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GROEZROCK 2015 – Jour 1 (01/05/15)

C’est sous la grêle que le camping du Groezrock ouvre ses portes à des milliers de connaisseurs la veille du début des hostilités. Aucun doute, on est bien à Meerhout au mois d’avril ! Et ce ne sont pas les habitués déjà présents et bien imbibés qui nous détromperont. Une heure à peine après l’ouverture, les festivités vont déjà bon train, et sont prévues pour durer jusqu’au lendemain. Il n’est donc guère étonnant de croiser des gens toujours éméchés lors de la redécouverte du site et qu’on se réapproprie le terrain vers 11h pour ce premier jour de festival. La chance est avec nous : le beau temps est revenu, la température est agréable, et la bière toujours moins chère que l’eau; c’est parti pour la 24ème édition du Groezrock !

C’est à JOYCE MANOR qu’incombe la difficile tâche d’ouvrir le bal. Le quatuor paraît un peu tendu, peut-être un peu stressé par le fait d’être le tout premier groupe à affronter un public encore hébété par sa nuit, et ce sur la plus grande scène. Une inquiétude non fondée : la formation est certes loin de l’ambiance punk du festival, mais son set, parfaitement maîtrisé, éveille en douceur les fans massés sous le grand chapiteau.

 

Les Belges de SET THINGS RIGHT sont, quant à eux, les premiers à passer sur l’Impericon Stage, ce qui ne leur réussit pas vraiment; ce sont eux qui écopent de problèmes de son dès le début de leur set. Malgré cela, le chanteur et les guitaristes ne se laissent pas démonter et affrontent la foule sans montrer leur désarroi. Ils signent au final une belle performance, pleine d’énergie et de chansons accrocheuses qui arrivent à nous convaincre des capacités de la formation.

 

 

Retour sous l’immense tente de la Monster Energy Stage, où commencent les choses sérieuses : THE SWELLERS joue ce jour-là son tout dernier concert. Autant dire que la foule et l’émotion sont au rendez-vous, et après douze titres bien trop courts, la bande semble seulement prendre la mesure de la chose. Les frères Diener se sautent au cou, certains verseront même de leur petite larme.

 

Pas le temps de s’en remettre qu’il faut aller voir CARNIFEX, et le changement de style a le mérite d’être radical. Les Américains envoient du très très lourd, même si l’abus des basses est quelque peu regrettable. Malheureusement, pas vraiment le temps de s’attarder; le set clashe avec celui de GNARWOLVES sur la Revenge Stage, et après les avoir vus dans la petite salle parisienne du Gibus Café en novembre, impossible pour nous de les rater au Groezrock. C’est pourtant plus ou moins ce qui s’est passé, car si nous avons entendu la musique de loin, il était impossible de voir le groupe. La tente étant blindée, c’est là qu’on croise les premiers crowd surfers de la journée. Et les seconds, les troisièmes et les douzièmes également. Après, on a arrêté de compter les vagues. Il est 14h et il y a déjà une ambiance de fou, amplement méritée et bien entretenue par les punks de Brighton, et telle qu’ils auraient bien du mal à en retrouver dans notre beau pays.

 

Une barquette de frites et une bière plus tard, direction le live de THE HOTELIER. Pour sa première date en Europe, la formation semble très attendue de son public, et est accueillie à grands cris. Les premiers rangs connaissent déjà les paroles, et l’ouverture sur “An Introduction To The Album” fait mouche. La voix, l’énergie, les émotions propres à son style, on retrouve tout ce que l’excellent deuxième album, “Home, Like Noplace Is There”, nous promettait. En à peine trente-cinq minutes, on est convaincu du potentiel, et on a déjà hâte de les revoir.

 

On attend ensuite SET IT OFF plus de vingt minutes pour cause de problèmes de micro. Effectivement, quand ils décident d’entamer leur set malgré les difficultés, et devant la plus petite foule que nous ayons pu voir sur l’intégralité du festival, SIO fait contre mauvaise fortune bon cœur, et donne tout ce qu’il a; mais on entend clairement que le micro du chanteur, Cody, ne fonctionne pas. La chance finit par leur sourire… à moitié : le son revient à la deuxième chanson, et la différence se voit et s’entend immédiatement; Set It Off reste un des meilleurs combos de scène dans son genre, aucun souci de ce côté-là. En revanche, pour ne pas chambouler tout l’horaire de la journée, ils seront coupés après seulement quatre titres. Bien que ce soit regrettable, nous n’aurions toutefois pas pu les écouter plus longtemps, car leur retard nous a forcé à revoir notre planning.

 

Et c’est donc en courant qu’on arrive à l’Impericon Stage pour WHILE SHE SLEEPS, qui vient tout juste de commencer. Les Anglais sont dans une forme olympique, leur frontman Lawrence se roule par terre, fait des figures avec son micro, les guitaristes s’en donnent à cœur joie également; les sourires sur leurs visages et ceux des fans en disent très long. Un des vigiles sur le côté se met même à headbanguer, surprenant ! Sans aucun doute l’un des shows les plus réussis de la journée !

 

 

Quelques minutes plus tard, retour à la Main Stage voir AGAINST ME!. Le quatuor ouvre avec “I Was A Teenage Anarchist”, histoire de nous mettre tout de suite dans l’ambiance, et autant vous le dire, ça marche du feu de Dieu. Laura Jane Grace est rayonnante, les musiciens bougent beaucoup, se cherchant à travers la scène, échangeant des grimaces. Et l’assemblée prend visiblement autant de plaisir à les regarder qu’eux à jouer !

 

Ensuite, place à deux autres groupes attendus au tournant. STICK TO YOUR GUNS, qui balance sa sauce sur l’Impericon Stage, et ne nous aura pas déçu; et MOTION CITY SOUNDTRACK, qu’on trouve, pour le coup, un peu mou.

 

La déception continue avec THE ACACIA STRAIN, qui est, selon nous, la bande qui aura le plus raté sa prestation. Avouons-le clairement, on se demande ce qui nous tombe sur la tête; le son n’est pas bon, le chanteur trop occupé à faire le show pour s’occuper de ses parties vocales correctement. A vouloir en faire trop, les musiciens perdent de leur intérêt, à tel point qu’on ne prend même pas la peine de rester jusqu’à la fin.

 

On préfère plutôt se laver les oreilles en vitesse du côté de la Revenge Stage, où TRANSIT nous remet rapidement d’aplomb; c’est frais, ça bouge, ça nous plait tout de suite et ça ne nous lâche pas, même s’il faut admettre que, comme Set It Off, les pop punkers jouent pour une foule nettement réduite, eux aussi boudés par le public résolument plus punk du Groezrock. Triste de devoir partir avant la fin.

 

Mais autrement, nous aurions raté ATREYU ! Impensable pour tout emo à la retraite qui se respecte. Il est donc l’heure de se remémorer de bons souvenirs avec eux, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont toujours la forme; c’est l’un des shows les plus énergiques qu’on ait vu. Impossible de s’ennuyer en les regardant, ni même en les écoutant : du chanteur qui court partout aux interactions des musiciens avec leurs fans, en passant par la cover de “You Give Love A Bad Name” de Bon Jovi, les Américains séduisent chacune des personnes présentes dans l’assistance.

 

Une petite pause -et une bière- ont été nécessaires pour nous remettre de nos émotions, avant d’enchaîner avec SUICIDE SILENCE. Que dire, sinon que la bande en impose toujours autant sur scène ? C’est juste ce qu’il faut de brutal pour amorcer la fin de soirée de cette première journée bien remplie.

 

Après ça, le programme de la soirée aura été plus difficile à établir. Impossible de voir tous les formations qui nous intéressent, les sets étant trop proches les uns des autres. C’est ainsi qu’on est resté voir THE GHOST INSIDE (et raté du même coup la majeure partie de Lagwagon), mais sans regret : les nouvelles chansons extraites du dernier album “Dear Youth” sonnent du tonnerre en live, et le classique final sur “Engine 45”, que la tente, débordante de monde, reprend en chœur, reste un de nos moments favoris de cette édition 2015.

 

On préfère aussi OBEY THE BRAVE à Unearth, qui met de l’ambiance sur la petite MacBeth / Blackstar Stage, et dont l’énergie contagieuse électrise carrément. Dommage de ne pas les voir sur une plus grosse scène, afin que leurs sauts et autres courses effrénées puissent prendre toute leur ampleur, mais les voir s’éclater avec le joli public que le festival leur a réservé est appréciable.

 

Car un peu avant la fin du set débute en face d’eux, sous la grande tente abritant du vent, rien de moins que PENNYWISE. Accueilli par une foule infatigable fredonnant déjà “WO HO HO HO” sur une mélodie bien connue un quart d’heure avant le début du show, la formation met évidemment l’endroit sans dessus-dessous à chaque nouvelle chanson. L’apparition de Joey Cape (Lagwagon) pour chanter “Devonshire & Crown” en hommage à Tony Sly (le regretté chanteur de No Use For A Name) est remarquable, les blagues du chanteur Jim Lindberg nous donnent l’impression d’être en famille, à la maison, et les plus punks d’entre nous, se soûlant depuis le matin, offrent leurs meilleures danses et chorégraphies; bref, un incontournable du Groezrock !

 

 

Enfin, nous avons attendu l’autre headliner de cette première journée : SOCIAL DISTORTION, qui impressionne dans un tout autre registre. L’ambiance générale est clairement retombée (les plus faibles dorment par terre), mais l’investissement de ceux qui restent debout, et celui du groupe dans ses paroles, sa musique et son jeu de scène nous aurons simplement soufflé. C’était presque calme comparé à la plupart des groupes qu’on a vu, mais beaucoup plus profond. Les Californiens n’ont pas volé leur réputation de légende, et c’est un véritable plaisir d’être envoyé au lit par cette toute dernière performance.

 

Même dans une tente, au milieu de la nuit, sur le sol froid de la Belgique au début du mois de mai, le sommeil n’est pas difficile à trouver. Et heureusement, parce qu’il valait mieux être en forme pour une deuxième journée au Groezrock !

 

Jour 1Jour 2

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife