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FESTIVAL CHORUS DES HAUTS-DE-SEINE 2015 – Jour 1 (27/03/15)

C’est sur le Parvis de La Défense que le Festival Chorus Des Hauts-De-Seine, offrant plus de cent concerts sur dix jours, nous donne rendez-vous pour cette première journée dans un cadre convivial et simple, contrastant avec l’immensité des buildings financiers des alentours. Au programme (entre autres) sur la grande scène du festival : Feu! Chatterton (gagnant du Prix Chorus 2014) et Charlie Winston.

20h15. Le Dôme s’apprête à accueillir l’une des formations françaises montantes les plus prometteuses dont la signature jongle entre finesse lyrique et arrière-fond musical parfaitement ciselé. FEU! CHATTERTON prend part à cette nouvelle vague de groupes de l’Hexagone bien décidés à réactualiser l’écriture de textes dans la langue si riche de Molière, tout en administrant à un univers musical bien établi une touche moderne rafraichissante. Dans son traditionnel costume, Arthur (chant) entonne avec intensité, conviction et grandeur les paroles de “A l’Aube” ou encore “La Mort Dans La Pinède” -ayant permis au quintette de se faire connaître-, appuyé par Clément (guitare/clavier/ukulélé), Sébastien (guitare/clavier), Antoine (basse) et Raphaël (batterie). Une puissance se dégage de cette formation cohérente et appliquée, dont la prestance scénique vague entre attitude rock et théâtrale. De l’ambiance sombre et mélancolique captivante de “Côte Concorde” jusqu’à la mélodie popisante de “La Malinche”, émane un réel équilibre entre la musique et les textes formant un ensemble harmonieux et terriblement prenant. Le parti pris artistique de Feu! Chatterton est tel que les avis du public, comblant cependant la quasi-entièreté de la salle, s’apparentent à la règle du quitte ou double : on accroche à l’audace et la poésie de la bande et plonge corps et âme dans les abysses de sa setlist, ou l’alliance lyrisme-pop carne nous révulse plus qu’autre chose. Qu’importe, la nouvelle arrivée, “Bic Medium”, toute aussi pointue que les précédentes, viendra conclure ce set de quarante-cinq minutes de sa composition instrumentale aux allures de montagne russe, vaguant entre douceur et moments de haute voltige, pour un final remarquable.

 

 

Après le passage de la gracieuse et enivrante Ayo, vient au tour du plus français des Englishmen de monter sur scène. Nouvel album. Nouvel univers. Nouvelle aventure. CHARLIE WINSTON a retrouvé sa passion pour la musique et sa fougue parle d’elle-même. Vêtu de son plus beau costume bleu à paillettes (chaussettes vertes pommes en bonus), le Britannique débute, guitare à la main et chapeau vissé sur le crâne, avec une reprise de la célèbre chanson folk “I Am A Man Of Constant Sorrow”, pendant que les musiciens s’installent à ses côtés. Miroirs réfléchissant les nombreuses lumières en backdrop et fumées habillant la scène, le Dôme s’enflamme déjà sur “Speak To Me”, rythmé par des notes de clavier frénétiques et le beatbox du musicien des Cornouailles. S’il menait auparavant une vie de bohème qu’il trimbalait dans ses valises, Charlie Winston se voit maintenant être un homme transformé, grandi, rassuré par la sécurité qu’apporte la possession d’un foyer fixe. Changements marquants qu’il met en musique dans son dernier effort en date, “Curio City”, et qu’il mettra à l’honneur tout au long de sa prestation avec, entre autres, des titres tels que “Lately”, “Another Trigger”, “Wilderness”, ou encore “Say Something”. La prestation, justement, se veut à l’image de son chef de file : énergique, authentique, mouvée d’une désinvolture et d’une joie de vivre incomparables. Un “Rockin’ In The Suburbs” généreux et tout bonnement endiablé viendra raviver l’étincelle de folie éteinte par des morceaux plus lents, jusqu’à ce que Mr. Winston pousse la générosité à son paroxysme et décide d’aller chanter la fameuse “In Your Hands” en plein milieu de l’assemblée. L’euphorie de la foule pendant les tubes du Britannique rappelle toutefois qu’il est malheureusement facile, et même commun, de réduire un artiste à un ou deux de ses titres ayant caressé les premières places des charts. Charlie Winston l’a bien compris, et, voulant rappeler qu’il est bien plus qu’un hobo, revisite et réinvente, avec originalité et maîtrise, les classiques de sa propre discographie : “Like A Hobo”, dont le tempo et le débit des paroles seront changés (mais malgré tout reprise à l’unisson !), ou même “Kick In The Bucket”, réarrangée dans sa quasi-intégralité, pour laquelle le chanteur se laissera aller à quelques pas de danse. Il est plus de 00h30 lorsque vient l’heure de la dernière chanson, “A Light (Night)”, énième preuve à conviction quant à la vastitude des capacités vocales de l’Anglais. Charlie Winston aime indéniablement la France, et la France le lui rend bien.

 

 

C’est en somme une soirée des plus réussies que nous a offert le Chorus, permettant aussi bien à des newcomers français qu’à des artistes internationaux, à la réputation déjà établie, de se produire devant un auditoire large et réceptif, dans un cadre très accueillant. Le talent est mis à l’honneur et les artistes captiveront la foule à leur propre manière, à l’exemple de Feu! Chatterton qui occupera l’espace par son seul charisme scénique, ou Charlie Winston qui n’hésitera pas à faire tomber la chem… le chapeau et se déchaîner sur les planches du Dôme. Plus besoin d’attendre l’été pour passer du bon temps à un festival !