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FESTIVAL BEAUREGARD 2012 – Jour 1 (06/07/12)

Début juillet John, le châtelain fantasmatique du château de Beauregard et l’égérie du festival du même nom, accueillait dans sa propriété plus de 50 000 personnes et trente groupes pour trois jours de festivité. Pour cette 4ème édition du festival, John avait concocté une programmation placée sous le signe de l’éclectisme allant des grands noms de la scène pop et rock internationale et nationale (Gossip, Garbage, Franz Ferdinand, Killing Joke, Dionysos, Jean-Louis Aubert, etc.), à des groupes électro (The Bloody Beetroots) sans oublier de passer par des représentants du rap (Orelsan).

C’est le vendredi 6 juillet à 16h que les portes du domaine de plus de 30 hectares de verdure bordés d’arbres centenaires se sont donc ouvertes. Comme depuis le début de la saison des festivals, la météo annoncée pour ce week-end était plus qu’incertaine. Aussi, l’orage qui est passé près de Caen vers 15h n’as pas été sans inquiéter l’organisation et bon nombre de festivaliers. Néanmoins, au moment d’ouvrir les festivités, la météo s’est stabilisée et, si le sol est encore un peu humide, le paillage prévu par les organisateurs normands (certainement habitué à ce type de temps), a tout de même bien épongé le surplus d’eau autour des deux scènes que compte le site.

Le festival se remplit donc tranquillement à mesure que les premiers groupes interprètent leurs chansons. Il s’agit d’abord d’OLIVIER DEPARDON (ex-Virago) qui investit la scène B pour présenter les chansons de son premier album solo “Un Soleil Dans La Pluie”, puis d’un groupe pop rock régional : THE LANSKIES.

A 18h20, alors que le site commence vraiment à prendre des allures de festival (qu’on commence à croiser des hommes en kilt, ou que les gens qui ont maintenant eu le temps de prendre leurs repères et de passer au bar s’allongent dans l’herbe une bière à côté d’eux), c’est Christophe MIOSSEC qui monte sur scène pour interpréter ses textes emprunts de sensibilité, nostalgie et parfois de révolte. Ce dernier reprend plusieurs de ses titres phares dont “La Facture D’Electricité” ou “Les Bières Aujourd’hui S’Ouvrent Manuellement”. Le point commun des quelques échanges qu’il a avec le public est d’une certaine noirceur dans le propos. Noirceur à prendre au second degré évidement. Ainsi, par exemple, alors que les spectateurs sont bien contents de profiter du spectacle sous le soleil, il les prévient : “ne vous inquiétez pas, il va flotter dans cinq minutes”. De même il annonce le morceau “La Fidélité” en parlant d’une de ses chansons “déprimantes… pour changer”.

Puisque le festival a été pensé sur la base d’une alternance des concerts sur chacune des deux scènes du site, c’est vers la grande scène que l’ensemble des festivaliers se dirige ensuite afin d’assister au show de KILLING JOKE. Dès les premières notes, l’ambiance qui s’installe tranche clairement avec le concert précédent. La foule se densifie, les bras se lèvent, les headbangers et autres slammeurs font leur apparition. C’est un public tres hétérogène qui vient profiter du spectacle donné par ce groupe plus que trentenaire. Les plus anciens y retrouvent ainsi les titres de leur jeunesse tels que “Change” ou “Love Like Blood”. Les plus jeunes peuvent y apprécier toute l’influence que ce groupe a eu sur la musique des années 90 et 2000 et notamment sur le metal indus. A l’image de “Rapture”, Killing Joke interprète également quelques titres de son dernier album “MMXII” sorti en avril dernier.

Avant la fin du concert, une partie du l’audience commence déjà a migrer vers la scène B pour tenter de trouver une place qui lui permettra de profiter au mieux du concert de SELAH SUE. Si du point de vue vestimentaire des rapprochements peuvent être fait entre Jaz Coleman (le chanteur de Killing Joke, qui notons le au passage n’arborait pas son maquillage traditionnel sur la scène de Beauregard) et la jeune flamande : tous deux étant vêtu d’une tenue noire, les parallèles que l’on peut établir entre ces deux concerts s’arrêtent là. Rappelons en effet que le style musical de cette dernière qui se positionne entre le “Raggamuffin”, le reggae et la soul est bien loin de notre ligne éditoriale.

La sixième formation à monter sur scène pour cette journée est DIONYSOS. Alors qu’elle a commencé sa tournée le jour de la sortie de son dernier album “Bird’N’Roll” le 26 mars dernier au Trianon, le groupe s’est montré assez rare jusqu’ici (une quinzaine de concerts). C’est donc avec beaucoup d’impatience que les festivaliers attendent de retrouver les six membres dont la dernière tournée remonte à 2009. Impatience d’autant plus forte que sa réputation sur scène n’est plus à faire et que la performance prévue ce soir s’annonce grandiose. En effet, si en aparté, dans un recoin de l’espace presse, Mathias Malzieu (chant) nous avoue ne pas maitriser l’ensemble de la chorégraphie du Bird’N’Roll (danse conceptuelle dont les pas ont été imaginés pour l’album), il nous confie aussi connaitre parfaitement les deux pas de base et nous dit que, bien entendu, il les reprendra ce soir. Il nous annonce également qu’il compte bien faire monter des gens du public sur la grande scène afin de transformer celle-ci en véritable piste de danse sur laquelle il compte organiser le championnat du monde de Bird’N’Roll. Un peu plus tard, en conférence de presse Bebetouchka (chant/violon) pour sa part nous dit que la fête sera complète puisque trois choristes et Bird’N’Rolleuses professionnelles seront aussi là. A 21h30, sur scène, la prestation du sextette est ainsi à la hauteur des attentes. La setlist proposée reprend les grands classiques du groupe tels que “La Coccinelle”, “Song For A Jedi” ou encore “Mc Enroe’s Poetry”. Elle inclut également des titres issus de la dernière galette comme “June Carter En Slim”, “Bird’N’Roll” ou “Cloudman”. Côté ambiance, le concours de Bird’N’Roll annoncé plus tôt dans la journée a bien lieu et c’est une dizaine de membre du public qui y participent. Mathias, malgré ses deux claquages aux mollets se montre comme à son habitude survolté : il se jette dans l’assemblée, slamme, harangue la foule et lui demande de gueuler le plus fort possible le fameux “Ta gueule le chat !” sur “La Métamorphose De Mister Chat”.

C’est SHAKA PONK, le groupe électro rock français qui a le vent en poupe en ce moment, qui prend la relève sur la scène B. Les SHK PNK, qui ne cessent de tourner, ont aujourd’hui une telle renommée qu’ils sont désormais programmés le soir dans les festivals. Certes, il y a, de fait, beaucoup plus de monde dans le public que c’était le cas il y a encore deux ans, mais un tel horaire a l’avantage de mettre encore plus en valeur tous les efforts de mise en scène, d’animations vidéo et jeux de lumières du groupe et le spectacle n’en est ainsi que plus plaisant à voir. Frah et Samaha chantent principalement en anglais et espagnol, mais sur scène, c’est en français qu’ils s’adressent aux festivaliers, et ils sont plutôt bavards. Ainsi par exemple, dès le début du concert ils annoncent un moment “incroyable”, un peu plus tard, ils demandent au public de “sauter jusqu’à la Lune”, et avant leur dernier morceau, ils disent beaucoup apprécier l’éclectisme de la programmation du festival mais que celle-ci les contraint à jouer moins longtemps. Comme dans les festivals des week-ends précédents (Solidays, Main Square), les SHK PNK reprennent ce soir les plus grands succès de leur dernier album “The Geeks & The Jerking Socks” avec “Let’s Bang”, “I’m Picky”, “My Name Is Stain”, “Shiza Radio” ou encore “Sex Ball”. Ils jouent également des titres plus anciens comme “French Touch Puta Madre”.

Apres avoir assisté pendant plus de deux heures à deux concerts consécutifs dont les chanteurs et musiciens extériorisent de manière ostentatoire toute leurs énergies sur scène et après s’être eux-mêmes bien défoulés, les festivaliers de Beauregard apprécient de retrouver un peu de calme et de sérénité avec le concert de THE KILLS. Le groupe est plus dans la retenue que ces deux prédécesseurs. Néanmoins, l’énergie n’est pas pour autant absente du concert.  Elle est juste distillée avec beaucoup de finesse et d’élégance à mesure des titres de leurs différents albums qu’ils interprètent ce soir avec entre autres “Fuck The People”, “Kissy Kissy”, “Black Balloon”, “DNA” , “Satellite” ou encore “The Last Goodbye” issu de “Blood Pressures”, leur dernier album sorti en avril 2011. L’accueil que le public réserve au duo est beaucoup plus chaleureux que celui qu’ils ont pu avoir le 12 mai dernier au Stade De France (où ils passaient en première partie de Metallica et ou ils se sont fait huer par plus de 75 000 personnes). Et bon nombre de personnes semblent être de l’avis de Mathias Malzieu (qui connait plutôt bien le groupe depuis sa collaboration avec lui sur “Old Child”) qui en coulisses plus tôt dans la journée, avait qualifié The Kills comme étant le groupe à ne surtout pas manquer lors de ce premier jour de festival.

La programmation avait ensuite prévue de faire monter sur scène le groupe électro pop Hot Chip, mais pour cause d’annulation, c’est finalement un local qui assure le show. La tâche n’est pas facile pour le caennais SUPERPOZE tant les anglais étaient ardemment attendus. Il prend néanmoins place sur la scène B et fait profiter à tous le public (qui s’avère finalement être plutôt réceptif) ses talents dans le domaine de l’électro.

Le dernier groupe à monter sur scène pour cette première journée est le groupe anglais METRONOMY. Malgré les heures de concert déjà passées (plus de 9h au total) et l’heure tardive (le concert commence à 2h) le public ne se montre pas fatigué et est au rendez-vous. Les quatre membres qui se présentent alors sur scène offrent un concert fidèle à ce qu’on attend d’eux : un look retro, des chansons pop/electro où l’instrument prime sur la voix et une setlist comprenant entre autres des titres de leur dernier album “The English Riviera” tels que “The Look” ou “Corinne”.

Il est plus de 3h lorsque les lumières s’éteignent sur le festival. Les festivaliers quittent le site le sourire aux lèvres, contents d’avoir pu profiter de cette belle programmation et de ne pas rentrer chez eux ou au camping complètement trempés. En effet, contrairement à ce que la météo avait prévu, mis à part quelques petites averses, le temps s’est maintenu sur Beauregard. Mais, ils ne savent pas encore ce qui les attend le lendemain…

 

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