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HIRAX @ Le Ferrailleur (01/05/14)

C’est à travers vingt-trois concerts européens, dont trois en France, qu’Hirax présentait leur album fraîchement dégainé “Immortal Legacy” et célébrait leurs trente ans de carrière. Histoire de rassasier les amateurs de baston sonore en ce jour férié, il se voit accompagné par Bonded By Blood, Nuclear et Methedras. Retour sur une soirée nantaise survoltée qui aura testée l’énergie des fans présents.

Si METHEDRAS est pour ainsi dire quasiment inconnu en France, il n’en est pas de même en Italie puisque le groupe formé en 1996 bénéficie d’un certain succès chez eux, enchaînant les concerts et participant notamment aux festivals les plus prestigieux (Wacken Open Air, Metalcamp). Si sur album le combo ne bénéficie pas de la meilleure production qu’il soit, les voir en live offre la possibilité de les découvrir sous une meilleure oreille. Premier constat, le chant ne plaira probablement pas aux personnes adeptes de thrash old school car trop moderne. Pourtant passé les intonations hardcore et le timbre rocailleur, Methedras parvient à insuffler une vitalité peu commune à ses compositions thrash/death crossover. Leur set se résumera à trente minutes de violence brute dont les soli joués à vitesse grand V et avec une dextérité impressionnante ne sont pas sans nous rappeler Death, Testament ou encore Death Angel.

Puis c’est au tour de NUCLEAR, que nous connaissons depuis peu bien que fondé en 2003, de prendre part à cette soirée hautement testostéronée. Allons y droit au but, le groupe chilien doit vouer un culte admiratif à Slayer. Car c’est effectivement la première chose qui saute aux oreilles lorsqu’on écoute un de leur titre. Mais lorsqu’une influence est aussi perceptible, on se doit d’être à la hauteur, et c’est ce que Nuclear confirmera ce soir. Bien que le groupe ait du mal à se mettre en route, petit à petit le rouleau compresseur fait son effet en balançant un brutal thrash qui réveillerait n’importe quel narcoleptique ! Pour leur première tournée européenne le groupe aura marqué des points auprès du public, peu nombreux mais bien en jambes, tant leur set est efficace et dynamique.

Après deux groupes “découvertes”, passons donc aux choses sérieuses avec BONDED BY BLOOD. Lorsqu’on porte un nom tel que Bonded By Blood (en référence à l’album d’Exodus), on se doit de ne pas décevoir. Fer de lance de la scène revival, le groupe américano-mexicain se produit désormais en quatuor, avec depuis la sortie de leur dernier album “The Aftermath”, un nouveau chanteur et bassiste. Il n’est pas étonnant de retrouver toutes les composantes qui ont fait le succès d’Exodus en son temps, à savoir des riffs tranchants, des rythmiques véloces et un déluge de soli techniques et complexes reprenant les gimmicks les plus évidents. Le public est survolté et le pit se transforme très rapidement en cocotte-minute prête à exploser à chaque seconde. Pendant quarante-cinq minutes, les shredders de Pomona (Californie) appliquent à la virgule près le manuel du thrasheur énervé et technique pour le plus grand plaisir des aficionados plus prêts que jamais à se faire dérouiller dans le pit.

Clou de la soirée : HIRAX. Après l’annulation l’année dernière de la tournée avec Flotsam And Jetsam, une nouvelle chance se présente de voir les vétérans d’une époque non révolue. Car oui si pour certains le nom d’Hirax n’évoque pas grand-chose, les fans de thrash ont le plus grand respect pour ce groupe qui depuis toujours est resté dans l’ombre de Slayer et d’Exodus. Et si les californiens ont bien eu de mal à attirer les rayons de soleil sur eux, ce n’est pas parce qu’ils manquent de brillance, mais bel et bien parce qu’ils ont joué de malchance, si bien qu’en 1989 ils décident de mettre fin à l’aventure. Mais ça ne saurait sans compter sur leurs fans qui à force de sollicitations arriveront à leur fin dix ans plus tard. Depuis sa création en 1982, le combo excelle dans un style crossover entre thrash et speed metal et fut l’un des initiateurs de ce courant. Malgré les années, les américains restent fidèles à leurs débuts en étant proche de groupes tels que Saxon, Tygers of Pan Tang, Judas Priest, Iron Maiden et la nouvelle vague des groupes heavy metal du Royaume-Uni de l’époque. Plus hargneux en live que sur album, voir un groupe tel que Hirax sur scène est un réel plaisir tant on les sent investis et heureux de partager ce moment en notre compagnie. Avec un chant caractéristique et déstabilisant, évoquant à la fois Belladonna (Anthrax) et Eric Adams (Manowar), le combo s’adresse autant aux fans de speed thrash que de heavy metal. Mais il faudra effectivement pouvoir apprécier ces deux styles pour ne pas être rebuté par le chant. Le groupe choisit ce soir de privilégier les titres qui mènent bon train, plutôt que d’autres plus mid-tempo. Côté setlist, ils offrent un panel de leurs différentes époques mais font également la part belle au dernier opus fraîchement sorti “Immortal Legacy”. L’emblématique et charismatique Katon W. De Pena, seul membre originel, se montre communicatif, dynamique et passionné, si bien qu’il met aisément le public dans sa poche, d’autant plus lorsqu’il confie être grand fan du vin français (notre ami Nico de Steel Rangers précisera qu’il s’agit en fait de la Trouspinette qu’il a ramené) et de groupes français tels que Sortilège, H-Bomb et Trust. Il ne leur faudra qu’une heure menée tambour battant pour nous mettre une claque sans nom. Alors que le thrash old school semble avoir le vent en pompe, on ne peut que leur souhaiter d’avoir enfin le succès qu’ils méritent !

Avec quatre groupes unis sous la même bannière mais pourtant portés par quatre styles de chant différents, cette soirée aura été à la hauteur des attentes. Pourtant au vue du manque l’affluence, de plus en plus décevante et incompréhensible depuis quelque mois (seul 75 personnes présentes ce soir), les associations finissent toutes par mettre la clef sous la porte. Pourtant sans le travail acharné de ces passionnées, on ne donne pas cher de la culture underground en France. Alors il est temps encore de soutenir la vraie musique, celle qui se mérite et non celle qui nous tombe facilement dans les esgourdes, sinon le prochain report sera peut-être celui de Johnny !

Setlist :

100 000 Strong
Hellion Rising
Baptized By Fire
Lucifer’s Inferno
Blind Faith
Black Smoke
Hate, Fear And Power
Hostile Territory
La Boca De La Bestia (The Mouth Of The Beast)
Destroy
El Diablo Negro
Atlantis (Journey To Atlantis)
Barrage Of Noise
Walk With Death
The Plague
Bombs Of Death
—-
Assassins Of War