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HIM @ Bataclan (19/10/13)

Près de huit ans d’absence dans nos contrées, les finlandais, précurseurs du “love metal” font leur grand retour en ce samedi 19 octobre au Bataclan. Un évènement attendu depuis longtemps par tous les fans !

Qui dit longue absence, dit salle bien garnie. A quoi reconnait-on les amateurs de His Infernal Majesty ? Il n’y a qu’à juste ouvrir les yeux : T-shirts noirs, colliers, et même des tatouages à l’effigie de l’Heartagram, l’union d’un pentagram inversé et d’un coeur, symbolisant le culte voué envers le groupe de Ville Valo. Il représente l’amour et la mort, l’équilibre entre le bien et le mal. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y a autant d’hommes que de femmes, plutôt dans la trentaine pour la majorité d’entre eux, qui n’ont pas que d’yeux pour le leader. Large avantage pour les metalleux et gothiques, reconnaissables via leur longue chevelure et autres mascara ! Qui a dit que les metalleux n’étaient pas romantiques et fleur bleue ?

19h30, la première partie CASPIAN débarque sur une intro parlée avant d’enchainer sur le premier titre. Musicalement, le sextette originaire de Beverly, Massachusetts, délivre un post rock instrumental, alternant riffs heavy et mélodies aériennes. Le public semble réceptif tant les applaudissements entre les morceaux sont chaleureux, mais un brin long en raison des divers réglages, tout comme les morceaux sur des ambiances douces et colorées, à la limite du progressif. Pour une première partie, les musiciens arrivent progressivement à capter et faire planer la foule, toujours plus nombreuse, depuis le début du set. La totalité des cinq chansons est tirée de l’ensemble des quatre albums studio, particulièrement “Tertia” (2009) et le dernier “Walking Seasons” paru en 2012. Avant le dernier titre “Sycamore”, la formation remercie pour une énième fois le public et annonce d’ores et déjà qu’elle reviendra en France en février 2014 au Petit Bain, sans doute pour promouvoir le prochain EP “Hymn For The Greatest Generation” à paraître le 11 novembre.

 


Pendant l’entracte, les roadies installent la scénographie de HIM, la batterie de Mika “Gas Lipsticks” Karppinen trônant au centre, derrière une baie vitrée, tandis que le clavier à deux étages de Janne “Burton” Puurtinen se situe à droite du kit. Sans surprise, le backdrop représente la pochette du nouvel album, “Tears On Tape”, sorti il y a quelques mois déjà. Bien évidemment, le Heartagram et autres symboles propres à la formation envahissent également l’espace scénique, étant sur les amplis de chaque côté de la scène.

20h37, la musique d’ambiance zen s’interrompt, les lumières s’éteignent alors que l’instrumentale “Unleash The Red”, inaugurant également le dernier opus, plonge directement dans le bain alors que les cinq finlandais déboulent sur scène. Mikko “Linde” Lindström (guitare), Mikko “Migé” Paananen (basse), Mika, Janne, suivi en dernier de celui que tout le monde attend, l’idôle Villa Valo, dos au public avant de se retourner dès la partie chant de “All Lips Go Blue”, sous l’hystérie féminine, brisant la glace nordique… ou pas. Alors que la température ne cesse de grimper, le chanteur est, comme à son habitude, muni de son bonnet cachant sa longue tignasse, T-shirt, et même écharpe ! Oui Ville s’est cru chez lui en Finlande ! Pas étonnant qu’il soit rouge écarlate durant l’intégralité du set ! Au second morceau, la sombre et mélancolique “Buried Alive By Love”, single ouvrant “Love Metal” (2003), le fan club français lèvera des feuilles de papier avec écrit “Kiitos” (ndlr : merci en finlandais), une initiative accueillie en demi teinte par HIM. En effet, tout ne se passera pas comme prévu. Dès le troisième titre, “Wings Of Butterfly”, Ville semble avoir un soucis de retour, ne cessant de faire des signes à l’ingé son. Pire, à la fin de ce morceau tiré de “Dark Light” (2005), sa voix disparait totalement, le micro ayant été coupé ! Pro jusqu’au bout, Ville assurera tout de même le chant inaudible, mais visiblement en colère, au vu de son regard noir. On ressent alors une tension palpable jusqu’à une bonne moitié de la performance, d’où peut-être les va-et-vient récurrents du frontman dans les coulisses sur les solos ou parties instrumentaux des titres, comme sur “The Kiss Of Dawn”. Ce qui pourrait également expliquer cette froideur à l’égard du public, à l’exception des remerciements conventionnels. Comme accueil après huit ans d’absence, il y a mieux ! Musicalement, la voix suave et grave de Ville Valo, reconnaissable entre mille, donne toujours un frisson lorsque ce dernier susure l’amour avec des morceaux comme “Right Here In My Arms” ou “I Will Be The End Of You”, l’un des quatre titres du nouvel album joués ce soir. Les premières notes de claviers de l’un des tubes de l’album “Razorblade Romance” (1999), “Join Me (In Death)”, se font entendre, les portables et autres appareils sont de sorti pour immortaliser, ou plutôt gâcher ce beau moment. Comme sur tous les gros hits de HIM. Ouf, à partir de “Your Sweet Six Six Six” et “Passion’s Killing Floor”, Ville esquisse enfin un sourire et se prend même à taquiner Mika en l’embêtant avec son micro, pleinement fonctionnel ! La communion se fait enfin dans les deux sens, sur “Tears On Tape” où toutes les mains se balancent en l’air. Arrive l’heure de la célèbre reprise burnée du “Wicked Game” de Chris Isaak, l’un des moments forts du show. Sur le pont, le frontman quitte la scène alors que les musiciens continuent l’instrumentale, avant de revenir sur le dernier refrain. Même si le chanteur dispose d’une aura davantage mystérieuse que les autres membres du groupe, Ville et les deux Mikko se montrent d’une incroyable complicité et occupent toute la scène alors que Janne se contente de faire le job, contrairement à Mika qui martyrise ses fûts. C’est déjà l’heure de “The Funeral Of Hearts”; les briquets et cierges sont brûlés pour célébrer l’amour. Les couples s’enlacent et s’embrassent, tandis que les coeurs solitaires songent avec nostalgie à ceux ou celles qu’ils ont jadis aimé ou dont ils sont secrètement épris. Ville Valo, au top de sa forme, se tapera un délire en prolongeant le morceau, l’achevant seul à capella.

 


21h45, c’est déjà le rappel. Quelques minutes plus tard, Ville prononcera son premier discours de la soirée. Au bout d’une heure il était temps ! Il explique ainsi qu’une blonde s’est introduite par effraction dans les loges, ce qui expliquerait les incessants va et vient vers les coulisses. Comme toute relation amoureuse, c’est déjà le moment de se séparer, au bout d’une heure et demi de show. C’est donc avec le tout premier single du groupe et seul titre additionnel interprété, “When Love And Death Embrace”, que le culte se termine en apothéose. Au moins, on pourra enfin admirer les bras tatoués de Ville, qui fera même un pas de danse, sans doute satisfait que le concert se termine.

 


Trop court mais intense en émotion, c’est ce que les fans pourraient se dire alors qu’il n’est que 22h. Pour ne pas être passé en France depuis le Trabendo du 5 septembre 2005, on aurait pu s’attendre à davantage de titres issus de l’ensemble des huit albums studio de HIM, et non uniquement sur les grand succès discographiques, de “Greatest Love Songs Vol 666” (1997) au dernier “Tears On Tape”, moins metal et plus catchy. Seuls “Deep Shadows And Brilliant Highlights” (2001) et “Screamworks: Love In Theory And Practice” (2010) manquent à l’appel. Mais les fans ressortent du Bataclan, heureux d’avoir pu assister à la grand messe romantique de Sa Majesté Infernal avec un Ville Valo qui n’a rien perdu de son sex appeal (même s’il a pris de la bouteille) malgré les quelques soucis ayant légèrement plombé la première moitié du set. C’est le principal non ? Il ne reste maintenant qu’à espérer que son altesse Ville Valo n’attende pas 2023 pour repasser dans notre pays !

Setlist :

Unleash The Red
All Lips Go Blue
Buried Alive By Love
Rip Out The Wings Of A Butterfly
Right Here In My Arms
The Kiss Of Dawn
I Will Be The End Of You
Join Me In Death
Your Sweet Six Six Six
Passion’s Killing Floor
Tears On Tape
Wicked Game
It’s All Tears (Drown in This Love)
Soul On Fire
Into The Night
The Funeral Of Hearts
—-
When Love And Death Embrace
Kiss The Void

Crédit photos : Nicko Guihal

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife