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ALICE IN CHAINS @ Olympia (28/05/19)

2018 aura vu le groupe faire une prestation remarquée au Hellfest. Mais en plein cagnard, difficile d’apprécier toute la lourdeur et la mélancolie de la musique. Ce passage dans la capitale fait plaisir. Quasi dix ans après le Bataclan… c’est dire !

L’événement est complet depuis de nombreux mois. Les fans ne s’y sont pas trompés et ont dévalisé toutes les billetteries possibles. Les précieux sésames se font rares et quelques chanceux profitent des contretemps des autres.

Tandis que la météo sur Paris est digne de celle de Seattle, à savoir n’importe quoi et pas mal de pluie aussi, toute les conditions semblent au rendez-vous, même les plus inattendues.

L’enceinte est bien garnie. Les derniers espaces s’envolent et les derniers sièges aussi. Place à BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB ! Le trio californien dispose d’une trentaine de minutes pour sa petite affaire. Peter Hayes, Robert Levon Been et Leah Shapiro font face. Le set est assez monotone, le rythme peu vibrant. Les lights elles aussi n’aident pas. “Beat The Devil’s Tattoo” réveille quelques spectateurs. Certaines donnent de la voix. “Spread Your Love” aura le même effet.

Malgré un Peter Hayes en bonne forme, la prestation de son comparse est calamiteuse. Complètement à côté de la plaque, le monsieur ne semble pas avoir les idées claires ce soir. Au final, c’est un set sans relief qui s’achève dans l’indifférence. N’ayons pas peur de le dire : cette première partie est hors sujet, ou alors dans un très mauvais soir.


“Ça existe encore le grunge en 2019 ?”

“Vingt minutes d’entracte”, annonce la voix si sensuelle de l’Olympia. La salle gronde de nouveau et la tension monte. Le moment fatidique approche. La bande son gronde elle aussi et l’audience vibre. ALICE IN CHAINS fait son entrée toute en simplicité. Et nous voilà parti avec “Bleed The Freak”.

Il en faut peu pour emporter tout Paris d’un coup de médiator. Alors que dire du restant de la soirée ?! William DuVall (chant /guitare), Jerry Cantrell (guitare), Mike Inez (basse) et Sean Kinney (batterie) en imposent direct.

Sorti l’an dernier, “Rainier Fog” (2018) a su trouver son audience. Les deux précédents albums “Black Gives Way To Blue” (2009) et surtout “The Devil Put Dinosaurs Here” (2013) ont relancé la machine brisée des années 90, mais pas sans mal. En retournant enregistrer dans leur ville natale, à Seattle, il semblerait que la vibe d’antan soit revenue chauffer les lampes de leurs amplis. Vingt-deux ans, Layne Staley était encore là. C’est dire.

Ainsi, “Rainier Fog”, “Never Fade”, “Red Giant” ou encore “So Far Under” dévoilent le AiC actuel. Les deux disques précédents sont eux aussi présents, avec parcimonie. Cependant, l’essentiel du set est consacré aux premiers albums. Ceux qui ont fait du groupe ce qu’il est aujourd’hui. La “déferlante” grunge, celle qui a tuée le heavy metal au début des années 90. (Tacle gratuit et ironique hein).


Du riff, de la mélancolie et des riffs mélancoliques

“Facelift” (1990) et “Dirt” (1992) se partagent -logiquement- le reste. Pour le plus grand bonheur des fans ! “Them Bones”, “We Die Young”, “Dam That River” sans oublier “Nutshell”, extrait de “Jar Of Flies” (1994), enfin vous l’avez compris, tous les incontournables !

Côté show, le son est impeccable. William semble parfois englouti sous les voix du public, m’enfin c’est gage de bonne ambiance non ? Mike balance ses lignes avec sourire et le taulier Jerry lance riff sur riff, solo sur solo, avec une classe incroyable. Mais celui qui attire notre attention est bien Sean. D’une, il en impose. Deux, il impose le groove. Trois, exceptionnel.

Tant qu’on y est, abordons le débat Layne/William. Bien évidemment qu’Alice In Chains c’était avant tout cette voix. William n’est pas Staley, mais ses performances sont à saluer. “C’était mieux avant” eh bien laissez place à d’autres ? Bref. Tout ça pour souligner que les critiques seront toujours là, bonnes et moins bonnes, que chacun se fasse son idée et profite des concerts.


Maîtrisé et enivrant

“Angry Chair” et “Man In The Box” concluent magnifiquement le set en attendant les rappels. La fin approche, et le public le sent. Après un raté sur “The One You Know”, qui aura le don de faire rire Cantrell, le groupe s’y remet. La reprise est plus douce et plus lente. “Would?” est finement amenée alors que “Rooster” met fin au concert, avec une certaine émotion.

La musique avant tout. La formation aura pris la parole à quelques reprises, mais l’essentiel était entre leurs mains et au travers de leurs voix. En signant l’un des meilleurs albums de 2018, Alice In Chains est plus que jamais au rendez-vous. L’Olympia en atteste. Le public exulte !

Souhaitant faire un break après la prochaine tournée US, en septembre, quid de la suite ? N’attendez ni cinq ans pour faire un album, ni dix ans avant de fouler les planches françaises !

Alice in Chains Setlist L'Olympia Bruno Coquatrix, Paris, France 2019, Rainier Fog