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PARAMORE @ Le Grand Rex (27/06/17)

Il s’en est passé des choses, depuis le dernier concert parisien de Paramore. C’est effectivement sans Jeremy Davis, mais avec Zac Farro et un nouvel album sous le bras, qu’Hayley Williams et Taylor York ont mis les pieds sur la scène du Grand Rex, quatre ans après leur dernier passage dans la capitale française.

Drôle de choix que le célèbre cinéma des Grands Boulevards pour faire son retour car soyons honnêtes, qui a envie de passer un concert de Paramore confortablement calé au fond d’un fauteuil ? Pas grand monde visiblement, puisque dès l’installation tardive de barrières, c’est le rush pour se tasser entre les trois mètres qui séparent la scène et la première rangée de sièges, majoritairement abandonnés. C’est donc face à un public aussi bouillant qu’éclectique que BLEACHED grimpe, peu après 20 h, sur une scène décorée de fleurs. On les avait laissées un an plus tôt hautes en couleurs au Supersonic, on retrouve les filles de Bleached toutes de noir vêtues, hormis la chanteuse Jennifer Clavin dont le look est à l’image de la musique : frais et éclatant. Accompagnées de leur batteur, les trois filles du groupe californien font résonner cordes de guitares et cordes vocales sur un punk rock ensoleillé teinté d’accents pop. Rayonnant, le groupe enchaîne des morceaux énergiques (“Keep On Keepin’ On”) et mordants (“Sleepwalking”), se permettant même une version acidulée du tube de Misfits, “Hybrid Moments” ou d’échanger les rôles sur l’explosif dernier morceau, “Dead In Your Head”.

Sans cérémonie, PARAMORE monte sur la scène du Grand Rex sous des acclamations frénétiques après trente minutes d’attente. Ce n’est pas un trio qui apparaît puisque, le son du groupe s’étant enrichi, il compte désormais sur du renfort : Justin York (guitare), Joey Howard (basse), Logan MacKenzie (guitare, clavier) et Joseph Mullen (percussions). Les premières notes de synthés 80’s de “Told You So” suffisent à mettre balcons, mezzanine et parterre debout. Et quand Paramore provoque son premier throwback de la soirée en enchaînant “That’s What You Get” et “Brick By Boring Brick”, c’est carrément l’euphorie générale. Aussi incisive et puissante sur les anciens classiques qu’insouciante et joueuse sur les morceaux plus lumineux du nouveau “After Laughter“, Hayley Williams mène le show avec un naturel déconcertant. Véritable boule d’énergie, la chanteuse arpente la scène sans relâche, joue avec le public et les agents de sécurité et enchaîne high kicks et chorégraphies sans jamais perdre en puissance vocale. Et si c’était le cas, on s’en rendrait à peine compte tellement l’assemblée entière s’époumone à ses côtés.

 

 

Paramore rend hommage aux différentes périodes de sa carrière en piochant dans chacun de ses quatre derniers albums, mais fait impasse sur le premier. Des rageurs “Turn It Off” et “Playing God”, aux mélodies enjouées de “Still Into You” et “Caught In The Middle”, en passant par l’incontournable époque “Twilight” avec “Decode” et “I Caught Myself”, on se rend compte de l’évolution du trio mais surtout du nombre impressionnant de tubes qui constituent sa discographie. Malgré ça, la bande se fend d’une reprise du “Everywhere” de Fleetwood Mac qui, à la sauce Paramore, semble tout droit sortie de “After Laughter”. C’est évidemment ce disque qui est privilégié. Mais 2017 ne signe pas seulement sa sortie, c’est aussi les dix ans du cultissime “Riot!”. Hayley Williams ne manque pas de l’évoquer lors d’un de ses nombreux speechs sur la gratitude du groupe envers la fidélité de ses fans. En remerciement, Paramore suit sa tradition de donner l’occasion à deux fans de se transformer en Hayley Williams et Taylor York le temps d’un refrain sur l’iconique et explosif “Misery Business”. Et ce soir, les deux remplaçantes provisoires pouvaient sans rougir prétendre prendre leurs places !

 

 

Après s’être éclipsé, Paramore revient pour jouer “Forgiveness” dans la quasi-obscurité, avant de faire exploser les couleurs flashy sur “Scooby’s In The Back”, un morceau du projet solo du batteur Zac Farro, HalfNoise, et interprété par lui-même. Dansant et psyché, le morceau apporte un vent de fraîcheur inattendu et permet à Paramore de se montrer particulièrement complice. Après le fameux “we are Paramore” scandé comme un seul homme par la foule, la bande conclut son set d’1h40 dans une dernière explosion de couleurs et d’euphorie sur “Hard Times”.

 

 

Si la pertinence d’organiser un concert de Paramore dans une salle comme le Grand Rex est questionnable, le retour de la bande d’Hayley Williams à Paris est un triomphe. Après plus de dix ans de carrière, les Américains n’ont rien perdu de leur énergie distinctive et semblent plus épanouis et soudés que jamais.

Setlist :

Told You So
That’s What You Get
Brick By Boring Brick
Still Into You
Caught In The Middle
Turn It Off
Decode
I Caught Myself
Hate To See Your Heart Break
Fake Happy
Everywhere
Rose-Colored Boy         
Playing God
Ain’t It Fun
Misery Business
—-
Forgiveness     
Scooby’s In The Back
Hard Times