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MUSE @ Tour Eiffel (28/06/16)

Après avoir établi résidence pendant six soirs à l’AccorHotels Arena cet hiver, Muse revenait à Paris pour LE concert de l’été, au pied de la Tour Eiffel. La bande de Matt Bellamy jouant dans un tel cadre, RockUrLife ne pouvait évidemment pas rater ça. Récit de ce concert exceptionnel.

Plus habituée à recevoir des supporters portant des maillots bariolés aux couleurs des différents pays en course pour l’Euro, la fan-zone du Champ-De-Mars est envahie de milliers de fans, arborant fièrement leurs T-shirts Muse. Déjà croisés plus tôt sur le “Drones Tour”, les Américains de X AMBASSADORS ont l’honneur – et la difficile tâche – d’ouvrir le bal face à la marée humaine qui s’étend devant la scène, semblant minuscule devant la Tour Eiffel. Boosté par un cadre inhabituel, le groupe semble bien décidé à marquer les esprits. Le chanteur Sam Harris impressionne par sa voix, tantôt rauque, parfois cristalline. Malgré un enthousiasme débordant et des réminiscences d’Imagine Dragons, aussi bien scéniquement que musicalement, le set manque de saveur. Si certains morceaux, “Love Songs Drug Songs” et “Low Life” notamment, sont accrocheurs, aucun ne rivalise avec leurs deux méga tubes, “Jungle” et “Renegades”. L’un, ravageur par sa puissance, l’autre, enivrant grâce à ses refrains fédérateurs et sa dernière partie instrumentale, sont repris en coeur par le public et viennent clôturer en beauté une entrée en matière qui reste admirable.

Vers 22 h, alors que tout le monde est occupé à prendre des photos du soleil s’échappant derrière la Tour Eiffel, la voix autoritaire de “[Drill Sergeant]” lance le show. MUSE a laissé sa panoplie de soldats au placard et c’est dans la plus grande sobriété que Matt Bellamy assène le riff d’intro de “Psycho”. Parfait morceau d’ouverture, le tube électrise le Champ-De-Mars. Loin de sa grandiloquence habituelle, la formation enchaîne les morceaux puissants dans une mise en scène minimaliste. Bien que cela mette la dextérité des trois musiciens – et de Morgan Nicholls, au clavier – à l’honneur, le côté m’as-tu-vu du groupe aurait parfaitement eu sa place dans ce cadre. Les drones survolant le Champ-De-Mars étaient bien entendu hors de question, mais un concert de cette ampleur et de ce caractère n’était pas le bon moment pour revenir à une scénographie intimiste. D’autant plus que, si les premiers rangs profitent d’une proximité délectable, difficile d’en dire autant pour ceux relégués dans la seconde fosse, qui, pour les plus chanceux, ont tout juste aperçu une mèche de cheveux du chanteur.

 

 

L’ombre d’un mosh pit n’est plus apparue à un concert de Muse depuis longtemps, mais c’est face à une assemblée particulièrement morose que les Anglais jouent. Hormis les fans inconditionnels toujours au poste, la majorité de la foule ne se réveille que timidement pour taper des mains sur “Starlight”. Le show est tout de même marqué par plusieurs moments d’allégresse, de la montée en puissance de “The Handler”, résonnant dans le XVIIème arrondissement tout entier, aux toujours aussi furieux “Hysteria” et “Time Is Running Out”. La foule entière scandant “Resistance” réchauffe le cœur et la désormais culte intro de “Knights Of Cydonia”, empruntée par Chris Wolstenholme à Ennio Morricone, provoque des frissons incontrôlables. Mais c’est surtout l’excellentissime “The Globalist” qui se démarque ce soir. Avec son début calme et berçant, son riff ravageur et sa fin, avec un Matt Bellamy au piano sur fond de Tour Eiffel scintillante, le morceau n’a jamais aussi délicieusement bien sonné.

 

 

 

Une légère déception se fait sentir du côté de la setlist, ultra efficace mais ultra classique. La changer au milieu d’une tournée n’est pas évident, mais une surprise n’aurait pas été de refus. Glisser, par exemple, l’hymne conquérant “Survival”, en clin d’œil à l’Euro 2016, aurait probablement était plus approprié que l’angoissant “The 2nd Law:Isolated System” ou l’assommant “Madness”.

 

 

Si Muse est toujours aussi excellent, on ne peut s’empêcher de penser qu’en jouant un set sans surprise, desservi par une organisation inappropriée, il a manqué une occasion de marquer le coup. L’extravagance du trio, dénigrée par certains, adulée par d’autres, a cruellement manqué. Cependant, ce set, par son caractère unique et grâce au talent indéniable des trois Britanniques, restera gravé longtemps dans les esprits. Si Muse n’a pas encore accompli son rêve de toujours de jouer dans l’espace, il a tout de même réussi à nous mettre des étoiles plein les yeux en signant une performance sans fausse note dans un cadre merveilleux.

Setlist :

[Drill Sergeant]
Psycho
Plug In Baby
Dead Inside
Map Of The Problematique
The 2nd Law: Isolated System
The Handler
Supermassive Black Hole
Starlight
Munich Jam
Madness
Resistance
Interlude
Hysteria
Time Is Running Out
The Globalist
Drones
—-
Mercy
Uprising
Knights Of Cydonia