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HELLFEST 2014 – Jour 3 (22/06/14)

Comme redouté, l’émotion se fait ressentir. Cette dernière journée marque la fin de l’édition 2014 du Hellfest Open Air et il va falloir attendre une bonne année avant d’y remettre les pieds.

BLUES PILLS (MainStage 01) – A qui sont ces pilules ? Hein ? Excusez-nous mais une présentation s’impose ! Signé chez Nuclear Blast, les projecteurs sont braqués sur cette jeune formation aux multiples origines (Suède, France, USA). Suite à quelques démos et EP, dont le dernier “Devil Man“, Blues Pills parcourt les scènes, les festivals et atterrie également dans nos bibliothèques. Il est tôt, certes, même après deux à trois jours de fiesta, mais le public ô combien nombreux a bien compris qu’il ne fallait rater, sous aucun prétexte, ces jeunes. Alors que leur premier album ne sort qu’un bon mois après le Hellfest, BP attire déjà la curiosité des festivaliers. Muni de leur blues rock, Clisson va littéralement succomber au charme de leur musique sans oublier de succomber à la charmante Elin, frontwoman du groupe. Une demi-heure de groove et de bonnes ondes, ainsi pourrons nous résumer cet interlude musicale matinal. “Devil Man” chanté et interprété au Hellfest, la parfaite combinaison ! En espérant les revoir rapidement en salle, suite à une première tournée, en tête d’affiche, annulée quelques mois auparavant. Un début de journée prometteur !

SCORPION CHILD (MainStage 02) – Nuclear Blast est bien représenté en ce début de journée en la personne des Scorpion Child. Il ne s’agit pas des fils ou filles du célèbre groupe allemand, loin de là, bien que leur nom prête à confusion. Evoluant dans un style rock vintage, les américains n’ont pour le moment sorti qu’un seul album, éponyme, il y a déjà un an. Suite à quelques changements, le combo est désormais un quatuor. Passé Blues Pills, beaucoup iront découvrir cette formation d’où une population plutôt importante devant la scène. Côté musique, à vrai dire il n’y a aucune surprise. Leurs compositions passent très bien l’épreuve du live mais peine à se démarquer à l’approche de nos oreilles. Cette recrudescence du vintage rock est quelque peu pénible, tout en restant agréable à écouter, mais on peine à décoller en leur compagnie. Il serait néanmoins préférable de les revoir en salle pour se faire une autre idée de leur show.

 

 

LOFOFORA (MainStage 01) – L’an dernier nous avions eu droit -pour notre plus grand bonheur- au Bal des Enragés. Cette année, nous aurons eu les membres du “collectif” dans leurs formations respectives : Loudblast (hier), Tagada Jones (un peu plus tard), et pour l’heure Lofofora. On regrettera du coup l’absence de Black Bomb A. Fer de lance du punk/rock/métal/fusion, Lofofora fait partie des valeurs sûres de la scène française. Cela fait maintenant vingt-cinq ans qu’ils arpentent toutes sortes de scènes allant des festivals aux salles des fêtes. Une chose est sûre : dès qu’il s’agit de mettre le feu, on peut compter sur eux et cette prestation ne dérogera pas à la règle. 12h15 : les parisiens débarquent “On s’appelle Lofofora et on est là pour l’apéro !”. Le ton est donné. Ce sera un démarrage sur les chapeaux de roues avec “L’Oeuf”, repris en chœur par un public particulièrement nombreux, qui termine toutes les phrases commencées par Reuno. Un beau “duo”. Ce court set sera l’occasion de dépoussiérer quelques incontournables tels que la reprise des Moskokids “Justice Pour Tous” ou “Les Gens”; mais également de nous présenter trois nouveaux titres issus de leur prochain et déjà huitième album, à paraitre le 15 septembre prochain : “L’Innocence”, “Pornolitique” et “La Tsarine”. Toujours engagé derrière sa bonne humeur affichée, Reuno en profitera pour glisser un message de soutien à l’attention des intermittents du spectacle. Nous aurons également droit à un passage de Maxime Musqua (Le Petit Journal) venu expérimenter le slam avant de finir dans le nuage de poussière du circle pit. Révoltés et survoltés, les Lofo auront offert un show très bonne ambiance comme on les aime, nous faisant totalement oublier le ciel un peu chagrin.

 

 

ZODIAC (Valley) – Tiens donc, qui voilà ? Les allemands percent petit à petit à travers l’Europe. Vu en première partie de Spiritual Beggars mais également en compagnie d’Audrey Horne au Divan Du Monde, Zodiac pose ses valises sous la Valley pour quarante minutes. Oscillant entre hard rock et blues rock, Nick van Delft & Co vont une nouvelle fois démontrer qu’on peut enivrer toute une assemblée à l’aide de simples et longues compositions. “Free” en sera l’exemple parfait. Le public, nombreux, adhère sans sourciller et une grande partie de celui-ci semble déjà connaitre le groupe, une bonne nouvelle donc ! Abrité sous la Valley et épargné par la lourde chaleur, le public aura le plaisir de profiter dans de parfaites conditions. “Coming Home” sonne le glas, cet ultime titre, d’une dizaine de minutes, indique que la fin est imminente. Sorti sous de vifs applaudissements, Zodiac est en passe de sortir son nouvel album “Sonic Child” en septembre avant d’arpenter les routes européennes ! A très bientôt donc !

 

 

CROWBAR (MainStage 01) – Après quelques heures de grisaille accueillie avec joie, le soleil reprend ses droits pour l’arrivée du plus français des groupes américains de l’affiche du Hellfest. Pour avoir assisté à plusieurs concerts de Crowbar, dont celui du Hellfest il y a quatre ans, on peut dire que le groupe reste fidèle à lui-même. Un concert de Crowbar reste un concert de Crowbar, ils s’enchainent et se ressemblent. Riffs plombés, sous une chaleur elle-même écrasante, attitude posée les pieds bien ancrés sur le plancher, les louisianais font preuve d’une constance à toute épreuve. Les rois du sludge, qui grâce à leur musique heavy, doom, bluesy et parfois hardcore ont écrit les lettres de noblesse du genre, enchaînent classiques (“The Lasting Dose”, “All I Had (I Gave)”, “Planets Collide”), nouveauté (“Walk With Knowledge Wisely”) et anciens morceaux (“High Rate Extinction”, “Conquering”). Pachydermique, énergique et toujours groovy, Crowbar est là pour briser des nuques en toute simplicité, avec conviction et détermination. Vingt-cinq ans qu’ils sont là, et ils ne sont pas prêts à raccrocher. Quand simplicité et authenticité riment avec efficacité, Crowbar est là pour rappeler à quel point la musique est une histoire de passion et de dévotion. Chapeau.

 

 

DORDEDUH (Temple) – S’il y avait un groupe qu’on avait absolument envie de voir cette année, c’était bien eux ! Après avoir écouté des mois durant l’unique album “Dar De Duh” paru en 2012 afin de s’imprégner de leur ambiance, le jour tant attendu était enfin arrivé nous allions les voir pour la première fois sur scène. Si nous concevons qu’il faut probablement un certain temps pour se délecter convenablement de la musique des deux ex-Negura Bunget, d’autant plus que le plein jour n’aide pas au “voyage”, en connaissance du sujet il nous faudra que quelques minutes pour décrocher totalement du lieu dans lequel nous nous trouvons et nous faire absorber dans un monde parallèle d’ésotérisme et de spiritualité. Tout commence par une intro planante interprétée par Hupogrammos à la simandre qui confère tout de suite une atmosphère unique de recueil et de méditation. Il ne nous en faudra pas moins pour plonger, sans aucune retenue et en totale confiance, dans ce folk/black metal atmosphérique intimiste. Dordeduh est un groupe qui se mérite, tant il est incomparable et expérimental, c’est pourquoi voir la timidité dont fait preuve le public ne nous surprend guère. Tempi lents, dépressifs, les roumains possèdent ce côté insaisissable, magique et majestueux que vous remue dans les entrailles telle une bête tapie au tréfonds de votre âme. Magique.

 

 

ULCERATE (Altar) – Que faire lorsqu’un petit moment de flottement se produit ? Pendant que certains de l’équipe sont partis voir Crowbar, que choisir entre le death metal technique d’Ulcerate sur l’Altar, et le punk rock de The Bones sur Warzone ? Sur quel critère se baser lorsqu’on ne connait aucun des deux groupes en live ? C’est très simple les néo zélandais ont une réputation qui les précèdent. De plus, ils sont rares dans l’Hexagone (une tournée avec Svart Crown en 2012 avec seulement trois dates en France), c’est donc vers eux que se portera le choix. Malheureusement, il faudra se rendre à l’évidence. Est-ce dû à la qualité du son qui ne met pas en valeur la technicité de leur jeu, à une trop grande technicité justement ? Au fait que le groupe est trop statique, ou à la conjugaison de tout cela ? Toujours est-il que la sauce ne prend pas. Donc… direction la Warzone au pas de course : normalement on peut toujours compter sur les punks pour mettre l’ambiance !

 

 

THE BONES (Warzone) – Et non, les suédois ne font pas que du metal. Bien sûr, ils ont ABBA, mais ils ont aussi et surtout The Bones et son punk n’roll ! Le quatuor est venu secouer le public de cette neuvième édition du Hellfest et lui offrir la quintessence du mariage entre le punk et le rock n’roll. Il est, il faut l’avouer, très difficile, voire impossible de résister à son rythme diaboliquement énergique. The Bones nous aura fait passer un moment particulièrement sympathique et festif.

 

 

LOWRIDER (Valley) – Accompagnés de leurs guitares saturées et de leurs accordages touchant terre, les suédois font une apparition exceptionnelle au Hellfest. En effet, il faut savoir que le groupe scandinave n’a sorti qu’un EP et un album au début des années 2000 et puis… rien. En effet, le projet s’est arrêté malgré les nombreuses rumeurs autour de possibles nouveaux albums. Ainsi, les amateurs de lourdes sonorités s’étaient retrouvés sous la Valley pour assister à leur concert. Que dire ? La foule était déjà acquise à leur cause, forcément difficile de faire mieux. En passant de “Caravan” à “Lameneshma”, tout en proposant “Texas” et “Convoy V” -pour ne citer- en trois-quarts d’heure de jeu, “Ode To Io” mettra fin à leur solide prestation. Lowrider wins by KO!

 

 

POWERWOLF (MainStage 02) – Ce quintette originaire d’Allemagne sortira quelque peu du lot pour les non-initiés. Du maquillage, des costumes qui nous rappellerons vaguement ceux de Ghost, des chœurs s’inspirant de chants religieux, quelques paroles en latin, un peu d’orgue. On aurait presque l’illusion d’être à l’église en ce dimanche toujours aussi ensoleillé et toujours aussi poussiéreux. Les fans seront évidemment massés devant la grande scène. Les moins fans ou les novices seront, quant à eux, massés un peu plus à l’écart cherchant désespérément un coin d’ombre, un peu de fraicheur ou aux bars aux alentours. Beaucoup d’humour de la part des allemands notamment avec leur chanson “Resurrection By Erection” qui en fera sourire plus d’un.

 

 

SEETHER (MainStage 01) – Une des grosses déceptions de cette édition. L’an passé, 3 Doors Down étaient l’erreur de casting. Seether est définitivement celle de 2014. Pas assez de pèche sur scène, des chansons mollassonnes en live, un son pourri qui n’arrangera pas les choses. Même sans bouger sur scène, certains groupes dégagent une telle aura qu’ils arrivent à capter l’attention du public, de tout le public. Définitivement Seether ne seront pas ceux-là ce dimanche…

 

 

TAGADA JONES (Warzone) – Nouvelle promesse de passer un moment festif : nous avons rendez-vous avec Tagada Jones. En leur compagnie, il faut s’attendre au chaos. Première étape : traverser la Warzone pour arriver dans un endroit “respirable”. L’espace est archi-comble et l’air saturé par la poussière qui n’aura pas le temps de retomber de tout le set. Le public est à fond de bout en bout. Même la sécu’ se laissera embarquer par l’énergie débordante des rennais. De retour la veille d’une tournée au Canada, les bougres ont la forme malgré le décalage horaire. Visiblement heureux d’être là, ils vont enchaîner les tubes sans le moindre temps mort et le public suivra se déversant tel un raz de marée de slammeurs sur l’équipe de la sécurité. A l’instar de Reuno un peu plus tôt, Niko (chant/guitare) n’oublie pas d’adresser un petit mot de soutien aux intermittents et de remercier l’organisation du Hellfest ainsi que les créateurs des décorations. Soudain, c’est étrange. Il fait une chaleur torride et pourtant on sent des gouttes d’eau dans le dos. Un bénévole juché sur un camion-citerne et armé d’un Kärcher arrose le public. Il volera presque la vedette au groupe pendant quelques instants tellement la foule est heureuse d’aller se rafraichir sous le jet ! Tagada Jones a proposé une setlist qui faisait la part belle à leur dernière parution, avec plus de la moitié des titres qui lui seront consacré. C’est sur le titre hommage à Bérurier Noir “Karim et Juliette” qu’ils nous quittent. Non sans avoir déclenché un magnifique mur de la mort qui se terminera comme il se doit dans un nuage de poussière. Avec la grosse claque ci-présente, on en voudrait bien encore un peu. Mais il y a tout de même une bonne nouvelle, c’est que nous pourrons les revoir au Motocultor Festival le 16 août prochain !

 

 

BLACK TUSK (Valley) – Qu’on aime ou pas la musique de Black Tusk, une chose est sûre c’est qu’une fois sur scène ils mettent tout le monde d’accord. Le trio heavy punk sludge dans lequel chaque membre donne de la voix envoie, dans la joie et la bonne humeur, autant qu’un sextet. Féroce et couillu le groupe de Savannah (tout comme Kylesa) mélange avec verve punk, hardcore et sludge ultra bourrin comme personne. Malgré une dextérité et une énergie sans faille, on arrive quand même à décrocher en milieu de set. La faute à des titres trop répétitifs et une prise de risque trop minime. Sur le côté de la scène, les membres de Kvelertak exultent pourtant. Car oui, si le groupe mériterait de sortir des sentiers battus, une chose est sûre c’est qu’il fait preuve d’une intensité et d’une sauvagerie salvatrices !

ALTER BRIDGE (MainStage 01) – Sous une atroce chaleur, nous pourrons maintenant imputer les évanouissements à la présence de Myles Kennedy et non au soleil. D’emblée, le quatuor va captiver la massive foule avec le single du dernier album “Fortress” : “Addicted To Pain”. L’entrée en matière est ainsi puissante, énergique et le show s’annonce ainsi explosif. Par la suite, l’album “Blackbird” sera grandement représenté avec pas moins de cinq titres (!) contre trois pour le dernier opus; l’effet festival sans doute. “Cry Of Achilles” fait ainsi son petit effet avec sa montée en puissance, tout comme “Waters Rising” ensuite, où Mark Tremonti donnera de sa personne. Outre leur solide prestation, c’est un tout autre élément qui va presque leur voler la vedette. And the winner is : la lance à incendie ! La chaleur est pesante et l’idée fut trouvée d’utiliser ce magnifique objet afin de rafraichir le pit, alléluia ! Halte là ! Nous en sommes à la journée du dimanche, en pleine après-midi et deux jours viennent de se terminer. Pourquoi, ô Satan, cette lance (et les autres, ne me dites pas qu’il n’y en a qu’une pour un festival comme le Hellfest) ne fut pas utilisée les jours précédents alors que la chaleur fut tout aussi lourde. Revenons-en au concert, côté dynamique et élaboration de la setlist, le groupe a concocté un set dynamique où les temps morts furent quasi absents. “Metalingus”, “Blackbird”, “Rise Today” et enfin le redoutable “Isolation” ou plutôt “insolation” (au vue des circonstances climatiques) mettent un point final à une très bonne représentation estampillée AB.

 

 

ANNIHILATOR (MainStage 02) – Passé Myles Kennedy et Mark Tremonti, place à la bande de Jeff Waters. Annihilator espère bien mettre le pit à feux et à sang et ce sera chose faite ! Avec un set ultra classique, Jeff armé de son comparse Dave Padden vont retourner Clisson en deux temps trois mouvements, avec une belle colonne de poussière à la clé. Outre les redoutables “King Of The Kill” et “Set The World On Fire”, de nouvelles compositions de l’album “Feast” seront également au programme avec “Smear Campaign” et “No Way Out”. Ayant repris du poil de la bête avec cette récente sortie, il parait toujours incroyable qu’Annihilator ne joue plus de shows aux Etats-Unis, faute de demande (hallucinant non ?). Les courtes interventions de Jeff, en français s’il vous plait, marchent toujours auprès du public et celui-ci présentera le nouveau bassiste du groupe, le précédent ayant en quelque sorte déserté, étrange… Ce qui renvoie bien évidemment à la stabilité que le groupe peine à entretenir sur la durée. Heureusement, le duo Jeff/Dave marche à la perfection et consiste en la majeure force de la formation. La chaleur étouffante semble être l’occasion parfaite de lancer “Alison Hell”. “Brain Dance” précède “Phantasmagoria” avant le clou du spectacle en compagnie de “Human Insecticide” ! Un titre qui ne fut joué depuis belle lurette et qui déploie ainsi toute sa puissance au Hellfest pour le plus grand plaisir des festivaliers. Notons d’ailleurs que le pit sera très actif et très réceptif à Annihilator. La belle histoire continue entre Jeff Waters et le Hellfest, vivement la prochaine !

 

 

EQUILIBRIUM (Temple) – La Temple affiche pratiquement complet pour Equilibrium. Comme ce fut le cas la veille pour Trollfest, le groupe n’est pas encore arrivé que le public l’acclame déjà. C’est sous un déluge d’applaudissements et avec une forêt de bras levés que les allemands sont accueillis sous la Temple. Fraîchement sorti, le nouvel album aura comme il se doit une place de choix dans la setlist. Nous aurons droit à un show tout en puissance et intense dès le début. Robse (chant) et ses acolytes débarquent en mode bulldozer avec la ferme intention de tout faire exploser. Sur la scène cela joue vite et fort. Robse headbang à s’en dévisser les cervicales. Dans la fosse, la foule sautille, frétille et frappe des mains à qui mieux mieux. Nous assistons là à une véritable fête du folk metal. Tout comme pour Trollfest et Eluveitie, le public est très réactif. Jen, la nouvelle bassiste, tout sourire, semble ravie d’être là et s’avère très à l’aise au sein du groupe et face à la foule si nombreuse pour ce qui est à n’en pas douter son premier concert avec Equilibrium. Elle aura même droit à une sorte de “baptême” de la part de Robse ressemblant fort à une intronisation. La dernière chanson “Der Ewige Sieg” est accueillie avec déception. Visiblement, le public en veut encore. Mais Robse annonce qu’ils reviendront l’année prochaine. Pour une tournée en France ou pour une nouvelle prestation au Hellfest ? Rien n’a été précisé. Supposons qu’il s’agira d’une tournée étant donnée la sortie récente de leur nouvel album “Erdentempel” et compte tenu du fait qu’ils étaient déjà au Hellfest l’an dernier. Mais qui sait ? En tout cas ce qui est claire c’est que les allemands ont du mal à partir. Ils nous proposeront même un petit supplément : “Unbesiegt” qui sera le bouquet final de cette explosion festive. Mission accomplie, Equilibrium à bel et bien mis le feu à la Temple. See you next year!
 

 

THE BLACK DAHLIA MURDER (Altar) – Puissance toujours, mais cette fois sur l’Altar, avec les énervés de The Black Dahlia Murder qui sonnent le retour aux blasts. Place au death metal survolté des américains. Outre la prestation qui sera d’une énergie débordante, la voix impressionnante dans les variations de Trevor Strnad, ce sont surtout les circle pits qui feront que ce show restera dans les mémoires. Les participants tournaient autour des deux poteaux de l’Altar faisant la totalité de la largeur de la scène et forçant du coup tout le monde à se couvrir le visage tellement cela dégageait de poussière. Une sacrée ambiance !

VREID-SOGNAMETAL (Temple) – Lorsque fin 2013, Vreid annonça quelques dates exceptionnelles pour célébrer les vingt ans de sa carrière musicale, notre cœur bondi de joie. Nous savions dès lors qu’il fallait coute que coute nous débrouiller pour assister à une de ces rares prestations car l’occasion ne se présenterait peut être plus jamais. Rappelons que Vreid est un groupe fondé en 2004 sur les cendres du groupe Windir, lors de la disparition tragique du leader Terje “Valfar” Bakken, mort par hypothermie. Dix ans plus tard, Windir ressuscite le temps d’un concert hors norme sous la Temple. Pour l’occasion Vegard, frère du défunt, est venu lui rendre hommage comme il l’avait fait sur le DVD posthume “Sognametal”, en interprétant quelques titres au chant. Dès les premiers accords de “Brynjing”, on mesure la chance que l’on a d’être là face à ce groupe qui suite à cette tragédie a décidé de continuer la musique. Qu’il a dû être dur le temps où l’ombre de Windir planait sur eux ! Mais Vreid a été patient. Au lieu de surfer avec facilité sur les cendres de leur ancien groupe, le quatuor s’est construit années après années, pierre après pierre une solide réputation. Si bien qu’aujourd’hui s’il propose un tel spectacle tout le monde ne peut que le percevoir que comme un hommage et nullement comme de l’opportunisme. Vreid est donc devant nous pour rendre hommage à Windir en proposant d’interpréter non seulement des titres de sa propre discographie (“The Reap”, “Eldast, utan å gro” et “Pitch Black”) mais aussi de celle de ses formations précédentes : Ulcus (“The Profound Power”) mais en majorité de Windir (“Brynjing”, “Arntor, A Warrior”, “The Spiritlord”, “On The Mountain Of The Goats”, “Svartesmeden Og Lundamyrstrollet” et “Journey To The End”). Au programme un patchwork musical synthétisant toute leur carrière au cours duquel on peut s’apercevoir de l’évolution naturelle que les années ont ciselé dans le marbre : Du viking black metal à un black metal plus progressif et ambitieux. Les parties atmosphériques et aériennes très mélancoliques tranchent radicalement avec leur son agressif et nous emmènent sans détour sur leur terre natale norvégienne, à la fois immaculé et ténébreuse. Un concert unificateur et bienfaiteur qui nous transportera bien au-delà de notre imaginaire. Sublime et intemporel.

 

 

SOUNDGARDEN (MainStage 01) – Autant à l’annonce de leur participation l’attente et l’excitation furent au rendez-vous, autant après leur prestation, un seul mot nous vient : déception. Chris Cornell, Kim Thayil et Ben Shepherd, accompagné de Matt Cameron (ex-Pearl Jam), en lieu et place de Matt Cameron -dédiant 2014 à Pearl Jam- vont certes plaire à de nombreux fans à travers les dix titres joués mais sans plus. A vrai dire, l’attente fut élevée et le résultat final fut malheureusement décevant. Manque de dynamisme, son pas au top… Malgré les “Spoonman”, “Black Hole Sun”, “The Day I Tried To Live” et le dernier “Beyond The Weel”, l’impression globale fut moyenne. Alice In Chains aurait bien plus convaincu -comme à Arras, une dizaine de jours plus tard.

 

 

EMPEROR (MainStage 02) – Sept ans après sa prestation humide et boueuse au Hellfest 2007, Emperor était de retour une nouvelle fois en tête d’affiche. Cette fois-ci pas de pluie cinglante, mais un soleil qui vient de décliner à l’horizon pour laisser place au côté obscure de la nuit. Totalement de circonstance puisqu’Emperor a prévu d’interpréter l’intégralité de son album culte “In The Nightside Eclipse” afin de célébrer les vingt ans de sa sortie, en plus de quelques vieilleries tirées de la démo “Wrath Of The Tyrant”. Avec un tel programme impossible de ne pas combler les fanatiques de la formation norvégienne que nous sommes. La tension est à son comble lorsque retentit l’introduction “Into The Infinity Of Thoughts”. Pourtant d’emblée une chose nous saute aux yeux. Les sept années écoulées a fait son œuvre, et si dans le fond les compositions ténébreuses sont belles et bien là, Emperor ne paraîtra pas aussi obscure que dans nos souvenirs, donnant davantage la sensation de voir Ihsahn, l’artiste épanoui que l’on a redécouvert en solo ces dernières années, que le groupe de black metal dérangeant que l’on a connu lors de notre adolescence. Lunettes noires, cheveux gominés, Ihsahn a un style et une attitude qui dénotent avec les prémices du groupe. Difficile de se dire que l’un des fondateurs historique du black metal se tient devant nous, tant il est avenant et causant. Cependant la formation composée des membres originaux (Ihsahn – guitare/chant, Samoth – guitare, Faust – batterie) réussi à apporter modernité et fougue à ses compositions grâce au soutien des jeunes musiciens qui avaient participé à la première reformation du groupe, à savoir Secthdamon à la basse et Einar Solberg de Leprous aux claviers. Une fois l’aspect visuel éclipsé, nous arrivons à plonger dans les méandres de ce que fut Emperor lorsqu’en 1994 ils sortirent l’album qui s’imposa à jamais comme l’un des meilleurs du black metal symphonique. Difficile de décrire les sentiments et les sensations qui se bousculent à ce moment-là, tant le spectacle qui se joue devant nos yeux est unique et intense. Devant nos yeux émerveillés, notre adolescence défile au fur et à mesure que les morceaux sont interprétés telle une messe macabre et universelle. En grande forme vocale, soutenu par un son très bon permettant d’entendre avec distinction les riffs mythiques, Ihsahn est appliqué et précis. Pendant ce temps Faust, de retour derrière la batterie d’Emperor après vingt ans d’absence, vient ajouter sa touche primitive et brute. Les minutes s’engrainent à une vitesse folle et déjà l’hymne à Satan “Inno A Satana” retenti, signe avant-coureur que le concert est sur le point de se terminer. Alors que nous regrettons déjà de ne pas en voir davantage, tant nous mesurons la chance que nous avons d’assister à cette exclusivité du Hellfest, Emperor nous atomise avec une conclusion majestueuse composée de deux tubes du patrimoine black metal : “Ancient Queen” et “Wrath Of The Tyrant”. Emperor a une fois encore tenu promesse en proposant un des moments qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.

 

 

FLOGGING MOLLY (Warzone) – Alors que les vieux de la vieille, Black Sabbath, montent sur la MainStage 01, certains préfèreront s’entasser à la Warzone pour faire la fête avec les américains de Flogging Molly. Le genre de groupe qui vous donne envie de sauter partout alors que vos articulations ne demandent qu’une seule chose : du repos ! Quoique le muscadet y sera pour beaucoup également. Le genre de groupe qui mène certains individus à prendre un bain dans le pseudo lavabo bouché du point d’eau dans le fond de la Warzone. En même temps il faisait encore tellement chaud à cette heure-là que tout le monde aurait voulu en faire autant. Le genre de groupe finalement qui vous fait vous souvenir ce qu’est un groupe authentique, sincère et enthousiaste sur scène !

 

 

BLACK SABBATH (MainStage 01) – La nuit fait doucement son apparition lorsque soudain : “coucou […] coucou”. Ozzy s’amuse et interpelle le public, caché sur le côté de scène, afin de réveiller les plus vieux et de mobiliser les plus jeunes. Justement, les festivaliers parlons-en. La journée du dimanche n’était officiellement pas complète, des pass dimanche étaient toujours en vente ce à quoi l’on pouvait répondre : “ah bon ?”. En effet, la foule aux abords de la MS semble encore plus compacte et encore plus nombreuses que les deux jours précédents, hallucinant n’est-ce pas ? Bref, passé les “coucou” et l’attente, Ozzy Osbourne, Tony Iommi, Geezer Butler et Tommy Clufetos prennent possession de la scène. Black Sabbath va enfin jouer à Clisson ! -enfin à un membre près… (sic). Cependant, à peine le premier titre démarré, “War Pigs” en l’occurrence, Ozzy ne semble pas être en grande forme. Aie. Fidèle à lui-même, quelques morceaux de rodage et voici la machine repartie. Il faut néanmoins avouer que sa prestation vocale fut excellente à Bercy et que la comparaison est inévitable. Musicalement, les deux tauliers Tony et Geezer assurent comme toujours, l’un armé de sa quatre cordes et de son doigté si reconnaissable -allez-vous en bande de vicieux- l’autre armé de sa Gibson SG ornée de crucifix pour marquer les frets. Avec la récente sortie de “13“, il était évident que seuls quelques titres allaient être joués. “Age Of Reason” et “God Is Dead?” lui feront ainsi honneur. Pour ce qui est du reste, du très grand classique : “War Pigs” donc, “Snowblind”, “Into The Void”, “Rat Salad” etc. etc. Tommy ira de son petit solo lors de ce dernier avant que les trois ne reviennent pour le mythique “Iron Man”. Une foule en délire répond, chante et crie ! “Children Of The Grave” achève le show avant d’attaquer le rappel. Les effluves des années 70′, la vibe, le mojo de l’époque s’emparent de chaque festivalier et emmènent ceux-là vers “Paranoid” ! “ONE MORE SONG! ONE MORE SONG!” cet hymne mettra un point final à Black Sabbath au Hellfest 2014 sous une vive et chaleureuse ovation !

 

 

TURBONEGRO (Warzone) – Il ne fallait pas quitter le Hellfest sans aller jeter une oreille du côté de Turbonegro. Malheureusement la Warzone qui les accueillait pour clôturer cette troisième et dernière journée était pleine à craquer. Impossible d’accéder dans l’enceinte et de dépasser l’espèce de couloir d’entrée. Imaginez assister à un concert devant l’entrée de la salle. Malgré l’excellente ambiance et l’énergie festive qui se dégageaient, difficile de se mettre vraiment dedans.

 

 

OPETH (Altar) – Iced Earth non remplacé, trois possibilités s’offraient aux festivaliers : aller voir Turbonegro sur la Warzone, voir Opeth sous l’Altar ou bien quitter le site. La seconde option sera ainsi choisie par une partie de l’équipe tandis que l’autre ira apprécier Turbonegro. La tente est bien évidemment blindée de toute part, dommage de ne pas avoir calé Opeth sur la seconde MS d’ailleurs… C’est donc de loin que nous apprécierons leur intense prestation, pas comme si le visuel était de mise chez les suédois. “The Devil’s Orchard” du dernier album en date, en attendant “Pale Communion” débute le set et celui-ci sera vite suivi de “Heir Apparent” de “Watershed”. Du growl ! Akerfeld, réticent ces dernières années, se permet d’écorcher sa voix afin de nous délivrer un set de qualité. “Delivrance” et l’énorme “Blackwater Park” vont clôturer le festival mettant ainsi, par la même occasion, fin à ce concert exclusif. Mikael et ses discours remplis d’humour auront d’ailleurs sévi, à nouveau, à Clisson; this is the end my friend.

 

 

And voilà. Ainsi prend fin cette exceptionnelle neuvième édition du Hellfest Open Air. Mené par Iron Maiden, Aerosmith, Black Sabbath et plus de cent-cinquante groupes, Ben Barbaud et son équipe ont une fois de plus réussi leur mission en concoctant l’une des plus affiches, si ce n’est LA plus belle affiche, de l’été 2014. Inondé de soleil et de chaleur, l’ensemble des festivaliers était bel et bien plongé en enfer durant quatre jours ou moins. Un GRAND merci à l’ensemble des équipes du Hellfest, que ce soit côté technique, côté bénévole, la sécurité… tout le monde sans exception ! Cette neuvième édition a atteint des sommets de fréquentations et de litres de bières écoulés mais quid de l’édition 2015 ? Ce petit festival va fêter ses dix ans et l’Europe entière attend avec impatience les premiers noms, prévus pour la rentrée. Difficile de faire mieux que cette incroyable affiche mais Ben et ses équipes ont plus d’un tour dans leur grand chapeau à cornes ! De plus, les dates ne sont à l’heure d’aujourd’hui pas connues, une petite incertitude qui, espérons-le, sera vite balayée.

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