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EELS @ Olympia (09/07/18)

Avoir Mark Oliver Everett alias Eels sur scène est toujours un honneur, et ce lundi 9 juillet est assez particulier car il signe le retour de l’artiste à l’Olympia plus de vingt ans après sa première tournée. Le signe d’une soirée haute en couleurs.

Les affiches titrent “The World Number’s One Entertainers”, intitulé digne de l’humour pince-sans-rire du bonhomme. Ce n’est pas totalement faux, si on prend également en compte que ce dernier est bien plus que ça. L’entrée à l’intérieur de l’établissement est fluide, les T-shirts à l’effigie des nombreux albums sortis au cours de ces dernières années sont légions. On discute des tournées précédentes et des choix artistiques du dernier album, “The Deconstruction“. En attendant, les deux bars sont pris d’assaut car la première partie ne parle pas à la majorité. S’il y a bien un moment choisi pour déguster une pinte, c’est durant la découverte d’un groupe qui nous laissera de marbre ou qui sera les bienvenues dans nos prochaines playlists. Le décor est planté, tout semble à sa place pour le grand événement de la soirée.

Après mûre réflexion, un élément détonne dans le paysage : deux tuyaux d’aluminium soudés ensemble formant une sorte de harpe. Et avant même d’avoir pu deviner de quoi il s’agit, Mike Silverman, alias THAT 1 GUY, débarque sur scène avec un look d’épouvantail. Première partie en solo, le public est rivé sur cet homme et son étrange instrument, désireux de savoir quel son peut-il bien avoir. En toute honnêteté, il sonne comme Primus. Son expérience de bassiste excentrique nous fait penser au trio californien d’entrée de jeu, de par le son et les techniques utilisées sur les deux cordes de basse présentes sur ce qu’il appelle “The Magic Pipe”. Des compositions comme “Whale Race” à des interludes de magie où les as et autres reines volent dans la fosse, Silverman donne de sa personne en tant qu’homme orchestre de talent. Un grand coup de coeur dont les spectateurs n’ont pas été indifférents.

 

 

Trente minutes d’entracte plus tard, la salle s’obscurcit pour laisser place à des lumières venant de spots de cinéma où des ombres débarquent en dessous. EELS investit la scène et joue la carte du concert de 1997 qui avait commencé par la reprise du “Dead Flowers” des Rolling Stones. Ce soir, c’est “Out Of The Street” des Who qui enflamme la salle entière, suivie par la reprise de “Raspberry Beret” du regretté Prince. Une introduction pleine de surprises avant que “Bone Dry” ne retentisse, ne laissant planer aucun doute sur les capacités live des nouvelles compositions. Il faut dire qu’ils sont savamment dilués entre des morceaux du calibre de “Flyswater” et “Dog Faced Boy” qui ont le don naturel de faire sauter sur place et taper du pied.

 

 

La générosité du chanteur-guitariste et le plaisir que prennent ses musiciens sautent aux yeux. Durant quelques interludes, E. use de son humour à froid pour présenter le groupe, se souvenir du concert de la tournée “Beautiful Freak”, et demander pardon avec humilité pour ce break de quatre ans parsemé d’un mariage, d’une naissance, d’un divorce suivi d’une dépression nerveuse et de la perte de Bobby Jr., la mascotte de Eels, qui n’était autre que son fidèle compagnon à quatre pattes pendant quatorze ans. Il faut dire que la vie de ce dernier a toujours été parsemé de drames, d’amour perdu, ce qui peut expliquer une setlist qui prend plaisir à revenir encore plus loin, avec des perles comme “Climbing To The Moon” et “P.S. You Rock My World”.

 

 

Des instants de toute beauté et d’une forte émotion où on sent E. chanter comme jamais avec son coeur et ses tripes. Le public est en ébullition pour “Novocaine For The Soul”, modifiée pour la prestation live. Puis vient le temps de partir. Les applaudissements retentissent de plus bel, et on revient pour une autre reprise de Prince. Puis il est vraiment temps de partir. La salle continue d’applaudir, et le petit jeu fait revenir E. qui sait que tout cela peut effectivement durer toute la nuit. Trois titres dont le grand “Mr. E’s Beautiful Blues” et les lumières se rallument dans la salle alors qu’un grand nombre d’intrépides continuent à applaudir.

 

 

Une prestation incroyable dont la foule risque de se souvenir encore longtemps, comme chaque concert de Eels. Il ne reste plus qu’à prendre notre mal en patience en attendant un successeur à “The Deconstruction” et une nouvelle tournée. L’éternel misanthrope a encore frappé, cultivant la connexion avec son public.

Setlist :

Out In The Street
Raspberry Beret
Bone Dry
Flyswatter
Dog Faced Boy
A Magic World
Dirty Girl
Daisies Of The Galaxy
Prizefighter
Rusty Pipes
Open My Present
You Are The Shining Light
My Beloved Monster
I’m Going To Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart
Climbing To The Moon
I Like The Way This Is Going
Little Joe!
Today Is The Day
Novocaine For The Soul
Souljacker, Part I
I Like Birds
P.S. You Rock My World
—-
When You Were Mine
—-
Mr. E’s Beautiful Blues
Fresh Blood
Love And Mercy / Blinking Lights (For Me) / Wonderful, Glorious