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BATTLES @ La Cigale (25/03/16)

Six mois après sa venue au Pitchfork Festival coïncidant avec la sortie du troisième album, “La Di Da Di”, Battles nous fait l’honneur de revenir pour un concert en tête d’affiche dans la capitale.

Mais c’est d’abord la musique électronique et psychédélique de l’Américaine KAITLYN AURELIA SMITH qui ouvre le bal face à un public encore un peu absent. L’artiste, dont le matériel est disposé sur une grande table, joue des mains et tourne des boutons dans tous les sens pour défendre “Euclid”, album dont le titre fait référence à la géométrie euclidienne. Pourtant, rien de mathématique ici puisque la jeune femme nous livre un set dont les ondes sonores sont vaporeuses et lentes, presque hypnotiques. Malgré quelques montées qui permettent d’insuffler un peu de relief à l’ensemble, le set de Kaitlyn Aurelia Smith sera plutôt soporifique, le côté statique de l’artiste n’aidant évidemment pas.

 

 

A 20h tapante, ce sont les Rennais de TOTORRO qui investissent la scène dans un tout autre style. Déjà remarqué aux Vieilles Charrues en 2014 puis l’an dernier en première partie des Anglais de Maybeshewill, leur musique déjanté et enthousiaste est une fois de plus très bien accueillie par une fosse beaucoup plus compacte, dont une partie est déjà largement familiarisée avec la musique du groupe, sorte de math rock à “géométrie variable”. Les hits en puissance du deuxième opus “Home Alone” s’enchainent à une vitesse déconcertante, de “Chevalier Bultoe” en passant par la faussement délicate “Festivalbini” à la mythique “Tonton Alain Michel”. Les riffs syncopés et la présence du combo écrasent littéralement La Cigale qui ne peut s’empêcher de cacher son excitation. Les accalmies au milieu de certains morceaux permettent de récupérer, jusqu’à atteindre le climax, souvent assez généreux. Quel régal de voir les rythmes décousus s’enchainer avec une simplicité et un enthousiasme rare. Totorro ne cesse de grandir, son public avec et son ascension fait tout simplement plaisir à voir !

 

 

Un des membres de BATTLES arrive sur scène à 21h devant une salle comble, malgré les balcons fermés ce soir. S’en suit une intro hypnotique de huit minutes, lors de laquelle les deux autres membres du groupe rejoignent la scène. Guitariste/claviériste à gauche, batteur au milieu et guitariste/bassiste à droite, c’est dans cette configuration que le combo revisite son dernier album en date, “La Di Da Di”. L’assemblée est très sensible au rock expérimental mélangé aux influences IDM. Le math rock n’est évidemment pas en reste puisque le guitariste/claviériste Ian Williams fut un pionnier du style avec son ancienne formation, Don Caballero. Vous l’aurez compris, les Américains brassent des styles différents qui ont néanmoins pour point commun d’être ultra énergique et ultra syncopé. Autant le dire tout de suite : les néophytes de ces genres de musique vont vite battre en retraite. A l’inverse, ceux qui ont réussi à s’éprendre pour ces styles vont passer un (très) bon moment.

 

 

Mais ce qui impressionne ce soir, ce n’est pas tant la musique du groupe qui arrive, certes, à transformer La Cigale en un véritable night club où tout le monde se lance dans une danse effrénée, c’est aussi, et avant tout, la virtuosité de chaque musicien. En effet, les deux guitaristes échangent leur guitare contre une basse ou un clavier de façon déconcertante, et la plupart des yeux sont rivés sur John Stanier, batteur connu pour son jeu rapide, précis et surtout très endurant ! Sur des morceaux comme “FF Bada” ou encore “IPT2”, on comprend que la musique de Battles prend une toute autre dimension en live, éminemment plus physique, comme si les musiciens, par leur prestance, contaminait l’auditoire qui ne peut s’empêcher de rentrer dans une transe impressionnante. Le trio new-yorkais n’hésite pas à prendre la parole en milieu de set pour nous faire part son amour envers Paris et de son soutien, faisant référence aux attentats de novembre dernier. Ce soir, Battles livre une véritable bataille sonore dans laquelle il pioche des chansons de toute sa discographie, y compris les anciens EPs avec “B + T”, dont les sonorités électroniques et métalliques ont plus de dix ans. Après plus d’une heure de jeu, le trio nous quitte sur “The Yabba” qui, si elle ouvre le dernier album, vient ici clore un spectacle coloré, envoûtant et se rapprochant davantage d’une grande célébration, d’une ode à la fête.

 

 

Pari réussi. 

Setlist :

Dot Net
Ice Cream
FF Bada
Futura
HI/LO
Atlas
Summer Simmer
—-
B + T
The Yabba