Reports

D-A-D @ Divan Du Monde (29/03/13)

Après un passage au Hellfest et à l’Empreinte (77) l‘année dernière, les danois sont de retour en France pour quatre dates. Et cette fois, ils viennent défendre les couleurs du bien nommé “Dic.Nii.Lan.Daft.Erd.Ark” (2011) dans notre capitale.

Il est 19h30 dans la salle délicatement kitsch de Pigalle lorsque BLOODY MARY entre en scène. Avec un son très actuel, le power trio originaire de Nancy balance son rock metal mâtiné d’un peu de punk avec toute l’énergie possible. L’auditoire, dont la moyenne d’âge est étonnamment assez élevée (50+), réagit avec bienveillance à cette demi-heure de set comprenant “la” reprise des Beasties Boys “(You Gotta) Fight for Your Right (To Party!)”.

 


Petit à petit, le public se densifie, mais curieusement, avec encore assez peu de metalleux total look. Quand, à 20h45, retentit une musique héroïque de western, la salle est pleine à craquer. Sur le fond, s’étale un backdrop orné d’un écusson D-A-D avec couronne royale et crâne de buffle montés sur une croix comme sur la pochette de leur dernier album en date; à côté trônent les amplis à lampe Blackstar du guitariste. Les quatre membres de D-A-D investissent la scène, et malgré leurs physiques plutôt avantageux, pas de blondes au premier rang. Il y en a pourtant pour tous les goûts : avec son haut de forme, le guitariste Jacob Binzer a un look de fossoyeur émacié, tandis qu’à la basse, Stigge Pederson ressemble à un viking blond et bronzé, bardé de cuir de surcroit. Le chanteur Jesper Binzer, en veste et gilet, entame les hostilités avec une litanie personnalisée : “aujourd’hui magie Paris vendredi” avant d’envoyer leur sauvage “Isn’t That Wild”. Ils sont tous en forme athlétique, mais Stig Pedersen attire particulièrement les regards. Le colosse porte une basse transparente à néons au son lourd à souhait et maintenue par une énorme sangle sur laquelle est inscrit “NO HERO”. La voix de Jesper est un peu éraillée tandis que la Gibson de son frère ronronne comme le moteur d’une machine, d’un son rond vibrant et chaud. De temps en temps, le chanteur prend sa Flying V en renfort et l’accompagne, comme sur “Everything Glows” enchainée avec le vintage mais fringant “Rim Of Hell”. Il s’exprime beaucoup ente les titres dans un français à la fois drôle et pathétique : “Je suis vieux-vieux, plus énergie ! Oui ?” ou bien “vendredi… Pas école ! Pas travail !” ou encore, dans un autre genre : “Un extraordinaire poublic, une bonne nuite très très magique !”. Dans la fosse, les fans sont attentifs et plutôt sages; ils reprennent les refrains en chœurs ou tapent dans les mains en rythme. Jesper introduit son frère “magic fingers” qui s’avance et entame les arpèges de “Grow Or Pray”, puis ils calment le jeu avec les doux accords de “Unowned”. Pour repartir avec “Riding With Sue” démarré sur les chapeaux de roue par Stig, en duo avec le frontman. Et il fait le show : il roule les “r”, danse, imite une sirène, et grimpe régulièrement sur la grosse caisse de Laust Sonne, le batteur. Voilà que le blagueur Jesper fait scander au public “we want what Laust’s got!” pendant que Laust fait rouler la partie rythmique de “I Want What She’s Got” avec l’exubérant Stig. Le gaillard est un sacré personnage et il nous fait un défilé haute couture de basses extraordinaires. Chacun de ses instruments est une vraie pièce de créateur : basse à néon, à feux clignotants, en forme de crâne de buffle avec des yeux qui s’allument, aux proportions inversées avec les cordes sur les mécaniques… Barrant son épaule musculeuse, cloutées ou à inscriptions, les sangles grand format font aussi l’objet d’un soin particulier. Mais voilà qu’il nous dévoile une pièce maitresse de sa collection, sans doute sa plus belle carte : une basse énorme en forme de fusée blanche. “woooooo”, les réactions ne se font pas attendre, à sa vue des amateurs laissent échapper un cri d’admiration. Première sortie de scène à 22h, mais rapide retour du groupe…et des rimes en “i” de Jesper : “I’m sorry but I have to do this : aujourd’hui Paris vendredi…etc”. Et ils attaquent avec une version de dix minutes de l’épique “Sleeping My Day Away”. Nouvelle pause et nouveau rappel, où seuls le chanteur et le guitariste réapparaissent armés de deux guitares électo-acoustiques pour “Laugh And A Half” et son solo hispanisant. Retour au complet et totalement électriques avec “It’s After Dark”, où une nouvelle fois, c’est l’inénarrable Stig qui démarre au chant sur le son ondulant de la Gibson de Jacob. Ils feront durer le final jusqu’à extinction des derniers coups de baguettes et cordes vrombissantes. Le guitariste et le batteur s’attardent et tapent dans des mains tendues; il est 22h25. Mais après cinq minutes de cris pour rappeler le groupe, les voilà de retour, totalement débraillés, avec un dernier boggie pour terminer cette bonne soirée.

 


Un excellent concert pour un groupe trop rare à Paris. Le hard rock mélodique, et un brin épique, des D-A-D allié à leur sens du spectacle ont rempli leur mission en enthousiasmant le public venu nombreux au Divan Du Monde.

Setlist :

Isn’t That Wild
Jihad
Point Of View
Everything Glows
Rim Of Hell
A New Age Moving In
Riding With Sue
Unowned
Evil Twin
I Want What She’s Got
Last Time In Neverland
Bad Craziness
Monster Philosophy
Grow Or Pay
—-
Sleeping My Day Away
Laugh ‘N’ A ½
It’s After Dark
—-
Marlboro Man

Crédit photos : Virginie Schmidt