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DEPECHE MODE @ Accor Arena (03/03/24)

Délaissant l’impersonnel Stade De France pour la plus “cosy” Accor Arena (et pour la vingt-quatrième fois de sa carrière), Depeche Mode est venu montrer à Paris et à tous les fans présents qu’il est toujours, et pour toujours, la proue de la new wave.

Qu’on aime ou qu’on déteste Depeche Mode, nul n’est en mesure de lui enlever le titre de roi de la new wave. Et ce nouveau Bercy, ou Accor Arena, n’est pas une nouveauté pour le groupe. Presque une ballade de santé. Il est toujours impressionnant de voir la file de fans et de moins fans à Bercy, et de voir que même avant la première partie la fosse est pleine à craquer. Les deux dates du groupe de Basildon se jouent d’ailleurs à guichets fermés en ce dimanche soir et pour le mardi 5 mars.

Suzie Stapleton

L’artiste australienne joue en format trio ce soir, avec en particulier Gavin Jay à la basse. La guitare distordue et particulièrement rock de SUZIE STAPLETON occupe l’espace, et le son très compact et très DIY du trio ajoute une vigueur et une violence bienvenue. Suzie, telle une Wednesday Addams avec sa robe en dentelle noire, nous impressionne par sa voix puissante qui impose immédiatement le respect : c’est une véritable prouesse que de se faire entendre et respecter dans l’enceinte de l’Accor Arena.

Il nous tarde de la découvrir dans une ambiance plus intimiste qui lui rende justice, tant la salle semble immense pour le son compact qu’elle nous livre !

Depeche Mode

La dernière fois que nous avions pu voir DEPECHE MODE c’était au Stade De France. Et n’en déplaise aux fans, la musique hypnotique et profonde du groupe anglais s’épanouit mieux dans une salle fermée. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous attendons donc le groupe mené par Dave Gahan dans “l’écrin” de Bercy, là où le groupe a eu le plaisir de jouer de nombreuses fois et où l’aspect presque métallique de sa new wave peut au mieux résonner.

Ce soir Depeche Mode vient nous rassembler autour du Memento Mori Tour, teinté de la disparition d’Andrew Fletcher, entamé il y a environ un an.

La setlist est globalement la même que celle du Stade De France mais l’ambiance est radicalement différente. Les hostilités démarrent à 20h45 tapantes, dans la pénombre et l’appréhension de la salle pleine à craquer. L’entrée dans la pénombre du groupe se fait sur “My Cosmos Is Mind”, morceau finalement assez mou, mais qui permet une entrée en douceur et avec une scénographie particulièrement soignée du groupe.

Leurs silhouettes sont découpées dans la pénombre avec un immense M en tant que fond de scène (agrémenté d’un écran et de deux autres petits écrans de chaque côté de la scène). Les coups de pinceaux, faisant lien avec les différentes paroles de “My Cosmos Is Mind”, remplissent le M majestueux au fur et à mesure du titre.

On est loin de l’entrée en fanfare de la fameuse tournée américaine de 1988 à Pasadena, mais les années ont passé… “Wagging Tongue” ou encore l’enchaînement “It’s No Good” / “Policy Of Truth” entament un léger éveil du public. Quel dommage pour l’assistance presque endormie de passer à côté de “Policy Of Truth”, morceau immanquable de Violator (1990) et superbement interprété en cette soirée !

I Feel You…

Néanmoins l’ambiance de Pasadena ne manque pas de revenir et de réveiller les plus fans du groupe lors du mythique “Everything Counts”. Pur produit des années 1980 avec ses claviers électroniques et son chant scandé, il réveille enfin l’auditoire qui semblait endormi depuis le début du set. Enfin ! La fosse remue, danse et semble répondre aux sollicitations du groupe. Et par sollicitations, on sous-entend les pas de danse rock façon Elvis de Gahan, ou ses mouvements de pantin désarticulé. Tour à tour séducteur avec des déhanchés suggestifs, ou danseur presque étoile, Gahan ne fait pas mentir sa réputation de showman entretenue depuis plus de quarante ans. Son charisme écrasant laisse peu de place à Gore ou aux autres musiciens.

“Precious” achève de réveiller une salle qui semblait presque en attente. Mais ce sera la beauté et l’émotion du passage dédié au chant de Martin Gore qui achèvera de nous briser le cœur : “Strangelove” et “Somebody” en acoustique, deux magnifiques morceaux qui feront presque s’arrêter le temps durant quelques minutes. Comme un moment d’émotion suspendu dans le temps.

“Ghosts Again”, illustré par un clip du fidèle Anton Corbijn, nous présente pour la première fois un duo vieillissant, ou tout moins marqué par le temps, dans un clip inspiré de Bergman et son film Le Septième Sceau que les plus cinéphiles auront reconnu. C’est l’occasion de mettre en avant les différents clips ou animations mis en avant pendant le concert, trop peu nombreux à notre goût. C’est dommage de ne pas avoir plus exploité l’immense écran derrière la scène plus que pour quelques clips et animations… Quel plaisir cela aurait été de revoir les clips de Corbijn ou de belles illustrations !

Trêve de plaisanterie : on revient aux bases du rock avec un “I Feel You” sexuel et grossier, mais après tout est-ce que ce n’est pas le principe de ce titre ? Être un morceau résonnant sur l’aspect charnel ? Les déhanchés suggestifs et les frottements de Gahan au pied de micro semblent en tout cas souligner la signification sexuelle et sensorielle du titre. Même si le morceau peut sembler vulgaire aux plus puritains, c’est un titre efficace et fédérateur en live avec sa rythmique chaloupée et sensuelle. On se surprend à avoir envie que Dave Gahan nous guide vers Babylon comme il le dit lui-même… Et sur les dix titres suivants, nous sommes prêts à suivre le groupe, jusqu’au bout du monde s’il le fallait !

…This is the dawning of our love

Un petit temps de calme et d’émotion avec “Behind The Wheel” nous permet de rassembler nos esprits et de rendre hommage à Andrew Fletcher, disparu bien trop tôt. La beauté du clip d’Anton Corbijn est bouleversante et nous tire les larmes. Mais point de nostalgie superflue avec Depeche Mode qui s’empresse d’enchaîner avec “John The Revelator” et nous rapproche donc à grands pas du rappel… Et donc de “Enjoy The Silence” qui achève de faire danser la totalité de Bercy. Comment ne pas penser aux spectateurs entr’aperçus comme Gahan dans le clip “Enjoy The Silence” lors de ce morceau ? Toute la profondeur mystique, la puissance, l’inéluctabilité de ce titre nous transperce pendant les six minutes et douze secondes du morceau original. Foudroyant.

Puis arrivent les quelques minutes d’obscurité avant le rappel tant attendu avec “Condemnation” en acoustique, suivi des habituels mais néanmoins efficaces “Just Can’t Get Enough” (même si les années commencent à se sentir sur ce morceau, la faute à une orchestration datée en 2024), “Never Let Me Down Again” toujours aussi terrassant, et un “Personal Jesus” qui, s’il est toujours attendu, est toujours efficace.


Même sans prise de risque, Depeche Mode a semblé prendre en cette première soirée autant de plaisir que les vingt mille personnes qui ont rempli Bercy à ras bord. Sans lasser ni être ennuyeux, la formation de Basildon nous garantit un divertissement tout en lascivité et rock ultra efficace, d’autant plus à l’aise dans une configuration permettant à la virtuosité de Gore et Gahan de s’exprimer, bien plus à l’aise et permettant à leur musique électronique de mieux s’exprimer dans une enceinte fermée.

Depeche Mode Setlist Accor Arena, Paris, France 2024, Memento Mori

6 commentaires

  1. Vu le prix des places (rien à moins de 80€, et plutôt 135€ pour être assis) on aurait pu imaginer une scénographie plus imaginative. Le M géant avec quelques projections fait pale figure et l’avancée de scène est à peine utilisée. Ça fait minimum syndical pour une tournée de cette ampleur. Et cheap par rapport à la scène centrale et aux projections tournantes d’Arcade Fire dans la même salle en 2018.
    En revanche excellent son, ce qui n’a pas toujours été le point fort de Bercy.

    1. Première fois que je les voyais.
      Pour moi ça n’a été qu’un pur bonheur d’écouter et voir ces musiciens tout donner sur scène. Rien à faire du décors, je n’ai meme pas regardé! Dur de redescendre après ces concerts!
      Le mardi était un cran au-desus je trouve. Eh oui, quitte à les voir pour la premiere fois, j’ai vu les deux dates!

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Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.