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ARCHIVE @ La Seine Musicale (16/05/19)

Avec l’intention affichée d’en faire son ultime concert, Archive souffle ses vingt-cinq bougies lors d’un set magistral dans la magnifique salle de La Seine Musicale.

Archive n’est pas un groupe classique. Sa discographie le démontre. Cette soirée s’inscrit parfaitement dans la droite lignée de l’œuvre du collectif. Les billets de concert indiquaient pourtant un début de set à 20h. Mais c’est cinq minutes plus tôt, de manière détournée que le show commence. La musique de fond est soudainement coupée par un bruyant fond sonore synthétique saturé. Ce son persistera durant les cinq minutes suivantes, complété par de brefs samples vocaux. Les spectateurs attentifs peuvent observer l’apparition de points rouges apparaissaient en fond de scène, puis devant. Ce n’est que le début de l’expérience. Elle durera plus de 3h.

Le son persistant, la salle s’éteint, la scène s’embrume et s’éclaire de violet et de rouge. Puis “You Make Me Feel” inaugure brusquement le set annonçant très clairement la couleur : le son sera puissant, le lightshow magnifique et très précis. L’introduction est parfaite. Le morceau nous permet de découvrir l’intégralité du collectif sur scène. Les deux membres piliers se retrouvent face à face : l’expressif Darius Keeler à droite et le plus discret Danny Griffiths à droite. Les deux vocalistes Maria Q et Holly Martin sont vite relayées par Dave Pen sur un “Fuck U”. Morceau symbolique issu de l’ère Craig Walker et véritable hymne du groupe. On le savait, ce concert est une célébration, les “Londoniens” ne laissent aucun album de côté ce soir.

On a à peine le temps de profiter de l’outro de “Fuck U” que Steve “Smiley” Barnard bat les premières mesures de l’imparable “Pills”. Tandis que Maria Q réinvestit la scène, on découvre les premiers effets de lumières au travers des barres de leds placées un peu partout aléatoirement et s’éclairant tels des néons suivant le rythme pulsé du morceau.

Jusqu’alors voix secondaire, le chapeauté Pollard Berrier se place en milieu de scène, derrière deux pieds micro. L’un d’eux servira des parties vocales sous effets. A l’instar de “Pills”, et des morceaux suivants, “Bullets” enchainera sans laisser la moindre seconde au public de se remettre de ses émotions du morceau précédent.

Les fans du groupe le savent, Archive sur scène c’est de l’orfèvre, tout comme sur album. Et la prestation du soir ne déroge pas à la règle. Certes le son est par moment un poil mal mixé, surtout sur les parties vocales. Mais l’ensemble est dense et colossal. Après les barres de led, on découvre sur “Kings Of Speed” une quinzaine de carrés lumineux qui permettent notamment des effets laser de toute beauté. On n’a certes pas droit à un écran géant led comme sur la dernière tournée, mais force est de constater le jeu de lumière est très précis et fin. Mention spéciale à l’éclairage sur Dave Penn qui varie selon le volume de sa voix. Un détail mais qui caractérise bien ce à quoi l’auditoire assiste. Une machine colossale, produite, précise et généreuse.

Généreuse, car on a droit à plus de 3h de spectacle. Autant avouer être totalement surpris quand à la fin de “Dangervisit”, on assiste au départ de certains spectateurs n’attendant pas le moindre rappel. La salle s’illumine et une bande vocale annonce vingt minutes d’entracte. Tout s’éclaircit. La surprise reste toutefois de taille. Alors que le groupe vient de livrer 2h de show pulsé, puissant, on n’aura pas uniquement droit aux simples rappels mais belle et bien à un second set.

Et quel set ! L’épique “Lights” inaugure cette seconde partie. Il est difficile de ne pas se laisser porter par ce morceau de près de quinze minutes. Savamment construit, chaque strate musicale le font progresser émotionnellement. Là encore, belle prestation vocale de Pollard Berrier. Sans oublier un jeu de lumières purement magnifique. La douceur et le calme se poursuivront avec le second morceau “Nothing Else” puis l’inédit “Erase”, issu de la compilation “25”. Cette parenthèse se fermera soudainement avec les premières mesures de “Finding It So Hard”.

L’ambiance se veut plus calme, moins dans le déluge sonore. Archive reste toutefois une formation au son sombre. “Controlling Crowds” vient nous le rappeler avec sa mélancolie sur les mots “‘cos I’m scared of their controlling crowds keep me calm”. Le frénétique “Numb” conclue ce set avec folie. Band Of Skulls rejoint à nouveau Archive pour un final bruyant, Emma Richardson et Russell Mardsen. Notons que l’assemblée les a déjà croisé plus tôt sur “Remains Of Nothing”, autre inédit. La conclusion est un véritable bouquet final. Malgré les 3h de concert sensé épuiser artistes et public, Archive nous livre “Again”. Histoire de finir dans une beauté délicate.

Ultime, c’est ainsi qu’Archive avait annoncé ce concert. Que les fans se rassurent, le terme est ici employé dans le sens dantesque, dense, colossal. Et les Anglais n’ont pas menti. Cette soirée fut intense. On l’a dit, Archive ne s’est pas construit sur du lisse, mais bel et bien sur des morceaux chargés, brillamment construits et musicalement riches. La setlist de ce soir en témoigne. Les malheureux absents pourront se consoler, la soirée ayant été enregistrée en vue de la sortie d’un disque live prévu pour septembre prochain. Autre consolation, une tournée européenne est également prévue !

Archive Setlist La Seine Musicale, Boulogne-Billancourt, France 2019, 25