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BILLY TALENT @ Bataclan (07/05/13)

Après une date annulée le 31 janvier dernier en raison du décès d’un proche du groupe, les canadiens de Billy Talent ont fait amende honorable envers leurs fans français en planifiant un nouveau concert ce mardi 7 mai. Hormis sa venue à Rock En Seine l’été dernier, le quatuor punk rock s’est fait plutôt rare dans l’Hexagone ces dernières années. Rien de surprenant donc à ce que le public ait répondu massivement présent à l’évènement.

Ce sont les irlandais de WOUNDS qui ouvrent la soirée à 19h pile avec leur punk rock intense et corrosif. Déchainés dès les premières secondes, les quatre acolytes sautent les présentations pour tout de suite rentrer dans le vif du sujet, devant une foule qui commence seulement à se rassembler devant la scène. Cheveux ébouriffés et barbe de plusieurs semaines au visage, le chanteur Aidan Coogan incarne à lui seul ce côté sauvage, brut de décoffrage que possède le son du quartette et qui se marie parfaitement avec sa voix écorchée. Et lorsqu’il s’adresse au public, c’est d’abord pour lui demander comment traduire “fuck off” en français, afin de l’adresser ensuite à chacun des membres de la formation, sans oublier l’audience. On l’aura compris, l’ambiance est autant dans la provocation que l’humour bon enfant, et le public se montre plutôt réceptif à la performance détonante du groupe, bien que les tentatives du leader de lancer un circle pit rencontrent un succès un peu mitigé. Sans doute est-il encore un peu tôt dans la soirée. Mais cela n’empêche pas la foule de crier et d’agiter le poing en rythme tout au long des six titres que nous offriront ce soir les Wounds, ne nous laissant de répit que le temps d’un morceau plus calme à mi-parcours. Et, après avoir remercié l’assemblée et salué les autres groupes de ce soir, c’est avec le brutal “Dead Dead Fucking Dead” que la bande nous fait ses adieux après une demi-heure de jeu, le frontman en profitant au passage pour s’offrir un petit crowdsurf de dernière minute.

 


Un petit quart d’heure plus tard, c’est au tour des DONOTS de faire leur entrée, armés d’un son punk rock plus accessible que celui de leurs prédécesseurs, aux refrains entêtants. Il ne faut pas longtemps aux cinq complices tout droit venus d’Allemagne pour faire s’agiter les rangs, tandis qu’eux-mêmes font de la scène leur terrain de jeu. Il faut vraiment voir le frontman Ingo Knollman sauter dans tous les sens en tentant le grand écart, ou bien son guitariste de frère Guido venir jouer les guitar heroes au centre de la scène pour se faire une idée de l’ambiance joyeusement explosive que la formation réussit à installer. Ces deux là se relaient au chant devant une audience boostée par l’énergie débordante du groupe, reprenant en chœur les “ohoh” et s’agitant avec plaisir au gré des sollicitations d’Ingo. En revanche, côté moshpit, ce n’est toujours pas vraiment ça, mais peu importe pour les Donots, qui enchaîneront ce soir près d’une dizaine de morceaux tous plus punchy les uns que les autres, parmi lesquels viendra en dernier une reprise du classique “We’re Not Gonna Take It” des Twisted Sister, sur laquelle le leader se permettra lui-aussi une plongée dans le public. Il est 20h25 lorsque le quintette allemand nous abandonne après des remerciements, laissant derrière lui un public désormais suffisamment chaud pour accueillir les héros de ce soir.

 


21h, les lumières s’éteignent à nouveau, cette fois pour signaler l’entrée en scène des tant attendus BILLY TALENT. La pression monte tandis que “Testify” de Rage Against The Machine émerge des enceintes, chacun se demandant à quel moment le quatuor va apparaître. Finalement, c’est sur l’introductif “Lonely Road To Absolution” que les natifs de l’Ontario déboulent, prêts à en découdre face à une assemblée déjà survoltée. Venus promouvoir leur dernier album “Dead Silence“, la part belle est naturellement faite aux morceaux de cet opus, au nombre de sept dans la setlist, mais chaque album est suffisamment bien représenté pour ne frustrer personne. Et c’est avec le single “Viking Death March” que la bande à Ben Kowalewicz déclenche les hostilités, se mettant immédiatement dans l’humeur du morceau en propulsant dans la salle ce qu’il faut de rage et d’énergie pour emporter tout le public avec elle. Les titres s’enchaînent à un rythme fulgurant, sans que l’on sente une once de relâchement de la part du groupe ou bien dans la salle. Le leader de la formation ne prend la parole qu’à l’occasion, remerciant le public d’être toujours là alors que le groupe s’apprête à fêter ses vingt ans ensemble, et s’excusant de l’annulation de janvier. Il ne manque pas également de mentionner brièvement leur passage récent à Rock En Seine et de saluer les autres groupes de la soirée. Mais l’essentiel de la communication du groupe se fait à travers son attitude scénique : tous s’agitent avec la même passion qu’au premier jour, et le frontman s’assure du bien-être du public en arrosant régulièrement d’eau les premiers rangs pour éviter tout malaise. Il faut dire que du début à la fin, l’assemblée est pratiquement en transe, reprenant avec ferveur les paroles de chaque morceau, depuis les anciens “The Ex” ou “This Is How It Goes” jusqu’aux derniers “Love Was Still Around”, “Stand Up And Run” et “Runnin’ Across The Tracks”. Bien que complètement déchainé lui-aussi, Ben Kowalewicz livre une performance vocale de haute volée, toujours impeccablement soutenue par son complice Ian D’Sa (guitare). Alors que “Try Honesty” marque la fin de la première partie du set, la bande est acclamée d’une seule et même voix, incitant Ben & Co. à revenir pour quelques titres de plus. C’est ce que font les quatre complices, qui ont gardé sous la main quelques-uns de leurs plus grands tubes pour le rappel : “Devil On My Shoulder”, “Fallen Leaves”, le déjà culte “Surprise Surprise”, et bien sûr l’immanquable “Red Flag”, qui vient clôturer pour de bon l’excellente performance des canadiens à 22h20.

 


C’est pantelante mais complètement ravie que l’on retrouve l’audience à l’issue du concert du quatuor canadien, une image assez parlante de l’intensité du spectacle que la formation nous a offert ce soir. Un seul petit regret, celui de ne pas avoir entendu le titre “Dead Silence”, pourtant l’un des plus épiques du dernier opus. La prochaine fois peut-être ?

Setlist :

Lonely Road To Absolution
Viking Death March
Devil In A Midnight Mass
The Ex
This Suffering
Love Was Still Around
Stand Up And Run
Rusted From The Rain
Saint Veronika
Surrender
Runnin’ Across The Tracks
Diamond On A Landmine
Man Alive!
This Is How It Goes
Try Honesty
—-
Devil On My Shoulder
Fallen Leaves
Surprise Surprise
Red Flag

Crédit photos : Virginie Schmidt