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PROPHETS OF RAGE @ Zénith (10/11/17)

En ce vendredi automnal, le Zénith s’apprête à accueillir Prophets Of Rage; supergroupe formé il y a seulement un an, composé de trois membres de Rage Against The Machine, deux de Public Enemy, et un de Cypress Hill, pour un line up des plus imposants. Retour sur une soirée survoltée.

20h. Le Zénith, dont les gradins hauts seront fermés pour la soirée, se remplit doucement mais sûrement. La tâche d’ouvrir le bal revient à NOVA TWINS, jeune duo londonien formé par Amy Love (chant/guitare) et Georgia South (basse). Offrant une performance furieuse à l’audience, les deux musiciennes, accompagnées par un batteur, feront vibrer l’enceinte de La Villette d’un son unique trouvant son équilibre entre racines punk et groove hip hop. Avec des titres tels que “Bassline Bitch”, “Drums” ou encore “Twitch”, la formation convainc rapidement le public, qui se montre très réceptif et encourageant. Si Georgia South apporte dynamisme, swing et enthousiasme sur scène, Amy Love, de son côté, se charge de faire trembler les murs de sa voix éraillée et puissante, pour un résultat tout bonnement impressionnant. Coup de cœur pour ce duo à suivre de près.

 

 

Après une demi-heure d’entracte, la foule, plus bouillante que jamais, est sur le point de se faire très largement récompenser pour sa patience et son entrain. Pour cause, les lumières s’éteignent pour n’éclairer que DJ Lord, prenant place derrière ses imposantes platines. Après une quinzaine de minutes de hits mixés, samplés ou encore scratchés de main d’expert, allant de chansons de KRS-One à celles de Nirvana, le membre originel de Public Enemy se voit rejoint par le reste de la formation, sous des acclamations assourdissantes.

Le supergroupe débute sur “Prophets Of Rage”, titre fédérateur de Public Enemy, datant de 1988. “Clear the way for the prophets of rage”, comme il le dit si bien. La voie, justement, est bel et bien ouverte dans la fosse, où déjà les fans galvanisés s’empressent de mettre l’ambiance. Les morceaux suivants donneront plus que raison au public parisien de faire trembler le sol du Zénith : avec le combo “Testify” / “Take The Power Back” / “Guerrilla Radio”, Rage Against The Machine est mis à l’honneur. En vue de l’interprétation plus qu’électrique de ces quelques chansons, l’énergie et la fougue communiquées sur scène par les six membres de PROPHETS OF RAGE nous laissent imaginer ce qu’une performance de Rage Against The Machine devait être à l’époque : percutante, incisive et déchainée.

 

 

Si les titres intemporels du groupe font l’unanimité (“Bombtrack”, “Sleep Now In The Fire”, “Know Your Enemy”), le fruit des créations 100% “Prophets Of Rage” ne sont pas en reste. Pour cause, “Living On The 110”, “Legalize Me” ou encore “Unfuck The World” mettent le feu à la salle et prouvent que les Prophets s’inscrivent dans une optique beaucoup plus étendue que la simple reprise de morceaux.

 

 

Malgré le rythme frénétique du show, enchainant uppercut sur uppercut, la formation réussit à communiquer avec son audience. Entre quelques chansons, elle mesure la température, s’assure que l’ambiance est au rendez-vous, et en profite pour aborder quelques thèmes qui lui sont chers, qu’ils soient engagés ou plus intimes (Tom Morello parlera de leur ami Chris Cornell, avant d’interpréter “Like A Stone” d’Audioslave en son hommage, chantée par l’assemblée). De leur côté, Chuck D et B-Real s’imposent comme deux frontmen séduisants dont l’expérience gagnée durant ces décennies de carrière donne corps à leur performance de manière indéniable.

 

 

Mais vient déjà l’heure pour l’énorme pit sans début ni fin de se défouler une dernière fois sur les guitares cinglantes, car il n’y aura pas de rappel, à la surprise générale. Le petit désagrément sera néanmoins vite pardonné, puisque cette dernière chanson sera sûrement la plus percutante, emblématique, et attendue de toutes. C’est donc “Killing In The Name” qui viendra achever la soirée sur une note des plus passionnées, remuant de sa note de basse légendaire la foule de droite à gauche, et de haut en bas. Satisfaction générale.

 

 

L’héritage des trois formations regroupées au sein de Prophets Of Rage reste bel et bien intact. Et alors que le fantôme de Zack De La Rocha, tant son impact fut grand, ne se dissipera sûrement jamais, le projet Prophets Of Rage prend véritablement tout son sens en live. Après ce concert, on ne peut s’empêcher de penser que ce supergroupe n’a rien d’une supercherie; au contraire, le sextette fait revivre un trésor dormant depuis des années, néanmoins loin d’être poussiéreux. Et on l’en remercie.

Setlist :

Prophets Of Rage
Testify
Take The Power Back
Guerrilla Radio
Living On The 110
Hail To The Chief
Bombtrack
Fight The Power
Hand On The Pump / Can’t Truss It / Insane In The Brain / Bring The Noise / I Ain’t Goin’ Out Like That / Welcome To The Terrordome / Jump Around
Sleep Now In The Fire
Like A Stone
Know Your Enemy
Bullet In The Head
Legalize Me
Unfuck The World
How I Could Just Kill A Man
Bulls On Parade
Killing In The Name