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ILIKETRAINS @ La Maroquinerie (27/10/12)

Tchou ! Tchou ! 20h05 : les trains sont bien arrivés en gare Paris-Maroquinerie ! Pas vraiment à l’heure si on en juge par le billet qui indique 19h30, et avec bien du mal si on en croit les tweets du groupe prévenant du retard de leur Ferry. Qu’à cela ne tienne, le groupe de Leeds, habitué des premières parties d’Editors, revient à France pour promouvoir son cinquième album “Beacons”,  en tête d’affiche cette fois.

Dans la salle, deux caméras sont là pour capter le show et des panneaux nous préviennent que nous allons assister  à un “événement Télérama” (et FIP). Ce sont les français de HORST qui ouvrent avec leur post-rock instrumental. Guitare/basse/batterie + un micro qui leur servira seulement à dire “bonjour” et “au revoir”, le trio a l’air d’étudiants en T-shirt Maître Yoda. Il s’applique à égrainer de longues compos sur un set d’une demi-heure, avant qu’un technicien ne leur coupe le sifflet d’un geste autoritaire depuis les coulisses. Car ils doivent laisser la place pour permettre aux anglais de faire leur balance. Ce qu’il font rapidement, directement devant leur audience qui s’aperçoit par là même que le niveau sonore va être très élevé.

21h37, ILIKETRAINS entre en scène. Sobriété et uniformisation : ceux qui n’étaient pas en noir pendant la balance se sont changés. Ils démarrent la locomotive avec la rythmique électronique délicieusement obsédante de “Beacons”, comme sur leur dernier album. Les titres suivants (“Mnemosyne” et “The Shallows”) seront eux aussi extraits, dans l’ordre, du dernier opus. Ils sont cinq musiciens : deux guitaristes à gauche, un batteur légèrement décalé sur la droite, un bassiste/clavier à droite et le chanteur Dave Martin au milieu. Cheveux clairs coupés impeccablement et barbe de gentleman farmer, il déroule ses histoires hypnotiques sur des guitares acidulées. Sa diction est à la fois très articulée et nonchalante, et sa voix proche de celle de Lloyd Cole, ou de frontmen de formations gothiques comme Suspiria ou And Also The Trees. Le martèlement de la rythmique a les pleins pouvoirs, mais il est brossé de traits de guitares aériennes. Instruments et machines laissent tout de même une bonne place la voix qui apporte une tension narrative aux morceaux. C’est donc ce trio sonore qui se partage équitablement le premier plan : la voix, les sons métalliques de la Gretsch, et les tambours quasi-militaires. La chaudière de la locomotive ronfle et les vibrations de la machine réussissent à transporter certains spectateurs au delà de la salle de concert. On pense à des groupes comme Editors, ou Interpol. Le groupe ne parle pas mais enchaîne les morceaux, démarrant les nouveaux titres sur le bourdonnement du précédent. Derrière eux, un écran reçoit des sortes de clips en cinémascope, d’abord des halos de lumières qui deviennent les images mécaniques d’un train qui circule, des routes, des rails; des invitations au voyage. Également des images de foule qui font la file -non pas pour un billet pour les Rolling Stones au Trabendo- pour le lancement d’un appareil Apple. Sur “Water/Sand”, le guitariste Guy Bannister se transforme en homme orchestre lorsqu’il troque son instrument contre deux caisses claires + un clavier + un micro pour les chœurs; il offre une vision amusante affairé aux trois en même temps. De temps en temps, le set est zébré par quelques larsens stridents, dus de toute évidence à la balance hâtive juste avant le set. Martin annonce le dernier titre et en profite pour raconter un peu ses malheurs de Ferry, de circulation parisienne, debout depuis 6h du matin pour couronner le tout. Donc “on va arrêter de faire du bruit” ajoute t-il avec une pointe d’humour anglais. Et c’est “Reykjavik” avec son rythme double guitare/batterie qui clot efficacement le set, se terminant en orage électrique par un acharnement général de tous les musiciens sur leurs instruments. Ils sortent, mais les accalmations des spectateurs de la Maroquinerie pourtant pas vraiment remplie les décident à revenir quand même pour un dernier titre. Pendant qu’ils se réaccordent, le public tente de deviner ce qu’ils vont jouer et lancent quelques propositions que le chanteur balaye avec malice “No, it’s another one! No, it’s another one!”.  Ça sera l’imprévu “Sea Of Regrets” (dernier single en date), pas noté sur la setlist, titre lent qui monte en puissance pour se terminer en douceur. C’est fini, Martin lance un charmant “bonne nuit”, il est 22h53. Malgré ses problèmes de transports, le combo a su assurer un show tout à fait décent. Le chef de gare espère que vous avez effectué un agréable voyage.

A la sortie de la salle, les musiciens, souriants et sympathiques, sont à leur stand merchandising. Ils vendent eux-mêmes les disques au petit attroupement de fans qui pourra même, comble du raffinement, y trouver des mugs et du thé. So british.

Setlist :

Beacons
Mnemosyne
The Shallows
A Father’s Son
A Rook House For Bobby
We Saw The Deep
Voice Of Reason
The Hive
Water/Sand
We Used To Talk
Terra Nova
Reykjavik
—-
Sea Of Regrets