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ENTER SHIKARI @ Bataclan (30/03/19)

Enter Shikari au Bataclan c’est tout un symbole. Si le groupe anglais remplit des salles équivalentes en France depuis quelques années déjà, il s’agit de son premier passage en ce lieu. Toujours en avance et sur le front concernant les questions sociales de ce monde, Shikari vient propager toute l’énergie positive du monde dans cette salle où la symbolique n’a, heureusement, pas pris le pas sur le présent.

Les Anglais sont accompagnés par AS IT IS et les Lyonnais de OAKMAN en première partie, deux sets auxquels nous n’avions malheureusement pas assisté et dont nous ne rendrons pas compte. Honnêteté, intégrité journalistique, tout ça.

Les lumières s’éteignent sur les coups de 21h. La fosse du Bataclan est bien remplie, mais ce n’est pas non plus étouffant. D’ailleurs, les côtés de la salle, ainsi que le balcon sont fermés. Le quatuor originaire du nord de Londres entre sur scène habillés tels de dynamiques jeunes travailleurs de bureau. Ambiance studieuse, excepté pour Rou Reynolds qui semble se rapprocher de plus en plus de Robert Smith. “The Sights”, issu du petit dernier “The Spark” (2017), ouvre la soirée sous les meilleures hospices. Le son est excellent, le chant de Rou se distingue parfaitement et l’énergie est définitivement là.

Les choses sérieuses ne tardent pas à arriver avec “Step Up”, qui amorce l’hommage aux dix ans de la sortie de “Common Dreads”. Pour l’occasion, le groupe a inclus plus de titres qu’à l’accoutumée du deuxième album au sein de sa setlist. Les autres disques ne sont pas négligés pour autant, bien que l’accent soit surtout mis sur le dernier sorti. “Labyrinth”, “Arguing With Thermometers” ou encore “There’s A Price On Your Head” sont autant d’extraits issus de toute la discographie d’Enter Shikari. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intensité ne s’éteint jamais.

Que ce soit avec les morceaux rageurs issus des premiers albums, ou les chansons plus pop et progressives de “The Spark”, le spectateur est toujours sollicité et surpris par ce que propose Shikari. A sa folie d’antan se substitue désormais une énergie positive qui semble véritablement sincère.

Lorsque Rou prend la parole, il déclame comme le porte parole d’un groupe de gens qui doit se sentir accepté, vivant et en sécurité. “Mothership” et “Gandhi Mate, Gandhi” sont associés en un seul et même titre qui enflamme le Bataclan alors que le quatuor se permet une citation du “Insomnia” de Faithless (ndlr : groupe trip hop anglais, au sein duquel la chanteuse Dido a fait ses armes, notamment).

Si l’accent de Rou n’a jamais fait illusion sur la provenance géographique d’Enter Shikari, les quatre Anglais n’ont jamais semblé aussi British que ce soir. Pour preuve, les multiples références à la situation politique de leur pays d’origine au détour du concert.

Le groupe amorce la fin du set avec le désormais habituel “Quickfire Round” qui consiste à nous jouer quatre brûlots en huit minutes top chrono. Le tout dans le but clairement avoué de retourner un Bataclan n’attendant que ça. Si la frustration de ne pas entendre en entier des titres comme “Meltdown” ou “Anaesthetist”, ce groupe a le don de toujours jongler de bonnes idées en bonnes idées pour rendre ses concerts réjouissants au possible.

Après avoir quitté la scène, Rou revient d’abord seul pour nous interpréter un poignant “Take My Country Back” tellement d’actualité. Les trois autres compères feront leur apparition pour clôturer la soirée avec un rageur “Juggernauts” tandis que l’incroyable “Live Outside” offrira un ultime défouloir dénué de retenu à la capitale française.

Enter Shikari n’a pas fait salle comble pour cette tournée servant sûrement de transition vers la prochaine étape du quartette. Mais qu’importe, ce groupe devient de plus en nécessaire à cette scène rock qui peine désormais à être en avance sur son temps. Là où les formations recyclent en permanence de vielles recettes, Enter Shikari avance, évolue et s’ouvre de plus en plus. Et c’est un formidable message envoyé, tant pour la musique que pour la société.

Enter Shikari Setlist Le Bataclan, Paris, France 2019, Stop the Clocks Tour
Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN