Reports

ALL TIME LOW @ Barclaycard Arena (13/02/16)

Il est 19h. La moitié de la file est encore dehors et pourtant, dans la Barclaycard Arena, les premiers accords d’une nuit pas comme les autres retentissent.

Le début de set d’AGAINST THE CURRENT se fait timide. “Running With The Wild Things” a pourtant du potentiel, mais la grande salle est encore froide, et le groupe n’a pas l’air très sûr de savoir où il a débarqué. “Talk” et “Forget Me Now” les voient peu à peu s’enhardir; il semble de plus en plus évident que la majorité du public n’est pas venu pour eux, mais n’est pas pour autant complètement imperméable à leur musique. Le jeu de scène est nettement moins naturel que la première fois à Paris, devant des fans déjà conquis. Toutefois, il est agréable de voir que si les compères étaient légèrement décontenancés à leur entrée, ils ne se laissent pas abattre, et n’hésitent pas à mettre les bouchées doubles pour faire réagir la fosse. Les guitaristes traversent finalement la scène, Chrissy s’aventure sur l’estrade du milieu, même Will s’adresse à l’audience : ça prend plus de temps que prévu et ça n’est pas simple, mais Against The Current se fait entendre. La petite foule se réveille lentement et commence à s’agiter, réagit en un éclair lorsque la formation entame leur reprise de “Uptown Funk”, et reprend les singles “Outsiders” et “Gravity” en choeur, pour un final qui nous rappelle que le combo a quand même une fanbase pas si nombreuse ce soir, mais bien établie par ailleurs. Les musiciens ne sont peut-être pas encore de taille pour jouer dans des arènes, mais il ne leur manque qu’un peu d’expérience et de temps pour transformer une performance sympathique en réel spectacle.

 

 

Evidemment, la donne est complètement différente avec un groupe comme GOOD CHARLOTTE. Les cinq ont beau avoir été (plus ou moins) silencieux ces dernières années, on parle tout de même de cinq albums studios, plus d’une quinzaine d’années d’existence, et une influence non-négligeable sur la génération musicale actuelle. Lorsque “A New Beginning” se fait entendre, l’assemblée a déjà comprise à quoi s’attendre. Ce soir, on aura droit à un maximum de classiques, tirés notamment de “The Young And The Hopeless”, l’album qui reste le plus populaire de la troupe. “The Anthem”, “The Story Of My Old Man”, “Girls & Boys”, “Riot Girl”, “My Bloody Valentine”; les hits s’enchaînent et les fans, chantant à l’unisson, en redemandent. “Makeshift Love”, le nouveau single, est lui aussi très bien accueilli. Mais il ne suffit pas de tubes pour faire un bon concert : comme au bon vieux temps, les jumeaux Joel et Benji glissent une anecdote par-ci, un remerciement par-là, et échangent avec l’auditoire entre chaque chanson. Ils n’ont pas pris une ride et ont tellement l’air de s’amuser qu’on pourrait facilement se croire dix ans en arrière. La seule chose qui trahit leur âge et celui des fans, ce sont les quelques blagues tentées par Joel, qui sonnent parfois comme des “blagues à papa”. Ca reste drôle et bon enfant, mais à notre grand dam, oui, on a tous vieilli ! Ce qui bien sûr n’empêchera personne d’headbanger sur “The River” et pogoter sur “I Don’t Wanna Be In Love (Dance Floor Anthem)”, mains dans les airs. “I Just Wanna Live” et “Lifestyles Of The Rich & Famous” viennent clôturer en beauté ce set qui nous a fait voyager dans nos souvenirs, et nous laisse envisager un retour en force de Good Charlotte !

 

 

Enfin, ALL TIME LOW monte sur les planches. Le set n’a même pas commencé qu’il est déjà théâtral : une plateforme s’élève et la formation sort du sol en faisant des signes à la foule qui l’acclame… sauf Jack, occupé à se toucher le téton. Pas de doute, il y a des choses qui ne changeront jamais. Du côté sonore, on démarre fort avec “Kids In The Dark” et “A Love Like War”, ponctuées ici et là de flammes qui jaillissent du fond de la scène. ATL sort l’artillerie lourde et donne le ton en deux chansons : impossible de détourner son regard tant le spectacle est hypnotisant. “Dancing With A Wolf” et “Backseat Serenade” viennent confirmer ce début sur les chapeaux de roue, et les plus anciens morceaux “Lost In Stereo”, “Poppin’ Champagne” et “Damned If I Do You (Damned If I Don’t)” déchaînent encore un peu plus les fans. Si on y prête un peu attention, on sent bien que sous ces faux-semblants d’anarchie, le show est parfaitement orchestré par les techniciens qui entourent la bande : les guitares sont toujours prêtes où il faut au bon moment, les effets lumières et pyrotechniques sont synchro avec les titres. Et pourtant, aux yeux du premier venu, on pourrait croire que c’est le chaos total. Même s’il est quelque peu coincé derrière son micro, Alex profite de chaque moment qu’il trouve pour faire une blague salace sur la mère de Jack, qui lui court comme un fou d’un côté à l’autre de la scène en hurlant. Les quatre compères arrivent à jouer dans la cour des grands sans pour autant perdre le naturel, l’humour et l’imprévisibilité qui les ont toujours caractérisés.

 

 

Quelque “Runaways” et “Tidal Waves” plus loin, Joel Madden vient interpréter “Bail Me Out” avec ses camarades. Alex nous confie d’ailleurs qu’il se sent mal en tournée avec les jumeaux, bien plus tatoués que lui; c’est pour ça qu’il arbore des tatouages temporaires de pizza sur les pommettes. L’honneur pop punk est sauf. Arrive alors le moment émotion, avec “Therapy” et son traditionnel speech d’Alex, qui y ajoute aujourd’hui une version acoustique de “Missing You”, le tout sur fond de briquets et portables allumés tenus à bout de bras par des fans qui s’égosillent sans ciller depuis maintenant plus d’une heure. Mais All Time Low n’en a pas fini avec eux; voilà qu’ils nous réclament un mosh pit pour “Coffee Shop Soundtrack”, enchaînent avec “Don’t You Go”, et terminent en force sur la chanson de clôture du dernier album, “Old Scars / Future Hearts”. C’est évidemment sans compter sur le rappel : Jack déboule en slip Union Jack sur “Weightless”, ce qui étonne même ses compagnons; “Something’s Gotta Give”, et nous avons droit à des feux d’artifices; et finalement, comme à leur habitude, Alex et Jack balancent leurs guitares pour terminer dans le plus grand n’importe quoi avec “Dear Maria, Count Me In”. Un vrai bouquet final !

 

 

Des prestations hors du commun, des effets à couper le souffle; on pense avoir tout vu, et puis un show vient nous rappeler que notre scène a encore de beaux jours devant elle. Ce soir à Birmingham, on a été bluffé.

Setlist :

Kids In The Dark
A Love Like War
Dancing With A Wolf
Backseat Serenade
Lost In Stereo
Poppin’ Champagne
Damned If I Do You (Damned If I Don’t)
Runaways
Tidal Waves
Bail Me Out
Therapy
Missing You
Coffee Shop Soundtrack
Don’t You Go
Old Scars / Future Hearts
—-
Weightless
Something’s Gotta Give
Dear Maria, Count Me In

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife