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HELLFEST 2014 – Jour 1 (20/06/14)

La neuvième édition est alléchante sur le papier mais quid de la réalité ? Retour sur une exceptionnelle première journée pour ce neuvième acte du côté de Clisson Rock City !

ANGELUS APATRIDA (MainStage 02) – Démarrer officiellement le festival avec un bon thrash des familles est maintenant devenu une tradition. Malgré cet horaire matinal, la foule s’était déjà bien amassée en face de la MainStage 02. La mise en route se fera progressive côté festivalier or, sur scène, Guillermo Izquierdo et ses comparses donnent vite le ton. Sept petits titres tirés de “Clockwork” (2010), “The Call” (2012) et “Give’Em War” (2007) vont faire mouche durant la demi-heure qui leur est impartie. Les premiers pits verront également le jour et un élément, bien contrariant, va faire son apparition : la poussière. Une parfaite mise en bouche sous une chaleur déjà bien présente.

 

 

DOYLE AIRENCE (MainStage 02) – C’est sous un soleil de plomb et sur la MainStage 02 que nous retrouvons les “petits” frenchies de Doyle Airence. Il est encore tôt lorsqu’ils montent sur scène mais l’audience est déjà bien fournie. Les hellfestivaliers du cru 2014 sont beaucoup plus matinaux que l’an dernier. Que ce soit en première partie de The Blackout ou en co-tête d’affiche avec Hacktivist devant quelques centaines de personnes ou ici devant quelques milliers de festivaliers déjà réveillés, ils resteront égaux à eux-mêmes. Ils livreront un set propre, carré, planant et intense malgré un son qui ne leur rendra pas justice. Dans le public il y a beaucoup de curieux, mais également beaucoup de fans et quelques amis (on croisera notamment deux membres de Merge). Trente minutes de set c’est vraiment beaucoup trop court pour véritablement se rendre compte de leur potentiel mais on espère bien les revoir plus longuement lors d’une prochaine édition.

 

 

 

THE ORDER OF APOLLYON (Temple) – Le quartette débarque sur la Temple, chemises et pantalons noirs décorés d’une croix orthodoxe blanche sur la manche rappelant le logo figurant sur leur seul et unique album à ce jour “The Flesh”, le second album est en préparation. Le combo semble prêt à montrer ce dont il est capable avec ce line up remanié. En effet, exit les membres anglais, place à une nouvelle formation exclusivement française. Au programme, trente minutes de black/death d’une noirceur profonde malgré l’heure un peu matinale, en effet il n’est que 11h40. Est-ce l’effet “1er jour : motivation au maximum” ? Quoiqu’il en soit la foule est relativement nombreuse. The Order Of Apollyon propose ainsi un set bien mené oscillant entre brutal et mélodique, le tout avec la froideur que le style impose, mais sans plus. Il manque un petit quelque chose. Il faut dire que le son, plutôt mauvais (ce qui restera une constante de la journée sur la Temple), ne permettait pas vraiment d’apprécier toutes les nuances comme il se devait. Cependant, la prestation du groupe constitue une très bonne mise en oreilles et leur reprise de “Creeping Death” de Metallica devient un must.

CROSSFAITH (MainStage 01) – Malheureusement Maximum The Hormone n’est pas à l’affiche de cette nouvelle édition du Hellfest mais le Japon sera bien, et même très bien, représenté par Kenta Koie, Kazuki Takemura, HIroki Ikegawa, Tatsuya Amano et Terufumi Tamano. Le mélange musical délivré parait certes déconcertant pour certains, Crossfaith va à son tour animer les débats d’excellentes manières. Alliant metal et electronica, les tendances extrêmes vont elles aussi rapidement faire surface. Que ce soit avec “Monolith” ou “Jägerbomb” -de circonstance !- les nippons sauront captiver l’attention du public tout en les mettant à contribution. Mademoiselle poussière fera d’ailleurs encore son apparition ! “Leviathan” sera quant à lui le dernier titre interprété par le quintette et sera ponctué de vives applaudissements et encouragements. Crossfaith est venu et a vaincu !

 

 

KRONOS (Altar) – Place à l’agressif brutal death de Kronos. Le public se masse devant l’Altar, mais s’avère tout de même assez peu réceptif aux multiples injonctions de Triv, le chanteur, de “foutre le bordel”. Pourtant le son est plutôt bon par rapport à celui de la Temple et l’énergie bien présente ! Mais il faut dire qu’il n’est que 12h30. Avec cette participation au Hellfest, les français semblent adresser un message clair : ils sont de retour après s’être faits assez discrets ces derniers temps et avoir subi de nombreux changements de lineup eux aussi. Cette excellente prestation laisse présager de bien bonne choses pour la suite, d’autant qu’un nouvel album est actuellement en cours de préparation. Ils nous en ont d’ailleurs proposé quelques extraits. Visiblement contents d’être là, ils n’oublient pas de remercier Garmonbozia de leur avoir offert cette opportunité.

IMPIETY (Temple) – Le trio tout droit débarqué de Singapour ne fait pas dans la dentelle. Leur black/death quoique basique n’en est pas moins efficace. Malheureusement le groupe ne bénéficiera pas des meilleures conditions au niveau du son. A nouveau la batterie est sur-dosée et les guitares sont pratiquement inexistantes. Il faudra attendre plusieurs titres avant que la situation s’arrange un peu, mais la basse demeurera vraiment trop présente. Impiety propose néanmoins un set bourré d’énergie mais peu convaincant. Les titres se sont enchainés sur un rythme effréné, trop peut-être, du coup cela semblait manquer cruellement de coordination.

 

 

CASPIAN (Valley) – Un petit détour sous la Valley s’impose afin d’entrevoir ceux qui nous viennent tout droit du Massachusetts. Caspian va emporter toute la tente dans un univers mélodique et planant, à seulement 13 heures dans la journée. Le show est rodé et la communication limitée au strict minimum, néanmoins, cela ne les empêche pas d’apprécier leur séjour en terres clissonnaises. Leur instrumental post rock sera quelque peu difficile à digérer, sur la durée, pour les curieux mais aura le mérite d’attirer l’attention des festivaliers et qui sait, de jeter une oreille ou deux à leur discographie.

 

 

BLOCKHEADS (Altar) – Suite à leur prestation au Motocultor Festival 2012, l’attente était grande envers les nancéens. Et le moins que l’on puisse dire c’est, qu’à nouveau, les grindcoreux n’auront pas déçu. C’est un set énorme, d’une énergie intense et d’une générosité incroyable qui est proposé. Dès le début, “Follow The Bombs” déclenche les hostilités dans la fosse. Les premiers nuages de poussière font leur apparition, et ce n’est pas “Despair” qui fera retomber l’ambiance, loin de là. Entrecoupé de quelques propos engagés sur la guerre et l’écologie notamment, les titres se succèdent sans mollir une seule seconde. C’est encore une grosse claque infligée par les lorrains. Xav (chant) sait occuper sa scène et même au-delà, allant jusqu’à s’offrir un petit slam. La gestuelle n’est pas, parfois, sans rappeler l’immense et inénarrable Barney de Napalm Death. A en juger par le vidage pur et simple de la tente à l’issue du concert, force est de constater que le public était là en masse pour Blockheads !

 

 

SATAN (MainStage 01) Steve Ramsey et les siens en auront mis du temps pour se produire en France ! Fondé en 1979 du côté de Newcastle, il aura fallu attendre… 2014 pour qu’ils posent leurs amplis sur une scène hexagonale. Egalement “membre” de la New Wave Of British Heavy Metal, ce groupe démoniaque, par le nom, n’aura pas eu le niveau de succès de la tête d’affiche du jour. Satan délivrera un set honorable et chaleureusement soutenu par une immense foule. Piochant dans “Life Sentence” (2013) sorti chez Listenable, la formation anglaise va essentiellement jouer les morceaux de son premier opus “Court In The Act” (1983) avant de conclure avec “Into The Fire”.

 

 

GEHENNA (Temple) – Il n’est jamais vraiment aisé pour un groupe de black metal de jouer en pleine après-midi, car leur musique n’est pas élaborée pour être délectée de plein jour d’autant plus sous une chaleur écrasante. Bien loin de ses contrées et de son univers Gehenna, qui compte en son sein des membres fondateurs de la scène trve black metal norvégienne et qui n’a sorti qu’un album en huit ans, délivre un set cru, austère et haineux. Telles des statues de glace rien ne transparait sur leurs visages qui semblent figés dans le temps. Ce statisme accentue d’autant plus le côté glacial et lancinant de leur musique singulière et sans concession. Tout est fait pour être dans l’ambiance adéquate pour regarder ce type de concert, pourtant leur prestation sera desservie par le son brouillon et les basses saturantes de la Temple. Difficile dans ces conditions d’appréhender le concert comme il se doit. C’est frustrés et en colère que nous sortirons de dessous la tente. Pourtant aussi surprenant soit-il en vue des conditions, auraient-ils malgré tout réussi à délivrer l’essence même de leur musique, haineuse et colérique ?

 

 

LOUDBLAST (Altar) – Evidemment, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait beaucoup de monde sous l’Altar pour les voir. En arrivant après le début du concert, c’est un mur de dos d’une foule bien compacte qui vous stoppe nette ! Imaginez avancer pour essayer de voir ce qu’il se passe sur la scène semble relever de l’impossible à moins d’y aller franco en poussant tout le monde ou de se laisser porter au gré des mouvements de foule. C’est donc de loin et pratiquement à l’extérieur de la tente qu’il faudra assister à ce qui aura été un excellent concert. Et ne voir qu’une forêt de bras levés. Malheureusement, de si loin, il est tout de même difficile de se mettre dans l’ambiance. Il aurait fallu arriver plus tôt !

DESTRÖYER 666 (Temple) – De nouveau sous la Temple, nous appréhendons d’avance le rendu qu’aura le concert de D666. Mais les craintes seront étouffées dès le premier titre “Rise Of The Predator”. Contrairement au groupe précédent -Gehenna-, le son est cette fois-ci plus que correct. Nous allons enfin pouvoir profiter d’un concert dans de bonnes conditions. Si leur prestation en 2009 au Hellfest avait laissé d’excellents souvenirs, il en sera de même pour l’édition 2014. Toujours aussi constants sur scène les australiens, immigrés en Hollande, restent fidèles à l’agressivité et à la bestialité qui caractérisent leur musique. Pas de répit, les titres de black death thrashisant s’enchainent et à chaque fois c’est un nouveau couperet qu’on se prend en pleine gueule. Et ça fait tellement de bien que l’on en redemande encore. K.K. fait une pose pour annoncer qu’il dédie “Satan’s Hammer” à Selim Lemouchi de The Devil’s Blood qui a décidé de nous quitter il y a peu. Le set se conclu sur le brillant et entrainant “Satanic Speed Metal”. Pour sûr une des meilleures prestations de la journée. Il n’y a qu’à voir l’ambiance survoltée pour être sûr de nos dires.

KADAVAR (Valley) – Trainons nos carcasses sous la Valley afin d’y prendre un grand bol d’air -bien que parfumé- se protéger du soleil et prendre une bien belle dose de stoner psyché allemand. Les vintages barbus berlinois vont une fois de plus mener le public français dans une autre dimension. Le voyage se fera au travers des titres de “Kadavar” (2012) et du dernier venu “Abra Kadavar” (2013). Lupus, Dragon et Tiger vont enivrer la Valley avec les groovy “Living In Your Head”, “All Our Thoughts” et “Come Back Life” pour ne citer. En plus d’une prestation maitrisée, le son fut impeccable de quoi la sublimer davantage. “Creature Of The Demon” mettra fin au récital et repoussera les festivaliers sous les chaudes chaleurs extérieures. Résumons en trois mots le show des allemands : simplicité, sobriété, pilosité.

IMPALED NAZARENE (Temple) – Venus présenter leur nouvel album “Vigorous And Liberating Death” sorti en avril dernier, si la part réservée à cette nouvelle offrande des finlandais est importante, ils n’ont, pour autant, pas négligé les compositions plus anciennes, piochant dans l’ensemble de leur répertoire, allant même jusqu’à remonter à leurs débuts avec “Condemned To Hell”. Malheureusement à nouveau sur la Temple, le son est chaotique. Résultat, dès la fin du deuxième morceau, bon nombre de spectateurs désertent. Il faudra attendre “King Reborn”, c’est-à-dire pratiquement la moitié du set, pour noter une “légère” amélioration. Malgré tout, les basses resteront saturées jusqu’au bout. De plus, lors des intermèdes entre les morceaux, les effluves sonores de la Valley (toute proche et visiblement trop petite pour contenir tous les spectateurs) parasitaient totalement la Temple. Il fallait donc mieux se trouver sous la tente qu’aux extérieurs pour profiter au mieux du concert… Mais tout cela n’aura pas démotivé les fans qui ne se priveront pas de retourner la fosse à grands coups de pogos, de wall of death et de circle pits dans une “Pathological Hunger For Violence”. Cependant, c’est sans aucun doute “The Horny And The Horned” qui remportera le plus gros succès en faisant scander toute la foule.

 

 

ROB ZOMBIE (MainStage 01) – Passé en 2011, le célèbre mort-vivant américain n’avait pas laissé un très bon souvenir envers les festivaliers. Conditions peu satisfaisantes, set écourté… Monsieur Zombie est donc attendu de pied ferme pour effacer ce lointain cauchemar. Autour d’un set réduit, aucune place n’était donc faite aux erreurs. D’emblée, le cowboy va se déhancher sous les sons de “Dragula”, “Superbeast” et “Living Dead Girl” ! Un début tonitruant de la part du combo US qui amène également le public à se bouger comme il se doit. Le soleil et la chaleur toujours bien présente, les effets scéniques et l’ambiance glauque seront à mettre au placard. Quoiqu’il en soit, la prestation est bonne, le son parfois moins mais l’ambiance est bien meilleure qu’en 2011, heureusement ! White Zombie sera comme toujours de la fête avec “More Human Than Human” et “Thunder KISS ’65”. Cependant, le solo de batterie et celui de John 5 étaient clairement dispensables, surtout en festival, et que dire de la reprise de “Am I Evil?” (Diamond Head). A l’image du show au Bataclan, l’intensité sur la durée sera très inégale et le festivalier s’y perdra parfois. Même remarque sera faite à propos de John 5, qui certes brille de mille feux lors de son moment solo, mais qui n’est pas exploité comme il faut musicalement. Une heure de show pour une dizaine de titres, le contrat est parfaitement rempli par Rob, John, Piggy et Ginger. Zombie affirme d’ailleurs, une fois de plus, ses talents de showman et de danseur, sacré groove !

SEPULTURA (MainStage 02) – Passé au Trabendo au mois de mars dernier, les brésiliens retrouvent un spot sur l’affiche du Hellfest. Programmé juste avant la Vierge de Fer, la foule sera tout de même très compacte devant la MS2 et très active. Le charismatique Derrick Green va animer les débats en compagnie d’Andreas Kisser, Paulo Xisto Pinto et Eloy Casagrande. Concentré autour d’un set réduit, Sepultura ne servira non pas des caipirinhas mais des titres ravageurs, qu’ils soient anciens ou plus récents. “The Vatican”, “Kairos” et “Propaganda” démarrent leur concert sur des chapeaux de roues. La poussière vole, les festivaliers trépassent et Sepultura annihile Clisson. Les temps morts se feront très rare, l’intensité sera quant à elle maintenue de bout en bout et la seconde partie du set sera à l’image du début de show. “”Refuse/Resist”, “Arise” ou bien la reprise “Policia” de Titãs vont faire des jaillir des étincelles dans le pit avant que celui-ci ne s’embrase une dernière fois sur l’indétrônable “Roots Bloody Roots” !

 

 

KYLESA (Valley) – Pour sa troisième participation au Hellfest (2009, 2011 et 2014), Kylesa n’a plus vraiment besoin de prendre ses marques. Du coup si le groupe est réputé pour effectuer des prestations de qualité aléatoire, aujourd’hui ils seront dans un bon jour. À travers des morceaux tablant sur ses quatre derniers albums et naviguant entre racines sludge, rythmiques tribales et éléments psychédéliques accentués par la présence du thérémine, le groupe exécute avec brio des versions alternatives de ses propres compositions. Headbang massifs et grosse présence scénique, Laura Pleasants et Philip Cope fusionnent, dans une parfaite osmose, leurs voix pourtant si opposées, entre rugosité et finesse. “Don’t Look Back”, “Said And Done”, “Tired Climb”, “Hollow Severer”, les tubes sont là mais ce qu’il y a de plus exaltant avec cette formation de Savannah en Géorgie, c’est qu’on constate indéniablement qu’elle en veut vraiment et qu’elle se donne à fond dans son set. Probablement l’une de leur meilleure prestation dans l’Hexagone.

 

 

KATAKLYSM (Altar) – Inutile de dire que le choix fut difficile pour beaucoup entre d’un côté Iron Maiden sur la MainStage 01 et Kataklysm. Deux éléments ont fait pencher la balance en faveur des cousins : la foule qui promettait d’être monstrueuse devant la MS1, et l’assurance de passer de très bons moments sous la double tente. Du coup, comme il était malheureusement prévisible, c’est face à un public un peu clairsemé que Kataklysm va se produire. Les spectateurs présents eux ont bien l’intention de faire honneur aux québécois, et adhèrent dès que raisonnent les premières notes. La proposition de faire exploser l’endroit sur “Like Animals” ne fera que faire monter l’ambiance de plusieurs crans. Un set aussi intense que puissant comme Mauricio et ses comparses ont l’habitude de proposer et qui n’aura pas déçu. Aucun regret donc.

 

 

PRO-PAIN (Warzone) – Comme il était impossible d’accéder à la MainStage 01 et donc au concert d’Iron Maiden, il fallait choisir entre prendre une pause pour manger un morceau ou aller profiter du coucher de soleil à la Warzone et voir Pro-Pain. Les metalcoreux américains l’emporteront haut la main ! L’énergie communicative de la formation rendra complètement fou le pit soulevant un immense nuage de poussière qui, malheureusement pour le public un peu plus en retrait, occultera la scène pendant une bonne partie du set. Il ne restera plus qu’à profiter du son qui contrairement aux mainstages ou à l’Altar et Temple sera plutôt correct. Pendant quasiment une heure, tout le monde en prendra plein les oreilles. Protections auditives obligatoires ! Malgré les organismes fatigués par les aller-retours incessants entre les différentes scènes -et/ou le bar- et la chaleur plus qu’insoutenable en cette première journée, le public ne lâchera jamais prise. Un des coups de cœur d’une partie de l’équipe !

 

 

WATAIN (Temple) – La scène a été aménagée spécialement, et on peut dire que c’est la première vraie déco à laquelle nous avons droit sous les tentes. Les suédois ont décidé de convoquer toutes les flammes de l’enfer à cette cérémonie : tridents en feux, quatre gros jets de flammes sur le devant de la scène qui devait sévèrement chauffer les premiers rangs, bougies et peinture. Le moins que l’on puisse dire c’est que visuellement, cela en jette. Après d’interminables réglages, il est presque 22 heures lorsqu’Erik Danielsson (chant) fait son entrée tel un zombie, acclamé par la foule nombreuse. Après une longue introduction en forme de cérémonie, le reste du combo prend possession de la Temple. Les maquillages sont de rigueur. Changement total de rythme avec “De Profundis” : fini le recueillement, les forces se libèrent, “to celebrate the Gods of Hell” déclare Erik. Avec une setlist partagée entre les deux derniers albums “The Wild Hunt” (2013) et “Lawless Darkness” (2010), la seule incartade sera “Stellarvore”. A nouveau il faudra attendre presque la moitié du set, avec “Outlaw”, pour constater une légère amélioration au niveau du son qui est globalement plutôt mauvais il faut bien l’avouer. “Nous sommes venus pour célébrer la victoire de la nuit sur le jour” précise Erik avant de lancer “Hymn To Qayin”. C’est à une cérémonie aussi sombre que glauque, mais assez réussie servie par un jeu de lumière du plus bel effet que nous ont conviés Watain ce soir.

IRON MAIDEN (MainStage 01) – “Be Quick Or Be Dead”, un sacré teaser qui enflamma les fans du Hellfest. En effet, comment ne pas penser à la Vierge de Fer ? Cette figure mythique du heavy metal qui est attendue depuis tant d’années à Clisson. Ben Barbaud rêvait de programmer la bande à Steve Harris tout en haut de l’affiche du Hellfest, et malgré le loupé de 2013 -pour X raisons- c’est finalement en 2014 que Clisson va accueillir Iron Maiden ! Hystérie, furie, fiesta, appelez cela comme vous le souhaitez mais Eddie & The Boys seront sur la MainStage 01 en ce vendredi soir ! Pour la troisième et dernière année, ce “History Tour Part 2” met en scène, ou du moins reprend, les traits de la mythique tournée “7th Tour Of A 7th Tour” aka “Maiden England” (filmé en 1988 à Birmingham) qui met notamment en avant l’épique “Seventh Son Of A Seventh Son” (1988). Bien que les débats résident sur le “meilleur” album du groupe, ce septième effort studio est un incontournable pour tout fan. Passé la déferlante brésilienne de la MS2, il sera question d’une toute autre ambiance aux alentours de 21 heures. Bien que la nuit ne soit pas encore tombée, ce qui sera dommageable pour le light show, le spectacle s’annonce dantesque. Côté festivalier, le site est blindé, les espaces se font rares -bien qu’il était toujours possible de se faufiler sur la droite, passé les moutons près des bars- et l’intensité monte peu à peu. “Doctor Doctor” retentie et, pour tout fan qui se respecte, l’arrivée du groupe n’est plus qu’une question de minutes. Ce revival “Maiden England” va faire la part belle à d’anciens titres, qui ne seront à l’avenir plus jamais joués, sans pour autant oublier quelques classiques. Lancé sur “Moonchild”, Bruce et ses comparses vont faire une entrée fracassante qui sera suivie par de successives vagues de jouissance d’un bout à l’autre du fest, du premier rang jusqu’aux bars, au pied de la grande roue. On aurait cru à une délivrance, à un soulagement tant les cris furent témoins d’une libération. Maiden est connu pour des shows calibrés à la minute, une setlist qui ne change quasi pas d’un poil -du moins il y en aura eu en trois ans- et une théâtralisation qui leur colle à la peau. “Can I Play With Madness” suivi de près par “The Prisoner” qui nous replonge en 1982, vont dévoiler leurs plus belles mélodies et soli. Bien évidemment, le public ira jusqu’à se casser la voix sur l’ensemble des hits du groupe. “2 Minutes To Midnight”, “The Trooper”, “The Number Of The Beast” mettront fortement les festivaliers à contribution. A y regarder de plus près, ils se transcendent. Rares sont les moments de pur folie au Hellfest lors d’une tête d’affiche. L’ambiance, la fête, les sautillements, les cris, les pleurs, les pogos… jamais une telle furie ne fut vue et vécue au Hellfest ! Tous ces morceaux ont marqué l’histoire du heavy metal, s’imposant comme de véritables classiques, et les voir interpréter à Clisson, que dire ?! Bref. Les backdrops se succèdent, Adrian Smith, Dave Murray et Janick Gers s’emploient, chacun dans son style caractéristique tandis que Steve Harris mitraille les centaines de rangs à l’aide de sa basse et que Nicko McBrain martèle son arsenal. Bruce quant à lui est en grande forme. Blagues, jeux, sourires et bien évidemment, il n’oubliera pas de tenir le public au courant du match de l’équipe de France de football. Côté technique, le son n’est pas au top, les guitares se noient quelque peu vis-à-vis du reste mais heureusement les soli s’entendent parfaitement. “Phantom Of The Opera” puis “Run To The Hills”, la fin du show s’amorce petit à petit. C’était sans compter sur “Wasted Years” et le magique et épique “Seventh Son Of A Seventh Son” qui renverront vers deux albums exceptionnels du groupe. Les différentes dynamiques engagées par ce titre démontrent une fois de plus le génie de Steve Harris. Tant de variantes, de mélodies et de sonorités pour, au final, obtenir un ensemble ficelé de main de maitre, preuve est que cet anglais possédant une quatre cordes est un extraterrestre. A peine remis que “Fear Of The Dark” retenti, la fin s’annonce donc palpitante ! “Iron Maiden” mettra fin à cette première partie du show. Place donc au rappel avec “Churchill’s Speech” qui annonce “Aces High”. Les années passent et Bruce tient toujours autant la baraque vocalement, même si certaines notes lui sont difficilement accessibles aujourd’hui. “The Evil That Men Do” et enfin “Sanctuary”, remplaçant “Running Free” mettent un point final à cette excellente prestation. Outre un groupe en forme, malgré la fin de tournée approchante, le public aura répondu de la plus belle des manières. La nuit approche et c’est une toute autre ambiance qui s’annonce à quelques mètres avec Slayer.

SLAYER (MainStage 02) – Passé la féérie “Maiden England”, c’est une toute autre musique qui attend les dizaines de milliers de festivaliers. Habitué du festival, Slayer fait son grand retour. Malgré une formation remaniée -départ de Dave Lombardo/arrivée de Paul Bostaph/décès de Jeff Hannemann- l’entité thrash fait toujours des émules. Tom, Kerry, Gary et Paul vont pratiquement déballer leur set d’une traite. En effet, les interventions de Tom seront éparses et succinctes, de toute manière Slayer n’est pas reconnu pour ces beaux discours live. Les américains vont proposer un set ultra classique et old school, piochant dans ses illustres albums “Seasons In The Abyss”, “Hell Awaits” et “Reign In Blood” pour ne citer. Accompagné d’un son massif, “The Antichrist”, “Mandatory Suicide” et autre “War Ensemble” vont faire trembler le site. Le public ne sera d’ailleurs pas en reste puisque les pits se succèderont durant le concert. Le son quant à lui sera irrégulier, l’imposante batterie de Paul recouvrant une partie des guitares… Une nouveauté fera son apparition en la personne du titre “Implode”, qui va figurer sur le prochain opus du groupe prévu chez Nuclear Blast Records. Comme à son habitude, avec ce show extrêmement rodé, la fin du concert montera progressivement en température avec “Raining Blood”, “Black Magic”, “South Of Heaven” et “Angel Of Death” où Tom nous gratifiera d’un bon et joyeux cri -chose dont il se passe parfois. Efficace et redoutable, les californiens assurent mais on regrettera néanmoins un manque de communication, bien que ce ne soit pas une surprise avec eux, admettons-le. Un bon concert, ni plus ni moins.

WALLS OF JERICHO (Warzone) – Comme il fallait s’en douter, les allées étaient remplies de monde, probablement aussi à cause de la fin du concert d’Iron Maiden à peu près au même moment que celui de Watain. Résultat, il aura fallu un bon moment pour rallier, non sans peine, la Warzone pour assister à la prestation de Walls Of Jericho, sans oublier un autre bon moment pour traverser celle-ci, pleine à craquer, afin de trouver un endroit plus aéré pour apercevoir la scène. Mais une fois cela fait, quelle récompense ! Or, surprise : Candace est méconnaissable depuis son dernier passage au Hellfest il y a deux ans tellement elle s’est musclée. Certes elle le fait pour la bonne cause, puisqu’elle soulève de la fonte dans le but de lever des fonds pour l’association “Relentless Detroit” qui vient en aide aux enfants malades du cancer… D’ailleurs “Relentless” est également le titre de leur tout nouveau morceau qui est absolument terrible et dont ils font l’honneur ce soir. Au niveau chant et énergie, par contre, rien n’a changé. Candace est toujours aussi extraordinaire de puissance et de générosité envers le public qui le lui rend bien. Un charisme incroyable qui fait plaisir à voir. Une patate à toute épreuve qui ne peut que donner la banane. La Mosh Army a encore frappé et très fort !

 

 

ENSLAVED (Temple) La première chose que l’on remarque d’entrée c’est que… le son est plutôt bon cette fois, même si par moment la voix est à peine audible, cela s’arrangera rapidement. Sur scène, les jets de flammes de Watain se sont transformés en jet de fumée pour Enslaved. Ajouté à cela une setlist parfaite -bien que trop courte- piochant dans différents albums pour remonter à 1992 -22 ans en arrière tout de même- avec “Allfaðr Oðinn” qui clôturera ce set. Cependant, contrairement à ce que nous a précisé le chanteur, Grutle Kjellson, “Convoys To Nothingness” a déjà été jouée en France, et pas plus tard que l’an dernier au Motocultor Festival, mais peu importe.

 

 

SABATON (MainStage 01) – Les jambes sont lourdes et le manque d’énergie se fait ressentir devant la MainStage 01, c’était sans compter sur les suédois qui vont mettre à rude épreuve les nombreux festivaliers restés sur le site. N’ayant pas encore une stature imposante en France, les étrangers seront légions pour accueillir comme il se doit Sabaton. Tandis que “The Final Countdown” d’Europe sonne, le Hellfest sautille et chante à tue-tête : kitsch mais toujours aussi efficace. “The March Of War” annonce l’arrivée imminente du commando mené par le charismatique Joakim Brodén. “Ghost Division” lance puissamment leur set. La réponse ne se fait pas attendre côté fans puisque beaucoup reprennent les paroles en chœurs. “To Hell And Black” tiré de leur dernier album “Heroes” mettra en avant ses influences disco. Pär Sundström, Thobbe Englund et Chris Rörland impriment une bonne dynamique sur scène, allant d’un bout à l’autre de celle-ci. Le reste de leur prestation sera tout aussi dynamique avec un mix d’anciens et de nouveaux titres tels que “Carolus Rex”, “Screaming Eagles” avec “Soldier Of Three Armies” ou bien “Resist And Bite” où Joakim s’armera d’une guitare ! Le frontman assure pleinement son rôle et sa communication est très efficace, l’interlude “YMCA” en fera d’ailleurs rire plus d’un. Malgré un show dynamique et un public aux aguets, le son laisse parfois à désirer. En effet, les samples/synthé seront souvent mal réglés et les guitares paraitront faiblardes à de nombreuses reprises. Une heure du matin approchant, il était évident que “Primo Victoria” allait conclure en beauté leur prestation, avec une fois de plus des festivaliers à fond ! Comme nous l’avait indiqué Pär, Sabaton part à la conquête de la France et la première bataille à Clisson se traduit par une victoire !

ELECTRIC WIZARD (Valley) – Basses poussées à leur paroxysme, pédales fuzz à bloc, notre cœur est prêt à exploser. Le son est très fort, au plus grand bonheur d’amateurs de riffs assourdissants et hypnotiques. Ce qui est sûr c’est qu’Electric Wizard mérite sa place en tête d’affiche de la Valley de ce premier soir et fait tente comble. Leur prestation exemplaire plonge les festivaliers dans un monde parallèle où psychédélisme et vibrations malsaines font bons ménage, à l’instar du téléfilm érotique des années 70 qui est diffusé en arrière-plan. Difficile de ne pas se laisser emporter dans la spirale infernale de leur musique, dansant au rythme des vapeurs de THC. L’air se raréfie, la foule se masse, la sensation d’être littéralement écrasé par le son se fait ressentir. Le mieux est de fermer les yeux et de s’abandonner à leur magie noire qui enchaine les psaumes hallucinés (“Satanic Rites Of Drugula”, “Black Mass” “Dopethrone”, “Witchcult Today”). C’est la seule manière de s’en sortir vivant. Durant une heure le quatuor formé en 1993 dans le Dorset (Angleterre) et qui signe là sa troisième prestation au Hellfest (2009, 2011 et 2014), nous proposera un voyage inoubliable aux confins d’un doom occulte et vintage… Froid, statique, rien foutre de tout, et pourtant tellement grandiose !

 

 

SEPTICFLESH (Altar) – Un concert qui tombe à pic puisqu’en ce vendredi 20 juin 2014, c’est justement la sortie officielle de leur nouvel album “Titan”. Ainsi parmi les incontournables que sont entre autres “A Great Mass Of Death” ou “Communion” nous aurons droit en avant-première live pour le Hellfest à trois titres tirés du nouvel opus : “Order Of Dracul”, “Burn” et “Prototype” qui seront plutôt bien reçus. Mais devant la ferveur de l’accueil réservé ensuite à “The Vampire Of Nazareth” et “Anubis”, et les forêts de bras levés, on réalise qu’il sera difficile pour Septicflesh de faire oublier ces deux excellents albums que sont “Communion” et “A Great Mass” qui passent si bien en live. Quoi qu’il en soit, ce set aura été un sans-faute : carré, efficace à souhait et à vous filer la chair de poule. Il ne reste plus qu’à découvrir “Titan” plus en détail. Et alors que les grecs ont quitté la scène, leur musique retenti toujours et accompagne le public qui reste savourer les dernières notes.

 

 

DEATH ANGEL (MainStage 02) – La présence de Death Angel aura été un véritable feuilleton ces dernières semaines. Après avoir annoncé l’annulation de leur tournée estivale, seule la date du Hellfest est finalement restée sur leur tableau. Il semblerait donc que cette inattendue exclusivité européenne a couté au Hellfest un doublement de leur cachet… Bref. Vendredi ou dimanche ? Les tractations étaient également nombreuses pour déterminer le jour de leur concert. Finalement, c’est bel et bien vendredi qu’Osegueda allait prêcher sur scène, c’était sans compter sur un nième changement, cette fois-ci par rapport à leur horaire de passage. Intervertissant leur slot avec Trivium, ces autres californiens sont chargés de conclure, en beauté, cette rude et éprouvante journée. A l’image du concert -quasi intimiste- de La Maroquinerie en décembre dernier, la prestation de Cavestany, Aguilar, Carroll, Sisson, mené par le fantastique Osegueda sera puissante et accrocheuse. Le “pari” n’était pas gagné et Mark interpellera le public à plusieurs reprises pour savoir s’ils sont prêts à soutenir Death Angel. La réponse : positive. Celui-ci remerciera également à plusieurs reprises les fans, d’être resté aussi tard pour eux, mais également le festival de les avoir programmé à nouveau. Parmi la douzaine de titres interprétés, dix furent joués en décembre dernier et deux titres font leur apparition. En effet “3rd Floor” et “Empty” s’immiscent pour apporter un brin de nouveauté. Pour le reste, du classique avec cinq titre tirés de leur dernier opus “The Dreams Calls For Blood” sans oublier les ravageurs “Evil Priest” ou “Mistress Of Pain”. Quant à “Thrown To The Wolves” celui-ci mettra un point final à ce concert et à cette journée ! Grosse intensité, un son mieux calibré que leurs confrères de Slayer et une chaleureuse ambiance mettent ainsi fin à seize heures de concerts non stop.

Ainsi ce termine cette rude et éprouvante journée. Outre la chaleur et cette fabuleuse météo, la poussière aura été l’élément le plus dérangeant. Une mise en bouche exceptionnelle qui présage encore deux excellentes journées.

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