Reports

EUROPE @ Hard Rock Café (03/02/15)

Europe est de retour cette année avec un nouvel album. Deux ans après “Bag Of Bones” et album live au Sweden Rock Festival, le groupe de hard rock suédois revient avec “War Of Kings”. Sortie prévue pour début mars. Retour sur la conférence de presse avec le chanteur Joey Tempest, le 3 février dernier au Hard Rock Café de Paris.

 

Comment a travaillé le groupe sur ce nouvel album “War Of Kings” ?

Joey Tempest (chant) : Premièrement, les autres membres du groupe ont beaucoup participé à l’écriture. Mic (ndlr : Michaeli, clavier) et Ian (ndlr : Haugland, batterie) ont eu de superbes idées, John Levén (ndlr : basse) a composé de très bons riffs sur lesquels j’ai pu me baser. Tout le monde a aidé. Et le meilleur ingrédient était le producteur Dave Cobb, il voulait, tout comme nous, trouver une couleur et une atmosphère pour travailler. Quelque chose de majestueux. Pour moi, c’est l’album d’Europe le plus intéressant. Et nous en sommes très fiers. Le groupe m’a beaucoup influencé et Dave a été d’une grande aide. On avait répété onze chansons. On est entré en studio et nous avons écrit une chanson durant cette période avec Dave Cobb, “Angels (With Broken Wings)”. Elle a été écrite la nuit où Jack Bruce est décédé, elle est très émotionnelle. Tout le monde a écrit durant cette période, durant deux semaines intenses, les idées fusaient dans le studio. On a utilisé plus de claviers, plus d’orgues Hammond pour en faire quelque chose de différent, de vibrant, de grandiose… C’est l’idée que l’on avait en tête.

Comment Europe a découvert le producteur Dave Cobb ?

J : On a découvert Dave Cobb en écoutant Rival Sons, un jeune groupe américain. Et le son de la batterie de l’album “Pressure And Time” nous a hypnotisés. C’est comme ça que ça a commencé. Qui fait sonner des batteries comme ça ? Ce son est incroyable ! L’année dernière, le dernier album de Rival Sons est sorti (ndlr : “Great Western Valkyrie“), on a entendu les chansons “Electric Man” et “Open My Eyes” et on s’est dit que ce gars (Dave Cobb) est toujours incroyable. Pouvons-nous appeler ce producteur, on a donc demandé à notre manager de le contacter. On s’attendait à ce qu’il dise “Europe, ça ne me parle pas trop, je m’en fous un peu…” Mais il nous a confié qu’il jouait des morceaux d’Europe à la batterie étant jeune, et qu’il aimerait produire un disque pour nous… C’était parfait ! Nous avons commencé une nouvelle aventure avec ce producteur, on s’est tous donné une chance, et il a vraiment voulu faire partie du processus de création. Il voulait absolument être avec nous en studio, pour travailler les guitares, etc… C’était tellement différent de tout ce qu’on a pu faire avant ! Sa créativité nous a énormément aidés.

 

 

Mais d’où vient le titre “War Of Kings” ?

J : Le titre “War Of Kings” vient du titre d’un livre. Plus précisément les paroles de cette chanson font référence à un livre suédois, “Röde Orm” (ndlr : “Orm le Rouge”, ou “Les Drakkars (The Long Ships)” pour l’adaption cinématographique de 1964). Ce livre parle de la naissance de l’ère viking, à travers une guerre entre rois auto-proclamés et des rois élus pour conquérir du terrain. Tout a commencé entre les Norvégiens, les Suédois et les Danois. C’est la première grande bataille importante de l’ère viking. Les paroles de “War Of Kings” viennent donc de là. On a demandé au gars qui nous a fait l’artwork de ne pas inclure d’épées, de feu ou de drakkars ! On ne voulait pas être trop cliché ! On a déjà ces thèmes dans les paroles, on a donc voulu un bel artwork.

A 51 ans, on se sent toujours jeune en jouant du hard rock ?

J : Entre tes 15 et 25 ans, la musique que tu écoutes, tu la vis et elle te reste à jamais. C’est dans cette tranche d’âge que tu vas être le plus marqué et que tu vas vivre le plus de choses, au niveau émotionnel. C’est ce qui m’est arrivé. Et quand on écoute ces albums et ces artistes, ça fait partie de toi. Ensuite tu fais toi-même ta vie, pendant des années. Mais cette musique te revient toujours, et c’est automatique. On n’essaie pas de sonner comme eux, c’est complètement inné chez nous. Et on adore cette musique ! Mais on pense toujours à aller de l’avant avec ce bagage musical. Voilà ! (rires) Je parle trop ! Parfois quand on joue un concert, et que je commence à trop parler au public les autres me disent “mais qu’est-ce que tu fais?!” (rires)

 

 

“War Of Kings” est-il le successeur parfait de l’album précédent “Bag Of Bones” ?

J : “Bag Of Bones” nous a beaucoup aidés. Cet album nous a aidé à croire en nous, on a pu enregistrer en live pour la première fois depuis “Wings Of Tomorrow” (ndlr : deuxième album d’Europe, sortie en 1984). On était tous autour de la batterie à donner le meilleur de nous-mêmes, et notre instinct a eu raison de nous ! On a été béni pour cet album ! On voulait faire un pas en avant. “Bag Of Bones” est l’album parfait pour un groupe qui a envie de tourner, avec des influences blues. Avec “War Of Kings”, on voulait laisser un peu de côté le blues, pour en faire un majestueux disque de classic rock. C’est sûr qu’il y a un peu plus de synthés, mais on les choisit nous-même, comme l’orgue Hammond. Je pense qu’on est passé à un niveau supérieur.

Europe sera en tournée en France à l’automne prochain en première partie de Scorpions.

J : On nous avait proposé de faire la tournée en première partie de Scorpions, et on a tout de suite accepté ! On a grandi en écoutant Scorpions. On les a vus pour la première à Stockholm au tout début des années 80, avec Def Leppard qui ouvrait pour eux. On venait de sortir notre premier album. Et Scorpions venait de sortir “Lovedrive” il me semble, on a adoré cet album ! On a écouté tous leurs albums. L’album live “Tokyo Tapes” a été une grande inspiration pour nous. Nous sommes honorés d’ouvrir pour Scorpions, mais aussi de nous donner l’opportunité de pouvoir rencontrer plus de personnes en France. Car nous allons jouer dans de plus grandes salles. On est impatients d’y être !

 

 

Ah “The Final Countdown”. Saviez-vous que ce titre a plusieurs fois été utilisé pour des meetings politiques ? Qu’en penses Joey ?

J : Je n’aime pas trop ça… On avait fait cette chanson comme un show qui ouvrait notre propre show et j’ai été inspiré par “Space Oddity” de David Bowie, pour les paroles. Les voyages dans l’espace, quitter la Terre, etc… ! C’est marrant quand on voit que cette chanson est utilisée dans les mariages ! (rires) Mais on a été inspiré par les groupes anglais, avec ce tempo qui galope “ta tatata”. Comme je l’ai dit cette chanson a été inspirée par “Space Oddity” et ma passion pour l’espace quand j’étais enfant. On ne s’est jamais dit que ça pourrait être utilisé par des partis politiques ou pour des événements sportifs, et pourtant elle a été très utilisée pour ce genre de choses ! Finalement, ça nous importe peu.

Après plus de 35 ans de carrière, comment Europe voit-il le business de la musique ?

J : On a bien vu que le business de la musique a changé. On utilise les réseaux sociaux comme Facebook, énormément, on essaie de bien faire. Mais les concerts sont toujours aussi importants ! Nous pensons aussi que les vidéos sont importantes. On vient d’ailleurs de terminer le clip de “War Of Kings” et on a hâte de le montrer. C’est important de montrer aux gens qu’ils en ont pour leur argent. On a toujours besoin de montrer que l’on est bon dans ce qu’on fait. Le business a changé, et nous ne sommes pas très fans de la musique en streaming. Ce serait préférable que les albums soient disponibles en streaming trois mois après leurs sorties. Pour que les gens apprécient vraiment l’album, le CD. Nous sommes conscients que tout change, et parfois très vite. On essaie de s’adapter. On travaille sur les réseaux sociaux. On avait un bureau à Los Angeles qui s’occupait de réceptionner notre courrier, mais on ne pouvait pas s’y rendre pour tout lire. Maintenant on poste sur Facebook et on voit directement si les gens aiment la musique, ce qu’ils ressentent, à tout ce qu’on fait. Il y a donc des points positifs, nous sommes plus proches des fans et maintenant nous savons ce qu’ils pensent, ce qu’ils aiment. Tu ne peux pas dire “je n’aime pas ce business, je vais arrêter la musique”. Beaucoup de groupes ont dit il y a quelques années qu’ils arrêtaient de faire de nouveaux albums. Le public réalise alors à quel point les albums sont importants. Si tu ne sors pas de nouveaux albums, le public écoutera par défaut tes anciens disques et donc tu ne progresses pas et tu deviens quelque chose de nostalgique. Tu as toujours besoin de sortir de nouvelles choses, et les albums sont toujours importants. Quelqu’un a dit que le rock est mort, mais je pense que le rock est tout simplement en vacances… jusqu’au 2 mars ! (Gene Simmons a dit ça) Merci !

 

Tracklisting de “War Of Kings” :

01. War Of Kings
02. Hole In My Pocket
03. The Second Day
04. Praise You
05. Nothin’ To Ya
06. California 405
07. Days Of Rock ‘N’ Roll
08. Children Of The Mind
09. Rainbow Bridge
10. Angels (With Broken Hearts)
11. Light It Up

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife