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MAC DEMARCO @ Olympia (14/11/17)

Après avoir écumé presque toutes les salles de la capitale, Mac DeMarco a réussi à faire grimper son nom sur la devanture de l’Olympia. Le retour à Paris de l’excentrique Canadien a pris la forme d’une immense fête entre potes avec une super bande-son.

En arrivant à l’Olympia, on se demande si l’on n’a pas raté un mémo sur le dress code tellement bonnets, jeans à ourlets et vestes vintage sont de rigueur. Son nom brillant en lettres rouges sur la devanture, on s’attendait à croiser MONTERO sur scène, mais il fait son apparition dès le stand de merch. Ou du moins ses oeuvres, puisque l’artiste australien, connu pour ses dessins funs et bariolés, signe une partie des T-shirts et tote bags de la tête d’affiche du soir. Quelques mètres plus loin, c’est sous la casquette de chanteur que Montero présente ses rêveries psychédéliques. Pour bercer la salle de son soft rock romantique et doucement fantasque, il s’entoure de cinq musiciens. Oscillant entre mélancolie poétique (“Dead Heads Come To Dinner”) et extase communicative (l’enivrant single “Vibration”), la musique de Montero est, à l’image de son art, solaire et planante. Si la prestation vocale n’est pas particulièrement remarquable, son air constamment ravi et ses mélodies psychédéliques dessinent les contours d’un univers intrigant.

 

 

Après les obligatoires “vingt minutes d’entracte offertes par l’Olympia”, la salle est plongée dans l’obscurité. À gauche sur scène, une vingtaine de personnes s’installent autour d’une table. Non, MAC DEMARCO n’a pas ramené un orchestre, juste des potes venus passer la soirée avec lui. Les musiciens du Canadien sont annoncés par une voix grave, avant que “the man of the hour” fasse son arrivée sur fond de huées enregistrées. Mais dans le public, ce sont les acclamations qui explosent. Chaussettes bien visibles et casquette vissée sur la tête, Mac Demarco ouvre en douceur avec “On The Level”, tiré de son dernier album “This Old Dog” (2017), déjà défendu lors de son passage à Rock En Seine. Les compositions plus matures de cet opus sont bien sûr mises en avant (“This Old Dog”, “My Old Man”), mais, avec sa décontraction érigée en marque de fabrique, le songwriter et sa bande planent tranquillement sur ses différents albums. Les nonchalantes “Salad Days” et “Ode To Viceroy” remuent lentement l’Olympia, bondée, et quelques pogos paresseux éclatent sur les dansantes “Cooking Up Something Good” et “The Stars Keep On Calling My Name”.

 

 

Mais Mac DeMarco a une réputation de doux dingue à tenir. Au fur et à mesure que, dans ses mains, les pintes de bière se changent en bouteille de whisky, le show sort des rails. Avec sa bande aussi perchée que lui, l’artiste multiplie blagues potaches, déclarations d’amour à Paris et jams improbables, tandis que son guitariste glisse le riff de “Sweet Home Alabama” entre toutes les chansons. Juste avant “Freaking Out The Neighborhood”, le groupe s’aventure dans un jam tortueux sur laquelle Mac s’imagine faire l’amour sous la Tour Eiffel, fumer un joint à l’Arc de Triomphe et bruncher à l’hôtel Amour. Si quelques notes passent à la trappe, ses pitreries ne l’empêchent pas de plonger l’Olympia dans la mélancolie. Avec un décalage dont lui seul à le secret, Mac se languit sur “One More Love Song” et “Chamber Of Reflection”, tout en faisant tournoyer son micro tel un lasso au-dessus de sa tête.

 

 

Vidant sa bouteille de Jameson, Mac vire son T-shirt en plein milieu de “Still Together”, embrasse son claviériste, grimpe sur un ampli, puis se lance dans une reprise douteuse de “Runnin’ With The Devil” de Van Halen. Et quand il s’installe à la batterie, c’est pour laisser son batteur établir l’impressionnante performance de reprendre “Under The Bridge” des Red Hot Chili Peppers sans mettre une note dedans. L’auditoire l’accompagne de bon coeur. Concert à l’Olympia ou soirée karaoké dans un bar à trois heures du mat’, on ne sait plus trop. Cette cacophonie semble marquer la fin du show mais, alors que la salle s’est en partie vidée, le farfelu Canadien revient pour offrir le plus joli et sincère moment du concert. Toujours torse nu, clope au bec et seul avec son claviériste, Mac demande à la fosse de s’asseoir puis interprète l’émouvante “Watching Him Fade Away”, assis au bord de la scène. Après un mic drop, le joyeux luron tire sa révérence et conclut deux heures d’extravagance en toute simplicité.

 

 

Un concert de Mac DeMarco, c’est toujours une expérience un poil déroutante. Contrastant la mélancolie fragile des ses chansons avec une bonne dose d’autodérision et un brin de folie, l’énergumène n’en a pas grand-chose à faire des règles et c’est tant mieux.