupe se rassemble au centre de la scène, salue longuement, les regards brillants. Puis disparaît, laissant derrière lui un stade encore vibrant. Un faux espoir de rappel plane quelques minutes… jusqu’à ce que les lumières se rallument, les écrans s’éteignent, et qu’une dernière chanson retentisse dans les haut-parleurs.

Imagine Dragons Setlist Stade de France, Saint-Denis, France 2025, Loom World Tour

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Stéphanie K Perera
J'ai la tête dans les nuages, des paillettes plein les yeux et les oreilles qui dansent (pas littéralement, je ne sais pas les faire bouger sur commande malheureusement, mais pour environ 20% de la population, il paraît que c'est un jeu d'enfants...)