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GARBAGE @ Zénith (07/11/15)

Pour la sixième étape de sa tournée européenne “20 Years Queer”, Garbage s’est arrêté dans la capitale pour célébrer les vingt ans de son premier album éponyme, trois ans après sa dernière date dans la même enceinte.

Comme la veille pour Apocalyptica, c’est dans un Zénith petite configuration qu’aura lieu cette fête. Avec, cette fois-ci un public de fans de 1995, désormais trentenaires pour la majorité d’entre eux.

En guise de première partie, DUTCH UNCLES distille une musique tout aussi exotique que son nom, parsemée de claviers, de percussions et d’un xylophone. Cette performance sera assez particulière pour la formation anglaise indie rock, puisque celle-ci sera marquée par l’absence de l’un des ses musiciens, rentré en urgence à Manchester pour des raisons familiales. Ainsi, habituellement six membres sur scène, le groupe se retrouve à cinq, le frontman Duncan Wallis, déjà au chant et au piano, se voyant dans l’obligation de se remettre à la guitare pour la première fois en cinq ans. La demie-heure, originale mais répétitive, sera bien exécutée grâce aux talents multi-instrumentistes des musiciens.

20h45, sur le rideau blanc dissimulant la scène est projetée la vidéo “20 Years Queer”, introduisant la soirée à coup d’images d’archives, live et backstage. Le tout, avec en fond sonore “Alien Sex Fiend” et des effets vidéos vintage, avant l’apparition de Shirley Manson (chant), Duke Erikson (guitare), Steve Marker (basse) et Butch Vig (batterie) en photo, sous les acclamations.

Dès lors, “GARBAGE” sera joué dans son intégralité, dans le désordre. Si “Subhuman” sera entièrement performé derrière un rideau blanc, ne dévoilant que les silhouettes des membres, cet outil tombera sur “Supervixen”. Comme lors de la dernière tournée, le quatuor est accompagné par Eric Avery en tant que bassiste live. Tous les yeux sont alors braqués sur Shirley Manson, 49 ans, qui n’a pas perdu de sa superbe, éclipsant les autres musiciens, plus discrets et concentrés sur leur jeu. Cheveux roses mi-longs, dans le vent, assortis à sa robe et à son boa enroulé autour de son pied de micro, la chanteuse est une véritable bête de scène à elle-seule, parfois au grand dam de ses capacités vocales.

 

 

L’évènement promettait d’être spécial et n’aura pas déçu : entre deux titres de “Garbage (20th Anniversary Deluxe Edition)”, le groupe ne cessera de partager avec son public souvenirs (la touchante mise en parallèle entre la carrière de Garbage et Roxy, la fille de Duke, qui a grandi aux côtés du combo écossais depuis l’enregistrement du premier album, désormais une photographe adulte et mère heureuse), anecdotes (la première venue promotionnelle française au Hard Rock Café en 1995), genèse des morceaux (“Girl Don’t Come” à propos de l’orgasme féminin) et autres remerciements à plusieurs reprises (un certain Laurent ayant contribué à la réussite de Garbage dans l’Hexagone). Voir un peu trop.

 

 

Malgré vingt ans d’expérience, les Américano-écossais conservent toujours une certaine spontanéité, comme les deux faux départs des musiciens sur “Milk”, contraignant le groupe à recommencer une troisième fois qui sera la bonne. Ce qui est sûr, c’est que mis à part la setlist, rien n’est parfait, ni calculé à l’avance.

Comprenant tous les morceaux sortis durant la période 1995-1996, la setlist inclut bien évidemment toutes les pistes de l’édition standard, remaniées en live, mais aussi des B-sides tels que les reprises de The Jam ou encore Vic Chesnutt, dédiée à un proche décédé. Quel plaisir d’entendre des tubes qui n’ont pas pris une ride comme le sensuel “Queer” ou l’enchainement de hits “#1 Crush” / “Stupid Girl” / “Only Happy When It Rains” / “Vow” qui réveillera le Zénith entier juste avant le rappel, l’audience se mettant à chanter et danser à l’unisson ! Si ces incontournables seront rejoués à d’autres concerts, certains morceaux ne le seront plus jamais, rendant ce moment encore plus unique. Par ailleurs, une fois les vingt titres de “Garbage” terminés, la formation piochera ensuite dans son deuxième opus (“Push It”) et son troisième effort studio. “Cherry Lips (Go Baby Go)”, dédié à la communauté LGBT, conclut le set en apothéose avec la meilleure ambiance du set côté public.

 

 

Quelle étrange et agréable nostalgie de revenir en 1995 et de se prendre vingt ans en pleine tronche alors que Garbage reste intact, toujours dans l’air du temps. La Poubelle est loin d’être pleine et a d’ailleurs encore de beaux jours devant elle : pour preuve, le nouvel album sera mixé une fois Garbage rentré de cette tournée événement de six semaines !

Setlist :

Subhuman
Supervixen
Queer
Girl Don’t Come
As Heaven Is Wide
Butterfly Collector
Not My Idea
Trip My Wire
Milk
Fix Me Now
My Lover’s Box
Sleep
A Stroke Of Luck
#1 Crush
Stupid Girl
Dog New Tricks
Only Happy When It Rains
Vow
—-
Kick My Ass
Driving Lesson
Cherry Lips (Go Baby Go!)
Push It

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife