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DEATH CAB FOR CUTIE @ Salle Pleyel (16/03/23)

Retour pour le trop rare groupe de rock progressif américain. Manque de chance pour Death Cab For Cutie : c’est aussi la soirée qu’auront choisi les manifestants contre la loi retraite pour protester, entrainant la fermeture de nombreuses stations de métro et pénalisant le public qui se sera déplacé timidement à Salle Pleyel.

Peut être que la manifestation n’est pas liée, mais nos verrons malgré tout, tout au long de la soirée, des personnes arrivant en retard ou partant avant la fin du concert. Il n’empêche que les rangs assis du parterre sont quelque peu clairsemé, et que la fosse n’est pas compacte ce soir.

Slow Pulp

Étrange impression avec SLOW PULP, que celle de voir littéralement Death Cab For Cutie au féminin. La voix d’Emily Massey est tout en souffle et soupir, et rappelle dans ces moments les plus délicats celle de Ben Gibbard.

C’est sous des applaudissements nourris que va se dérouler, comme un long rêve, le set des originaires du Wisconsin. Avec le côté rêveur du rock progressif et la guitare incisive indie, Slow Pulp nous emmène dans son univers très doux. Son mélange luxuriant de shoegaze, de rock lo-fi et de sons folk a permis à la formation d’ouvrir pour Phoebe Bridgers. La chanteuse ne manque pas de nous dire son plaisir d’ouvrir pour Death Cab For Cutie et de jouer pour la première fois à Paris. Une déclaration chaleureusement saluée par l’audience.

Le point culminant du set de trente minutes était une version heavy de leur plus gros titre avec “High”. L’intro mettant en vedette Massey seule sous les projecteurs chantant et grattant doucement la guitare, est d’une beauté troublante. Tout en atmosphère éthérée et pop rock, nous tombons sous le charme tout au long du set lumineux de Slow Pulp. Et vu les applaudissements nourris qui retentissent dès le dernier titre, nous ne sommes pas les seuls à être tombés sous le charme des natifs du Wisconsin.

Death Cab For Cutie

Point de backdrop ou de décoration pompeuse. Nada. Juste des lumières, rien d’autre pour mettre en avant DEATH CAB FOR CUTIE ce soir. Cette scénographie plus que dépouillée est à l’image de ce groupe. La musique est le plus important pour eux, le reste est secondaire. Il n’y a qu’à voir Ben Gibbard et son simple T-shirt à rayures (qu’il précise porter pour rendre hommage à la France) et le reste de la formation pour se sentir comme à la maison. Avec leur attitude presque nonchalante, en tout cas chaleureuse et détendue, on a l’impression de débarquer en plein milieu d’un bœuf musical entre copains. Beaucoup de regards sont échangés, des jeux entre les musiciens nous arrachent quelques sourires.

Les lumières seront par contre sublimes et mettront bien en avant chacun des musiciens et imprégnant d’une ambiance spécifique chacun des morceaux.

Le dernier album Asphalt Meadows est particulièrement bien représenté ce soir, même si les fans dans la salle semblent moins réceptifs à ces nouveaux titres. C’est cependant une setlist complète et de près de vingt-trois morceaux que va dérouler Death Cab For Cutie ce soir.

Ben Gibbard semble possédé par sa propre musique et complètement immergé dans les paroles. Le temps est ralenti durant ces une heure cinquante : émouvant, prenant, chacun des titres mélancolique nous touche en plein cœur.

Sad Music

Comme indiqué sur les T-shirts vendus au merchandising, “Sad Music” peut être le résumé de la soirée et de la carrière du groupe. Sa force réside dans le fait de la rendre universelle, comme ce moment particulièrement doux amer et fort sur l’interprétation de “I Will Possess Your Heart” interprété au clavier par Ben Gibbard, ou la douleur lancinante de “I Will Follow You Into The Dark”, particulièrement sombre. Même si la plupart des titres sont particulièrement tristes (emo forever), point de larmes dans la salle mais de grands sourires émus et humides. Le public de trentenaires et plus se laisse doucement aller à la mélancolie et à la douceur de la musique indie rock ce soir. L’agitation sera minime, quelques bras remuent mais sinon, on a plus l’impression de voir une vague douce et lente. Dans l’écrin de la Salle Pleyel et son atmosphère feutrée, le son progressif et emo prend toute son ampleur.

Notons la précision du son de la soirée : impeccable, parfaitement réglé, c’est un plaisir que d’entendre “Your Heart Is An Empty Room” ou “The Sound Of Settling” dans de si bonnes conditions. Avec “Roman Candles”, le chant proche du micro et son effet presque dramatique et fantomatique est saisissant et résonne jusqu’au fond de la salle. Les frissons.

Les Américains semblent plus jeunes que jamais, recréant parfaitement des chansons qui pour certaines ont plus de vingt ans. La vigueur de Ben Gibbard est folle, et peu de temps est laissé vide entre chaque titre. Quelques paroles, quelques blagues. Chaque instant “mort” est l’occasion pour la bande de renouer avec son public.

Malgré tout, il est l’heure du rappel et les Américains ont judicieusement choisi “Codes And Keys”, “Pepper”, “Soul Meets Body” et “Transatlanticism” pour clôturer une soirée presque irréelle. Il nous tarde de revoir le groupe emo, et nul doute que les très jeunes spectateurs croisés en sortant de la salle, entameront le même chemin que nous il y a près de vingt ans. Emo un jour, emo toujours !

Death Cab for Cutie Setlist Salle Pleyel, Paris, France 2023, Asphalt Meadows Tour
Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.