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IDLES @ Bataclan (03/12/18)

“Joy As An Act Of Resistance”. Ou littéralement “La Joie Comme Acte De Résistance.” C’est le titre de la dernière baffe auditive qu’IDLES venait défendre ce 3 décembre. C’est aussi le message revendiqué ce soir-là. Un concert empli de brutalité mais surtout d’amour, qu’une salle chargée d’histoire telle que le Bataclan pourra difficilement oublier.

“He is John, I am John, We are John”. Le batteur et chanteur du duo JOHN a parfaitement résumé la situation. Sur les coups de 20h, non pas un mais deux John remontés à bloc s’emparent du Bataclan. Pas de chichi avec ce binôme britannique, juste une petite lightbox qui rappelle le nom du groupe au milieu de la scène. John à la guitare offre discrètement de belles grimaces en secouant la tête tandis que son acolyte s’égosille tout en cognant ses fûts de plein fouet. L’ambiance est résolument punk rock, avec des notes de sueur et de fureur. Dans toute sa simplicité, John réussit à intriguer la salle. Comme Joe Talbot, le chanteur d’IDLES, le fera justement remarquer plus tard dans la soirée : “Whatever your favourite band is, John shits on them”. Vous aurez été prévenus !

 

 

Trente minutes d’entracte, c’est l’occasion parfaite pour se balader un peu dans la salle avant l’arrivée d’IDLES. Et là c’est un défilé diversifié : des hommes habillés en robe, des punk, des hipsters, des jeunes, des moins jeunes, des paillettes, des kilts… Le public est résolument masculin comme en attestent les toilettes femmes envahies par une horde masculine tant la file d’attente chez les hommes est longue. On constate d’ailleurs que nos compères anglais sont venus en force et ils ont soif ! Le temps d’attente au bar du Bataclan a rarement été aussi long.

Place aux hostilités. IDLES entre sur scène. Tel un boxeur prêt à en découdre sur le ring, le chanteur fait les cent pas. Ce que le Bataclan s’apprête à voir est totalement inédit. Intense, nerveux, le set que les Anglais offrent met la salle dans tous ses états. Les barrières de la fosse sont à deux doigts de s’effondrer tant le public s’agite. On se doit de saluer la sécurité, “magique” selon Joe Talbot, qui fait un travail remarquable tout au long de la soirée pour éviter une catastrophe. Et on ne peut en vouloir à l’assemblée d’avoir autant envie de péter les plombs. Elle a devant elle un groupe complètement possédé, en communion totale avec l’auditoire. Joe Talbot assène ses paroles aussi humanistes que sombres avec une efficacité à toute épreuve, tandis que la section rythmique nous explose en pleine face. Mais c’était sans compter sur les deux guitaristes qui se retrouvent littéralement partout dans la salle. Le moustachu Mark Bowen et son complice Lee Kieman sont véritablement déchaînés et passent presque autant de temps dans la foule que sur scène. Leur seule limite semble être celle imposée par leur câble jack !

 

 

La force et l’acte de résistance d’IDLES résident sans nul doute dans la célébration. On comprend vite que ces Anglais ont eu la vie rude et pourtant, pas question de se lamenter. Chaque chanson est dédiée à quelqu’un, elle célèbre l’amour, la joie, l’espoir. Et ça marche. Ceux qui sont présents dans cette salle n’ont qu’une envie, celle de prendre part à ce magnifique mouvement. En 1h30, tout le monde aura droit à sa petite chanson et se sera senti aimé. “Danny Denelko” est chantée pour tous les étrangers présents dans la salle ainsi que les immigrants, “Gram Rock” pour les deux psychopathes qui ont pris de la drogue lors de l’enterrement de la grand mère de Joe, “Benzocaine” à toutes les personnes dépendantes aux drogues, à l’alcool ou encore “1049 Gotho” dédiée à toute la salle, histoire d’être sûr qu’on n’ait vraiment oublié personne.

 

 

Pas de rappel avec IDLES. Ce n’est vraiment pas une formation comme on en voit d’ordinaire. Ici, on invite plutôt le tour manager et le technicien à l’honneur au milieu de la scène, mais aussi une dame courageuse qui aura passé tout le concert au premier rang dans son fauteuil roulant. On rigole et on termine d’abîmer ses cordes vocales sur une reprise du chant de Noël “All I Want For Christmas Is You” de Mariah Carey. Sans oublier pour autant ses devoirs civiques en se défoulant sur la chanson antifasciste “Rottweiler”, après que Joe n’ait scandé haut et fort : “Liberté, Égalité, Fraternité”.

 

 

Est-ce leur bienveillance, leur énergie, ou bien leur rage de vivre qui provoque tant d’émotions ? Ou peut-être même les trois ? On vous laisse en juger par vous-même. Mais en tout cas, ça fait un bien fou. Punk’s not dead!

Setlist :

Colossus
Never Fight A Man With A Perm
Mother
Faith In The City
I’m Scum
Danny Nedelko
Divide & Conquer
1049 Gotho
Samaritans
Television
Great
Love Song
White Privilege
Gram Rock
Benzocaine
Exeter
Cry To Me
Well Done
All I Want For Christmas Is You
Rottweiler

Emilie Bardalou

Emilie Bardalou

Photographe
Photographe pour RockUrLife depuis 2017.