Reports

GORILLAZ @ Zénith (25/11/17)

Après de longues années d’absence, le retour de Gorillaz s’est naturellement imposé comme un évènement. Afin de célébrer son nouvel album “Humanz”, le projet créé par Damon Albarn et le dessinateur Jamie Hewlett s’invite deux soirs de suite au Zénith De Paris, à guichets fermés. Retour sur un samedi soir des plus éblouissants.

La tâche d’ouvrir la soirée revient à LITTLE SIMZ, rappeuse londonienne dont le flow remarquable et l’assurance lui confèrent une aura des plus charismatiques sur scène. Accompagné de son DJ OTG, l’Anglaise de vingt-trois ans embrase la salle de ses titres “Doorways + Trust Issues”, “Backseat” ou encore “Dead Body”, réussissant même à faire se lever l’audience du côté des gradins. Inconnue pour la majeure partie du public avant l’extinction des lumières, Little Simz quitte la scène en laissant derrière elle l’empreinte de son talent et de son énergie communicative.

Après cette mise en bouche savoureuse, le grand écran central se rallume pour afficher le membre virtuel 2-D, regardant le public s’installer pendant l’entracte. Une première introduction aux quatre membres fictifs qui prendront vie sur les écrans de la salle, apportant couleurs et contexte aux titres interprétés. 21h, place à la tête d’affiche qui s’introduit au travers du morceau “M1 A1” et de ses “hello” à répétition, avant que “Last Living Souls” ne sonne le départ officiel de la course.

Ce soir, le spectacle orchestré par GORILLAZ se veut à l’image de son univers : riche en influences et en couleurs, pluridisciplinaire et conçu de manière méthodique. Le résultat : une salle de six mille personnes ondulant au rythme enthousiasmant de l’imposante setlist. Retraçant l’ensemble de la discographie de la formation, en particulier “Demon Days” (2005) et “Humanz” (2017), l’ordre des titres choisis jouera un rôle important dans l’augmentation progressive de l’intensité du concert. Les premiers morceaux, se voulant plutôt mélodieux ou groovy (“Tomorrow Comes Today”, “19-2000”, “On Melancholy Hill”), tâchent de mettre sur les rails un train qui va inévitablement arriver à bon port. A partir de “Dirty Harry”, la machine est inarrêtable.

 

 

Dans l’immensité du projet ambitieux qu’est Gorillaz, un élément renforce le caractère atypique du travail de la formation : la place capitale des interprètes. Pour cause, si tous les acteurs gravitent autour du chef de projet Damon Albarn, ce dernier partage volontiers sa place sur scène avec la multitude de guests ayant fait vibrer les chansons de leurs personnalités respectives. C’est ainsi que le public parisien se verra gratifier de la présence de grands noms tels que De La Soul ou Bootie Brown, ainsi qu’un savoureux florilège de la multitude d’artistes présents sur “Humanz”, comme Peven Everett (“Strobelite”), Popcaan (“Saturnz Barnz”) ou encore Jamie Principle et Zebra Katz (“Sex Murder Party”, “Out Of Body”).

 

 

Dans un Zénith plein à craquer, le headliner, chaleureux au possible, réussit à instaurer une certaine proximité avec son public. Les membres de tournée Jeff Wootton (guitare) ou encore Seye Adelekan (basse) s’approprient le moindre centimètre de scène, tandis que certains guests vont jusqu’à rendre visite à la foule (cf : Jehnny Beth sur la fédératrice “We Got The Power”). Damon Albarn, en l’occurrence, se montre expressif à sa manière : généreux et serein dans sa performance, appliqué tout en restant espiègle, parfois blagueur. Durant le premier titre de rappel, “Hong Kong”, le Britannique éternuera dans son micro en pleine chanson guitare-voix, provoquant l’hilarité de l’audience qu’il partagera volontiers, déclarant, un peu surpris : “C’est la première fois de toute ma carrière que j’éternue sur scène !”.

 

 

Le rappel, justement, sera abondant. Tandis que le combo de hits “Kids With Guns” / “Clint Eastwood” résultera en pogos dans la fosse, les au revoir définitifs se feront en douceur avec “Don’t Get Lost In Heaven” et “Demon Days”. Retour à la lumière après deux heures de voyage enivrant.

 

 

Au final, peu de mots échangés entre le frontman et l’assemblée, la notion de partage prenant vie sous une autre forme de langage. Ce soir, c’est la musique qui parle pour Gorillaz. Si les chansons s’enchaînent, la plupart du temps sans transition, le rythme d’exécution ne sera jamais expéditif. Pour cause, la succession continue de titres confèrera à la prestation une dimension de fête sans fin, Gorillaz parvenant à rester dans une constante maîtrise de son art tout en ne laissant émaner de la scène qu’un sentiment de légèreté.

Setlist :

M1 A1
Last Living Souls
Rhinestone Eyes
Tomorrow Comes Today
Every Planet We Reach Is Dead
19-2000
Superfast Jellyfish (feat. De La Soul)
On Melancholy Hill
El Mañana
Dirty Harry (feat. Bootie Brown)
Strobelite (feat. Peven Everett)
Andromeda
Sex Murder Party (feat. Jamie Principle & Zebra Katz)
Out Of Body (feat. Zebra Katz)
Garage Palace (feat. Little Simz)
Punk
Stylo (feat. Peven Everett & Bootie Brown)
Feel Good Inc. (feat. De La Soul)
We Got the Power (feat. Jehnny Beth & Little Simz)
—-
Hong Kong
Saturnz Barz (feat. Popcaan)
Kids With Guns
Clint Eastwood
Don’t Get Lost In Heaven
Demon Days