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GHOST @ Accor Arena (18/04/22)

Première grande messe satanique à Bercy pour le groupe suédois Ghost. Tobias Forge nous ayant confié sa hâte de jouer en son sein, nous brûlons d’envie de découvrir Papa Emeritus IV sur scène venu prêcher sa parole subversive avec Impera.

C’est peu dire que le concert de Ghost était attendu. Il n’y a qu’à voir la longue file d’attente qui s’étire tout autour de la salle, dévoilant des T-shirts du groupe de toutes les époques. Bariolée et enthousiaste, la foule s’engouffre au compte goutte dans le hall de l’Accor Arena, attendant 19h et le coup d’envoi de la soirée satanique de l’année.

Twin Temple

Duo do-wop influencé par les 50’s et les 60’s, mais aussi par Satan, les TWIN TEMPLE débarquent au son d’un saxophone furieusement groovy. Des épées sont brandies par le groupe et nous voilà “bénis“. A noter que la mise en scène léchée est une vraie marque de fabrique du groupe et rythmera tout le set.

Livre de prière en main, calice satanique et déhanchés suggestifs, les Américains sont là pour électriser la fosse et nous chauffer pour Ghost. Leur musique est efficace et récolte des applaudissements nourris. Le set est malheureusement court, même si une très longue outro scénique prend la place d’un morceau supplémentaire. Nous aurions aimé en entendre un peu plus. Mais le job est fait, et c’est sous les hourras des spectateurs que Twin Temple quitte la scène après trente minutes.


Uncle Acid And The Deadbeats

Deux salles, deux ambiances. La lumière rouge laisse la place à une teinte verdâtre, difficilement lisible par les spectateurs dans les gradins. Le son est également très différent : doom, garage rock chevelu, stoner. On est cette fois plus proche de Black Sabbath et de son imagerie macabre.

La musique est pesante et lourde, le son un véritable déluge de watts et de basse. Les amateurs en redemanderont, nous sommes restés quelque peu sur notre réserve initiale. Mais le job est fait, et les musiciens semblent visiblement prendre beaucoup de plaisir sur scène. A revoir dans d’autres conditions.

…Et la lumière fut

Quiconque a déjà vu Ghost sait que la scénographie, la mise en scène et la théâtralité du groupe prennent autant de place que la musique. Loin de nous décevoir, la scène de l’Accor Arena, si grande au premier abord, est l’occasion pour la formation suédoise de s’amuser d’autant plus.

Mais revenons en arrière. Un immense drap blanc recouvre la scène, les chants grégoriens habituels retentissent et la foule s’électrise plus. Une certaine tension dans l’air est palpable. Nous avons tous hâte de pouvoir accueillir sur nos terres pour la première fois Papa Emeritus IV.

Et puis “Imperium” retentit et c’est le début d’un show qui va se dérouler, pied au plancher, sans aucun temps mort. Là où certains vont regretter les interactions moins nombreuses que par le passé, on souligne que le spectacle (car il s’agit bien d’un spectacle) gagne en efficacité et en puissance. En devant une formation d’arena, des choix doivent être faits. Ceux pour lesquels le frontman a tranché sont pertinents quant à la mise en scène et à la setlist.

“Kaisarion” est le coup d’envoi d’une soirée qui s’annonce bruyante, colorée et affreusement amusante.

Tobias Forge va passer une bonne partie du show à changer de costume : Papa Emeritus IV (applaudi par la foule) tout en prestance et noblesse, veste à sequins bleu ciel pour le côté dancefloor de fin du set, ailes de chauve souris. On sent qu’il s’est amusé à créer cette garde robe et ce plaisir est partagé. Une vraie fashion week !

“Rats”, puis “From The Pinnacle To The Pit”, en passant par le joyeusement rétro “Kiss The Go-Goat”, c’est une setlist équilibrée et efficace qui est jouée ce soir. Les musiciens sont impeccables : sous leurs costumes steam punk, on décèle de l’amusement et du plaisir. Que ce soit dans la fosse, les gradins ou sur la scène, nous sommes tous heureux de nous retrouver dans cette première messe noire depuis près de deux ans.

Shut up and dance

Chacun en a pour son argent : les fans les plus anciens se régaleront de “Ritual” et “Year Zero”, dont le “Hail Satan” scandé par près de dix mille personnes donne des frissons; “Faith” ravive les ardeurs les plus dooms; et “Spillways” va nous faire nous trémousser pendant tout le morceau. Surprise de la soirée : la résurrection (temporaire) de Papa Nihil pour un “Miasma” et un solo de saxophone d’anthologie, faisant hurler de plaisir les spectateurs.

Mais tout doucement, et comme le dit Papa Emeritus, nous arrivons à la fin de la soirée. Il ne nous reste que trois titres. Tergiversations, négociations à coup de “non non non” (en français dans le texte). C’est finalement la bombe de Metallica “Enter Sandman” qui nous roule dessus et met tout le monde d’accord.

Cela hurle, cela chante, cela s’échauffe sérieusement dans la foule car les vrais savent. C’est bientôt la fin, et c’est donc bientôt l’heure du dancefloor géant. C’est l’heure de “Dance Macabre” suivi par “Square Hammer”, voyant la quasi totalité des gradins debout hurler les paroles en chœur. Et il semblerait que l’on a tous très envie de se tenir devant Satan ce soir.

Tout comme Impera vis à vis des autres albums, Ghost fait évoluer son groupe et ses concerts. Ce sont désormais de véritables spectacles de deux heures, auxquels assistent des enfants, des familles. Si le côté satanique est parfois mis de côté, Tobias n’oublie pas ses premiers amours et glisse, pour notre plus grand bonheur, toujours un petit “Ritual” ou “Year Zero”. Mais il donne à ces shows à l’américaine une dimension plus théâtrale pouvant parfois manquer de chaleur. Sauf qu’il le contourne habilement par ses quelques interactions avec le public, chaleureuses, drôles et touchantes.

Ghost vise désormais la lune et a les moyens de l’atteindre. On se revoit le 18 juin au Hellfest pour la prochaine messe noire de Papa Emerirtus IV en espérant qu’elle soit aussi enthousiasmante que celle de ce lundi de Pâques, décidément sous des auspices sataniques.

Ghost Setlist Accor Arena, Paris, France, Imperatour - Europe 2022
Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.