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DUA LIPA @ Paris La Défense Arena (23/05/25)

En moins de dix ans, le phénomène Dua Lipa a su se diffuser dans de multiples pans de notre société. De l’algorithme des plateformes au grand écran, nul n’a pu passer à côté. Après avoir triomphé à Lyon et dans le monde entier, la Britannique importe son Radical Optimism Tour dans la plus grande salle d’Europe, la Paris Défense Arena. Pour un show à la hauteur de sa démesure ?

Alessi Rose

Mais avant de passer au plat principal, la lourde tâche d’ouvrir dans une arène gigantesque est confiée à ALESSI ROSE, l’étoile montante de la pop anglaise. Visiblement peu impressionnée, la londonienne de vingt et un ans nous propose un set tout à fait charmant. Ne disposant pour le moment pas d’un énorme tube, elle bénéficie en revanche de nombreux morceaux très homogènes. Guitare en main (“Don’t Ask Questions”, “imsochillandcool”), on retrouve en filigrane des accents de Gracie Abrams ou de Taylor Swift. Bref, un registre particulièrement en vogue sur la scène pop actuelle.

La jeune femme s’apprête à sortir son EP Voyeur et dévoile pour l’occasion une jolie mise en bouche, “Same Mouth”. En attendant le 25 juillet, elle nous aura séduit avec cette solide prestation, clôturée en beauté par son meilleur titre, “pretty world”. Ses néo-fans auront l’occasion de la retrouver au Main Square Festival et à l’Élysée Montmartre en septembre.

Dua Lipa

Après un énième spot faisant la promotion d’une application de dating, il est 20h25 quand a lieu l’heure de LA rencontre. Les lumières s’éteignent, nous plongeant dans le noir … et dans l’océan. Tel un podcast ASMR, de longues minutes s’écoulent, bercées par le bruit des vagues. Puis tout à coup, l’écume laisse place à la déferlante. 

DUA LIPA apparaît en haut d’un escalier géant, lançant le show sur un “Training Session” explosif. L’essentiel de la scénographie est articulé autour de cet élément. Que ce soit nimbée de fumée façon déesse olympienne, ou reine des flammes, la présence scénique est indéniable, magnifiée par des musiciens et des danseurs plus qu’investis.

Toutefois, contrairement à d’autres figures du genre, il n’est pas question ici de tout miser sur la chorégraphie pendant que le playback fait le reste. Le chant est assuré en live, ce qui représente un réel tour de force à la vue de l’énergie déployée durant toute la performance.

Si les hits “One Kiss” et “Break My Heart” font grimper les décibels, le premier grand moment de communion intervient sur “Levitating”. Non content d’être un bonbon pop ultra-efficace, ce morceau est enrichi de petites variations. Ici, une intro ralentie. Là, une partie rappée a capela du meilleur effet. Une revisite qu’on retrouve tout au long de la soirée, renforçant le sentiment de ne pas écouter un disque.

Surprises en cascades

Ce souci de renouveler l’expérience se retrouve dans l’exercice le plus attendu de cette tournée : la reprise locale. Poussant plus loin la démarche de Sabrina Carpenter, la star insère chaque soir une chanson d’un artiste national. Après “Dernière Danse” de Kyo Indila à Lyon, c’est (l’inattendue) “Moi Lolita” d’Alizée qui est interprétée ce soir. Le rendu est extrêmement honorable, transformant le moment en un karaoké géant. En revanche, ceux qui avaient anticipé une collaboration avec Angèle en seront pour leurs frais. Leur titre “Fever” n’a d’ailleurs pas du tout été joué, suivant la logique de cette tournée.

Si la “local song” nous a surpris, nous n’étions pas au bout de nos découvertes. Tout d’abord musicales. Construites autour de slide guitares, “These Walls” dévoile des capacités d’interprète beaucoup moins mainstream que sur ses principaux tubes. De même, comment ne pas tomber sous le charme du timbre entrevue sur “Maria” ? Un titre aux influences hispaniques qui n’est sans doute pas le plus connu, mais sûrement le plus réussi du dernier album.

Cette épaisseur dans l’interprétation atteint son paroxysme avec la seule chanson calme du set, “Anything For Love”. Très émue, la jeune femme fait la démonstration de sa capacité à capter l’énergie de l’audience pour la changer en une poignante vulnérabilité, donnant une authenticité folle à la performance.

TikTok : 1, engagement : 0

Une humanité qui se retrouve dans sa façon d’interagir avec son auditoire. Loin d’afficher une distance de diva, la Londonienne fait au contraire preuve d’une désarmante simplicité. S’offrant un bain de foule, elle en profitera d’ailleurs pour répondre aux sollicitations de selfies ou pour emprunter l’accessoire d’un spectateur afin de l’intégrer à sa performance. Une chose est sûre : voir Dua Lipa improviser un pierre-feuille-ciseaux avec une fan en plein concert n’était pas sur notre bingo !

Pourtant, de manière incompréhensible, force est de constater que le public ne fait pas preuve du même engagement. Il y avait quelque chose de gênant à constater que les fans avaient l’opportunité rare d’interagir avec une artiste (qu’ils avaient attendu d’innombrables heures), mais qu’ils préféraient vivre ce moment à travers la captation de leur téléphone.

Plus globalement, le show souffre de la comparaison avec d’autres fanbase (Twenty One Pilots pour citer un exemple récent). L’énorme fosse se distingue ainsi davantage par la vague constante d’écrans de smartphone que par son activité. Très peu de mouvements, de paroles scandées (priorité à la qualité de la vidéo oblige), à l’exception de quelques sollicitations. L’expérience live en pâtit donc logiquement. Dommage, car tous les ingrédients étaient présents.

French Exit

On saluera tout de même les efforts déployés par Dua Lipa pour jouer les chefs de chœur (“Be The One”) ou pour enseigner une chorégraphie sur “Physical”. Les deux heures passent à toute vitesse, et l’ultime partie nous livre d’une traite les derniers tubes de la soirée. Ce mash up intègre successivement “New Rules”, puis la B.O. du film Barbie dans une version (trop) abrégée. Le mix aboutit à un “Don’t Start Now” magistral, (enfin) chanté à pleins poumons par l’assistance.

I come and I go“, annonçait la couleur, c’est bien “Houdini” qui clôt superbement le set sous une pluie d’étincelles. Les lumières se rallument, les smartphones sont rangés alors que “I Wanna Dance With Somebody” accompagne (presque ironiquement) la sortie des spectateurs.

Ce soir, le terme de performance est tout sauf galvaudé. Dua Lipa a brillé de mille feux, affichant tant sa singularité vocale qu’une sympathie rafraîchissante. Une nouvelle étape marquante dans une ascension d’ores et déjà irrésistible.

Dua Lipa Setlist Paris La Défense Arena, Nanterre, France 2025, Radical Optimism Tour

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