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HELLFEST 2022 – Jour 3 (19/06/22)

Un programme chargé pour cette dernière journée de ce premier weekend du Hellfest ! Avec notamment les locaux, le mastodonte français : Gojira !

DELIVERANCE (Temple) – Le deuxième groupe présent au Hellfest d’Etienne Sarthou (Karras, AqME) prend place sous la tente de la Temple. Des décors soignés, de la fumée et un Pierre Duneau maquillé pour incarner son personnage. Dès le premier morceau le groupe arrive à installer une ambiance sombre et captivante. Le son parfaitement équilibré vient réveiller le public venu en nombre. La prestation est envoûtante, le groupe qui vient de signer chez Les Acteurs De L’Ombre donne envie de découvrir un troisième album à paraître cette année !

LANDMVRKS (Warzone) – Il n’est pas habituel de voir la Warzone aussi remplie à cette heure-ci qui plus est un dimanche. Et pourtant les Marseillais de LANDMVRKS font aujourd’hui salle comble ! Il faut dire que depuis la sortie de Lost In The Waves (2021), le groupe ne chôme pas et enchaine les dates. Malgré un set assez court, LANDMVRKS fait le taf et on espère qu’une chose : un créneau plus long l’année prochaine ! 

INGESTED (Altar) – La violence est au rendez-vous sous la Altar avec les death metalleux anglais d’Ingested. Les premiers mots de Jay Evans sont pour demander l’ouverture d’un pit et sa joie est communicative. Une envie d’être sur scène tellement intense qu’elle ne laisse personne indifférent. Il vient haranguer la foule, encore et encore. A ses côtés, les musiciens envoient un son furieusement jouissif. Les morceaux apocalyptiques font mouche auprès du public qui en redemande. La fosse se mêle dans un circle pit survolté. Ingested c’est le rouleau compresseur le plus efficace du Hellfest !

LACUNA COIL (Mainstage 01) – Difficile à croire, mais la formation italienne n’était jusqu’alors jamais passée au Hellfest ! L’anomalie est aujourd’hui corrigée avec une prestation attendue, le parterre était rempli de bonne heure. Le quintette met l’accent sur le dernière sortie Black Anima (2019) avec “Reckless” ou encore “Apocalypse”. La prestation est millimétrée avec de nombreux backing tracks pour imposer leur ambiance. Cristina et Marco alternent, comme toujours, leurs différentes parties de chant, ce qui a pour effet de toujours rythmer le show et ne jamais laisser l’auditeur dans sa zone de confort. L’incontournable “Nothing Stands In Our Way” conclue une belle prestation pour le combo alternatif/goth. Grazie!

MOSCOW DEATH BRIGADE (Warzone) – Retour à la Warzone avec Moscow Death Brigade ! Véritable ovni, le groupe mélange hip hop, punk et techno dans un cocktail détonnant. Le trio s’affirme ouvertement contre la guerre, le sexisme, le racisme et l’homophobie plusieurs fois durant leur set, prônant un message d’unité qui, mine de rien, fait du bien ! 

BATTLE BEAST (Mainstage 02) – Place au heavy/power ! Avec la puissante Noora Louhimo (chant), les terres tremblent ! Doté de capacités vocales impressionnantes, difficile de ne pas rester insensible à la performance. Battle Beast est de retour avec Circus Of Doom (2020) et ne fait clairement pas dans la dentelle. Riffs appuyés, refrains ravageurs et solides rythmiques, on y prend son pied (avec mesure). Seule ombre au tableau, l’utilisation flagrante de bandes sonores pour certains chœurs dont sont chargés les musiciens. Que demander de plus outre que du power aux claviers bien kitsch ?

CAR BOMB (Warzone) – Recommandé par Gojira peu de temps avant le festival, Car Bomb fait sa première apparition au Hellfest ! Nombreux sont les fans qui se pressent afin d’assister au retour du groupe dans l’Hexagone. Malheureusement, le chanteur a été retenu aux USA suite à un contretemps administratif. Pour ne pas annuler, le groupe décide de jouer sans son chanteur, portés par la ferveur des fans présents et la qualité de leurs morceaux. Chapeau bas !

REGARDE LES HOMMES TOMBER (Temple) – Les Français qui aiment les ambiances très sombres, éclairées à la chandelle, sont desservis par un créneau diurne peu flatteur. Leur venue a rameuté beaucoup de curieux et le public déborde de la tente Altar. Le mur du son créé par les deux guitaristes fonctionne parfaitement dans un premier temps. Le chant puissant soutient ce post metal féroce. L’absence de jeu de scène et la monotonie des compositions commence à lasser en milieu de set. Il manque quelque chose pour que le groupe puisse réellement exploser. Les premiers rangs sont à fond dans le concert mais derrière l’attention commence à diminuer.


MONUMENTS (Altar) – Direction l’Altar pour Monuments. Le groupe débute sur les chapeaux de roues avec “Cardinal Red”, histoire d’activer les premiers pogos et décrasser tout cela ! Le chanteur, Andy Cizek, est tout bonnement un monstre de technique. Scream, growl, clair, tout s’enchaine avec une aisance déconcertante, même lorsqu’il s’agit des notes les plus aiguës. Ce dernier s’active de part en part de la scène et interagit avec son public à chaque occasion. Mention spéciale au combo “Degenerate” suivi de “Regenerate” qui est absolument divin. Monuments quitte la scène sur “I, The Creator” et on aurait bien aimé quelques morceaux en plus !

COUNTERPARTS (Warzone) – Cela se presse côté Warzone pour le set attendu de Counterparts qui accueille les festivaliers avec de la K-pop (oui, vous avez bien lu) avant d’entamer leur set avec “Love Me”, extrait de Nothing Left To Love (2019). Les Canadiens nous jouent leur dernier single en date, “Unwavering Vow” et le moins qu’on puisse dire c’est que cela claque ! Une nouvelle fois, un set un peu trop court à notre goût, mais qui a le mérite d’être efficace.

MICHAEL SCHENKER (Mainstage 02) – Encore une première ! Le guitar hero allemand (ex-Scorpions et UFO), s’est consacré à sa carrière solo depuis les années 80. Sans doute peu familier pour beaucoup, Michael Schenker reste une figure emblématique de la six cordes. Prolifique en studio, le matériel à disposition est plus que vaste. Aujourd’hui accompagné par Ronnie Romero (chant), le show démarre néanmoins par l’instrumental “Into The Arena”. La prestation mêle classiques période MSG dont “Red Sky”, avec des titres plus récents tirés des albums Immortal (2021) et Universal (2022). Trois reprises d’UFO sont également au programme avec “Doctor Doctor”, “Lights Out” et le final avec “Rock Bottom”. Un show qui sort de l’ordinaire, à l’image des Steve Vai et Joe Satriani, mais qui a le mérite d’exister au Hellfest.

RED FANG (Valley) – Red Fang c’est un peu la valeur sûre de la Valley. Des musiciens hors pairs, des titres qui fonctionnent à tous les coups et une énergie électrique. La formule attire les foules et plus le concert avance, plus les gens s’agitent furieusement devant la scène. Le groupe est en grande forme avec un son bien équilibré. Des adeptes commencent à slamer dans tous les sens et les quelques rares temps morts donnés par le groupe deviennent salvateurs. Même la perfection peut se tromper, le faux départ sur “The Deep” passe presque inaperçu tant l’ambiance est chaude. Chapeau bas messieurs !

MAXIMUM THE HORMONE (Mainstage 01) – L’ovni musical tout droit venu du Japon suscitait beaucoup d’attentes au sein du public. Un deuxième passage au Hellfest et onze ans d’absence auprès du public français, c’est long. Les premiers titres font étal de toute l’étendue de la palette musicale du groupe. Du punk, du screamo, du hardcore, du neo metal, il y a de tout. Aussi facile de s’y retrouver que de s’y perdre, l’univers du groupe est tout simplement improbable. Le bassiste impressionne tout particulièrement par son jeu très prenant. Derrière les fûts, la batteuse défie toute concurrence. En plus d’un jeu parfait, elle chante,
elle growle et assure le spectacle. Côté public, c’est le délire. La foule est en transe, elle s’agite dans tous les sens dans un joyeux bordel. Le groupe termine son set avec l’un des génériques de Death Note, “What’s Up, People?” et l’ambiance atteint son paroxysme. Daisuke, Nao, Ryo et Futoshi ont relevé avec brio le défi du retournement de fosse.

DOWN (Mainstage 02) – Comment dire… Enfin de retour ! Le riff, la poussière et l’Anselmo ! Notre Philou local et son supergroupe stoner/sludge/doom (ajoutez ce qui vous fait plaisir) revient sur scène. Au programme, principalement le cultissime NOLA (1995) ! “Hail The Leaf”, “Lifer”, “Pillars Of Eternity”, “Eyes Of The South”, bref vous l’avez compris. Côté scène, Kirk Windstein (guitare) est revenu pour l’occasion, pour compléter le duo magique avec Pepper Keenan (guitare), Jimmy Bower (batterie) est présent et enfin Pat Bruders (basse) l’est également. On ne va pas se mentir, on attendait avec impatience le retour de Rex Brown pour cette mini tournée événement, sans succès. Et le chanteur dans tout cela ? Fatigué, fini, éparpillé dans douze autres projets, et bien vous savez quoi ? Phil Anselmo est en grande forme ! En bien meilleure forme que les précédentes fois, et surtout celui-ci a retrouvé ses esprits. L’interaction avec le public est comme toujours excellente et sincère. Malgré un couac sur l’une des guitares en début de set, la prestation est au niveau attendu. Le soleil disparait peu à peu que résonne les cultes “Stone The Crow” et “Bury Me In Smoke” ! A l’année prochaine Phil, n’est-ce pas ? Avec Rex Brown, Zakk Wylde et Charlie Benante pour une spéciale Pantera ? La suite au prochain épisode.


KORN (Mainstage 01) – Les pionniers et maintenant vétérans du nu metal s’installent devant un public prêt à en découdre. Le groupe démarre fort avec “Here To Stay”. La basse résonne dans les corps des amateurs, venus en nombre pour se déhancher. Impossible de résister aux riffs lourds et gras de “Falling Away From Me”. L’ambiance retombe forcément un peu pour les titres plus récents. Mais Korn a pris le parti d’une setlist qui comprend les trois derniers singles et se focalise sur les anciens hits. Un mélange qui ne peut que séduire les masses. Les nostalgiques de la première heure comme les nouveaux convertis s’unissent dans une fosse électrisée. La joie de Head et Munky est communicative. Le redoutable “Coming Undone” suivi du tube “Freak On A Leash” met tout le monde d’accord. Korn sur scène c’est juste une arme de guerre, impossible de ne pas succomber à l’artillerie lourde. Jonathan Davis et ses coéquipiers se lancent dans un medley avec “It’s On! / Trash / Did My Time”, juste parfait. Le groupe a gardé le meilleur pour la fin, les premiers sons de batterie de “Blind” retentissent et c’est l’explosion dans la foule. En toute fin de show des gâteaux sont apportés sur scène. C’est l’anniversaire de Head qui prend le micro pour souhaiter un joyeux anniversaire au batteur de Gojira, lui aussi né un 19 juin.

WHILE SHE SLEEPS (Warzone) – L’heure n’est clairement pas à la sieste avec les Anglais. En voila un autre de groupe qui monte, qui monte et qui s’apprête à tout éclater -pardonnez-moi pour cette excès d’excitation- à la Warzone. “SLEEPS SOCIETY” et “ANTI-SOCIAL” dynamitent le parterre et les musiciens eux-mêmes s’en donnent à cœur joie. Loz (chant) mène le public à la baguette et va directement à sa rencontre, tandis que Sean Long (guitare) et Mat Welsh (guitare) s’emploient rugueuse ment sur leurs guitares. Le set est axé sur les deux dernières sorties SLEEPS SOCIETY (2021) et SO WHAT? (2019). Groupe et fans déchainés, la symbiose est totale. Passé “THE GUILTY PARTY”, “You Are We” apporte un répit des plus trompeurs car le quintette enchaine. “FAKERS PLAGUE” et “SYSTEMATIC” en remettent une couche et nous voila arrivé au bout… déjà ! Rendez-vous au Zénith Paris – La Villette en compagnie de Parkway Drive, fin septembre, pour en reprendre une volée.

JUDAS PRIEST (Mainstage 02) – 50 Heavy Metal Years, les festivités se veulent donc solennelles. Les anciens, les mythiques, les légendaires Judas Priest nous proposent une bonne dose de heavy metal anglais avant que Gojira n’annihile tout. La prestation est millimétrée, les classiques sont de sortie pour le plus grand plaisir des aficionados et quid du groupe ? Richie Faulkner (guitare) est en pleine forme, lui qui s’est remis d’un anévrisme aortique qui aurait pu lui couter la vie l’année dernière, Ian Hill (basse) et Scott Travis (batterie) fidèles à leurs postes, Andy Sneap (guitare) toujours présent malgré un quiproquo quelques semaines avant, et Rob Halford ? A bientôt soixante et onze ans, le Metal God est en forme. Vocalement et physiquement, Rob assure. De toute évidence quelques limites sont à noter ici ou là, mais le légendaire frontman assure, bien aidé par un public passionné. Les habituels “Breaking The Law” et “Living After Midnight” concluent un set mené d’une main de maitre.


WALLS OF JERICHO (Warzone) – Les amateurs de punk hardcore sont servis avec le groupe de Candace Kucsulain. Aussi impressionnante par sa forme physique que par sa prestation vocale Candace est lumineuse. La setlist retrace toute la discographie du groupe et galvanise le public. L’arène de la Warzone est en feu et à sang devant la présence scénique du groupe. L’énergie déployée est tout simplement phénoménale. Il n’y a pas que Candace qui porte cette explosivité. Chaque musicien balaie les morceaux avec une aisance remarquable. Des breaks à gogo, des riffs agressifs et redoutables. Que demander de plus ? Quelques passages propices pour chanter des “oh oh” et c’est bouclé. Walls Of Jericho est certainement l’un des meilleurs groupes de hardcore sur scène. La Warzone le sait bien et c’est un public déchaîné qui s’entrechoque sur les pavés de l’arène.

GOJIRA (Mainstage 01) – L’édition 2019 fut notamment marquée par le concert en fin de journée de Gojira. Soigné sur tous les points, impossible d’oublier un show aussi spectaculaire. Doucement, mais sûrement, Gojira a su se démarquer sur la scène internationale et s’imposer comme le meilleur groupe français du genre. Devenant par là même occasion une véritable référence pour de nombreux artistes et collectionnant les fans à travers le globe. Après le succès de Fortitude (2021), il était évident que le groupe allait se hisser au rang de tête d’affiches durant cette édition du Hellfest. Ce soir, la production est comme toujours pensée au détail près. La scène, plutôt minimaliste, fait la part belle aux écrans sur lesquels des visuels accompagnent les différents titres. Le groupe a aussi recours aux flammes, particulièrement pendant “Stranded”, “Silvera” et “Amazonia”. Gojira fait la part belle aux titres issus de Fortitude et joue pour la première fois “New Found”.

Pour les fans de la première heure, le groupe joue un mash up de “Love” et “Remembrance”, respectivement issus de Terra Incognita (2001) et The Link (2003). Impossible de ne pas mentionner “Flying Whales” qui est un véritable bijou en live. Au total, 7 minutes 44 de bonheur dont une intro de plus de deux minutes qui nous transporte. La soirée est d’autant plus spéciale pour le groupe qui fête l’anniversaire de Mario, le talentueux batteur de la formation. Joe (chant/guitare) demande l’aide du public afin de l’aider à chanter les chœurs de “The Chant” et l’accompagner tout au long du morceau. Après une heure trente de concert, celui-ci se termine sur l’excellent “Amazonia”, véritable cri de détresse pour une planète qui se meurt. Un message porté depuis longtemps par le groupe devenu d’autant plus fort au vu du contexte écologique actuel. En résumé, Gojira nous colle une sacrée claque, détrônant avec aisance celle de 2019 qui avait pourtant placé la barre haute. Le groupe prouve une nouvelle fois sa superbe et affirme son statut de tête d’affiches. Si vous n’avez pas encore vu le groupe en concert, on ne peut que vous recommander l’expérience !

RUNNING WILD (Mainstage 02) – Difficile de passer derrière le rouleau compresseur Gojira, et pourtant c’est un sacré événement qui se profile sur la Mainstage 02. La formation heavy/power metal allemande Running Wild revient enfin en France ! Pour ce premier concert sur le sol hexagonal en trente-et-un ans, plus qu’une attente, c’est avant tout un rêve -n’ayons pas peur des mots- pour beaucoup. Séparé en 2009, Rolf Kasparek (chant/guitare) a relancé son projet en 2011. Avec dix-sept albums studio au compteur, le groupe a traversé vents et tempêtes et s’est fait une solide réputation outre-Rhin. Après deux albums à la thématique occulte, c’est à partir de Under Jolly Roger (1987) que Running Wild adopte l’imagerie pirate. Évidemment, cela n’a rien à voir avec Alestorm aujourd’hui ! Bref. Rolf et ses moussaillons déballent un set complet, animé et intriguant pour les plus curieux. Ce dernier nous informe qu’une partie de son décor n’est malheureusement pas arrivé en temps et en heure, d’où un show visuellement très brut et simple. Quoiqu’il en soit, et malgré la fatigue des trois jours, Running Wild au Hellfest : bravo ! Les raretés pareilles sont à la fois attendues et surtout espérées par les fans. Imaginez… plus de trois décennies sans jouer en France !

Ainsi se termine l’édition 2022 du Hellfest, après deux longues années de disette. Ah comment ? On remet cela dans quelques jours avec quatre jours supplémentaires ?! Place à la récupération.

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Textes : Chante BasmaMarion DupontCélia T.
Photos : Emilie BardalouJuliet Faure