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MaMA Convention 2016 : ce qu’il faut retenir !

En parallèle du MaMA Festival, où se donnent les artistes en développement du moment, les têtes fortes qui animeront les milieux indé et alternatif ces douze prochains mois, s’est déroulé en journée le MaMA Convention, rassemblement de professionnels autour de l’actualité et des évolutions du milieu musical d’un point de vue industriel, technologique, social et/ou économique. Curieux que nous sommes, nous y sommes allés, en plus du festival, afin de découvrir ce que nous réservent demain les acteurs de la musique et de vous en faire un petit résumé..

Le monde de la musique, un milieu en pleine expansion

Vous n’êtes pas sans savoir que l’industrie musicale a été ces dernières années complètement chamboulée par la démocratisation d’Internet dans notre société et la dématérialisation du cinquième art au grand dam des produits physiques. Aujourd’hui, le numérique, les NTIC (ndlr : les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) et les offres de services en ligne sont au centre des nouvelles stratégies des labels et des industries des valorisation de la musique, dont l’objectif premier est de rentabiliser encore plus l’exploitation de celle-ci dans le monde, sous n’importe quelle forme. Par conséquent, c’est donc sans surprise que ces moult nouveautés sont abordées au MaMA Convention 2016, sous différents angles, points de vue et à travers d’intéressantes stratégies.

On apprendra par exemple que Live Nation et Universal Music proposeront dans les mois qui suivent des concerts en VR (“virtual reality”, ou réalité virtuelle) de façon mensuelle, que des sites travaillent actuellement sur une meilleure recommandation musicale via les plateformes de streaming – à l’instar de Musimap -, que le Cashless, technologie du paiement via une puce, est aujourd’hui utilisé par quasiment tous les festivals en France et tend à se démocratiser à une plus grande échelle mais aussi qu’un site d’intelligence artificielle Flow Machines, à force d’analyses, avait publié une chanson dans le style des Beatles dont le résultat bluffant est à découvrir ici. En somme donc, des évolutions importantes et bluffantes dans le paysage de la musique qui en disent long sur le virage de plus en plus numérique et artificiel entrepris de nos jours ainsi que les nouveaux investissement autour de la notion d’ “expérience” des consommateurs (toujours plus d’immersion, toujours plus de sensationnel).

A côté de cela, l’autre enjeu important, central et technique de cette édition 2016 restent les datas et la Blockchain, abordées à travers plusieurs conférences. Denis Ladegaillerie, fondateur-patron du label Believe Digital et pionnier dans la musique dématérialisée, défend l’idée que croiser les datas (les données créées lors de nos écoutes, des achats en ligne, des billetteries etc) permettraient une meilleure rentabilité du secteur ainsi qu’une meilleure rémunération des artistes, des compositeurs, des auteurs. Un secteur encore jeune qui fait face lui aussi à de nombreux investissements en ce moment. Mais encore faut-il trouver comment bien/mieux utiliser ces statistiques, sans en oublier pour autant l’artistique, primordial dans un monde où la musique semble formatée. Quant à la Blockchain, considérée pour beaucoup comme l’avenir de la musique, cette “chaîne de données” permettrait plus de transparence pour les artistes sur leurs revenus.

Initial/Spinnup et TuneCore, les nouveaux amis des musiciens amateurs

L’événement de ce MaMA Convention 2016, c’était également le lancement officiel de TuneCore en France. Remplaçant Zimbalam, le service européen géré par Believe Digital, cette plateforme internationale permet aux artistes de mettre en ligne leurs singles/EPs/albums via toutes les plateformes de vente moyennant un paiement (désormais annuel). Plus timide, la major Universal Music a quant à elle lancé récemment une plateforme concurrente en France, Spinnup, en lien avec son nouveau projet de repérage et de management Initial. C’est donc officiel, les labels cherchent désormais à suivre de A à Z les projets de demain, à solidifier les contrats 360° et à pérenniser ses revenus. A côté de cela, le crowdfunding vit de beaux jours devant lui, avec plus de 34,4 milliards de dollars recueillis dans le monde. Le financement participatif a tellement le vent en poupe que la société Ulule (plateforme sur laquelle Stupeflip a réussi son pari en collectant à ce jour près de 300 000€ sur les 40 000€ initialement demandés) compte ouvrir un magasin physique. Un comble pour une industrie qui se dématérialise de plus en plus.

Les artistes ont besoin d’aide : les experts sont là

Tout au long de la journée, différents ateliers mettant en avant des acteurs intéressants, des logiciels faisant déjà leur preuve, sont valorisés et exposés aux yeux des professionnels et des amateurs curieux. La keynote qui nous aura le plus marqué est celle on ne plus sympathique d’Emily Gonneau, dédiée à l’accompagnement de projets musicaux à l’ère du numérique. En écho à son livre “L’Artiste, Le Numérique Et La Musique” sorti en février dernier, l’experte nous a proposé avec conviction et simplicité quelques outils pour porter à bien un projet sur la longueur, bien tenir ses comptes, les délais etc. Car aujourd’hui, l’artiste a besoin d’être mieux armé pour mieux avancer, pour mieux se faire entendre. Quarante minutes que l’on n’a pas vu passer et qu’il est possible de redécouvrir ici.

Enfin : Pascal Nègre va bien, même très bien !

Remplacé en début d’année par Olivier Nusse à la tête d’Universal Music France, notre très cher Pascal était très attendu au MaMA Convention 2016. Et pour cause : bien silencieux à la suite de son éviction de la plus grande major en France et dans le monde, l’homme se faisait rare, mis à part son retour en radio, le dimanche sur RFM depuis le mois de juin. Pourtant, l’emblématique personnage nous préparait bien quelque chose durant son absence. Une contre-attaque qui répond au doux nom de #NP (Hashtag N P, comme Hashtag Pascal Negre), une entreprise de production et de management d’artistes. Car pour “the queen of french music”, la musique, ça n’est pas fini, et la figure du manager tend à gagner en importance avec le numérique. Merci pour ce moment.

Pour conclure, finissons sur une touche positive. L’année dernière, “pour la première fois, le chiffre d’affaires du numérique devance les ventes physiques selon le Global music report de l’IFPI. Le marché global est en hausse de 3,2%, pour un montant total de 15 milliards de dollars” selon le site de l’Irma. Le virage numérique s’est donc stabilisé et l’industrie va de mieux en mieux. Mais jusqu’où iront cette route pleine de brouillard et cette euphorie ? A côté de cela, la musique reste un enjeu primordial en France et en Europe, avec l’opération mavoixpourlamusique.fr. La question d’un meilleur “Content ID” de YouTube persiste pour une meilleure rémunération des labels indés qui souffrent individuellement de leur manque de cohésion et leur nécessité d’alliance avec les majors. Des améliorations et des évolutions qui, espérons-le, verront le jour et permettront le développement de nouveaux projets artistiques novateurs, d’albums qui nous feront vibrer, de concerts qui nous feront rêver.