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EDITORS @ Salle Pleyel (30/01/20)

Les Anglais d’Editors s’octroient un passage par la capitale, à l’occasion d’une tournée européenne pour la sortie du best of “Black Gold”. De quoi patienter avant la sortie du prochain album !

L’encre noire du post punk belge

Les Belges de WHISPERING SONS investissent la scène à 20h pile, forts du triomphe de leur premier album “Image”. On découvre les quatre musiciens vêtus de noir et la silhouette féline et androgyne de Fenne Kuppens.

Passé le premier tour de chauffe avec “Stalemate” un peu timide, le groupe capte très vite l’attention. La chanteuse, habitée et charismatique, toise le public du regard, déstabilise brillamment par sa voix rauque. On pense à Beth Gibbons dopée par l’énergie de Shannon Funchess de Light Asylum.

Evoluant dans un rock froid et ténébreux typique des années 80, l’audience se trouve vite happée. En effet, la batterie martiale, les nappes de synthés vaporeuses, s’accordent avec la basse vrombissante et les riffs habillés de chorus créent une ambiance fascinante. On pense à la coldwave de Joy Division ou The Cure. Mais également à certaines époques de Simple Minds ou Banshees.

L’habilité du groupe se trouve dans sa capacité à passer de moments directs et intenses comme “White Noise”, “Got A Light” ou “Alone” à des plages plus atmosphériques comme “Hollow” ou “Waste”. Ainsi, Whispering Sons embarque avec aisance à travers son univers sombre. A suivre absolument.

Rétrospection immersive

Les passages du quintette de Birmingham se font plutôt rares. EDITORS est l’un de ces groupes qui fait facilement salle comble dans des jauges de plus de dix-mille personnes chez nos voisins mais peine toujours à grandir sur nos terres. Six albums, des tubes, la voix hors normes de Tom Smith. Autant d’arguments pour ravir les deux-mille-cinq-cents personnes réunies à la Salle Pleyel.

Le morceau pour ouvrir un live n’est jamais chose simple, c’est donc avec “An End Has A Start” que l’on découvre la formation. Issu du deuxième album éponyme, c’est un début résolument rock, une bonne façon de prendre la température à laquelle l’assemblée répond immédiatement. Les trois titres suivants sont également tirés des deux premiers disques. Les origines indie rock sombres et les mélodies accrocheuses ravivent les souvenirs des débuts, décuplant la frénésie de la fosse.

Un court crochet par “Violence” (2018) avec “Magazine” nous permet d’apprécier un peu plus cet album en live. Il est probablement le disque le moins aimé du groupe a l’heure actuelle mais est bien plus incarné dans les conditions offertes ce soir.

L’interprétation parfaite du hit “Sugar” représente l’un des premiers paliers et temps fort du concert. Les morceaux s’enchainent jusqu’aux raisonnances -depechemodesque- de “Papillon” qui transforment le parquet flottant de la belle Pleyel en club select.

Le planant “Ocean Of Night” est suivi du deuxième temps fort de la soirée. En effet, le frontman interprète seul, en acoustique et face à la foule “The Weight Of The World”. Un moment intimiste dans un silence monacale qui nous permet de prendre toute la mesure du talent de Tom Smith.

Rejoint par le reste du groupe, le joli “Spiders” continue sur un sans faute jusqu’à “Nothing” qui clôture ainsi le set avant rappel.

Editors, la générosité communicative

Accrocheur, Editors a le don de délivrer des mélodies habitées auxquelles il semble difficile d’échapper. Dix-huit ans de carrière et des centaines de concerts dont l’expérience s’apprécie à chaque seconde. Ainsi, là où Interpol, souvent cité comme parent, se contente de faire le job, les Anglais savent mettre de l’intensité.

Tout d’abord par un jeu de lumières dynamiques découpées par une structure métallique en fond de scène. Puis par un backdrop permettant de donner du relief à l’ensemble. Les ambiances visuelles s’adaptent aux différents sons, du simple halo aux effets stroboscopiques.

Mais surtout par la présence du groupe qui sait occuper la scène. Tom Smith passant d’une voix de baryton au falsetto avec une facilité déconcertante, par sa présence magnétique et ses mimiques. Sans compter également sur le bassiste Russel Leetch et le claviériste Elliott Williams, dont le grain de voix complète parfaitement Smith, qui haranguent régulièrement l’auditoire.

L’organisation de la setlist crée un mouvement perpétuel et fluide provoqué par les changements d’instruments et déplacements du leader. La formation donne corps et âme à son art. Les sourires échangés entre les musiciens et son équipe technique insufflent un positivisme communicatif et portent le set à un autre niveau.

“In this light and on this evening”

Les applaudissements nourris font place au rappel. Quatre titres qui, comme tout au long de la soirée, rendent hommage principalement aux deux derniers albums.

1h50 durant, Editors aura livré un show empreint d’énergie et de munificence. Ne s’adressant que rarement au public, l’attitude des six musiciens à elle seule en dit long. Dévouement et professionnalisme.

Tom Smith, trempé et sonné comme un sportif sous endorphine, prend quelques instants la place de celui qui contemple. Face à cette foule ravie et aux larges sourires. Une courte stase pour, comme nous, prendre conscience de l’instant vécu et du moment auquel nous appartenons.

C’était beau.

Editors Setlist Salle Pleyel, Paris, France 2020, Black Gold