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HELLFEST 2023 – Jour 3 (17/06/23)

Scream for me, Clisson! Scream for me, Clisson! C’est le troisième jour, jour de la fête générale sur toutes les scènes du Hellfest 2023. Let’s go!

BLOODYWOOD – (Mainstage 02) S’ils se présentent eux-mêmes comme “Raj Against the Machine“… vous savez à quoi vous attendre ! Originaire d’Inde, Bloodywood surfe sur une vague incroyable depuis de nombreux mois. Depuis la sortie de son premier album Rakshak (2022), le groupe ne cesse de se produire en Europe et en Amérique du Nord. La foule présente dès ce matin en est la preuve. Alors que certains dégustent encore des croissants et du café, les festivaliers, quant à eux, préfèrent les bons gros coups en pleine figure. En associant le metal et les sonorités indiennes, ainsi qu’une voix growlée/chantée combinée à des éléments rappés, l’ensemble est une véritable explosion. Malgré un son peu optimal (surtout pour la voix principale), l’ambiance est parfaite et les musiciens font preuve d’un talent certain. Une découverte pour certains, un coup de cœur pour d’autres. Espérons qu’ils ne soient pas submergés par les vagues du “folk metal“.

ENFORCER – (Mainstage 01) C’est avec quelques minutes de retard que les Suédois old-school d’Enforcer entament leur set de trente minutes. Et quand on dit old school, c’est littéral, car leur musique et leur look nous transportent dans le passé : torse nu, veste en cuir, moustache pour certains, on a vraiment l’impression d’être face à Metallica à ses débuts. Il suffit de regarder leurs vidéos pour s’en convaincre. Olof Wikstrand (chant, guitare) envoie “Destroyer” et “From Beyond”, débordant d’une énergie impressionnante. Considéré par certains comme un groupe de la “New wave of traditional heavy metal” (N.W.O.T.H.M.), qui, comme son nom l’indique, prône une résurgence des groupes de metal classique des années 70 et 80. Le son est clair et tous les instruments s’entendent distinctement. Nous avons droit à “Coming Alive”, avec un riff et un solo mêlant clairement Motörhead et Megadeth, issus du dernier album Nostalgia (2023). Même les parties vocales aiguës sont interprétées avec brio. Il est difficile de ne pas hocher la tête ou de ne pas taper du pied sur le refrain de “Mesmerized By Fire”. Beaucoup découvrent également ce groupe en échangeant des regards du genre “hey, c’est pas mal hein ?“. Si l’on apprécie ce style, ce groupe coche toutes les cases et constitue un excellent début de samedi ensoleillé.

FEVER 333 – (Mainstage 02) FEVER 333 débarque sur scène avec la ferme intention de mettre le feu au Hellfest. Le groupe a changé de line up depuis sa dernière apparition à Clisson. Les musiciens semblent plus en accord avec leur engagement en faveur de la diversité et de la reconnaissance des artistes noirs dans une scène dominée par les artistes blancs. Malheureusement, la bassiste attire davantage l’attention sur scène par son apparence séduisante et son attitude que par son jeu. Jason, quant à lui, court partout comme à son habitude, empile des enceintes pour sauter plus haut et déploie une énergie folle pour dynamiser la foule. Les titres phares du groupe tels que “Burn It” et “One Of Us” fonctionnent particulièrement bien. La reprise de Blur déchaîne la fosse, mais le moment inoubliable est lorsque Jason quitte la scène pour traverser la foule et disparaître. Les caméras et les fans le cherchent des yeux, et il réapparaît en haut de la régie pour conclure le concert de manière énergique.


EVERGREY – (Mainstage 01) Bien qu’il soit difficile d’être objectif étant donné notre amour pour ce groupe, nous sommes déjà frustrés de les voir jouer si tôt et donc si peu. Quarante minutes, c’est trop court. Evergrey, c’est avant tout Tom S. Englund, clairement l’une des meilleures voix du circuit (et pas seulement dans le metal), avec une sensibilité et une profondeur d’âme à la Steve Lukather (Toto). Il suffit également d’écouter ses autres projets (Silent Skies, Redemption ou ses collaborations avec Demon Hunter) pour s’en rendre compte. Ensuite, c’est un groupe dont les compositions allient technique, puissance, mélodie, mais surtout une sensibilité à fleur de peau. C’est évidemment sur “Save Us”, issu du dernier disque, enchaîné à l’intro percutante de “Weightless” (qui porte mal son nom), que débute le spectacle.

Evergrey, c’est bien rodé, c’est magnifique, ce n’est certainement pas gris. Les touches de clavier de Rikard Zander sont un régal, tout comme le jeu fluide mais puissant de Jonas Ekdahl à la batterie, très engagé. Bien que l’on aimerait entendre davantage les chœurs et les claviers, l’effet est bien présent. L’instant le plus magique est “Where August Mourns”, dont la rage égale la beauté. Cette chanson suscite beaucoup d’émotions, et le refrain est repris par de nombreux spectateurs au premier rang, créant une transe individuelle.

Johan Niemann (basse) a la bonne idée de lancer La Marseillaise, reprise par de nombreuses personnes, ce qui surprend et fait sourire le frontman concentré qui lève le poing en criant “Vive la France” ! Avant d’entamer “Mindwinter Calls” avec son refrain fédérateur. Henrik Danhage envoie ses solos avec décontraction et aisance, et en étroite connexion avec le public. À l’exception de “My Allied Ocean” de l’album The Inner Circle (2004), tous les titres sont tirés des albums sortis à partir de 2014, c’est-à-dire Hymns For The Broken.

La fin du set laisse aux fans un sentiment mitigé : le plaisir d’avoir pris leur pied devant des musiciens aussi talentueux que sympathiques, d’avoir assisté à un concert touchant, mais aussi une frustration de voir le temps passer si rapidement, comme une sorte de gâchis.

CROWBAR – (Valley)

TEN56 – (Altar) Aaron et ses musiciens montent sur scène, vêtus principalement de blanc. Un impact visuel fort pour un groupe connu pour la noirceur de sa musique. La foule est venue en nombre pour accueillir le chanteur britannique le plus français. Dès le premier morceau, un énorme wall of death se forme sous la tente de l’Altar. Le son puissant de ten56. fait également une large place aux influences indus, rendant leur style musical très accessible. La maîtrise technique des musiciens et la performance vocale impressionnante d’Aaron ont de quoi électriser le public. Les jeux de lumière ne font qu’embellir un spectacle bien conçu. Le chanteur prend le risque de proposer un peu de trap et se lance seul sur scène dans le morceau “RLS”, pour un résultat vraiment convaincant. Sur “Boy”, les têtes se mettent à headbanguer frénétiquement, les gens tapent des mains et un morceau sombre par ses paroles devient un véritable tube au Hellfest. ten56. conclut avec une finale aussi impressionnante musicalement que dans les mouvements corporels des artistes. Un véritable tour de force !

RIVERSIDE – (Mainstage 01) Riverside, la révélation pour beaucoup dans le style du metal progressif, prenait possession de la Mainstage 01 en début d’après-midi. Si Mariusz Duda (chant/basse) s’amuse de la pluie qui tombe en disant “Voilà, un groupe de rock arrive dans un festival de metal, et il pleut“, il rencontre quelques soucis techniques avec le retour son de sa basse dès le début de “Addicted”. Le bassiste, aussi à l’aise au doigt qu’au médiator, rappelle un peu, de par son sérieux, son compatriote Nergal de Behemoth. Avec son costume rouge et noir, il délivre une prestation solide, tout comme le reste du groupe. Que ce soit Piotr Kozieradzki à la batterie ou le claviériste Michał Łapaj, toujours souriant (voire hilare). Lui, il est extrêmement content d’être là derrière son Kronos, et sa complicité avec le public est très sympathique.

Le son est limpide, et nous n’avons même pas besoin de bouchons d’oreille pour profiter du concert. Le leader nous apostrophe alors : “J’ai trois mauvaises nouvelles à vous annoncer : 1) Nous ne faisons pas de metal. Pire, c’est du progressif. 2) On ne crie pas, on n’hurle pas. 3) On n’utilise pas le mot ‘fuck’.” Ou encore quand il explique dans la série “les phrases qui peuvent vous sauver la vie” et que l’on doit en connaître une par pays au cas où, la phrase française est “Je n’ai pas mangé depuis six jours !” Rires garantis.

Le niveau d’exécution est énorme, tout comme la qualité des compositions. Si l’on aime le style, on est complètement immergé et c’est un régal sonore, comme un recueillement total de l’audience présente et respectueuse. Même s’il n’y aura malheureusement pas de “Friend Or Foe?”, le final instrumental de la seconde partie de “Left Out” donne une fin épique à ce set réussi. Vivement une véritable tournée !

PUSCIFER – (Mainstage 01) Maynard James Keenan est de retour au Hellfest, un festival qu’il dit particulièrement apprécier et fréquenter assidûment avec ses trois groupes. La musique de Puscifer est un mélange éclectique de rock alternatif, de trip hop, de musique électronique et d’éléments expérimentaux. Le dernier album, Existential Reckoning (2020), est un véritable voyage interrogatif sur l’existence d’une vie extraterrestre. La scénographie, toujours un peu loufoque, du groupe et l’utilisation de vidéos appuient bien ce concept. Bien que Maynard ne s’adresse pas directement au public, il le fait tout de même à travers des capsules enregistrées. La setlist est conçue pour monter progressivement en puissance. L’atmosphère devient de plus en plus envoûtante, grâce aux touches électro de la musique et à la présence intense et charismatique de Maynard. L’apothéose est atteinte avec l’excellent “The Remedy”, qui conclut un set aussi original que captivant.


ARCH ENEMY (Mainstage 02) –


MYRATH – (Temple) C’est dans une ambiance de supporters de foot que le groupe franco-tunisien Myrath fait son entrée sur la Temple bondée peu avant 18h, avec l’arabisante “Asl” en introduction, suivie de “Born To Survive”. Quelques drapeaux tunisiens ont été brandis et agités bien avant le début du set. Et on a droit à tout : l’apparition soudaine et magique du chanteur Zaher Zorgati dans un dispositif conçu à cet effet, des musiciens tous costumés, un backdrop représentant un palais oriental, une magnifique danseuse orientale, deux sortes de gardiens au look de gladiateurs qui brandissent des torches ou d’autres bâtons crachant du feu, le tout pour un effet visuel vraiment réussi. “Into The Night” est parfaite, et l’on peut remarquer quelques similitudes vocales entre Zaher et un certain Steve Perry (ex-Journey). Nous avons même droit à un tour de magie avec une table volante pendant cette chanson, ainsi qu’à plusieurs descentes de claviers extrêmement maîtrisées par Kevin Codfert (ex-Adagio).

Le guitariste et fondateur Malek Ben Arbia est solidement positionné devant la batterie tenue par Morgan Berthet, un batteur fabuleux dont l’aisance technique, notamment en double-pédale, est parfois bluffante. Le frontman prend la parole avec un fort accent : “Cela va ? J’aime la France, le vin, la tour Eiffel. On s’en bat les couilles“, devant une audience hilare. “Vous me comprenez ? – et sans aucun accent – ben normal, je parle français bordel ! Ça marche à chaque fois !“. “Bon, on danse ou quoi ?” et bam, nous avons droit à “Dance” de l’album Shehili (2019) avec sa mélodie entêtante et entraînante. Leur nouvel album, Karma (2023), sortira en septembre, et nous avons donc droit à un nouveau titre, “Child Of Prophecy”, qui commence par une intro de piano avant de monter progressivement en intensité pour devenir bien plus lourd.

Touché par cet accueil (le public est vraiment réactif), Zaher prend la parole, visiblement ému : “Merci au Hellfest de nous avoir invités une seconde fois, merci à vous, à la famille du metal. Nous traversons tous des moments difficiles dans la vie, la dépression, l’addiction, et la musique nous aide. Je suis encore là grâce à elle et grâce à vous“, avant d’enchaîner avec “Heroes”. Un deuxième nouveau titre, “Candles”, avec son riff très hard FM, voit Kevin venir sur le devant de la scène avec une sorte de guitare/clavier incurvé. Le final avec un “Believer” très participatif, du feu, les gardes, le retour du dispositif qui voit le frontman (qui a changé de costume et arbore désormais un micro-casque, lui libérant les mains) léviter au-dessus de la scène. “Merci la France, merci Hellfest !Myrath a marqué des points aujourd’hui, et c’est mérité compte tenu de l’investissement des musiciens pour offrir non seulement un concert de qualité, mais un véritable show.


PORCUPINE TREE – (Mainstage 01)

LORNA SHORE – (Altar) Lorna Shore, le phénomène à la croisée du deathcore, du black metal et du symphonique, donnait rendez-vous aux amateurs sous la tente de l’Altar. Dès les premières notes, l’atmosphère de la salle se transforme en une explosion d’énergie, dans une ambiance sombre et brutale. Les riffs de guitare puissants et techniques, la basse lourde et groovy, ainsi que la démonstration vocale du chanteur en font un groupe vraiment unique.

Le frontman de Lorna Shore, Will Ramos, avec sa voix gutturale et puissante, délivre des growls profonds et des screams perçants, ajoutant une dimension violente à la musique du groupe. La juxtaposition des lignes mélodiques grandiloquentes avec la déferlante de sauvagerie du chant fonctionne très bien. C’est un duel constant entre la sinistre noirceur et la chevauchée fantastique. Les curieux sont nombreux à se masser aux abords de la tente pour profiter de la prestation. La foule des premiers rangs est extatique face à cette fusion d’éléments musicaux extrêmes et à une présence scénique captivante, créant une ambiance sombre et puissante.

POWERWOLF – (Mainstage 02) Ah Powerwolf, ton maquillage, tes loups et tes flammes ! La formation teutonne occupe une place à la fois intéressante mais également casse-gueule, car l’ogre Iron Maiden est attendu juste après eux à leur gauche. Quoi qu’il en soit, Attila Dorn et sa meute déballent le grand jeu. Scéniquement impressionnant, chaque titre fait mouche auprès des festivaliers.

Le nouvel album Interludium (2023) est curieusement peu mis en avant, contrairement aux deux précédents disques, Call Of the Wild (2021) et The Sacrement Of Sin (2018). Malgré des compositions parfois trop répétitives et des discours un peu longs – on salue l’effort de parler en bon français, danke – la prestation est réussie et saluée comme il se doit, avec “Werewolves Of Armenia” en guise de final. Cependant, gardons notre sang-froid avant de penser qu’il s’agit d’un signe annonçant la programmation de System Of A Down… Graou !

IRON MAIDEN – (Mainstage 01) C’est le troisième passage de la bande à Eddie, et sans doute le plus risqué. Pourquoi ? Parce que cette tournée associe à la fois la promotion de leur dernier album, Senjutsu (2021), avec l’emblématique Somewhere In Time (1986). Le premier n’a clairement pas convaincu une partie des fans, alors que dire d’une telle association ?

Mené de main de maître par Bruce Dickinson au chant, le spectacle tient ses promesses. L’arrivée sur “Caught Somewhere In Time”, qui n’avait pas été joué depuis 1987 lors du premier concert de cette tournée, crée l’événement et suscite l’extase des plus jeunes, ainsi que les larmes des plus anciens qui ont eu l’honneur de vivre l’âge d’or de la formation de Steve Harris à la basse. Le mélange des deux albums est plutôt réussi. “Stranger In A Strange Land” s’enchaîne, puis les titres de Senjutsu défilent. Si l’on peut regretter la présence de “Fear Of The Dark” (qui n’a strictement aucun intérêt dans une telle tournée), il faut avouer que l’interprétation de “Alexander The Great” est également un événement extraordinaire ! Tant réclamé par les fans, ce morceau prend enfin vie sur scène ! “Hell On Earth” donne le coup d’envoi des rappels, et “Wasted Years” clôt en beauté cette performance de deux heures.

Les vétérans assurent, Eddie apparaît dans toutes ses formes et les festivaliers en ressortent épuisés, mais heureux. Même si on n’atteint pas les ambiances dignes de 2014, il est possible que “The Future Past Tour” soit plus adaptée aux salles qu’aux grands espaces en plein air.

MONSTER MAGNET – (Valley) Pendant que beaucoup se dirigent déjà vers la Mainstage 01 pour le concert d’Iron Maiden, direction la Valley pour celui de Monster Magnet et leur stoner rock plutôt percutant. Les Américains, emmenés par Dave Wyndorf, sont clairement à l’aise avec leurs compositions, plus affinées que d’autres dans le genre. Devant une Valley bien remplie, on a l’impression de vivre un moment privilégié entre fans ou puristes. Peu nombreux, mais “entre nous“. Le son est un peu confus mais extrêmement puissant. “Born To Go” (reprise de Hawkwind, le groupe initial de Lemmy Kilmister) et “Superjudge” sont une bonne introduction à un set qui mettra un peu de temps à démarrer jusqu’à “Tractor”, mais qui finira en beauté. Le rythme lourd, lent et hypnotique de “Look To Your Orb For Warning” tiré du culte Dopes To Infinity (1995).

Les deux hits “Powertrip” avec son “I’m never gonna work another day in my life, I’m way too busy power tripping, but I’m gonna shed you some light” et “Negasonic Teenage Warhead”, véritable hymne avec son “I will deny you, I will deny you baby!“, sont repris en chœur par la majorité de l’assistance. On peut être surpris de l’absence de titres issus de Mindfucker (2018), et c’est dommage de ne pas inclure Mastermind (2010). Mais évidemment, une heure de set, c’est court compte tenu de leur discographie. Le leader Dave Wyndorf (chant/guitare), qui a toujours été en surpoids depuis une dizaine d’années mais semble avoir un peu perdu, donne de la voix et reste souriant. Il hurle, il harangue, bref, il fait plaisir. Après une heure de qualité et très agréable avec Monster Magnet, nous sommes accompagnés par “Wasted Years” d’Iron Maiden sur le chemin qui me mène vers la Altar. Que peut-on demander de plus ?

CLUTCH – (Valley) Comme prévu, l’accès à la Valley est compliqué et le succès du groupe américain en est l’une des raisons, bien évidemment ! C’est la sixième fois que la bande à Neil Fallon (chant) et Tim Sult (guitare) se produit, accompagnée du génialissime Jean-Paul Gaster (batterie), mais malheureusement sans Dan Maines (basse), resté outre-Atlantique pour des raisons familiales. Ce dernier est remplacé haut la main par Brad Davis (Fu Manchu), qui assure le groove attendu.

Une pure prestation où Earth Rock (2013) se fait la part belle. L’excellent Sunrise On Slaughter Beach (2022) n’est mis en avant que sur un seul titre, sans doute en raison du “bricolage” du côté du bassiste. Le set reste tout de même succulent, avec un best of – dirons-nous – des plus plaisants. L’ambiance est excellente aux abords de la scène mais assez calme tout autour; certains ne hochent même pas la tête… sacrilège ! Cette Valley n’est définitivement pas à la hauteur cette année.

MESHUGGAH – (Altar) Terminer une telle journée avec une heure de Meshuggah peut être un défi. Inutile de dire que la Altar est plus que pleine et que tout le monde est entassé en attendant les Suédois. Assister à un concert de Meshuggah, c’est une expérience intense, une agression visuelle, une explosion sonore. Une transe jubilatoire pour ceux qui aiment. Dès l’introduction très rythmique de “Broken Cog” tirée du dernier album, Immutable (2022), nous sommes tous plongés rapidement dans cet univers violent et malsain. Fumée omniprésente, lumières aveuglantes et souvent stroboscopiques, c’est parti ! Jens Kidman hurle avec une puissance évidente, avec ses mimiques faciales habituelles. Tomas Haake, batteur absolument génial et incroyable (et compositeur), est toujours aussi impressionnant, tout comme les autres musiciens d’ailleurs. Un tel niveau de précision rythmique, sur lequel tout repose, nécessite une concentration intense. Le riff d’ouverture de “Rational Gaze” fait littéralement exploser tout le monde autour dans une session d’headbanging corporel extrêmement dense. Leur musique, axée sur les dissonances et les gammes chromatiques, n’est pas facile d’accès. Néanmoins, les harmoniques doublées de guitare, soutenues par une rythmique très lourde sur la fin de “Ligature Marks”, sont fabuleuses.

Bien que le choix de jouer “Mind’s Mirrors” (un instrumental de quatre minutes enregistré) puis l’enchaînement dense de “In Death – Is Life”, “In Death – Is Death” puisse être discutable, personne ne boude son plaisir tant l’exécution est impressionnante et le son massif. “Demiurge” fracasse ceux qui restent debout, pour finir en apothéose avec “Future Breed Machine”.

CARPENTER BRUT – (Mainstage 01) Le moment tant attendu de la soirée approche avec l’arrivée de Carpenter Brut, également connu sous son vrai nom, Franck Hueso. L’irrésistible “Everybody” des Backstreet Boys résonne sur le futur dancefloor du Hellfest. Pour une grande partie du public, c’est déjà un premier moment festif où ils peuvent chanter et danser. Puis le spectacle débute avec un “Straight Outta Hell” électrisant. La capacité de Carpenter Brut à combiner de la synthwave, de la musique électronique et du metal avec une performance live portée par des musiciens en fait une expérience totalement unique.

L’éclairage, principalement rouge, s’accorde parfaitement avec l’ambiance du Hellfest. Les vidéos mettent en valeur l’univers de Carpenter Brut et offrent un spectacle esthétique très réussi. Les riffs lourds et les accents metal des morceaux incitent la foule à se mouvoir dans tous les sens. Sur scène, une alternance de morceaux instrumentaux et chantés donne lieu à un défilé de chanteurs, dont l’incroyable Greg Puciato pour le titre “Imaginary Fire”.

L’influence des années 80 est un peu moins présente dans cette setlist. L’artiste nous plonge plutôt dans une ambiance futuriste avec des riffs de synthétiseurs épiques, des solos et des rythmes entraînants. La performance live des musiciens apporte une intensité supplémentaire à la prestation. Que ce soit à la guitare, à la batterie ou aux claviers, ils ajoutent une dimension organique à la musique, amplifiant encore davantage l’énergie dégagée. Le clou du spectacle est bien sûr la reprise du “Maniac” de Michael Sembello. C’est toute la foule qui se trémousse vigoureusement devant la scène. Le défi électro est relevé pour Carpenter Brut, qui officiait pour la première fois depuis la Mainstage.

Une ambiance finale incroyable, un spectacle démesuré d’Iron Maiden devant une foule compacte, une programmation audacieuse et de très belles découvertes ! Il ne reste plus qu’une journée… et quelle journée en perspective !


Jour 1Jour 2Jour 3Jour 4Bilan


Reports : Marion DupontFabien DurandChante Basma
Photos : Emilie Bardalou

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