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FESTIVAL BEAUREGARD 2012 – Jour 2 (07/07/12)

Si finalement le ciel normand s’est montré plutôt clément lors de la première journée du festival, il va être beaucoup plus dur avec les festivaliers ce samedi. Aussi, le public de Beauregard va assez rapidement adopter le style  poncho/parapluie/sac poubelle et chaussures boueuses.

L’ouverture des festivités de cette seconde journée revient à un artiste local lauréat du tremplin. Ce samedi, à 15h30 c’est donc LEA SOLEX accompagnée de deux musiciens (violoniste et clavier) qui monte sur la grande scène de Beauregard. La chanteuse bas-normande de Cherbourg propose des compositions inspirées du blues, de la folk électrique, et de la musique hispano. Elle interprète ces dernières en français, anglais et espagnol à un public encore peu nombreux.

C’est ensuite la scène B qui est envahie par la folk avec OTHER LIVES. L’ensemble des membres du groupe, quasiment tous multi-instrumentalistes à l’image de Jesse Tabish (piano, guitare, voix), nous offre l’interprétation en live de plusieurs chansons de leur dernier album “Tramer Animals” sorti en 2011 avec entre autres “For 12”, “Tamer Animals” ou encore “Landforms” dont la qualité des arrangements est remarquable.

DOMINIQUE A, est le troisième artiste à se produire pour cette journée. Apres un concert très privé la veille à la maison de l’étudiant de Caen devant un public de 130 personnes, l’auteur-compositeur-interprète français considéré comme l’un des fondateurs de la nouvelle scène française il y a une vingtaine d’année, monte aujourd’hui sur scène accompagné de quatre musiciens pour un concert sobre aux accent résolument rock. Malgré la pluie qui commence a tomber sur le site, celui-ci se remplit petit à petit. Le set proposé débute par “Contre Un Arbre” du dernier album de Dominique A. Si le concert laisse d’ailleurs la part belle aux titres issus de “Vers Les Lueurs” comme “Ostinato”, “Vers Le Bleu” ou encore “Close West”, il se termine avec deux anciens morceaux que sont “En Secret” et “Le Faussaire”.

Tout comme la pluie qui ne cesse de tomber de plus en plus fort sur les pelouses de Beauregard, l’ambiance rock monte aussi d’un ton avec le concert suivant : celui d’IZIA. Le moins que l’on puisse dire de la chanteuse est qu’elle ne se montre pas très tendre avec les spectateurs qui sont là pour assister à son concert.  Elle se moque de ceux qui ont des ballons en leur rappelant qu’ils ne sont pas à une “putain de kermesse” d’école primaire mais à un concert de rock. De même, elle fait d’un pauvre garçon qui a eu le malheur de lui crier “à poil”, sa tête de turc et à plusieurs reprises se moque de ce “jeune homme imberbe à la sexualité inexistante” qui “aura, peut-être un jour, la chance de caresser une femme à la poitrine généreuse” mais qui “pour l’instant, caresse son écran vide de sens”. L’audience ne semble pas tenir rigueur à l’agressivité de la chanteuse. Il faut dire que la tenue (T-shirt noir transparent, micro-short, résilles et bottes à talons aiguilles) et les attitudes sexy de la demoiselle tout comme son attitude scénique en général (inspirée de celle de Janis Joplin en son temps), ses performances vocales ou encore l’énergie qu’elle déploie sur scène, offre un spectacle assez impressionnant. Parmi les morceaux joués, on compte pêle-mêle des morceaux de ces deux albums “Izia” (2009) et “So Much Trouble” (2011) : “Baby”, “Lola”, “Let Me Alone”, “Life Is Going Down”, “So Much Trouble”, “Disco Ball”, “Penicilline” ou encore “The Light”.

C’est ensuite au groupe anglais qui a cartonné au milieu des années 2000 : KAISER CHIEFS, de monter sur scène. Alors qu’il vient de sortir un album best-of courant juin 2012 intitulé “Souvenir The Singles 2004-2012”, logiquement, le groupe britpop reprend l’essentiel des singles de ses deux premiers disques (“Employment” et “Yours Truly, Angry Mob”). Ainsi, le public profite bien entendu des incontournables “I Predict A Riot”, “Modern Way”, “Everday I Love You Less And Less” ainsi que le tube “Ruby” et il ne cache pas son plaisir en dansant et chantant avec le groupe sur chacun de ses morceaux. Le concert est un vrai moment de bonne humeur partagé. Si les titres de Kaiser Chiefs sont certes accrocheurs de part leurs mélodies très dansantes, il faut aussi dire que le succès de ce concert auprès du public doit beaucoup au frontman Ricky Wilson qui n’a de cesse de communiquer avec les festivaliers.

A la fin du concert de Kaiser Chiefs et avant que ne commence le concert suivant, c’est un déluge qui s’abat sur le festival. Une pluie d’une intensité folle et un vent puissant balaye les pelouses de Beauregard. Les quelques abris que compte le site (les bars, les boutiques pour se restaurer, la zone de pique-nique, les diverses échoppes, etc.) sont pris d’assaut par les festivaliers. D’autres tentent de s’abriter comme ils le peuvent sous les arbres du domaine. D’autres encore comptent sur leur parapluie et/ou leur poncho pour les ternir au sec.

Aussi, lorsque le concert de TINDERSTICKS débute à 20h35, peu nombreux sont les festivaliers téméraires à se présenter face à la scène B. Au-delà du simple fait de rester sous une pluie battante, assister à ce concert veux aussi dire avoir traversé préalablement deux rivières de deux ou trois mètres formées par l’écoulement des eaux de pluie. Les quelques courageux qui assistent au concert après s’être montrés un peu timide se réveillent et commencent à bouger en oubliant l’eau qui leur tombe dessus. Les plus enthousiastes, pour pouvoir s’exprimer librement et danser comme bon leur semble, vont jusqu’à retirer leurs ponchos ou fermer leur parapluie. On en voit même certain qui, mouillé pour mouillé, dansent dans les marre de boue et dans les immenses falques d’eaux qui ont à ce moment envahi le site. Ironie du sort, c’est l’essentiel de leur dernier album que le groupe interprète ce soir, album intitulé… “The Something Rain”.

Alors que la pluie s’est un peu calmée, les festivaliers ressortent de leurs abris pour aller au concert de JEAN-LOUIS AUBERT. Arrivés à l’emplacement de la scène principale, ils trouvent sur les écrans géants de celle-ci un message d’encouragement “Beauregard tenez bon, John est avec vous”. Au moment où l’auteur-compositeur-interprète monte sur scène, la pluie a cessé depuis quelques courtes minutes. Equipé de sa guitare à douze cordes et accompagné de huit musiciens dont Richard “Richi” Kolinka, qui fête son anniversaire ce jour même, Jean-Louis Aubert commence son concert par “Maintenant, Je Reviens”. L’ex-Téléphone se montre toujours affectueux avec son public salue ensuite celui-ci en l’appelant, comme à son habitude, “mes amours”. Le reste de la setlist est essentiellement composé des chansons de ses albums solo ainsi que de quelques titres de Téléphone. Ainsi pour ce qui est de la partie des titres solos ce sont “Demain Sera Parfait”, “Marcelle”, “A Ceux Qui Passent”, “Alter Ego”, “Les Plages”, “Juste Une Illusion” ou encore “Temps A Nouveaux” qui sont joués. Et pour les titres de Téléphone : “Argent Trop Cher” et bien évidemment “Un Autre Monde”. Autour de ses compositions, Aubert réussit à rassembler toutes les générations présentent ce soir sur le festival : jeunes et moins jeunes reprennent en cœur chacune de ses chansons.

Alors qu’une pluie fine s’est remise à tomber sur les festivaliers, le gourou extra-terrestre qu’est SEBASTIEN TELLIER se présente sur une scène B plongée dans une ambiance bleue. Le spectacle commence mal puisque un problème technique empêche les retours sur scène. Sébastien Tellier, non sans humour, s’arrête et indique au public que “c’est dommage car c’était le meilleur morceau”, puis précise qu’ “ayant généralement peu de chance dans la vie, ceci n’est que la suite du début”. Une fois la question technique résolue, le roi de l’électro propose un concert essentiellement axé sur son dernier album “My God Is Blue”.

Vient alors l’un des points d’orgue de la journée : le concert de GOSSIP. Si le concert donné ce soir s’avère en dessous de certaines des prestations enflammées données par le groupe cette année (Cf Rock Am Ring 2012), le show est tout de même d’une très grande qualité. Une grande énergie anime Beth Ditto qui met la puissance de sa voix au service des plus grands tubes des derniers albums studio du groupe (“Music For Men” (2009) et “A Joyful Noise“). Et puis, comme à son habitude, la chanteuse est très chaleureuse avec son public. Pendant qu’elle chante, elle ne cesse de faire des petits coucous de la main aux festivaliers. Elle s’efforce aussi de parler dans la langue de Molière. Certes ses propos ne sont pas toujours très clairs, mais l’auditoire apprécie l’effort ainsi que la gentillesse, la générosité et l’humour de la charismatique frontwoman. C’est par exemple le cas lorsqu’elle lance un : “Sebastien Tellier, Super ! Kaiser Chiefs, Super ! Vous, très très très super !”, ou lorsqu’elle demande au public de crier “fuck” et lorsque celui-ci répond à sa requête avec un grand sourire elle les félicite d’un “super”, ou encore lorsqu’après avoir bu un petit verre elle lance un “santé”. A noter le succès du “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana lors de cette édition de Beauregard, repris ce soir par Beth Ditto et la veille par Babeth de Dionysos.

Il est près d’une heure du matin lorsque l’enfant terrible du pays, ORELSAN, monte sur scène. Etant assez éloigné de notre ligne éditoriale, la seule chose que nous dirons de son concert est que malgré l’heure tardive et les conditions difficiles (le site est désormais un immense champ de boue) nombreux sont les festivaliers venu voir le jeune homme qui a fait ses études à Caen et que tous reprennent en cœur son titre phare “La Terre est Ronde”.

La journée se termine par un DJ set d’une heure de THE BLOODY BEETROOTS sur lequel les festivaliers appréciant ce style de musique se retrouvent et dansent tous ensemble dans la boue.

Au moment ou les lumières de la grande scène s’éteignent chacun retourne alors soit au camping soit à son véhicule. Pour les uns comme pour les autres, la fin de soirée s’annonce difficile : camping inondé vs voiture enlisées sur le parking.

 

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