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MOTOCULTOR FESTIVAL 2015 – Jour 1 (14/08/15)

Pour la troisième année consécutive, le Motocultor Open Air Festival s’est installé sur la commune de Saint Nolff dans la sublime région du Morbihan. Deuxième festival metal français en termes d’entrées, il peine pourtant à s’établir sereinement et se voit même menacé d’extinction. La faute au déficit des trois premières éditions en plein qui ont plombé ses finances, mais surtout au manque de subventions des collectivités publiques. Voilà l’explication la plus probable à son plus gros point noir : l’organisation et la restauration. Pourtant comme chaque année, nous sommes de retour en terres bretonnes car il n’y a que là-bas qu’une telle fest-nos peut avoir lieu !

Après une ambiance des plus survoltées la veille dans le camping, une douche froide et une pluie virulente le vendredi matin, voici venir le temps sous un soleil timide de nous rentrer sur le site pour assister au show de Psykup. Petit retard au démarrage en ce vendredi midi, premier jour du festival, du à un changement dans la programmation. En effet, Gutalax ayant eu une panne de bus sur l’autoroute aux alentours de Chartres, le combo qui arrive de République Tchèque ne pourra pas être sur le site du Motocultor à temps pour assurer son set à 14h20. Du coup Psykup, prévu normalement à l’ouverture, prendra leur place afin d’éviter un trou dans la programmation. C’est donc simultanément que Belenos et Nesseria ouvrent les festivités, respectivement sur la Massey Ferguscène et la Supositor Stage.

BELENOS (Massey Ferguscène) – C’est donc au black/celtique sombre et inspiré de Belenos que reviendra la lourde charge d’ouvrir le festival sur la toute nouvelle troisième scène (baptisée Massey Ferguscène en hommage à la célèbre marque de tracteurs) et sous le crachin breton. C’est une deuxième participation pour les Bretons qui étaient déjà à l’affiche en 2013. Mais cette édition 2015 aura une saveur particulière puisque c’est cette prestation au Motocultor qui a été choisie pour fêter les vingt ans du… comment dire ? De Belenos. Le terme de groupe n’étant pas totalement approprié puisqu’à l’origine il s’agit plutôt d’un one man band qui ne se transforme en formation que pour le live. En l’honneur de cette célébration, Loïc Cellier, chanteur/fondateur, marquera le coup en nous offrant un enchainement un peu particulier de deux titres : leur chanson la plus ancienne (“Le Déluge” extraite de leur première démo “Notre Amour Eternel” sortie en 1996 sur cassette) suivie de la plus récente (“D’An Usved” ou “Vers L’Au-delà” en breton), qui n’est pas encore sortie et figurera dans une version quelque peu différente sur l’album actuellement en cours d’enregistrement, “Kornog”. L’écart entre ces deux morceaux est émouvant. Une magnifique façon de rendre hommage à tous ces disques réalisés au cours de ces vingt années et qui ont, faut-il le rappeler, toujours été fort bien accueillis aussi bien par le public que par la critique. Nous avons maintenant hâte d’écouter ce nouvel opus tant attendu et qui devrait être disponible entre janvier et mars 2016. D’ici là, nous pourrons les retrouver sur scène à Saintes le 30 octobre 2015 (dans le cadre du Hell’ Oween Festival) et à Angers le lendemain. Pour l’heure, nous aurons eu droit à une prestation magique et envoûtante, un sublime voyage temporel, qui nous aura même fait oublier la pluie.

 

 

PSYKUP (Dave Mustage) –  Attention, qu’on se le dise, les Psykup sont là pour sauver le monde, et ils le crient haut et fort ! Mais avant d’en arriver là, ils nous auront tout simplement offert une superbe prestation. L’audience est venue en nombre et certains ont même pris uniquement un billet pour le vendredi pour ne pas louper ce rendez-vous ! Il faut avouer que le groupe fédère. Que l’on soit ou non fan de metal, ils arrivent à faire bouger tout le monde de fort belle manière. Rien de tel qu’un petit “Love Is Dead” pour réveiller les foules (pas si endormies que cela malgré tout) qui ont tôt fait de partir en pogo, avant que sur la scène cela ne parte en vrille dans des délires absolument psykupesques. Le message est passé : “ils ne sont pas là pour lire un livre de philosophie”. Et cela tombe plutôt bien car visiblement le public non plus ! D’ailleurs, la preuve en sera faite avec un superbe et vigoureux wall of death organisé sur “Your Vision”. Certains spectateurs ont lancé un souhait : un nouvel album ! Seront-ils exhaussés ? Pour le moment pas de réponse, et c’est sans management que le set se termine. Un trop petit set d’une quarantaine de minutes au regard de ce que le combo peut nous proposer, mais de pure énergie, et hop voilà les autruches (comme ils aiment à se surnommer) parties. Et ils nous laissent en plan avec… Christophe qui nous crie “Aline pour qu’elle revienne” ! Mais c’est Psykup que demande le public en vain. Du coup, la foule s’étiole en reprenant “Aline” en cœur jusqu’au bout du champ. Impressionnant de décalage avec la prestation tonique que nous venons de vivre. Quoique… tout bien réfléchi, ils sont tout de même bien barrés les Toulousains, et le décalage ils en raffolent ! Inactif depuis 2009, le groupe s’est reformé cette année, à l’origine temporairement, pour fêter les dix ans de l’association Jerkov Musiques, mais beaucoup espèrent que l’aventure perdurera.

 

 

 

BIRDS IN ROW (Supositor Stage) – Pendant que Killers tente d’envoyer son heavy speed, nous nous dirigeons vers la Supositor Stage pour découvrir Birds In Row, groupe de Laval formé en 2009. Disons le tout de suite, à peine un morceau vient de se dévoiler sous nos yeux et déjà un constat. Ce n’est pas notre délire musical. Difficile ainsi que pouvoir parler de la teneur musicale (attitude screamo post hardcore…), alors basons nous essentiellement sur la prestation visuelle. Scéniquement ça tient la route, le trio a de l’énergie à revendre et son implication est réelle, normal ils jouent un hardcore punk particulièrement offensif et violent. L’auditoire semble être bien en jambes et les accompagne sans rechigner dans une cavalcade de titres courts, pour la plupart extraits de leur album “You, Me & The Violence”, allant directement à l’essentiel. Ils passent donc le cap de la scène en parvenant à véhiculer leur fougue communicative. Au moins les Birds In Row auront eu le mérite de nous réveiller !

 

 

KILLERS (Massey Ferguscène) – Alors que les premières notes de Birds In Row raisonnent sur la Supositor, Killers termine ses dernier réglages sur la Massey Ferguscène. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la détermination et la passion, voir l’abnégation, de Bruno Dolheguy (guitare/chant) et seul rescapé de la formation originelle pour porter son groupe contre vents et marées (et parfois même dans les tempêtes) depuis plus de trente années, ne peut que forcer le respect. D’autant que pendant tout ce temps il sera resté productif avec plus d’une bonne quinzaine d’albums tout de même entre 1982 et 2015. Si leur musique heavy/speed/trash passe bien, la voix et les textes fortement teintés années 80, ont un charme un peu passé. Et ce ne sont pas des titres tels que “Fils De La Haine” (extrait du premier essai en 1985) ou “Maître Du Métal” (1986), qui prouveront le contraire. Quoi qu’il en soit, ils auront su ravir leur fidèle public qui aura certainement déjà pris date du festival de Vouziers où les quatre compères joueront aux côtés d’autres groupes célèbres des années 80 tels que Vulcain ou Rock Goddess. Ce set sera également l’occasion d’introniser Vincent Roubière comme nouveau batteur en titre. Une chose est sûre, petit à petit les Killers avancent, toujours droit dans leurs bottes et incroyables de générosité.

 

 

ANCIENT RITES (Dave Mustage) – Créé en 1989, Ancient Rites fait partie de ces “vieux” groupes qui subsistent et résistent encore malgré le poids des années et un passif qui aurait pu mettre fin à leur rite initiatique. N’ayant jamais eu l’occasion de voir les Belges sur scène (ils ont sortis deux efforts en quatorze ans), la déception fut de mise. Semi-déception due essentiellement à Gunther Theys, seul rescapé des débuts, qui a abandonné le chant black extrême de ses débuts pour un chant clair plus proche du heavy metal. Malgré la bonne prestation des musiciens, laissant parler leur expérience à travers un folk metal épique, l’intonation à quand elle été un frein pour apprécier le set, tout comme l’absence volontaire de basse. Fort heureusement les nombreuses allocutions en français de Gunther Theys feront réagir la fosse qui se prendra au jeu. Il faut dire que la bande ne manque pas de sympathie et son plaisir d’être là n’est pas boudé. C’est à ce moment-là qu’un tournant s’opère. Au fur et à mesure des morceaux le tempo s’accélère, les solis fussent et le groupe monte d’un niveau sa puissance. Une fin de set sur le chapeau de roue. Ancient Rites nous laissera dubitatif mais pas totalement conquis.

 

 

MARS RED SKY (Massey Ferguscène) – Pas le temps de nous ressourcer, nous filons voir le stoner rock de Mars Red Sky qui se produit sur la Massey Ferguscène alors qu’All Out War a pris d’assaut la Supositor. Malgré sa récente création en 2011, le groupe bénéficie déjà d’une bonne renommée, et sa reconnaissance dépasse les frontières européennes. En effet, le trio bordelais s’est rapidement imposé en misant sur des grooves lourds entêtants et des riffs aériens hautement mélodiques, le tout porté par la voix éthérée et aiguë de son frontman et guitariste Julien Pras, la frappe puissante de Matgaz et les lignes de basse pachydermiques de Jimmy Kinast. Mais Mars Red Sky en live, c’est avant tout un concert pur et sans artifice pendant lequel l’auditeur est en osmose avec une musique cosmique entre doom cotonné et pop psyché 70’s. Pourtant une ombre vient obscurcir le ciel. Ça fuzze à bloc comme les gens aiment à l’heure actuelle, mais à force d’entendre les groupes prendre tous la même direction on frôle l’overdose de la hype. Sans ça les Mars Red Sky, s’ils avaient pu jouer sous un chapiteau et non une scène en pleine air peu propice aux ambiances planantes, auraient pu nous offrir un voyage sans retour vers la planète rouge.

 

 

ALL OUT WAR (Supositor Stage) – “All Out War” c’est bien l’expression qui convient, car c’est en effet à une guerre totale que le combo de hardcore new-yorkais (ou plus exactement de Newburgh) nous conviera. Le jeu est rapide et brutal tel un déferlement de cavalerie. D’une brutalité sans concession. Mike Score (chant) arpente nerveusement la Supositor Stage de droite à gauche et de gauche à droite, puis de droite à gauche et de gauche à droite tel un fauve et harangue la foule. De son côté, le public s’en donnera à cœur joie à grands coups de pogos, circle pits et autres slams. Une excellente prestation et une belle découverte en live. Incontestablement avec leur nouveau EP (“Dying Gods”) dans leur mallette, les vétérans (vingt-cinq ans de carrière tout de même) sont venus nous hurler, preuve à l’appui, qu’il fallait encore compter avec eux, et nous en sommes ravis.

 

 

HEART ATTACK (Dave Mustage) – Du thrash qui se défend plus qu’honorablement pour ces Cannois, gagnants (tout comme One Last Shot) du Headbang Contest qui a eu lieu le 7 juin dernier au Divan Du Monde à Paris. C’est d’ailleurs à ce titre qu’ils auront l’honneur de fouler la Dave Mustage en ce début de soirée. Malgré un démarrage un peu mou, vite oublié, la formation a su trouver ses marques et envoyer toute la puissance et l’énergie dont elle était capable à la face du public venu en masse et enchainant circle pits et bravehearts. La tournée française de l’album “Stop Pretending”, sorti en 2013, qui avait également fait escale au Hellfest (au Metal Corner), touche à sa fin. Les dernières dates sont Fréjus le 2 octobre, Nantes le 8 et Angers le 9.

 

 

STICKY BOYS (Massey Ferguscène) – C’est toujours un réel plaisir d’assister à un concert des Sticky Boys car on sait qu’on va passer un bon moment, dans la joie et la bonne humeur. Très généreux sur scène, le groupe se donne toujours à fond, pourtant la surprise n’est pas toujours au rendez-vous et lorsqu’on a vu une ou deux prestations dans l’année on se dit que la prochaine fois ça sera la même. Cependant, ne les ayant pas vus depuis la sortie fin d’année dernière du second album “Make Art”, on se dit que cette prestation au Motocultor est l’opportunité rêvée pour découvrir leur nouveau set. Uniformes d’écoliers, les élèves de mauvaises réputation vont, durant cinquante minutes, nous donner une leçon de rock n’ roll, avec un grand coup de pied au cul. Le trio s’amuse toujours autant sur scène et le public ne demande qu’à se joindre à eux, si bien qu’une chenille incroyable est lancée dans la fosse sous l’incitation d’Alex Kourelis, le guitariste/chanteur, qui réclame “une belle chenille bretonne !” sur “Girls In The City”. “Sur celle-là, ce qui me ferait plaisir c’est que vous fassiez ce que vous avez envie de faire, je veux voir des nichons sur des épaules” enchaine le chanteur/guitariste. “J’ai envie de voir des gens danser, voir des enfants sur les épaules et j’ai envie que vous les supers danseurs vous foutiez un putain de bordel ! Quelque chose me dit que celle-là vous la connaissez !”. C’est sur la reprise “Surfin’ U.S.A.” de The Beach Boys que le groupe conclu un set simple mais redoutable d’efficacité. Une petite danse bien fendarde en guise de sortie de scène, pour du rock n’ roll comme il fait plaisir d’en voir ! Mission accomplie une fois de plus pour Sticky Boys, nous voilà motivés pour le reste de la journée !

 

 

RISE OF THE NORTHSTAR (Supositor Stage) – Vêtus tels des samouraïs, le plus japonais des groupes français débarque sur scène. Dès les premières notes de “What The Fuck”, c’est un peu comme si la foudre s’était abattue sur le devant de la scène, secouant tout le monde et entrainant le public dans une danse aussi désordonnée qu’effrénée. Et cela ne s’arrêtera pas tout au long du set, “Again And Again”… ce doit être cela le “Furyo State Of Mind” ! Annoncé comme une valeur montante, une chose est sûre, la bande aime le travail propre et bien fait. A l’instar de leur look peaufiné à l’extrême ils nous délivreront un set tout aussi carré. Trop peut être. Et même si on ne peut que saluer leur force et leur capacité à fédérer une audience plus large qu’uniquement metal (en raison probablement de leur aptitude à mélanger allègrement le punk hardcore, le metal et le rap en une sorte de fusion qui leur est propre), cette prestation ne restera malgré tout pas dans nos mémoires. Il conviendra cependant de souligner la performance de Vithia, le chanteur, qui aura maintenu la date et assuré le show (soutenu par une béquille) malgré un problème de santé qui avait entrainé l’annulation de plusieurs autres prestations cet été, et, on vient de l’apprendre, de celle de septembre également.

 

 

SOLSTAFIR (Dave Mustage) – De leur début black metal il y a vingt ans à son rock atmosphérique actuel, Sólstafir a su sortir des sentiers battus pour proposer un son unique de metal teinté de post rock, de notes de post hardcore, et de rock progressif menée par un chant clair aux envolées musicales caractéristiques. Que dire de Sólstafir à part que ce groupe nous envoûte, nous enchante, nous fait voyager à chaque écoute. Alors oui peut être que le soleil qui pointe son nez depuis quelques heures sur le site de Kerboulard ne rend pas hommage à la formation, peut-être qu’effectivement un set des Islandais ça s’appréhende au crépuscule dans l’intimité d’une salle, mais qu’est-ce que ça fait du bien de les avoir à nouveau devant nous ! Déjà séduits lors de la prestation en hiver dernier à Nantes, Sólstafir en rajoutera une couche avec un set exemplaire, notamment au niveau du chant d’Aðalbjörn Tryggvason qui frôlera la per-fec-tion contrairement à Nantes où il y avait des faussetés. Le nouveau batteur session mène la marche à la baguette, et même si on regrette la présence de Guðmundur Óli Pálmason derrière les fûts, on ne peut pas nier qu’Ari Þorgeir Steinarsson relève le défi haut la main. Le son parfait permet d’apprécier à leur juste valeur toutes les compositions. cinquante minutes de set, il y a la place qu’à un concentré de tubes en puissance notamment avec “Ótta” et “Náttmál”, qui font suite à l’ouverture sur “Svartir Sandar”. Sólstafir touche, émeut jusqu’aux larmes, il n’est pas inhabituel de voir des personnes pleurer sur l’émouvante “Fjara”, titre souvent dédicacé à notre regrettée Marianne (LSK). Oui, il nous est nous aussi arrivé de ne pas les retenir ces putains de larmes en pensant à cette amie musicienne partie trop tôt… Le quatuor termine sur l’anglophone “Goddess Of The Ages” pendant lequel Aðalbjörn descend dans le pit photographe afin de communier directement avec son public. Tous les ingrédients étaient là pour passer un bon moment, et c’est ce qui arrivera. Même la foule amassée spécialement pour Eluveitie et Finntroll sortira de ce concert le sourire aux lèvres, en se disant qu’elle vient de découvrir un groupe de talent. Effectivement la musique de Sólstafir c’est du miel dans les oreilles par rapport à ce qu’on a écouté depuis le début de la journée, mais qu’est-ce que ça fait du bien. Magique et classieux.

 

 

ABORTED (Supositor Stage) – Véritable valeur sûre en live, le brutal death d’Aborted n’a plus grand-chose à prouver. Depuis maintenant vingt ans, on peut les avoir vus et revus, c’est toujours un réel bonheur de retrouver les Belges sur scène. Mais ce bonheur tient peut-être maintenant un peu moins de la performance du groupe sur scène (toujours parfaite) qu’à la capacité de la foule à s’éclater. Avec un démarrage sur les chapeaux de roues malgré un son un peu chaotique sur les premiers titres, nous aurons droit à un véritable déballage d’énergie avec un JB à la basse branché sur 3000 volts. De son côté, Mendel, tout sourire à la guitare, semblant savourer ce moment de complicité avec le public, s’amusant même avec un ballon venu échouer sur la scène avant que Sven (chant) ne le réexpédie dans la fosse d’un gros coup de pied. La bande ne s’économisera pas et nous offrira un set magnifique de puissance. Sven, créateur et pilier du groupe, toujours très en voix, en profitera pour demander un circle pit plus grand que celui de sa précédente prestation (Motocultor 2013) qui avait déjà fait le tour de la régie. Le défi sera relevé bien entendu, offrant ce qui sera probablement le plus grand circle pit de cette édition 2015, faisant à nouveau le tour de la régie.

 

 

FINNTROLL (Dave Mustage) – Au niveau des valeurs sûres, Finntroll se pose également en maitre, tant ses concerts sont toujours l’assurance d’un moment festif et agité. Bien évidemment, celui-ci ne dérogera pas à la règle. Peintures sur le visage et oreilles d’elfes sur la tête, les Finlandais ont décidé de ne pas laisser le feu allumé par Aborted s’éteindre, déversant leur black/folk/pagan sur un public ne demandant pas mieux. Mélangeant les titres du nouvel opus avec de plus anciens dans un ensemble redoutable d’efficacité, les sept compères ont fait mouche. Ils nous ont à nouveau offert une superbe performance comme il est, il faut l’avouer, désormais d’usage à chacun de leurs nombreux concerts. A l’instar d’Aborted, c’est également sur scène que Finntroll prend toute sa dimension !

 

 

PENTAGRAM (Massey Ferguscène) – Après celle laissée par Sólstafir, dans un autre registre, voici LA monstrueuse claque de ce vendredi ! Dignes rejetons de Black Sabbath, Pentagram propose ce soir un show exceptionnel mené de main de maître par le seul membre constant du groupe, Bobby Liebling. Du haut de ses soixante-et-un ans, avec des poses et des danses lubriques à souhait mais oh combien jouissives (ne vous méprenez pas on parle bien de l’euphorie dans laquelle nous sommes et nous de l’effet qu’il nous fait !), Bobby nous pousse à la transe. “Death Row” retentit, nous voilà parti pour cinquante petites minutes de doom aux sonorités heavy version Woodstock. Le groupe aligne les classiques et les morceaux extraits du dernier album, “Curious Volume”. On se retrouve donc avec les habituels morceaux qui font chanter les premiers rangs (et pas que) en chœur, avec “Forever My Queen”, “Sign Of The Wolf (Pentagram)”, “Dying World”, “All Your Sins”, “Last Days Here” ou encore le mythique “Relentless”. Vient l’heure de la dernière incantation lorsque les arpèges de “Be Forewarned”, version courte, retentissent. Même si nous n’étions pas légèrement alcoolisés, nous nous serions tout de même décrochés les cervicales. Voilà à quoi on reconnait un grand groupe avec un grand G. Pourtant, un bémol vient ternir ce majestueux tableau. Premièrement, parfois le chant est relégué en seconde position et c’est bien dommage, mais nous sommes bien plus dubitatif devant l’absence de Victor Griffin, guitariste emblématique de la formation. Remplacé par un guitariste méconnu, Matt Goldsborough, les morceaux s’en trouvent par moment modifiés, avec une énergie plus punk. Cela peut choquer les fans de toujours mais si on met ceci de côté, ce n’est pas sans nous déplaire car la performance s’en trouve bien plus explosive et moderne. Toujours est-il que malgré ces deux petites nuances Pentagram nous a littéralement crucifiés sur place !

 

 

ELUVEITIE (Dave Mustage) – Un concert plaisant mais sans plus, voilà ce que sera la prestation d’Eluveitie. Il faut avouer qu’après Aborted, Finntroll et Sick Of It All, nous étions déjà bien rincés. Du coup, les mélodies d’Eluveitie malgré tout si souvent vu en live auront été plus propices à un fond sonore qu’à une vraie débauche d’énergie contrairement à d’habitude. La faute certainement en premier lieu, à la mauvaise qualité sonore qui a eu pour effet de transformer l’ensemble en une sorte de bouillie parfois à la limite du digeste. Pendant qu’un noyau d’irréductibles fans mettait l’ambiance dans la première partie de la fosse, les autres écoutaient sagement et reprenaient peut-être leurs forces pour Madball. Certains titres resteront malgré tout incontournables : “Tegernakô” et bien entendu “Inis Mona” (pour clore le set en beauté) ne manqueront pas de remuer la foule. Nous aurons même droit à un wall of death sur “Kingdom Come Undone”. Par contre, il aurait peut-être été plus judicieux d’éviter certains morceaux à la limite du pop rock tel que “Quoth The Raven” sans parler du malheureux “L’Appel Des Montagnes” qui aura proprement plombé le milieu du set et aurait tout aussi bien pu être chanté en version turque tellement la voix était inaudible. Cette prestation nous laissera un peu sur notre faim : nous avons connu franchement mieux de la part des Suisses.

 

 

MADBALL (Supositor Stage) – Dernier gros nom à se produire dans le style qui aura été la thématique du jour, à savoir le hardcore, les vétérans new yorkais nous administreront par la même occasion la dernière grosse torgnole de ce vendredi. Ultra efficace, ce set aura été une bien belle (et épuisante s’il en était encore besoin) façon de fermer le rideau sur la Supositor Stage en ce premier soir.  Balle folle ? Vous avez dit balle folle ? Absolument et elle nous est arrivée en pleine tête !

 

 

LITTLE BIG (Dave Mustage) – Sans transition aucune après Madball, Little Big aura quant à lui, été la formation “improbable” de cette édition 2015. Pour que vous puissiez bien visualiser la situation, voici le décor : Un pupitre sur lequel est posé un ordinateur en fond de scène. A ce niveau, une question s’impose, mais comment la formuler mieux que par un gros “?!” Pour ce qui est des protagonistes, nous aurons un gars derrière l’ordinateur qui balance de la musique électro, un autre qui chante torse nu en survêtement et une fille de très petite taille avec un diadème sur la tête qui chante et danse sur une estrade. Les Russes sont montés sur ressorts, et c’est à une véritable débauche d’énergie que tout ce petit monde va nous convier, et visiblement la foule est prête à se donner à fond jusqu’au bout de la nuit.

 

 

Mais pour l’heure il est temps pour nous de tirer notre révérence à cette première et oh combien riche journée, car celle de demain promet de ne pas être plus reposante.

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