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BRYAN FERRY @ Palais Des Sports (21/11/14)

A l’occasion de la sortie de son nouveau disque “Avonmore”, le dandy du rock britannique est de retour à Paris au Palais des Sports. Un concert chic, où le toujours fringant Bryan Ferry, fort de quarante ans de carrière, revisite sa riche discographie et fait la belle part à Roxy Music.

Installés dans des fauteuils bleus, la grande salle se remplit petit à petit de quadras et de quinquas; le prix des places plutôt élevés expliquant peut être l’absence presque totale de plus jeunes. La chaleur est étouffante, mais des écrans diffusent des spots pour des sodas glacés.

Il est tout juste 20h lorsque JULIETTE ARMANET fait son apparition. En robe verte de concertiste, la jeune femme se met au piano et plaisante sur la chaleur tropicale. Perdue au centre d’une scène trop grande, elle interprète des chansons d’amour françaises à gouaille, de sa voix oscillant entre celle d’une chanteuse québécoise et celle, haut perchée, de Mylène Farmer. A peine vingt cinq minutes plus tard, elle sort en nous souhaitant  une “bonne soirée avec Bwayan”.

 

 

21h, devant le simple drap noir en fond, entre l’orchestre de BRYAN FERRY : huit musiciens en tout dont deux choristes noires, une batteuse, et une jolie fille en combi pantalon au saxophone. Bryan, en veste à motifs cachemire et nœud papillon négligemment défait, se met au clavier. L’ambiance est posée, ils démarrent par “Re-Make/Re-Model” de Roxy Music, puis l’éternel gentleman vient devant au micro pour “Kiss And Tell” et surtout son tube “Slave To Love”. Malgré les rythmes aussi langoureux qu’irrésistibles, personne ne bouge sur son siège, tout juste si le public tape des mains sur “If The Is Something”. Retour de Bryan au clavier, en haut à droite et assez peu éclairé, comme ce sera le cas pour la plupart des titres de Roxy Music, tandis que le jeune guitariste à chapeau et T-shirt punk s’avance pour le solo de “Ladytron”. Les lights sont violettes, les musiciens élégants, les choristes dansent de façon synchronisée. Parfois, une boite à rythmes s’ajoute au groupe live, comme sur “Loop De Li” (extrait du nouveau disque du monsieur). Derrière son pied de micro, un genou plié et la main sur la cuisse, Bryan appuie sa voix de crooner de légers mouvements de bassin. Il sort de scène pour l’instrumental “Tara”, laissant derrière lui une structure minimale : clavier et guitare électro acoustique accompagnent la charmante Jorja Chalmers, qui troque pour l’occasion son saxo pour un hautbois. Retour du groupe au complet : les choristes arborent désormais une tenue frangée de patineuse artistique, et Mister Ferry, qui s’est changé lui aussi, est en costume bleu gris sur chemise noire. S’ensuit une reprise aux accents country, “Don’t Think Twice, It’s All Right” de Bob Dylan; Bryan Ferry l’interprète au clavier d’une voix qu’on découvre vibrante et cassée. La voix de velours se fissure, se révèle d’une inhabituelle fragilité. Il enchaine avec un “More Than This” minimal, et l’assemblée, qui reconnaît le morceau, applaudit après les premières mesures. Puis l’autre grand tube du célèbre album de 1982, le morceau éponyme “Avalon”, démarré au clavier puis debout au micro au milieu. Mister Ferry présente sa formation, et enfin, l’auditoire se lève de son siège et descend vers la scène. Un peu d’harmonica sur le rythmé “Let’s Stick Together” de Wilbert Harrison, et Bryan sort de scène, souriant. Il est 22h15, retour du groupe pour une version crooner du “Jealous Guy” de Lennon. Sortie sobre et rapide après encore un titre, et une heure vingt cinq de spectacle. Dehors, une cinquantaine de quinquas attendent Bryan Ferry à la sortie des artistes; toujours parfait et raffiné, il fera un signe avant que sa berline à vitres teintées ne s’engouffre dans le trafic.

 

 

A soixante-neuf ans, l’allure de Bryan Ferry a à peine changée, et sa musique reste éclatante et chaloupée. L’aristo de la pop a offert un show sophistiqué, suave et plein de panache.

Setlist :

Re-Make/Re-Model
Kiss And Tell
Slave To Love
Ladytron
If There Is Something
Driving Me Wild
Stronger Through The Years
Loop De Li
Reason Or Rhyme
Tara
Take A Chance With Me
Don’t Think Twice, It’s All Right
More Than This
Avalon
Casanova
Love Is The Drug
Let’s Stick Together
Jealous Guy
Virginia Plain