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HMLTD @ Petit Bain (24/05/18)

Après un passage au Pitchfork Festival à l’automne dernier et une nouvelle tournée en province, HMLTD fait son retour dans la capitale et repose ses valises remplies de costumes outranciers et claviers en tous genres, cette fois-ci au Petit Bain. Retour sur une soirée des plus survoltées.

Dans le monde très peuplé de la scène musicale anglo-saxonne où tout semble avoir déjà été fait et repris, difficile de faire de l’innovation son enjeu principal. Certains groupes, pourtant, semblent y arriver. C’est le cas d’HMLTD, sextette issu des quatre coins de l’Europe, qui a rapidement embrasé les médias dès la sortie de son premier single “Stained” il y a seulement un an et demi, et s’octroyer par la même occasion une signature chez Sony Music à un stade pourtant précoce de sa carrière. S’étant fait remarqué par son univers aussi pailleté que sinistre, HMLTD a su imposer sa propre réalité, mystérieuse et hors-norme, dans un paysage rock pourtant très uniforme, voire redondant. Avec un panel d’influences sans limite, la bande combine l’énergie punk à l’attitude glam, tout en incorporant des sonorités électro, pop ou trap, prenant souvent l’auditeur par surprise.

Ce soir, HMLTD monte sur la scène d’un Petit Bain bien peuplé en ayant seulement quelques singles officiels à son actif. Ce qui pourrait être un obstacle pour d’autres formations figurera pourtant comme l’occasion idéale pour le sextuor d’affirmer son individualité et de nourrir l’appétit d’un public avide des moindres nouveautés de la bande, lui pendant l’album à venir sous le nez.

Après un DJ set de plus d’une heure par la formation parisienne FAIRE (qui ne trouvera pas grande audience), la tête d’affiche se voit introduite par les performances de trois drag queens parisiennes : Diana, Angora et La Poutre, qui injecteront grâce et extravagance à la soirée, renvoyant alors à l’aspect visuel fondamental chez HMLTD. 21h30, la bande tant attendue fait son entrée : tenues ultra-stylées et maquillage edgy, les six membres font autant attention à l’enveloppe esthétique qu’au contenu musical de leur projet. Menée par son leader charismatique Henry Spychalski, la formation de Londres débute sur un titre pas encore paru, “Proxy Love”, aussi tonitruant que dansant.

Pour cause, la setlist sera rythmée par une foulée de futurs singles prometteurs (“Gloria”, “Death Drive”) ou de pistes encore inconnues (“Nobody Stays In Love”, “Loaded”, “Inside Out”), toutes aussi variées les unes que les autres et extrêmement bien reçues par l’assemblée. Cette dernière se montrera particulièrement exaltée : sauts, pogos, circle pits ou encore crowdsurfs font augmenter la température du Petit Bain, qui tangue au rythme des gestes survoltés des musiciens. Car c’est bel et bien en live que l’expérience HMLTD prend totalement corps : elle est à la fois musicale, visuelle et sensorielle.

 

 

La formation, qui semble abandonner toute appréhension une fois montée sur scène, se donne corps à corps et communique sobrement avec l’auditorium. Elle laisse son univers parler pour elle, et la voix enchanteresse de son chanteur saisir la foule. Mais malgré le chaos qui règne en apparence, la maitrise est toujours de mise. Tout comme les singles aux clips étranges et lugubres (“Music!”, “Is This What You Wanted?”, “Satan, Luella & I”), les chansons présentes dans les setlists des débuts du groupe (“Choo Choo”, “Where’s Joanna?”) sauront aiguiller l’audience vers le désordre, à l’instar de “Kinkaku-ji” dont les voix endiablées et le tempo indécis mèneront à la frénésie totale.

 

 

Après plus d’une grosse heure de fête, “To The Door” et “Stained”, petites préférées des foules, viennent clôturer le concert en apothéose. Dernières occasions pour le Petit Bain de se désinhiber aux sons insolites des Londoniens, qui quittent la scène sous des acclamations tonitruantes.

 

 

Carton plein pour ce concert qui, au delà du divertissement procuré, figure surtout comme l’occasion de réaliser l’ampleur de ce qui se prépare pour HMLTD. Orientée vers le futur, la bande a pour leitmotiv de bousculer les codes; aussi bien à son propre niveau qu’à plus grande échelle, à savoir devenir le visage d’une nouvelle conception du mainstream. Force est de constater que si la mèche met plus de temps à prendre en France qu’outre-Manche, le train est bel et bien en marche. Engouement croissant et grands projets sont dans les plans de ce groupe venu secouer l’industrie.

Setlist :

Proxy Love
Gloria
Music!
Nobody Stays In Love
Loaded
Kinkaku-ji
Death Drive
Is This What You Wanted?
Satan, Luella & I
Apple Of My Eye
Inside Out
Choo Choo
To The Door
Where’s Joanna?
Stained