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MaMA 2016 : on y était !

Pour la seconde année consécutive, RockUrLife était au MaMA pour sa septième édition qui a eu lieu du 12 au 14 octobre, toujours sur Pigalle/Montmartre. Récit de nos trois jours de déambulations musicales !

Comme d’habitude, la journée est entièrement destinée aux professionnels de l’industrie musicale, avec la MaMA Convention, via des conférences, des rencontres professionnelles et des showcases.

 

 

Mercredi 12 octobre

Pour nous, ce mercredi commence donc avec le showcase “Musique Francophone De L’Ontario” au Bar A Bulles situé à La Machine Du Moulin Rouge. Au programme : MEHDI CAYENNE, à l’attitude androgyne, propose un mix entre rock, folk et chanson française, pour un résultat assez original. A peine le temps d’apprécier quelques morceaux du nouvel album “AUBE” que nous nous dirigeons déjà vers Le Carmen pour “Spot On Denmark At MaMA”, mettant en valeur NONSENS, un trio EDM originaire de l’île de Bronholm.

 

 

Même si le style musical est loin de ce que nous avons l’habitude d’écouter, il faut dire que les trois amis d’enfance mettent une folle ambiance, très club en plein milieu de la journée dans un décor parisien chic, devant les quelques privilégiés que nous sommes.

 

 

L’après-midi se termine par l’apéro professionnel au Trianon, en amont des concerts du MaMA Festival.

GASPARD ROYANT (La Cigale) – Cheveux gominés, costume blanc nickel, l’élégant dandy français est plutôt un habitué du MaMA. Mais cette année, Gaspard Royant est programmé en tête d’affiche de ce premier soir. Et le public est au rendez-vous de ce set spécial MaMA, qui verra l’apparition de choristes, mais aussi de cuivres, pour l’occasion. De nouveaux éléments apportant encore plus de charme et de peps au rockabilly dansant du musicien. Désormais à l’aise sur scène, Royant fera LE show accompagné de ses musiciens en noir, en total contraste avec lui. En réponse au nom de son premier album “Have You Met Gaspard Royant?” paru cette année, nous lui répondons assurément : “yes and we really liked him!”. Tout est dit. A revoir le 3 février au Trabendo !

 

 

THE SLOW SHOW (Divan Du Monde) – Ce groupe porte plutôt bien son nom, car ce set est lent, très lent. Les Anglais venus présenter leur mélange de slowcore et de folk ne parviennent pas à garder notre attention une fois les deux premiers morceaux passés. Malgré la voix rauque et envoûtante du chanteur, sa nonchalance, son désintérêt pour l’audience et son manque de charisme desservent complètement la performance du groupe, pourtant très prometteur sur CD.

 

 

PART TIME FRIENDS (Bus Palladium) – On retrouve Pauline et Florent de Part Time Friends au showcase “Simply Live” organisé par le label Un Plan Simple, afin de découvrir les compositions du premier album intitulé “Fingers Crossed”. Le duo manie avec brio la pop acidulée, aérienne mais aussi les ballades acoustiques. La voix de Pauline nous transporte avec douceur et sensualité dans leur petit monde où se croisent les influences musicales, et s’harmonise à la perfection avec celle de Florent. Avec un set représentatif de la diversité et de la richesse de l’album, Part Time Friends s’inscrit comme l’un de nos coups de coeur de cette édition. On lui souhaite beaucoup de succès !

 

 

 

THE LEGENDARY TIGERMAN (Divan Du Monde) – Suite à une brève escapade au “Rock In Loft”, une soirée rock off du festival au sous sol du James Hetfeeld’s Pub, nous loupons de peu TLT. A peine installé dans l’enceinte de la salle, nous observons l’élégant bluesman portugais, venu proposer en exclusivité au Divan un aperçu de son prochain album à paraître en 2017, finissant le set dans la fosse en criant “Rock N’Roll!” comme possédé par le démon du rock. Certes un petit peu cliché, mais tellement efficace !

 

 

Jeudi 13 octobre

Pour le premier showcase de ce jeudi, on se retrouve au Carmen pour le “Swiss Business Mixer” pour apprécier trois formations helvètes. D’abord EGOPUSHER, qui présentera un aperçu de son post rock instrumental. Ce dernier n’est joué que par deux musiciens, un batteur, aussi aux machines, et un violoncelliste qui officie aussi aux percussions. Le mélange électro/classique est original, l’ambiance est hypnotique et planante. Ici, pas besoin de chant puisque le violoncelle est utilisé comme si c’était une voix humaine. Épatant !

 

 

Ensuite, place à LE ROI ANGUS, un quintette chantant en français, dont le premier album sortira le lendemain. Pour décrire ce groupe, c’est simple : il s’agit d’un style assez semblable à celui de Feu! Chatterton. Quant à BUVETTE, on préfère aller à celle du Trianon pour le traditionnel apéro pro.

 

 

BRISA ROCHE (Les Trois Baudets) – Enfin de retour après six ans d’absence, Brisa Roché nous régale de son indie pop planante et de sa voix au timbre unique. Somptueux mélange entre l’excentricité de Björk et les voix tantôt envoûtantes, tantôt lyriques de Lana Del Rey et Florence Welch, Brisa est un véritable petit bijou ! On adore son aisance vocale, sa présence scénique naturelle et sa personnalité intrigante. A revoir sur sa prochaine tournée !

RAKIA (Madame Arthur) – Court passage par le Madame Arthur pour écouter quelques titres de la jeune et très talentueuse Rakia. Du haut de ses dix-neuf ans, cette dernière compte plusieurs premières parties à son actif (Ben L’Oncle Soul, Fauve, etc), preuve que son talent mérite d’être reconnu. Rakia oscille entre sensibilité, sagesse et honnêteté tout en jonglant avec l’anglais et le français dans ses paroles. A surveiller de très près pour les adeptes de folk/soul !

TULEGUR (Theatre de l’Atalante) – Mêlant éléments traditionnels (costumes, musique mongole, Khöömei) et modernes (pad), ce “post rock ethnique” ou “rock nomade psychédélique”, même si on ne comprend pas la langue mongole, nous emmène dans des contrées lointaines, très lointaines. Il faut dire que les deux musiciens, l’un au chant, guitare et tambourin, et l’autre au pad et aux cymbales, ont le pouvoir de nous scotcher, voire nous hypnotiser, par leur performance. Et en plus, ils ont beaucoup d’humour, malgré la barrière de la langue (ils ne parlent ni français, ni anglais). Les mélodies, la sensibilité et l’émotion procurées par la musique de Telegur nous touchent.

 

 

THE DIZZY BRAINS (La Boule Noire) –  C’est dans une Boule Noire bien garnie que se produit ce jeune groupe originaire de Madagascar, qui va mettre une énorme claque au public du MaMA avec un set punk enragé et effréné, voire même hardcore ! Le frontman, à la voix si particulière, à la fois criarde et nasillarde, ressemble à un psychopathe tout juste libéré de l’asile. Il n’y a qu’à voir sa gestuelle et autres mimiques, aussi effrayantes que provocantes (léchage/gobage du micro, mime d’un acte sexuel, etc). Ce n’est pas pour rien que le premier album s’intitule “Out Of The Cage”. Car libérés de leur pauvre pays natal, ces jeunes rockeurs n’ont vraiment peur de rien, se contentant de raconter des histoires, leurs histoires, comme celles par exemple des jeunes de Manchester qui galérent sur leur téléphones. Petit bémol : certaines des paroles sont tout de mêmes légèrement inquiétantes, surtout lorsque le chanteur introduit un chanson traitant “d’une fille que tu croises dans la rue et que tu as grave envie de baiser mais tu peux pas parce que tu ne la connais pas encore” et autres dérives sexistes. De loin le concert le plus bruyant du festival. Sex, drugs and rock n’roll!

 

 

JUPITER OKWESS (Backtage By The Mill) –  Révélés par le documentaire “Jupiter’s Dance” (2006) sur la scène musicale de Kinshasa, ce groupe tout droit venu de la République Démocratique du Congo vient nous présenter le successeur de “Hotel Universe”. Impossible de rester de marbre face aux titres aux rythmes endiablées. D’ailleurs, on ne se prive pas de danser avec le reste de l’audience. Sur scène, les musiciens sont comme en transe et leur bonne humeur est communicative. Une vraie coupure qui redonne la pêche, tout en dévoilant la richesse culturelle d’une scène trop peu médiatisée à notre goût.

SHANNON WRIGHT (Divan Du Monde) – Il y a du monde, beaucoup de monde dans la salle pour assister à la performance intimiste de Shannon Wright, dont le visage est entièrement recouvert par ses cheveux. Sans doute pour dissimuler une certaine timidité, mais aussi pour que tout le monde se concentre sur une seule chose : sa voix. Aux côtés d’un batteur aux pads éléctroniques et d’un autre musicien au synthé, Shannon fait fondre les coeurs avec sa folk mélancolique.

 

 

THE ACADEMIC (Backstage By The Mill) Sans doute le groupe s’approchant le plus de ce que couvre habituellement RockUrLife. Ils sont jeunes, dynamiques et font un pop rock assez plaisant. En somme, parfaits pour terminer cette longue journée !

 

 

Vendredi 14 octobre

Troisième et ultime journée du festival. En plus de la fatigue due à nos kilomètres de marche parcourus entre les salles du quartier Pigalle/Montmartre, voilà que le temps se gâte et la pluie fait même son apparition. Pour commencer, le rendez-vous est pris au Carmen (décidément !) pour le “Dutch Impact” et les showcases de deux groupes néerlandais : PAUW et AMBER ARCADES. Pauw est la première formation à jouer un mini set. Le quatuor, emmené par un chanteur aux faux airs d’Alexi Laiho (Children Of Bodom) mais en version androgyne, T-shirt moulant Bowie, vernis et khol noir autour des yeux, distille un bon rock psychédélique tout droit sorti des 70’s, avec un frontman doté d’une voix féminine. On notera par ailleurs le look très acteur porno vintage du batteur. Pour la première fois, nous assistons enfin à un showcase où les grosses guitares et la puissante batterie sont à l’honneur. La seconde formation, Amber Arcades, propose, quant à elle, un agréable pop rock avec un chant clairement féminin.

POGO CAR CRASH CONTROL (La Boule Noire) – Mesdames et messieurs, contrairement à ce qui est annoncé dans la programmation ce n’est pas du rock qui vous attend ce soir mais bien du punk ! Agressif, abrasif, le chanteur s’égosille en français pour le set le plus énervé du festival. Sur scène, le quatuor donne tout, l’énergie est palpable et l’air, humide. L’ambiance est si bon enfant qu’on a l’impression d’être venu voir des potes de lycée jouer. Côté public, ça pogote gentiment dans une Boule Noire bien remplie. Quel plaisir de voir la scène parisienne soutenue ! Ce concert est sans hésitation l’un de nos meilleurs moments.

 

 
SAMBA DE LA MUERTE (Divan Du Monde) – De retour au Divan pour cette ultime journée, c’est parti pour le projet solo d’Adrien Leprêtre (Concrete Knives, Kuage) ! Le set commence par une intro interminable avec un build-up qui retombe comme un soufflet et nous laisse sur notre faim. Pas d’influences hispaniques contrairement à ce que laisse penser le nom du groupe, nous avons affaire à de la sonomondiale/folktronica. Alternant entre titres en français et anglais, le set est quelque peu brouillon et on ne sait pas trop où la formation veut nous emmener. On note quand même que les chansons dans la langue de Shakespeare sont beaucoup plus travaillées et agréables que celles écrites dans la langue de Molière. Un set longuet qui ne nous marque pas vraiment.

 

 

TALISCO (Backstage By The Mill) – Qui n’a jamais entendu parler de Talisco en France ? Alors que le trio est plutôt connu, ce dernier se produit pourtant seulement sur la petite scène du Backstage By The Mill, sold out pour l’occasion. En plus de jouer les hits tels que “Your Wish”, les garçons sont ici pour présenter le deuxième album studio “Capito Vision” à paraître le 27 janvier 2017. On en aura d’ailleurs un aperçu avec le single “Stay”. Tout le monde est séduit par ce pop rock, toujours aussi joyeux et entêtant. A noter qu’en live, les compositions sont davantage rock que sur CD. On ne peut que vous conseiller d’aller voir Talisco le 9 novembre prochain à La Cigale.

 

 

JAKE ISAAC (La Boule Noire) : Retour à La Boule Noire pour la prestation intense, quasi unplugged, où seule la voix du chanteur compte. C’est dans une ambiance lounge très appréciable pour cette heure de la journée que joue Jake, alternant claviers et guitare acoustique en véritable multi-instrumentiste. La performance est intimiste, et il règne une bonne communion avec le public présent, majoritairement féminin. Il faut dire que, non seulement l’homme au bonnet fait l’effort de parler français et réagit à l’enthousiasme de la gente féminine, mais en plus il nous racontera des anecdotes de sa vie pour expliquer ses chansons.

 

 

WALL OF DEATH (Backstage By The Mill) – Bien que le nom suggère une musique sauvage rock, voire carrément métal, la réalité est toute autre et on est plutôt déçu. Le groupe a récemment perdu l’un de ses membres, le chanteur et guitariste Gabriel Matringue, qu’il a remplacé par deux nouveaux musiciens, Rachel Fannan et James Hurst. Et il a également fait évoluer son style musical pour une musique moins onirique qu’auparavant. A revoir lorsque la formation, qui est passée de trio à quatuor, sera rodée au fil des concerts. On espère que tout ira pour eux !

 

 

S’il y avait moins de rock au MaMA lors de cette septième édition, il faut avouer que nous avons fait de belles découvertes, peu importe le style musical. Car cette édition, caractérisée pour son éclectisme, a franchi un cap en devenant un événement international majeur dans le domaine des rencontres professionnelles, et est désormais un festival défricheur des talents de demain. En chiffres, le MaMA 2016, c’est 81 conférences, débats et ateliers, 21 workshops et networkings, mais surtout 128 concerts dans quatorze salles et lieux atypiques de Pigalle/Montmartre. Niveau fréquentation, c’est 5345 professionnels, 1953 structures et 520 journalistes présents et un public toujours plus nombreux avec plus de 4000 pass vendus (+15% en comparaison à 2015). Rendez-vous pour la huitième édition, du 18 au 20 octobre 2017, RockUrLife y sera !

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife