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BASEMENT @ La Mécanique Ondulatoire (02/03/16)

Deux albums marquants et un hiatus plus tard, Basement reprend l’histoire là où il l’avait laissé en faisant la surprenante annonce de son retour en 2014, pour la plus grande joie des fans. S’en suit un nouvel EP, “Further Sky” (2014), une poignée de dates aux quatre coins du globe, puis très récemment un troisième album, intitulé “Promise Everything” (2016), explorant une dimension plus mélodique, néanmoins toute aussi belle et magique que les précédents efforts. Amis de longue date, Basement et Tigers Jaw embarquaient il y a quelques semaines pour une tournée en UK/EU : aventure qui se finit ce soir, à Paris, dans une Mécanique Ondulatoire affichant complet.

21h. La soirée commence enfin lorsque TIGERS JAW se saisissent de leurs instruments, débutant les hostilités sur “Hum”, tirée de “Charmer” (2014), dernier effort en date. Devant une salle déjà presque comble, le duo Ben Walsh (chant/guitare)/Brianna Collins (chant/clavier), accompagné de ses musiciens live, livre une prestation énergique provoquant une réaction enthousiaste de la part d’un public mêlant connaisseurs et novices. Les chansons, véritables émotions turbulentes mises sur papier puis ranimées par des riffs mélodiques et harmonies vocales, trouvent leur écho dans l’enceinte d’une salle attentive et ravie. Après un set d’une quarantaine de minutes composé de titres tels que “Arms Across America”, “Nervous Kids”, “I Saw Water” ou encore “Plane vs. Tank vs. Submarine”, la formation quitte la scène, sous les applaudissements chaleureux de l’audience parisienne.

22h. La Mécanique est remplie, déjà presque suffocante comme à son habitude – ayant au moins pour avantage la proximité. BASEMENT grimpe enfin sur scène devant un auditoire trépignant d’impatience : le set débute avec “Brother’s Keeper”, pépite mélodique du dernier essai portée par la voix tantôt claire, tantôt éraillée du frontman Andrew Fisher, dont les paroles cathartiques ont, depuis le succès de la formation, repeint les murs de bons nombres de blogs Tumblr (oui, avouez, c’est aussi grâce à ça qu’on les a connu !). La bande de Ipswich enchaîne rapidement avec “Crickets Throw Their Voices”, reprise comme un seul homme, mais, la liberté de mouvements de la foule étant limitée par la petitesse de la salle, l’ambiance n’atteint cependant pas encore les sommets escomptés. L’ultra réceptivité de l’assemblée la mènera cependant à se faire une place coûte que coûte : s’il est techniquement difficile de s’atteler à d’incessants stagedives, caractéristique des concerts-type de Basement, la première moitié de l’audience bougera activement (on assistera à deux ou trois slams pour les plus braves), tandis que la seconde se contentera, peut-être par la force des choses, d’écouter, chanter et remuer la tête, à défaut d’y voir quelque chose.

Si l’ambiance ne peut être aussi explosive que souhaitée, la prestation du groupe n’y est cependant pour rien : il s’applique, s’investit, et, par conséquent, délivre une performance de qualité, puissante, passionnée, sincère. La setlist, mix équilibré des trois albums, trouvera écho dans l’enceinte d’une Méca de plus en plus transpirante et galvanisée, reprenant aussi bien les classiques (“Bad Apple”, “Spoiled”, “Whole”, “Fading”) que les petites nouvelles (“Aquasun”, “Oversized”, “Hanging Around”), toutes aussi efficaces et éloquentes que leurs cousines des précédents disques. “We have a new album called “Promise Everything”, and this song is called “Promise Everything””, poursuit Fisher avant d’entonner les notes de ce premier single éponyme. Mais voici déjà le moment fatidique de la dernière chanson, et pas des moindres : la fameuse “Covet”, littéralement hurlée par le parterre de fans profitant de ces derniers instants pour se déchaîner. Un rappel (“Yoke”) puis le combo tant attendu s’en va, laissant derrière lui un public souhaitant déjà retourner en arrière.

Set intense mais sans surprise, tant l’on connait la réputation de Basement. Si la prestation fut maîtrisée, force est de constater qu’un goût amer vient cependant teinter la soirée : on aurait souhaité qu’une date aussi attendue soit grandiose, mais il fut presque impossible de bouger d’un orteil dans une salle trop vite bondée pour ce genre de groupe, limitant toute spontanéité de la part du public. Qu’importe, de cette soirée on ne retiendra pas la frustration, mais la satisfaction d’avoir enfin vu Basement, instantanément suivie par l’envie brûlante de les revoir incessamment sous peu.

Setlist :

Brother’s Keeper
Crickets Throw Their Voice
Bad Apple
Spoiled
Aquasun
Whole
For You The Moon
Fading
Earl Grey
Oversized
Hanging Around
Pine
Promise Everything
Covet
—-
Yoke