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SOLIDAYS 2016 – Jour 1 (24/06/16)

Les beaux jours d’été arrivent, les festivals aussi. Pour le coup, c’est sous un soleil ardent et une chaleur presque étouffante que l’Hippodrome De Longchamp accueille cette année Solidays pour sa 18ème édition, spécialement placée sous le signe de l’amour. Plus que dans l’amour, Solidays puise sa ressource et sa foi dans la solidarité, l’échange, la compréhension ou encore la bienveillance, avec un objectif commun à toutes les éditions de l’évènement : l’aide à la lutte et à la récolte de fonds pour la recherche contre le sida.

Festival militant aux valeurs humanistes, la sensibilisation au virus et la transmission d’informations sur la pratique nécessaire d’une sexualité sans danger sont ici abordées sans tabou, avec, entre autres, la mise en place de deux expositions originales et ludiques pour les festivaliers, d’abord “Sex In The City” conçue par les équipes de Solidarité Sida, puis “Happy Sex” du dessinateur Zep.

 

 

Pour cette édition 2016, le festival s’est refait une beauté en étendant sa superficie de cinq hectares, comme précédemment annoncé à la conférence de presse de présentation. Il a également vu son camping changer d’emplacement : il se trouve désormais en face du site, à l’extérieur de Solidays.

 

 

En ce premier jour de festival, l’organisation, justement, connait elle aussi quelques changements. En effet, si la file d’attente à l’entrée du site progressera rapidement aux alentours de 16h, elle s’étendra à perte de vue dès 18h, l’attente devenant interminable pour les festivaliers, la plupart ne pouvant enfin pénétrer l’enceinte qu’à partir de 20h. Même problème pour la queue du camping, dans laquelle il faudra s’armer de patience avant d’accéder à la fouille, au placement puis à l’installation des tentes.

 

 

Malgré ce mauvais départ, la soirée se passera heureusement comme sur des roulettes (à l’exception de l’annulation de FLATBUSH ZOMBIES). Retour sur une très bonne première journée de décibels !

 

 

 

THE VIDEOS (Domino) – Début de soirée, la fête commence avec The Videos. Formée il y a seulement deux ans, la bande distille un punk rock péchu rythmé par la voix puissante et éraillée de la frontwoman Laura, séduisant largement la foule ayant répondu présente. En effet, les pieds dans la paille et boules quies dans les oreilles, les festivaliers s’en donnent à cœur joie : jumps, headbangs, pogos, qui seront encouragés par les musiciens prenant la parole entre deux chansons. Sur des titres nerveux et efficaces tels que “Death Train” ou “S.U.M.F”, tirés de l’EP “Shoot First, Ask Later” (2015), le quatuor affiche une bonne prestance scénique, le véritable dynamisme résidant principalement dans la musique elle-même. “Au moins, c’est pratique avec nous, si quelqu’un n’aime pas un titre, il n’est pas très long !”, s’amuse l’un des musiciens. Mais que nenni, le punk catchy et survitaminé de la formation ne fera qu’attirer du monde. Succès pour The Videos.

 

 

HOMMAGE AUX MILITANTS (Paris) – Après une performance solaire de FAADA FREDDY et son merveilleux “Gospel Journey” (2015), l’artiste introduira sur scène des militants d’association pour un hommage organisé par le festival. En effet, impossible d’assister à Solidays sans mesurer la part associative de l’évènement, animé par les nombreux bénévoles ces trois jours durant. Avec le Village Solidarité en l’occurrence, réunissant plus de cent associations autour de thèmes divers tels que l’environnement (Fondation Goodplanet, Greenpeace, L214, Ekolo Geek etc), la lutte contre le VIH (Le Kiosque Info Sida, Sol En Si, Comité Des Familles etc), les droits humains (Anafe, SOS Racisme, le Génépi, Amnesty International etc) ou encore la cause LGBTQ (Le MAG, Les Sœurs De La Perpétuelle Indulgence, SOS Homophobie etc), les festivaliers ont l’opportunité de se renseigner et échanger avec les bénévoles-militants aux nombreux stands grâce à des brochures, jeux, et autres méthodes des plus ludiques. Sur scène, les militants de toutes associations et tous horizons s’unissent alors pour transmettre au public attentif un message de partage et témoigner de leurs expériences vis-à-vis des combats menés.

 

 

 

WE ARE MATCH (César Circus) – A 20h, si la foule se bouscule pour voir NAAMAN du côté de la Scène Bagatelle, une autre partie de l’audience manifestera plutôt son intérêt pour l’une des nouvelles figures d’une scène française plus que florissante, We Are Match. Formation au talent brut, le quintette, tout vêtu de noir, fait son apparition le sourire aux lèvres sur les planches du César Circus, salué par un parterre de fans assez comblé. Tout en sobriété et harmonies, la bande viendra saupoudrer Solidays d’un peu de magie par des mélodies parfaitement calibrées que la voix enchanteresse du frontman viendra amplifier en beauté.

 

 

Pendant près d’une heure, les cinq musiciens interpréteront des titres teintés de douceur à l’image de “Old Chimneys”, “Over The Sea”, ou encore “Radical”, tirés du très réussi premier album “Shores” (2015). Sur scène, la bande a indéniablement gagné en maturité : elle se laisse porter et emporte l’auditoire avec elle, ce dernier semblant autant s’amuser que les jeunes hommes sur scène. En effet, le quintette enchaîne les pistes sans jamais perdre l’assemblée, qui, après s’être égayée des requins gonflables lancés pendant “The Shark”, accompagnera d’une voix la bande sur la fameuse “Violet”, à coups de “Oh hey!”. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et quelques morceaux et remerciements plus tard, le set viendra à son terme. Il fut si joli que l’on n’eut jamais envie de partir.

 

 

ROVER (Domino) – Devant la scène Domino, bon nombre de personnes se sont données rendez-vous pour accueillir comme il se doit Timothée Régnier, alias Rover. Venu défendre son deuxième album “Let It Glow” (2015) lui ayant offert une nomination aux Victoires De La Musique dans la catégorie “Album Rock De L’Année”, l’artiste, imperturbable sur scène, envoûtera en un clin d’œil les festivaliers de son univers sombre et de sa voix somptueuse, prenant corps sur des titres tels que “Some Needs” ou encore “Call My Name”. Le magnétisme de Rover frappe la foule à chaque décibel, son rock psyché maîtrisé de bout en bout et entièrement incarné envoûtant les âmes. Si le dernier essai a mis du baume au cœur à tous les auditeurs, les compositions du précédent effort éponyme de l’artiste trouveront également écho dans les rangs, avec “Queen Of The Fools”, ou surtout “Aqualast”. Moment fort.

 

 

FEU! CHATTERTON (Dôme) – La nuit commence à tomber, mais l’Hippodrome ne cesse de se remplir. A 22h, le Dôme s’apprête à accueillir l’une des formations françaises au talent désormais plus que confirmé. Jonglant entre finesse lyrique et arrière-fond musical parfaitement ciselé, les musiciens de Feu! Chatterton n’ont cessé de gravir des montagnes depuis leur formation en 2011, n’affirmant que d’autant plus leur personnalité atypique. Les acclamations du public, présent mais sûrement plus minime que celui posté devant M83, sont recouvertes par les cordes résonnantes annonçant “Ophélie”, extrait du premier album “Ici Le Jour (A Tout Enseveli)” paru l’année dernière, suivi de la très entraînante “Fou A Lier”.

 

 

Une puissance se dégage de cette formation cohérente et appliquée, dont la prestance scénique vague entre attitudes rock et théâtrale bien maîtrisées. Entre deux pistes, le frontman, Arthur, communiquera avec une audience quelque peu déstabilisée par son phrasé tout aussi littéraire et poétique que ses textes. Affichant une assurance toujours plus grande, Feu! Chatterton disperse progressivement son ambiance sombre et mélancolique au-delà de la scène, jusqu’à des spectateurs très timides, néanmoins attentifs à la prose du quintette. La bande, se donnant corps et âme, semble mesurer le sens de chaque mot des battements de cœur couchés sur papier, à l’instar du tryptique à suivre “Côte Concorde”, “A L’Aube” et “La Mort Dans La Pinède”. L’intensité habite chaque membre qui puise son énergie dans la force des textes et des mélodies harmonieuses. Mais vient déjà la fin du set, qui se clôturera sur une touche pop dynamique avec les titres “Boeing” et “La Malinche”, pour le plus grand plaisir de l’auditorium.

 

M83 (Bagatelle)

 

THE QEMISTS (Domino) – Changement d’ambiance plutôt radical dès l’arrivée de la prochaine formation tout droit venue du Royaume-Uni. Surprise et satisfaction extrême de voir les Britanniques dans la programmation de cette édition 2016, leur offrant la possibilité d’agrandir leur fanbase sur les contrées françaises. The Qemists, que l’on a notamment pu croiser sur la dernière tournée d’Enter Shikari, se prépare à littéralement retourner l’enceinte de la scène de sa drum n’ bass taillée pour le live dès l’intro “Our World”, suivant de la première chanson “Jungle”, originellement interprétée aux côtés d’Hacktivist. Les beats convulsifs se propagent dans la foule qui n’attend pas plus de cinq secondes pour se laisser séduire par l’énergie débordante et communicative du quintette.

 

 

La frénésie ne fera qu’augmenter au fur et à mesure de la setlist : “Let It Burn”, “We Are The Problem” ou encore “Warrior Sound” tirés du dernier effort en date du même nom, fans et nouveaux admirateurs se partagent l’espace dans un esprit bon enfant, pogos et slams à la clé. Les deux frontmen, Bruno Balanta et Oliver Simmons, communiquent chaleureusement avec la foule très réceptive, et non sans surprise essoufflée. Le premier demandera même si des fans d’Enter Shikari se trouvent dans la fosse, avant d’enchaîner avec “Take It Back”, en featuring avec Rou Reynolds (mais sans ce dernier). Près d’une heure de décibels plus tard, le groupe décide de conclure en apothéose : “Stompbox” ou encore “Run You” seront des opportunités saisies par l’audience pour se déchaîner une dernière fois. Véritable coup de cœur à l’efficacité indéniable; on quitte les abords de la scène avec l’intime conviction de s’être joyeusement dépensé et amusé !

 

 

BLOC PARTY (Dôme) – Les coups de minuit sonnent. Tout comme Cendrillon, la scène Domino va soudainement se transformer. Il est l’heure pour Solidays d’accueillir Bloc Party, pour qui une marée humaine se forme sur l’Hippodrome. Des acclamations déchaînées annoncent l’arrivée des Britanniques sur scène, menés par le charismatique Kele Okereke. Véritable force tranquille, ce dernier saisit sa guitare et électrise le parterre de fans en deux pincements de cordes. De retour avec un nouvel album intitulé “Hymns” (2016) dont “Virtue” ou encore “The Love Within” seront interprétés, le quatuor prouvera une fois de plus son efficacité, poussant l’assemblée à vibrer au rythme du rock intense de ses multiples efforts : “Hunting For Witches”, “Song For Clay (Disappear Here)” (“A Weekend In The City”, 2007), “Mercury” (“Intimacy”, 2008), “Octopus” (“Four”, 2012) etc. Cependant, si l’avant de l’imposante fosse semble n’avoir aucun mal à suivre la cadence à en croire les mouvements de foule et autres pogos, le reste de l’auditorium se veut beaucoup plus calme; il reste statique, ou se contente d’hocher la tête. Impossible de savoir ce qu’il pense de la performance. Heureusement, certains morceaux de l’album plus que classique “Silent Alarm” (2005) viendront soudainement raviver les âmes, “Helicopter” pour preuve. Encore plus éloquent : la fameuse “Banquet”, dont les premières notes rendront la foule euphorique, poussera les plus imperturbables à bouger frénétiquement. Si le concert dans sa globalité se veut tout de même moins démentiel que ce que l’on aurait pu imaginer, les Anglais livrent un set carré, généreux, séduisant. Les fans repartent conquis. Prestation savoureuse.

 

 

La tête d’affiche passée, place aux DJ sets, dont celui de SALUT C’EST COOL (à 3h30) pour les plus téméraires prêts à faire la fête jusqu’au petit matin. En résumé, une première journée entachée par une organisation laborieuse, dont les pots cassés seront heureusement réparés par une programmation à la hauteur une fois dans l’enceinte du festival. Beaucoup de monde et de repères à prendre dans l’immensité de L’Hippodrome De Longchamp, le tout dans une bonne ambiance générale, et ce malgré les quelques couacs concernant les files d’attente interminables. Le week-end ne fait que commencer !

 

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