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ROYAL BLOOD @ Olympia (17/03/15)

Dire que ce concert était très attendu serait un bien piètre euphémisme. Complet dès sa mise en vente, le retour des Anglais de Royal Blood dans la capitale, quelques mois après leur passage surprise lors du Festival Bring The Noise, excite la sphère rock n’roll depuis de longues semaines. Le duo, qui a explosé en moins d’un an, se devait de confirmer les attentes placées en eux dans une salle légendaire de nos contrées. C’est donc l’Olympia qui accueille les deux charismatiques musiciens, Mini Mansions et près de 3000 fans prêts à se prendre un mur sonique mémorable.

Ce sont donc les Californiens de MINI MANSIONS qui ont la lourde tâche d’ouvrir ce soir. La formation commence à faire parler d’elle et, une semaine avant la sortie de leur nouvel album “The Great Pretenders”, cette date parisienne était un vrai test pour leur notoriété. Trio atypique sans guitare, au chanteur principal (n’étant autre que Michael Shuman, bassiste des Queens Of The Stone Age) également batteur/percussionniste, Mini Mansions propose une pop psychédélique, aux claviers que Mew ne renierait pas et à la rythmique cadencée à la Django Django. Les compositions trouvent un bon écho auprès du public parisien qui commence petit à petit à donner de la voix, lorsque la section rythmique décolle et que les claviers s’envolent. En quarante minutes de set, le groupe réussit à conquérir l’audience et à chauffer suffisamment la foule pour que cette dernière offre une belle ovation à la sortie de scène.

Comme à son habitude, le speaker de l’Olympia annonce vingt minutes d’entracte. Vingt minutes durant lesquelles l’assemblée chauffée à blanc s’époumonera lorsque “R U Mine?” des Arctic Monkeys retentira. La scène s’habille petit à petit, la fosse réclame le combo tant attendu et fond littéralement lorsque le backdrop reprenant la cover du premier album “Royal Blood” des Britanniques apparait.

Les lumières s’éteignent enfin à 21h10 et l’Olympia est déjà brülant. Sur un beat d’intro majestueux, les deux ROYAL BLOOD entrent en scène et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils en imposent directement. Faisant face au public, prêt à en découdre, bière à la main, Thatcher le batteur jauge à qui il aura à faire ce soir, avant de se placer derrière son kit surélevé. Son compère balance des notes diaboliques depuis une minute déjà, créant une tension bien palpable. RB démarre en trombe sur un “Hole” déjà entonné par toute la salle. Ce que l’on pouvait craindre venant d’une formation au son aussi puissant à l’Olympia, c’est que la salle du Boulevard des Capucines ne soit pas à la hauteur de l’événement. Ce soir, il n’en est rien : la batterie a un son massif, mais bien tranchant avec beaucoup de basse, pendant que de l’autre côté, la basse trafiquée de Michael retentit, rugit même, électrisant chaque personne à la moindre note. Les chansons défilent et l’impression que les Anglais n’ont composé que des tubes ne quitte pas l’Olympia. Pas de temps morts, la fosse explose à chaque riff d’intro et ça pogotte sévère dans le pit. Si la configuration du duo est atypique (une basse qui sonne comme une guitare ?), en observant le jeu de Michael, on peut imaginer que le duo ne joue pas tout cependant. Le son étant très bon ce soir, il est facile de distinguer une ligne de basse permanente qui est peut-être jouée du côté de la scène. Mais peu importe, Royal Blood reste authentique dans son approche, et sa qualité de musicien n’est plus à démontrer. Le charisme et la puissance que dégage les deux compères est assez ahurissant à la vue de leur configuration. Mais les vibrations suaves et diabolisantes de leur musique ne trompe pas : le groupe maîtrise son truc sur le bout des doigts, n’hésitant pas à le laisser échapper parfois comme sur l’hyper sensuelle “Blood Hands”. “Figure It Out” et “Little Monster”, les deux singles qui ont fait connaître la bande au grand public, découpent la fosse qui hurle les paroles des deux chansons tubesques. Ce qu’il se passe ce soir est du grand délire. Les Royal Blood tiennent Paris entre leurs mains et Paris adore ça. Malgré tout, avec un seul album à leur actif et un rythme de croisière hyper intense (les chansons ne sont pas véritablement réorchestrées, ni rallongées),  la conclusion est inéluctable : on se rapproche de plus en plus de la fin du set. C’est alors qu’après une courte intro toute en douceur, les Royal Blood balancent le brûlot “Ten Tonne Skeleton” et son riff incendiaire. L’ondulation se rapproche d’un “Hysteria” de Muse, le groove est solide, et la basse vrombit hurlant des notes qui déclenchent un incendie invisible mais auquel toute la salle se brûle dans une jouissance enfin atteinte. Un pont rallongé, avec ce délicieux éclairage qui donne le sentiment que les musiciens jouent dans une autre dimension et ce dernier refrain qui nous achève. La formation annonce la dernière chanson du set et c’est l’ouverture de l’album, “Out Of The Black,” qui surgit, presqu’oubliée par tous tant le set ne nous a pas laissé le temps de réfléchir. L’explosion n’en est que plus réjouissante. Royal Blood fera durer le plaisir, rallongera cette fin dans une impro qui évoque les grandes heures de Muse, que l’on peine à voir depuis une dizaine d’année, mais que l’on retrouve ici, en plus sauvage encore, en moins maîtrisé et donc, en presque plus réjouissant. Cette conclusion du set permet de se rendre compte du potentiel des deux Anglais. S’ils continuent sur cette lancée, nul doute qu’ils atteindront un niveau tel à leurs aînés précédemment cité tant leur musique est intense, sauvage et très sensuelle également.

Ce soir l’Olympia en a eu pour son argent et plus encore. On a assisté à la confirmation que le renouveau du rock peut se faire sans guitare mais sera, une fois de plus, outre-Manche. Et on s’incline sans broncher, en en redemandant.

Setlist :

Hole
Come On Over
You Can Be So Cruel
Figure It Out
You Want Me
Better Strangers
Little Monster
Blood Hands
One Trick Pony
Careless
Ten Tonne Skeleton
Loose Change
Out Of The Black

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN