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ANATHEMA @ Bataclan (16/10/14)

Il n’est plus utile de le répéter, Anathema a radicalement évolué depuis ses débuts. Et depuis leur retour discographique en 2010 après sept ans d’absence, les anglais nous ont proposé rien de moins que leurs meilleurs albums. C’est afin de promouvoir le troisième né d’entre eux, l’excellent “Distant Satellites”, qu’ils tournent dans toute l’Europe et viennent ce soir fouler les planches du Bataclan.

C’est inquiets que nous pénétrons dans la salle vers 19h15. En effet, cette dernière semble bien peu garnie et l’on se dit que le prix des billets n’y est certainement pas étranger. La première partie est assurée par les autrichiens de MOTHER’S CAKE. Evoluant normalement dans un rock expérimental, le groupe va sans doute délivrer le concert le plus particulier de sa jeune carrière ce soir. Le bassiste ayant en effet décidé de jouer un mauvais tour à ses camarades, le trio se voit contraint de jouer en duo et de proposer un show acoustique totalement improvisé. Une guitare sèche et des percussions, voilà de quoi sont munis les deux musiciens. Loin de se laisser démonter, ces derniers vont réussir à proposer quelque chose de sympathique qui captera l’attention des quelques spectateurs présents dans les premiers rangs. Et même si ce type de prestation laisse un goût de frustration et rend difficile l’immersion dans la soirée, tirons notre coup de chapeau à ces deux musiciens qui ont su revisiter leurs morceaux dans l’urgence et ne pas laisser tomber le public.

 

 

Lorsque ANATHEMA monte sur scène, le Bataclan s’est rempli, mais on est assez loin du sold out de 2012. Nous ne pourrons nous empêcher de blâmer un prix du billet inutilement excessif… Dommage pour la formation qui méritait mieux. Malgré tout, la soirée s’annonce belle et les anglais débutent avec “The Lost Song”, titre qui introduit “Distant Satellites“. Deux parties qui montent doucement en puissance, l’une voyant un Vincent Cavanagh toujours aussi émouvant et en voix nous foutre littéralement les frissons, tandis que l’autre laisse la place à la chanteuse Lee Douglas, touchante, mais dans un registre différent, plus doux. Le duo de chanteurs est maintenant une des marques de fabrique du groupe et fonctionne à merveille. La bande enchaîne avec “Untouchable” qui suit le même schéma en deux parties et ouvrait l’opus précédent “Weather Systems” (2012). Même effet et à nouveau les frissons. Le son est bon, voire très bon, et les musiciens excellents chacun dans leur registre, notamment un Danny Cavanagh toujours aussi brillant à la guitare (quelle maîtrise et quels solos…) et pas avare pour ce qui est de motiver la foule tout au long du concert. Comme de coutume, Vincent s’adressera au public en français toute la soirée et son frère Danny fera de même du mieux qu’il pourra. Et quelque chose saute aux yeux lorsque le combo joue : plus que jamais nous ne sommes pas en face d’individualités, mais bien d’une bande unie, heureuse de jouer ensemble, comme en communion, grâce à la musique qu’elle nous délivre. Cette sensation très appréciable d’unité est assez rare sur scène pour être soulignée. Le morceau éponyme sera un moment fort et émouvant de la soirée nous montrant un chanteur/guitariste poignant et un guitariste nous offrant un des plus beaux solos du groupe. Sur certaines chansons, notamment “The Storm Before The Calm” qu’il a composée, John Douglas, qui est maintenant aux claviers et percussions, reprendra son poste de batteur à la place de Daniel Cardoso. Et même si cela n’est pas forcément flagrant, on sent une légère différence : John a son style et est meilleur derrière les fûts. En tout cas, il est intéressant et agréable de revoir ce dernier derrière la batterie. Lorsque vient l’heure du dernier morceau, l’archi classique “Closer”, on n’a tout simplement pas vu le temps passer. En tout cas, on n’a absolument pas regardé sa montre ! Encore une fois, cette composition fait monter l’ambiance d’un cran dans l’assemblée, au plus grand bonheur des membres, qui quittent la scène avec le sourire, avant de revenir pour un copieux rappel.

 

 

En commençant par l’enchaînement le plus expérimental du dernier essai qu’est “Firelight”/”Distant Satellites”. “A Natural Disaster”, comme à son habitude, met à l’honneur Lee Douglas toute en sensibilité. “Take Shelter”, ou tout du moins la première moitié, sera le seul très court moment un peu creux du concert, et sur 1h45 de show, autant vous dire que ce n’est rien. Et comme toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin, c’est comme toujours avec le géant “Fragile Dreams” que les anglais de Liverpool mettent un terme à cette belle soirée qui aura permis aux spectateurs de voyager et s’échapper du quotidien, au moins pendant presque deux heures. Et de quelle manière, superbe…

 

 

Vous pouvez écumer les salles de concerts et voir des centaines de groupes, Anathema restera l’une des valeurs les plus sûres et figurera toujours parmi ces très (trop) rares groupes capables de vous donner la chair de poule à tous les coups. La qualité des prestations scéniques est au moins aussi bonne que celle des compositions, et c’est avec conviction que l’on peut affirmer qu’elles se rapprochent tout simplement de l’excellence. “Merci” est une belle et simple conclusion.

Setlist :

The Lost Song, Part 1 
The Lost Song, Part 2 
Untouchable, Part 1 
Untouchable, Part 2 
Thin Air 
Ariel 
The Lost Song, Part 3 
Anathema 
The Storm Before The Calm 
The Beginning And The End 
Universal 
Closer 
—-
Firelight 
Distant Satellites 
A Natural Disaster 
Take Shelter 
Fragile Dreams