
AC/DC, c’est l’un des derniers grands monstres sacrés de l’univers hard rock. Des tubes planétaires qui ont marqué plusieurs générations, dépassant largement le cercle des amateurs de rock. Le coup de force du groupe ? Avoir su transcender les genres et les âges pour faire chanter tout le monde à l’unisson. Ce soir, c’est donc en famille ou entre amis que les spectateurs se pressent au Stade de France pour assister à un show dantesque.
The Pretty Reckless – Un set en dents de scie
Ouvrir pour AC/DC au Stade de France, c’est tout sauf facile. THE PRETTY RECKLESS entre en scène avec Taylor Momsen bien décidée à séduire le public. Tenue sexy, pauses aguicheuses, voix impeccable… néanmoins le set peine à garder son intensité. Le groupe possède dans sa discographie des tubes et des titres bien taillés pour faire réagir tout une arène. Mais les titres bien formatés sur disque donnent lieux à beaucoup de passages instrumentaux. Beaucoup trop ? Le rythme pèche un peu. Les pauses et les longueurs peinent à maintenir l’attention de l’assemblée.
C’est assez inattendu pour un groupe dont la mission d’assurer la mise en jambe de 80 000 personnes. Taylor essaie d’engager la foule, elle crée un peu de lien et cherche réellement à faire en sorte que la foule participe. “Make Me Wanna Die” ou encore “Going To Hell” pourraient être de grands moments de scène, mais là encore les ruptures cassent l’énergie des morceaux. Un set prometteur, qui se termine sur note de déception.
Une machine bien huilée
La lumière baisse, les écrans s’animent avec un film d’intro comme un coup de starter. Le groupe entre sur scène avec “If You Want Blood (You’ve Got It)”. L’énergie est communicative. C’est impressionnant de voir ces légendes avec la même envie qu’à leurs débuts d’en découdre sur scène. AC/DC est une grosse machine marketing où seulement deux membres se détachent visuellement : Brian Johnson, béret vissé sur la tête, et Angus Young avec son éternel uniforme d’écolier. Pour cette tournée, le velours rouge écarlate d’Angus donne l’impression d’un joyau précieux.
Au chant, l’énergie est là, mais les paroles sont parfois difficiles à distinguer. Musicalement, ça joue fort et précis. Le son est plutôt bon pour un stade de cette taille. La machine est bien huilée, et “Back In Black” rappelle à tous pourquoi le groupe est devenu une légende. Angus esquisse ses premiers pas de danse sur “Shot Down In Flames”, marque de fabrique attendue par les fans. “Thunderstruck” offre le premier temps fort de cette soirée. Les gradins se lèvent, les poings se lèvent, et tout le stade scande le riff légendaire et les “Thunder!“.

Scénographie en retrait, énergie intacte
La scénographie est étonnamment sobre pour un groupe connu pour ses shows spectaculaires. Les écrans ne sont pas immenses et la pelouse normale doit parfois se contenter de silhouettes au loin. Heureusement, quelques éléments cultes continuent de faire leur apparition. Ainsi, la cloche descend pour “Hell’s Bells” sous les cris de la foule. L’intro est un peu accélérée, ce qui atténue légèrement l’impact de cet incroyable morceau.
Il faut attendre “Stiff Upper Lip” pour voir les premiers pogos se former dans la fosse, tandis que l’énergie gagne peu à peu les gradins. C’est pour ça que l’auditoire est venu ce soir : danser, chanter et s’amuser sur des titres irrésistibles. Les fameuses cornes rouges achetées en masse s’illuminent au fil de la soirée, conférant au stade une ambiance unique.
All Killers, No Fillers
Évidemment, le groupe met tout le monde d’accord avec “Highway To Hell”. Avec le temps, cette chanson s’est imposée comme l’un des hymnes les plus reconnaissables et repris au monde, transcendant les frontières, les langues et les générations. Le groupe est encore plus convaincant sur “Sin City” et son solo de basse vibrant. L’ambiance continue de monter sur la plaine de Saint-Denis. Avec “Dirty Deeds Done Dirt Cheap”, c’est l’apothéose : plus de rouge, plus d’applaudissements, des visages heureux partout.
Cette joie communicative, c’est l’essence même de la musique d’AC/DC. C’est le tour de force réussit par ces Australiens. Le set principal s’achève sur “Let There Be Rock” et un solo interminable d’Angus. Autrefois, il se faisait élever sur une estrade pour son one-man-show. Ici, les interactions avec le public après quelques notes fonctionnent pour les fans de longue date, mais peuvent sembler un peu longues pour les autres.

L’incandescence sans relâche
“Whole Lotta Rosie” reste toujours aussi efficace, même sans la fameuse Rosie gonflable. Et bien sûr, “For Those About to Rock (We Salute You)” est le meilleur moyen de conclure : avalanche de confettis, canons rugissants, stade en fusion. Les années passent, mais AC/DC reste la garantie d’un concert solide, reposant sur une setlist ultra rodée. Pas de place à l’improvisation : ici, tout est minuté et préparé. La différence, c’est cette envie palpable de tout donner.
À la fin de son solo, Angus a le visage défait, le regard presque creux, comme si chaque note lui avait coûté. Et pourtant, dès le morceau suivant, l’étincelle revient. Un investissement de chacun qui ne peut que susciter l’admiration. Chapeau messieurs, et merci de continuer à faire rêver petits et grands.