Reports

SOLIDAYS 2018 : on y était !

Solidays 20 ans – “We Are All Heroes”. Pour son édition anniversaire, le festival solidaire organisé par Solidarité Sida a battu tous les records à tous les niveaux : fréquentation, programmation, météo. Du 22 au 24 juin à l’Hippodrome De Longchamp, ce sont au total 212 000 festivaliers qui ont donné du sens à la fête et des couleurs à la solidarité. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, ce record confirme que cet évènement tient une place particulière parmi tous les festivals, mais surtout que le combat contre le sida continue plus que jamais. Musicalement parlant, cette 20ème édition aura été “grand public” en ayant rassemblé autant de grands noms ainsi que des découvertes, tous genres confondus. Malheureusement pour votre webzine préféré, très peu de rock au line up, on s’est donc laissé porter par le feeling. Retour sur notre sélection des meilleurs concerts de cette 20ème édition !

 

LES VALEURS SÛRES :

THE KILLS (Paris) – Aka l’heure de concert uniquement réservée aux fans du duo américano-britannique indie rock. Car oui, il n’y aura étrangement pas foule, voir pas du tout sur la pelouse plus qu’éparse de la plus grande scène du festival.

Les absents ont toujours tort : qu’importe le nombre de festivaliers, Alison Mosshart (chant) et Jamie Hince (guitare), accompagnés d’un batteur et d’un clavieriste, se donnent toujours à fond et restent toujours aussi classes et complices en toute circonstance ! Ceux qui les avaient déjà vu l’an dernier en festival revivront un set quasiment identique, à l’exception de trois morceaux dont le dernier single et reprise de Saul Williams, “List Of Demands (Reparations)”.

 

 

Il n’y a qu’à simplement observer la scène aux couleurs du volcan de l’artwork du dernier album “Ash & Ice” (2016) en noir et blanc, dupliqué trois fois, pour déduire que ce dernier sera mis en avant. Ce n’est donc pas un hasard si le concert démarre par “Heart Of A Dog” comme à Rock En Seine 2017. Dans l’ensemble, malgré une performance sensuelle et hypnotique, les spectateurs restent assez sages. Pas de mouvement en vue, ces derniers se dandineront au mieux sur les morceaux entêtants et irrésistibles de The Kills, y compris sur le faux départ d’Alison sur “Black Balloon”. Seule ombre à signaler sur cette prestation !

 

 

TWO DOOR CINEMA CLUB (Bagatelle) – C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures et TDCC l’a bien compris : la preuve, pour le meilleur show visuel de Solidays, le trio irlandais indie rock jouera son premier album “Tourist History” (2010) en entier à l’exception de “You Are Not Stubborn” et ce dès l’ouverture du set avec “Undercover Martyn”. Alex Trimble, Kevin Baird et Sam Halliday ont pourtant sorti, entre temps, deux albums studios dont le dernier “Gameshow” en 2016, seulement représenté par quatre morceaux. Ce qui ne gêne aucunement les festivaliers, bien au contraire, comme lorsqu’ils entendent le tube “What You Know” et se ruent vers Bagatelle au début du concert. En compagnie de deux musiciens additionnels, le trio transformera la pelouse en trampoline tout au long de l’heure de performance, grandement aidé par un lightshow, majoritairement constitué d’un large rectangle quadrillé lumineux pour mieux ambiancer la foule !

 

 

MILKY CHANCE (Bagatelle) – Contrairement à l’été dernier, c’est en plein cagnard que se déroulera le set d’une heure de Clemens Rehbein, Philipp Dausch et Antonio Greger qui tenteront de faire voyager les festivaliers avec leurs hymnes indie folk aux touches électro et autres ballades au cours de ce set assez semblable à celui du Lollapalooza Paris 2017. Malheureusement, comme il sera de mise durant tout le weekend, les festivaliers ne seront vraiment réceptifs qu’aux gros hits des artistes, ici en l’occurrence “Stolen Dance” qui fera chanter, danser et sourire l’assemblée. Cette dernière s’en ira vers d’autres horizons dès le titre terminé. Dommage, alors que le trio possède deux albums à son actif dont le dernier “Blossom” (2017), même s’il faut bien avouer que les morceaux ont tendance à être répétitifs vu leurs similarités. Milky Chance et sa force tranquille ou comment débuter l’après-midi du vendredi en douceur.

 

 

JAIN (Bagatelle) – Dans le cadre du premier concert pour son nouvel album “Souldier” prévu pour la fin de l’été, Jain revient pour la troisième fois à Solidays. Terminé la robe noire et blanche à col Claudine, Jeanne Galice, de son vrai nom, en profite pour présenter sa nouvelle identité visuelle : un uniforme bleu à épaulettes et col rouge high tech.

Car en plus de son apparence physique, la chanteuse porte également une attention particulière à la mise en scène de ses prestations. Grâce à quelques boutons sur sa manche, Jain, toute seule sur scène derrière sa console entourée de deux grandes colonnes de lights et un écran géant en fond, enregistre des loops, les rejoue à sa guise. A part l’utilisation de divers instruments comme une guitare ou des maracas, elle n’a nulle besoin de musiciens.

 

 

Ce set est également l’occasion de livrer un aperçu du successeur de “Zanaka” (2016), à savoir un virage musical conséquent, passant d’une pop à de l’électro/hip hop. Cependant, que ce soit les anciens titres tels que “Come”, les nouveaux comme le dernier single “Alright” ou “Star” possèdent un dénominateur commun : tous sont addictifs et restent facilement en tête. La présentation du second album de Jain se termine sur un autre ancien hit “Makeba” : mission accomplie pour la Toulousaine !

 

 

LES DECOUVERTES :

NASSER (Domino) – Le cocktail électro rock ou “cinematic synth punk” de Nasser s’inscrit dans les traditions techno et punk concoctés pour faire danser les dancefloors. Impossible de résister à Nicolas, Simon et Romain, tout droit venus de Marseille pour nous mettre plein les yeux et les oreilles.

A première vue, la scénographie parait simple, la batterie est surélevée au centre de la scène, tout comme le clavier qui est placé à la gauche du kit, à l’exception du guitariste/bassiste. Mais dès le second titre, le fond noir se révèle être un écran géant. Ce dernier, en plus d’éclairer les trois musiciens enfin visibles, projettera diverses images d’ambiance généralement aux couleurs rouge et noir (assortis aux costumes et chemises des membres), le nom du groupe, de l’album, tout comme des messages comme un “The End” suivi de “Merci Paris” en fin de set. Des remerciements, il va y en avoir tout au long de l’heure de la part du groupe car même le trio lui même ne s’attendait pas à attirer la curiosité d’autant de festivaliers pour sa quatrième fois à Solidays alors que NEKFEU joue au même moment sur la grande scène Paris.

 

 

Avec des sonorités proches de Carpenter Brut en moins dark, il faut dire que le show tabasse non seulement avec un soundsystem et un lightshow à rendre épileptique mais aussi un électro rock efficace et dansant. A noter que le nouvel album “The Outcome”, paru en mars, confirme le virage dancefloor de “#7” (2013) et n’a aucune difficulté à instaurer une ambiance dingue et à transformer le Domino en une véritable boite de nuit. LA surprise de Solidays 2018 !

SHAME (Domino) – Quintette anglais post punk ayant le vent en poupe depuis la sortie de son premier album “Songs Of Praise” en janvier qui sera joué dans sa quasi totalité (neuf morceaux sur les dix, dont une nouvelle composition jouée pour la première fois), la bande emmenée par Charlie Steen joue vite (punk oblige !) et fort avec leurs trips sur des riffs de guitares saturées rappelant Joy Division ou encore les Clash. Si les titres sont plutôt linéaires en version studio, ces derniers prennent vie surtout en live, notamment grâce à son showman de chanteur survolté. Ce dernier, tout comme ses acolytes, parcourt la bien trop petite scène du Domino dans tous les sens, piquera même une tête dans les premiers rangs, si ce n’est pas pour les monter dessus. Pour une fois qu’il y a du punk à Solidays, il est juste dommage de voir une si faible affluence sous le chapiteau, si bien que Charlie ne cessera de demander au public présent de se rapprocher de la scène. Attitude rebelle, énergie folle, Shame ou LE moment punk du festival. A revoir assurément le 14 décembre en headliner à l’Elysée Montmartre !

 

 

LYSISTRATA (César Circus) – Attention, découverte rock. Gagnants du Prix Ricard S.A Live Music 2017, Ben, Théo et Max, ont tout d’un trio rock guitare/basse/batterie classique. Sauf qu’il n’en est rien : les musiciens jouent presque l’intégralité de leur premier album “The Thread” soit de longues compositions, avec des solos de guitares saturées et beaucoup de parties instrumentales à la limite du progressif. Le tout avec peu de voix, chanté et/ou parlé, toujours exécuté en binôme. Le trio est tellement à fond dedans que Théo (guitare) et Max (basse), constamment face à face, joueront jusqu’à s’en rouler par terre !

 

 

L’IMPERATRICE (Bagatelle) – Après We Love Green 2017 et récemment en ouverture de London Grammar au Zénith, le sextette a l’honneur d’inaugurer la scène Paris dimanche en proposant aux festivaliers sa pop disco. Avec des morceaux synthpop 70’s/80’s en français et en anglais extrait du premier album “Matahari” paru en mars dernier, la formation leadée par sa chanteuse Flore Benguigui n’a aucun mal à faire danser le public massé devant Paris. Elégance, sensualité et exotisme sont les maitres mots de ce set. Quand il n’y en a plus, il y en a encore : L’Impératrice sera de retour le 5 juillet au Fnac Live Paris et le 29 janvier en tête d’affiche à l’Olympia.

 

 

Avec une affluence de 212 000 festivaliers sur trois jours chauds et ensoleillés, Solidays n’aurait pas rêvé mieux pour sa vingtième année d’existence que de battre son propre record (contre 202 000 soit 8000 de plus qu’en 2016). Cette hausse de fréquentation s’explique par la présence d’artistes fédérateurs tout au long du week-end (IAM, David Guetta (sic), DJ Snake etc), attirant ainsi la jeunesse au rendez-vous, conscient du caractère humaniste du festival. Et qui dit record, dit aide record pour tous les projets que Solidarité Sida soutient aux quatre coins du monde. The fight must go on!

A l’année prochaine !

 

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife