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VOLBEAT @ Bataclan (25/10/13)

Deux ans presque jour pour jour après leur premier passage au Bataclan où ils avaient fait forte impression, les danois de Volbeat revenaient ce vendredi 25 octobre sur les lieux du crime pour un concert donné dans le cadre de leur tournée européenne. Entre ces deux dates, pas mal de changements: un nouvel album (“Outlaw Gentlemen & Shady Ladies“), l’acquisition d’une renommée internationale, le départ du guitariste et l’arrivée de Rob Caggiano (Anthrax, The Damned Things)  pour le remplacer.

Une chose est sûre, Volbeat sait choisir ses premières parties. Alors qu’en 2011 c’était à Clutch que revenait cette tâche, cet été Michael Poulsen, chanteur et guitariste de Volbeat, promettait du heavy à tous ceux qui assisteraient à la tournée d’automne du groupe en annonçant ICED EARTH comme ouverture de soirée. Ainsi, comme on pouvait s’y attendre, dès leur entrée sur scène, les heavy metalleux ont bien donné le ton de la soirée. L’association de la voix Stu Block capable de couvrir le très aigue au très grave avec les inspirations musicales puisant dans le thrash, le progressif et le power du groupe, n’ont pas mis longtemps à emballer la salle. Allant piocher dans les différentes périodes de l’histoire du groupe, les cinq musiciens ont interprété des titres issus de leurs différents albums. Ainsi, aux côtés de chansons tout droit venues des années 90 (“Iced Earth”, chanson du premier album éponyme de la formation) ils ont repris des titres de leur dernière galette (“Dystopia” ou “V”  sur “Dysotopia” (2011)) et même de leur futur album (“Plagues Of Babylon” qui sera présent sur l’opus du même nom prévu pour 2014).

 

La fin du concert d’Iced Earth et le retour de la lumière sont pour nous l’occasion de constater que le Bataclan est désormais plein. Volbeat fait aujourd’hui partie des grands et ça se sent. La fosse, comme les balcons, est densément remplie d’un public très hétérogène qui rassemble aussi bien ados de quatorze ans que metaleux de la première heure ayant largement dépassé le cap de la soixantaine. Le port du T-shirt en concert est un indicateur assez fiable de la nature du public et de son attachement au groupe. Ici, une bonne partie des spectateurs porte fièrement les couleurs du dernier et album et/ou de la dernière tournée de la formation. Certains arborent aussi des modèles plus anciens. Enfin, on croise également un nombre non négligeable de personnes vêtues de T-shirt du Hellfest. Il s’agit certainement là de gens qui ont découvert le groupe lors de la dernière édition du festival où rappelons-le, les Volbeat étaient la tête d’affiche de la dernière journée.

C’est une grosse demi-heure après la fin du concert d’Iced Earth que le public se retrouve de nouveau plongé dans le noir et où le son de Motörhead annonce l’imminence de l’entrée en scène de VOLBEAT. Une fois les quatre hommes en place, la performance du combo commence par deux titres issus de leur deuxième essai, “Guitar Gangsters & Cadillac Blood” (2008) : “Halleujah Goat” et “Guitar Gangsters & Cadillac Blood”. S’il s’agit là de très bonnes morceaux du groupe, ce choix est plutôt surprenant : il ne s’agit ni de morceaux tirés du dernier effort, ni des plus grands succès du quatuor. Cela ravi néanmoins les plus anciens fans. Ce parti pris est ensuite confirmé avec la piste qui suit, “Radio Girl”de “Rock The Rebel/Metal The Devil” (2007). Si le public acquis à la cause du groupe suit, l’ambiance qui règne alors dans le Bataclan n’est tout de même pas aussi chaude que ce qu’on aurait pu attendre. Cela d’autant plus que Michael Poulsen, qui a plutôt la réputation d’être très communiquant avec les spectateurs, ne s’adresse à ces derniers qu’à l’issue de cette troisième chanson pour indiquer simplement que le groupe est “content de revoir Paris”. C’est avec le cinquième morceau joué qu’on passe aux choses sérieuses et que la fosse va se mettre à réellement bouger. Après avoir demandé à l’assemblée ce qu’elle souhaitait entendre maintenant, comme à son habitude c’est en faisant référence à Johnny Cash que le frontman annonce la chanson qui suit. A peine prononcé le nom de cette légende du rock, l’ensemble du public sait déjà qu’il s’agit de “Sad Man’s Tongue”, et il commence à trépigner d’impatience. C’est avec ce titre que l’on entend enfin l’ensemble des spectateurs reprendre le refrain avec le chanteur et  que l’on commence à voir des premiers slammeurs. L’énergie communicative du combo opère enfin ! L’ambiance ne retombe pas avec “Lola Montez”, extrait du dernier opus. En fait, grâce aux riffs accrocheurs et aux refrains entrainants des chansons ensuite jouées, elle ne retombera pas sous ce niveau jusqu’à la fin du concert. D’ici là, les Volbeat interprèteront des titres issus de l’ensemble de leur discographie sans qu’un album ne domine vraiment la soirée. Et, sur certains morceaux, comme “Fallen” “16 Dollars” ou encore “The Mirror And The Ripper”, l’audience sera littéralement déchainée. Un des faits marquant l’évolution du groupe annoncé en janvier 2013 que nous évoquions en introduction est l’arrivée de Rob Caggiano en remplacement de Thomas Bredahl en tant que second guitariste de Volbeat. Le live de Paris était l’occasion d’évaluer le nouveau lineup après plusieurs mois de travail ensemble et de concerts. Ce qu’on peut retenir du show donné le 25 octobre est d’abord que musicalement, l’arrivée de Rob, a permis à la formation d’atteindre un niveau “techniquement” supérieur. La preuve en est les solos convaincants du guitariste. Sur le plan de la cohésion du groupe par contre Volbeat n’a pas encore retrouvé l’unité d’avant. Du point de vue purement esthétique d’abord, Thomas, avec ses cheveux gominés, avait un look qui collait vraiment beaucoup plus à l’image “Elvis métal” de la formation. Du point de vue du jeu de scène ensuite, Rob, Michael et Anders (basse) sont individuellement très proche du public. Si Anders est le plus expressif, tous les trois ne cessent pendant leur jeu de faire des signes et sourires aux spectateurs, de montrer du doigt l’un ou l’autre des fans, d’envoyer dans la fosse leurs guitar picks, etc. Par contre, les moments d’échanges entre les membres du groupe sont, eux, très rares. Dans la mesure où tout au long du concert les musiciens changent de place, ils se croisent forcement souvent. Mais, ils ne profitent pas de ces occasions pour triper ensemble. Par exemple, lorsque Thomas était encore dans la formation les trois hommes se retrouvaient très souvent au milieu de la scène pour jouer de front : pendant tout le concert du Bataclan ce n’est qu’une seule fois que Rob, Michael et Anders l’ont fait. Le groupe finira le concert en apothéose comme il le fait toujours par le très bon “Pool Of Booze, Booze, Booza”.

 

Pour conclure, cette date parisienne aura été l’occasion de constater que le groupe avait  gagné en notoriété ces dernières années et que, s’il avait changé le public avait lui aussi évolué. Si le live report peut laisser penser que le concert était décevant, il ne faut pas s’y tromper : la prestation était bonne. Certes elle n’a pas toujours été à la hauteur de la réputation du groupe ni aussi enthousiasmante que le concert donné deux ans plus tôt, certes la mayonnaise a mise un peu de temps à prendre, mais au final c’est un show plus que satisfaisant que le groupe a donné ce soir.

Setlist :

Born To Raise Hell
Let’s Shake Some Dust
Hallelujah Goat
Guitar Gangsters & Cadillac Blood
Radio Girl
The Nameless One
Sad Man’s Tongue
Lola Montez
Heaven Nor Hell
16 Dollars
Dead But Rising
Fallen
The Mirror And The Ripper
Pearl Hart
Maybellene I Hofteholder
The Hangman’s Body Count
Breaking The Law
Still Counting
—-
Caroline Leaving
Doc Holliday
Pool Of Booze, Booze, Booza

Crédit photos : Virginie Schmidt