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ASAF AVIDAN @ Zénith (18/03/15)

Le 12 janvier 2015, Asaf Avidan a sorti son dernier album, “Gold Shadow“. A cet événement, ce diamant brut occupait la scène du Zénith le 18 mars dernier, deux semaines après un concert privé au Pavillon Daunou.

Avec comme première partie Liron Meshulam alias FLORA. Une musicienne remarquable, qui, pendant trente minutes, ouvrira le champs des puissances vocales et des voluptés instrumentales. Sur des rythmes électro/trip hop, elle dégage le ciel du Zénith avec des couleurs chaudes et psychédéliques. Plus qu’une première partie, c’est une expérience sur une planète organique. D’une simplicité déconcertante, elle manie ses transitions comme les plus douces caresses, elle apaise les âmes et nous libère du stress. D’un squat ou d’une cathédrale, ses notes raisonnent entre cauchemars et rêves, elle fait de ce début de nuit, une profonde découverte. Ses mélodies sont des trésors enfouis depuis bien longtemps, l’archéologue des partitions ouvre les sens du public pour le Maestro Avidan. Cette autodidacte défend sa partie de main de maître, cette reine de la musique électro-terrienne peut faire écho à Sharleen Spiteri (Texas) dans ses montées vocales. Un pur délice avant l’arrivée du génie.

21h sonne et Sir Avidan ne se permettra aucun retard. A peine avoir effleuré la scène côté jardin, ASAF AVIDAN et ses musiciens sont accueillis sous un tonnerre d’applaudissements. La voix du chanteur est encore au rendez-vous et entame la nuit avec “Over My Head”. Les cris du public retentissent, quand un problème technique arrête subitement le show. Le protagoniste prend cet incident avec énormément d’indulgence et fera du Zénith son temple. Deux minutes après, nous remontons à bord du train Asaf pour un roadtrip aux mille et une émotions, l’audience s’autorise quelques déhanchements mais garde ses yeux sur l’artiste. Lui et ses acolytes enchaînent avec “These Words You Want To Hear”, les ampoules d’une loge s’illuminent pour un premier souffle d’un cœur perdu. Son cœur nous est offert sur un plateau lorsque “Ode To My Thalamus” nous est susurré. Entre guitare et jeu de paumes, sa dextérité est renversante, cet oiseau céleste a pris son envol depuis un moment. Entre enfer et paradis, sachez que cet ange de miséricorde appartient aux deux côtés en nous suppliant la tentation. L’on pouvait prétendre, après le concert privé au Pavillon Daunou, que la scène du Zénith serait trop grande, erreur d’appréciation majeure car ces sox artistes accaparent les étoiles et absorbent l’espace sans artifice. Nous ne passerons pas au travers de “Different Pulses”, connue en long et en large, c’est à chaque fois une re-découverte grâce à ce pantin : mi-homme mi-joyau. Il déchire nos cœurs si mal élevés par son refrain, où les notes sortent enfin des plaies digérées. Si l’on a tenté de lui briser les ailes, il s’en est échappé pour voler encore plus haut et faire taire ses démons. Ses muscles détendent et nos corps obéissent aux rythmes du duo batterie/guitare avec “The Jail That Sets You Free”. Un silence d’église se fait perturber par ce dieu vivant. Quand il crache ce texte incisif et se dégingande, cela donne “Little Parcels Of An Endless Time”. L’heure des présentations de la troupe Avidan commence et parmi eux, on élucide le mystère de l’identité de la première partie. La musicienne à la voix envoûtante est également sa claviériste. Pas de secret, Asaf Avidan a su s’entourer de musiciens talentueux avec une grandeur d’âme, la magie se transforme en évidence. Nos pouls prêts à sombrer se stoppent, c’est alors que nos tripes lacérées se perdent dans “Labyrinth Song”. Ce titre dégage une intime connotation à Gustavo Santaolalla (compositeur de “21 Grams”.). Ce soir, Asaf Avidan oserait même s’excuser d’avoir une émotion si forte et fragile à la fois, “My Tunnels Are Long And Dark These Days” en est la preuve irréfutable. Ce qui l’emmène à se moquer des préjugés et contrarier l’opinion publique entre chant et théâtre. Ce maître caméléon de cabaret et avocat des cœurs saccagés, commence sa déclaration dans “Part Of This”, il nous met en garde contre ce poison, qui englue les chairs et c’est avec cynisme que le discours sera crié.

Sydney Pollack, grand cinéaste américain, affirmait qu’une scène pouvait se tourner une multitude de fois et que l’on reconnaissait le vrai talent lorsque l’acteur se laissait surprendre à chaque fois. Voilà ce que ce monstre du 7ème art aurait avouer en admirant l’ovni Avidan. Les critiques devront se taire et laisser la comparaison Janis Joplin sur le trottoir, car Asaf Avidan est un électron libre et unique, hors du commun.