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THE LEGENDARY TIGERMAN @ Point Éphémère (29/01/18)

Il s’agit là d’une quasi règle : aller traîner dans les salles de concert les lundi soirs est rarement une mauvaise affaire. Cette fois-ci, rendez-vous au Point Ephémère pour un show qui s’annonce prometteur. Direction les bars underground du Portugal avec le génie de The Legendary Tigerman venu nous titiller les oreilles à l’aide de son dernier album, “Misfit”, sorti en décembre 2017, précédés par les tous jeunes Deuxluxes. On vous raconte.   

Si les premières fois sont rarement concluantes, LES DEUXLUXES se sont pourtant brillamment initiés à la scène parisienne cette soirée là. Le duo Montréalais nous propulse au septième ciel avec leurs voix puissantes et leurs guitares des plus efficaces. La voluptueuse, magnifique et déjantée leader Anna Frances Meyer et le moustachu (jonglant entre percu, guitare et basse) Étienne Barry nous font basculer dans les sixties, aussi bien par le style qu’ils arborent tous deux (chemises à fleurs, cheveux longs, combinaison en satin, paillettes et chaînes en or) que par le genre de musique qu’ils nous proposent. Pattes d’eph’ et rock n’roll tabarnac !  

Effusion dans les rangs à l’arrivée de THE LEGENDARY TIGERMAN, peu après 21h. L’ambiance réchauffée par ses compères canadiens, Paulo Furtado débarque sur scène plus bouillant que jamais. Originellement tigre solitaire, c’est bien entouré qu’il a pointé le bout de son nez pour nous présenter son tout nouveau album, “Misfit”, aux allures de projet complet, intégrant un film illustrant chacun des morceaux projeté en fond de scène et contant les périples d’un misfit dans le désert du South West Californien.

 

 

Départ sur les chapeaux de roue puisque c’est sur “Wild Beast” (“True”, 2014) et sur le déchaînement de la foule prête à bondir dans la fosse que la marche s’ouvre. Pas de doute non plus sur l’énergie du frontman portugais qui, lunettes de soleil vissées sur le nez, se déhanche au son débraillé de sa guitare. Furtado entreprend alors une réelle exposition de son dernier album en enchaînant des sublimes “The Saddest Girl On Hearth”, “Motorcycle Boy” et autres “Fix Of Rock’N’Roll”, tous plus aberrants d’efficacité. Apparemment, le Tigerman, prodige de la guitare, ne pouvait se pointer avec des potes sans qu’ils ne soient aussi doués que lui. Muni d’un bassiste, d’un batteur et d’un saxophoniste eux aussi talentueux, la furie offre à la foule un show dégoulinant de sueur, aux instru bien crasseuses magnifiées par la voix du crooner à la chemise maculée, aussi célèbre que son doigté.

 

 

On ne peut nier la synchronisation entre Paulo et Joao Cabrita (au saxophone) qui, d’un bout à l’autre du show, s’amusent à lier et délier leur deux musiques d’un génie à vous foutre sur les rotules. C’est un peu comme s’il s’agissait de rassurer son public à l’aide de quelques morceaux forts de ses précédentes réussites que le rockeur teinte son set : on est alors propulsé en 2002 avec “Naked Blues” (essai éponyme) et ses riffs suintant, petit arrêt par l’année 2009 et son “The Saddest Thing To Say” (“Femina”) et enfin, retour sur 2014 et quelques tracks prodigieuses de “True”.

 

 

Apogée de la soirée sur le dernier titre : “21st Century Rock’N’Roll” est étirée sur une bonne dizaine de minute durant lesquelles les fans s’aiment à gueuler incessamment des paroles qui ne font qu’acter leurs signification. Les quatre artistes s’en vont sous les cris d’une foule qui en demande toujours plus et à qui on donnera finalement raison avec un retour sur une ballade des plus idylliques toujours déclamée par Furtado.

 

 

Cette soirée fut une réussite pour le Point Éphémère et on ne regrette pas d’être venu. Jolie découverte en ce qui concerne Les Deuxluxes, vers qui on ne cessera de fixer notre regard, à l’affut du moindre mouvement. Perfection du côté de The Legendary Tigerman qui nous prouve une fois de plus que le rock n’roll peut s’incarner en une seule personne.

Setlist :

Wild Beast
The Saddest Girl On Earth
Child Of Lust
I Finally Belong To Someone
Naked Blues
Motorcycle Boy
Black Hole
Gone
Fix Of Rock’N’Roll
The Saddest Thing To Say
Dance Craze
These Boots Are Made For Walkin
About Alice
21st Century Rock’N’Roll
—-
A Girl Called Home